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Les guerres menées par Israël ne sont pas des guerres d’agression (en lisant Eli E. Hertz) – 2/3

 

La législation internationale opère une claire distinction entre les guerres défensives et les guerres offensives, ou d’agression. Toutes les guerres dans lesquelles Israël s’est trouvé impliqué avec ses voisins arabes sont des guerres défensives. Environ six mois avant la Guerre d’Indépendance de 1948, les Arabes de Palestine ont déclenché des séries de violences suivies par l’attaque simultanée de sept armées arabes venues du nord, de l’est et du sud afin d’en finir avec l’État juif, un État pleinement reconnu en 1947 par l’O.N.U.

Mais suite à cette guerre, non seulement l’État juif ne périt pas mais s’empare de territoires et élargit des frontières bizarres (voir la carte du Plan de partage de l’ONU du 29 novembre 1947) particulièrement difficiles à défendre. Je passe sur les détails de cette guerre ou la disproportion des forces en défaveur d’Israël était tout simplement écrasante. La seule force des Juifs reposait sur l’énergie du désespoir mais aussi et surtout sur une solidarité inspirée par le sionisme. Les citoyens d’Israël savaient que la défaite signifiait la fin de l’État juif, le massacre d’un peuple « le dos à la mer », une métaphore généreusement employée par la propagande arabe.

La guerre de 1948-49 coûte plus de six mille morts et quinze mille blessés aux Juifs, des pertes considérables, la population d’Israël n’étant que de six cent mille habitants. La société palestinienne tombe dans le désarroi et des deux côtés ; il faut se débrouiller avec un très grand nombre de réfugiés, Juifs et Arabes ayant une approche différente de cette question.

 

 

La Guerre d’Indépendance est considérée comme légale et répondant côté juif à un réflexe de défense. Le Security Council (4 March, 1949, S/RES/69) et la UN General Assembly (11 May, 1949, A/RES/273 (III)) déclarèrent : « [Security Council] decides in its judgment that Israel is a peace-loving State and is able and willing to carry out the obligations contained in the Charter … »

En juin 1967, une coalition arabe (Égypte, Syrie et Jordanie) attaque Israël avec l’intention clairement exprimée par le président égyptien d’éliminer Israël de la carte. Mais contre toute attente, une fois encore, Israël se retrouve victorieux et avec de vastes territoires conquis : hauteurs du Golan, Cisjordanie (Judée-Samarie) et Sinaï.

Le blocus du détroit de Tiran par l’Égypte qui empêche l’accès au port israélien d’Eilat est un acte d’agression. Face à une imminente attaque arabe (appuyée par des moyens gigantesques, soit près d’un demi-million de soldats, près de trois mille blindés et plus de huit cents avions sur le point de fondre simultanément sur Israël) l’État juif doit invoquer le droit à se défendre, un principe de base de la loi internationale porté par l’Article 51 de la Charte des Nations Unies. Israël déclenche donc une attaque aérienne préventive contre l’Égypte le 5 juin 1967.

Toutes les guerres conduites par les Arabes contre Israël (1948, 1967 et 1973) ont été des guerres dont l’objectif clairement exprimé était l’éradication d’Israël. Cet objectif est aujourd’hui encore présent dans la tête de la (grande) majorité des Arabes de Palestine et d’ailleurs, hommes de la rue et dirigeants. Certes, nous n’avons plus droit de la part des dirigeants arabes à certaines déclarations incendiaires (je vous épargne une très longue liste) mais pour eux l’éradication d’Israël reste un espoir.

Le coût en vies humaines a été particulièrement lourd pour Israël au cours de la guerre du Kippour (1973). Ce coût est probablement en partie dû au fait que le gouvernement d’Israël a refusé in extremis une attaque aérienne préventive (comme en 1967), choisissant ainsi de ne pas compromettre ses rapports avec Washington après que l’administration Nixon ait invité Israël à ne faire aucun « provocative moves » et à autoriser les Arabes à tirer le premier coup avant de répliquer. Le « bon » comportement d’Israël lui coûtera 2 222 morts et 5 596 blessés.

Les Arabes aimeraient nous faire croire qu’en 1967 les Israéliens se sont un jour réveillés et les ont envahis, que les hauteurs du Golan, la Cisjordanie et le Sinaï ont été volés par Israël. Ils répètent que l’attaque préventive contre l’Égypte n’est en rien un acte de défense mais clairement d’agression délibérée, une affirmation destinée à remettre en question toute prétention israélienne sur les Territoires dits « occupés » ; il serait plus juste de dire « disputés » ou, tout simplement, « les Territoires ».

La liste des provocations égyptiennes envers Israël est longue et ces provocations expliquent en grande partie qu’Israël se soit armé et ait consacré de plus en plus de moyens humains et matériels à sa défense. Le général de Gaulle aurait mieux fait de la fermer lorsqu’il déclara ce que l’on sait au cours d’une conférence de presse, le 27 novembre 1967. Je ne sais toujours pas s’il s’agit d’un antisémitisme d’héritage (élégamment exprimé) ou d’une simple maladresse. Mais, enfin, traiter le peuple juif de « dominateur » demande une explication approfondie. Ce peuple revenu dans son pays doit affronter des ennemis en nombre très supérieur et décidés à le rejeter à la mer, un peuple qui affronte toujours ses ennemis dans des guerres strictement défensives (et nous avons vu que la guerre des Six Jours fut elle aussi une guerre strictement défensive), et un chef d’État jugé sain d’esprit en vient à parler d’un peuple « dominateur » ! On comprend toute la tristesse et le bien-fondé du dessin de Tim (Louis Mitelberg) montrant un homme squelettique en pyjama rayé et posant fièrement devant une enceinte barbelée.

Pour en revenir à la guerre des Six Jours, rappelons que sur le site officiel du Gouvernement jordanien, sous le titre « The Disaster of 1967 », il est précisé qu’avant le 5 juin la Jordanie attendait que l’Égypte attaque Israël pour attaquer à son tour. De fait, Israël n’a pas pénétré en Cisjordanie, alors sous contrôle de la Jordanie (Transjordanie) depuis 1949, avant d’avoir été attaqué par cette dernière. Rappelons par ailleurs, et à tout hasard, que le 16 mai 1967 Nasser demanda aux Nations Unies de retirer ses forces du Sinaï, une exigence qui à la surprise générale fut acceptée deux jours plus tard. Dans la foulée, Nasser fit fermer le détroit de Tiran le 22 mai. Les Jordaniens attaquèrent après que les Israéliens eurent mené leur attaque préventive contre l’aviation égyptienne. Ils furent vite repoussés de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie qu’ils occupaient illégalement depuis la fin de la Guerre d’Indépendance de 1948-49. Le roi de Jordanie pensant que le conflit tournait à l’avantage des Arabes (un mensonge égyptien) se mit à pilonner Israël avec son aviation, des mortiers et de l’artillerie à longue portée. Si les Jordaniens s’étaient abstenus de passer à l’attaque, la Cisjordanie et Jérusalem-Est seraient encore jordaniens. Je rappelle qu’Israël s’était officiellement engagé à ne pas attaquer le royaume hachémite aussi longtemps qu’il restait l’arme au pied.

 

 

En dépit de toutes les tentatives arabes de faire passer Israël pour l’agresseur, une claire majorité des membres des Nations Unies les repoussa. Les écrits du Professeur Stephen M. Schwebel mènent à la conclusion selon laquelle la loi internationale autorise Israël à rester en Cisjordanie aussi longtemps que le pays l’estime nécessaire à sa défense (self-defense). Redisons-le, la loi internationale opère une nette distinction entre les defensive wars et les wars of agression. Toutes les guerres entre Israël et les États arabes (des coalitions) ont été des guerres strictement défensives. Le Professeur Stephen M. Schwebel écrit dans « What Weight to Conquest ? » : « A state [Israel] acting in lawful exercise of its right of self-defense may seize and occupy foreign territory as long as such seizure and occupation are necessary to its self-defense » ; et : « As a condition of its withdrawal from such territory, that State may require the institution of security measures reasonably designed to ensure that this territory shall not again be used to mount a threat or use of force against it of such a nature as to justify exercise of self-defense » ; et : « Where the prior holder of territory [Jordan] had seized that territory unlawfully, the state which subsequently takes that territory in the lawful exercise of self-defense has, against that prior holder, better title » ; et : « As between Israel, acting defensively in 1948 and 1967, on the one hand, and her Arab neighbors, acting aggressively, in 1948 and 1967, on the other, Israel has the better title in the territory of what was Palestine, including the whole of Jerusalem, than do Jordan and Egypt », et je pourrais multiplier les passages qui vont dans ce sens. Bref, il ne s’agit pas de récompenser l’agression arabe contre l’intégrité territoriale et l’indépendance politique d’Israël. Il est clair que les Arabes ont été systématiquement dans le rôle de l’agresseur, en 1948, 1967 et 1973, sans oublier d’autres actes de belligérance au cours de cette période. Ce faisant, ces États arabes ne respectaient pas leurs obligations de base en tant que membres des Nations Unies et violaient ouvertement (entre autres choses) l’Article 2(4) et les paragraphes 1, 2 et 3 de cet article.

George Flechter, professeur de Droit à la Columbia University, suggère qu’en essayant de qualifier d’illégaux les territoires acquis au cours de la guerre des Six Jours on disqualifie le terme même d’illégalité tout en semant la confusion. La présence israélienne dans les « Territoires occupés » (une désignation elle-même sujette à caution) n’est en rien illégale, elle est même en accord avec le droit international. Si une solution doit être recherchée, ce n’est pas en commençant par brandir le mantra de « illegal occupation » comme l’a fait Kofi Annan. La position arabe est sur ce point comme sur d’autres parfaitement illégitime.

Un mot concernant les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité des Nations Unies, pierres d’angle d’une solution de paix. Si Israël est qualifié d’envahisseur, il n’y a pas de dialogue possible. Les résolutions 242 et 338 ne sont pas ambiguës contrairement à ce qui a été dit. Ces deux résolutions s’appuient sur le concept d’occupation légale et reconnaissent le statut de la Cisjordanie comme un tout sans frontières reconnues et sûres. Stratégiquement, la Cisjordanie est un mirador qui domine la plaine côtière d’Israël où se concentre l’essentiel de sa population et de son économie, une tentation permanente pour les Arabes. Cette remarque est également valable pour le plateau du Golan avant son annexion par Israël. De cette formidable hauteur, les Syriens pouvaient en toute tranquillité et à leur guise pilonner les Juifs installés en contrebas, ce dont ils ne se sont pas privés. Rappelons que la guérilla palestinienne a lancé des attaques terroristes à partir de secteurs de la Cisjordanie avant qu’elle ne soit occupée en 1967. Alors ? Il faudrait que l’opinion publique ait une connaissance précise du terrain plutôt que de crier haro sur Israël.

  (à suivre)

  Olivier Ypsilantis

1 thought on “Les guerres menées par Israël ne sont pas des guerres d’agression (en lisant Eli E. Hertz) – 2/3”

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