Le Brexit ! Un sujet passionnant qui s’est ouvert le 23 juin (2016). J’ai constaté que le 23 juin était la date de mon anniversaire, ce qui importe peu au lecteur mais ce qui ne m’est pas indifférent dans la mesure où je me plais à penser que cette coïncidence explique peut-être, en partie au moins, mon grand intérêt pour le sujet.
La hargne des médias de masse (principalement français) envers le Brexit m’amuse et me place presqu’automatiquement du côté des Brexiters. Le Monde, journal fielleux, se plaît à récapituler tous les maux qui s’abattront sur le Royaume-Uni après qu’il ait largué les amarres, le 1er janvier 2021 donc. Mais est-il certain que ce choix jugé irraisonné (comme si les Anglais manquaient de sang-froid) sera très coûteux pour le Royaume-Uni et tout bénef pour l’Union européenne et la zone euro ? Rien n’est moins sûr. Pour celui qui a un peu de culture historique, la France et l’Europe ont été beaucoup plus défaites par la « perfide Albion » qu’elles ne l’ont défaite. Mais personne ne semble tenir compte de ce fait ; et on préfère considérer l’Anglais comme un petit capricieux qui va regretter son caprice. Aucun effort pour comprendre de l’intérieur les raisons des Brexiters ! Aucun ! Aucune vision en perspective (la vision historique), rien ! Le petit capricieux ne va pas tarder à comprendre sa douleur… Mais si c’était l’Europe qui allait la comprendre ? On nous avait dit que l’économie britannique allait s’anémier dès 2017, s’anémier toujours plus pour finir dans un mouroir. Il n’en est rien. Le Royaume-Uni a surtout souffert de l’incertitude engendrée par un interminable Brexit ; le Brexit consommé, tout porte à croire qu’il se ravigotera et que son taux de croissance sera supérieur à celui de bien des économies de l’Union européenne, à commencer par celui de la France. Je suis de plus en plus convaincu que c’est l’une des causes de la nervosité française, car il s’agit bien de nervosité.
La croissance structurelle du Royaume-Uni est solide, la dépréciation de la livre sterling favorise la balance commerciale et les politiques budgétaire et monétaire sont plutôt efficaces. La sortie de l’Union européenne devrait être favorable au Royaume-Uni et pourrait donner des idées à d’autres pays ; et c’est l’une des raisons de la nervosité française, nervosité qui se dissimule derrière de l’arrogance, une arrogance officielle, macronisée. On a voulu caricaturer le Brexiter comme un grincheux occupé à boire son thé en regardant la pluie tomber derrière ses vitres, comme un populiste, grand mot qui ne désigne plus rien à force de vouloir tout désigner (hier c’était le fasciste), grand mot asséné par de prétentieux incultes qui ne font que des moulinets dans le vide. La méconnaissance qu’ont les uns des autres les peuples d’Europe reste pour moi un grand sujet d’étonnement. Les facilités de déplacement n’ont pas corrigé cette méconnaissance ; il semblerait même que les images convenues profitent de ces facilités et servent de viatique.
Le Royaume-Uni s’en sortira bien, et probablement mieux que le reste de l’Europe, je suis prêt à le parier. Le Royaume-Uni s’efforce de mettre au point des mécanismes qui lui permettront de continuer à commercer avec ses partenaires de l’Union européenne mais aussi avec le reste du monde. Loin de se replier sur lui-même et dépérir, comme les médias français nous le serinent, des médias qui s’abusent probablement eux-mêmes, le Royaume-Uni va être dopé par le Brexit, pas immédiatement certes, mais attendez un peu et vous verrez. Les Anglais ont une qualité particulière, entre autres qualités : ils savent très précisément où sont leurs intérêts. De ce point de vue, et pour ne citer qu’eux, les Français ne semblent pas avoir les idées aussi claires : ils préfèrent être aimés quitte à aller à l’encontre de leurs intérêts. Les Anglais s’en moquent et c’est bien ainsi : être aimé ou non n’est pas pour eux une question existentielle. Leurs intérêts priment et c’est bien ainsi. Each to his own job !
Parmi les pistes envisagées par le gouvernement de Sa Majesté, la création d’une dizaine de ports francs au Royaume-Uni afin de favoriser les échanges avec l’Union européenne en contournant d’une certaine manière le rétablissement des contrôles douaniers. Il est vrai que depuis « l’affaire Bouvier », entre autres affaires, les freeports sont mal vus des institutions européennes qui suspectent blanchiment d’argent et évasion fiscale. Le Royaume-Uni cherche donc d’autres pistes en imaginant un modèle qui couple les avantages des ports francs tout en répondant aux exigences de transparence financière et de traçabilité des marchandises requises afin d’éviter les trafics et le financement d’activités illégales, comme par exemple le trafic d’œuvres d’art pillées dans les zones de guerre et qui sert volontiers à financer le terrorisme. Quoiqu’il en soit, le Royaume-Uni reste particulièrement imaginatif quant aux méthodes commerciales qui lui permettront de conforter sa place dans le monde et, une fois encore, c’est bien ainsi.
Le No-Deal-Brexit est préférable à un accord négocié, bidouillé par l’Union européenne et pour plusieurs raisons. Trop d’Européens, Français en tête, semblent oublier que le Royaume-Uni a voté en faveur du Brexit. Or, les négociateurs de l’Union européenne tentent d’imposer au Royaume-Uni les règles de l’Union européenne au nom de la « loyauté des échanges », une « loyauté » exclusivement en faveur de cette dernière qui semble ne pas s’en rendre compte tant elle est imbue d’elle-même. Et, cerise sur le gâteau, l’Union européenne cherche à imposer au Royaume-Uni la suprématie de la Cour de justice de l’Union européenne (C.J.U.E.), ce que ce peuple libre ne peut supporter car elle constitue de véritables fourches caudines.
Les Européens, Français en tête, ne veulent pas comprendre que cette normativité européenne, cette normativité de troupeau, il faut le dire, déplaît fortement à Messieurs les Anglais qui ont donné au monde les plus grands anticonformistes. Les Français quant à eux ont fondé l’Europe pour mieux ficeler l’Allemagne – on l’oublie. Chacun défend donc ses intérêts et s’efforce de conjurer ses peurs, d’où la panique à peine dissimulée du pouvoir politique en France lorsqu’un pays commence à vouloir s’écarter du gaggle of geese.
L’Europe n’aura cessé de vouloir empiéter sur la souveraineté britannique, suscitant le vote britannique en faveur du Brexit. Dépitée, l’Europe – l’appareil européen et ses bataillons de fonctionnaires – s’est efforcée de contester ce vote, comme si Messieurs les Anglais étaient allés voter pris de boisson. On boit sec chez les British mais on garde la tête bien sur les épaules, toujours. Le sinistre Jeremy Corbyn qui prétend parler au nom du peuple voulut reprendre les élections sur le Brexit comme si le peuple avait mal voté. C’est la cause principale de l’échec de ce dickhead par ailleurs antisémite chiasseux. Je deviens vulgaire, je le sais, mais quand il est question de ce scumbag je ne puis m’en empêcher.
Le Royaume-Uni va faire preuve de créativité suite au Brexit, avec son indépendance retrouvée. Il va commencer par renégocier des accords partout dans le monde. Et comment pourrait-il le faire s’il était entravé par le droit et les juges européens, des supra-fonctionnaires ? Ce pays se retrouverait pris dans la gangue normative européenne sans pouvoir redisposer ses forces sur la scène mondiale, une situation tout simplement insupportable.
Un No-Deal-Brexit (que je souhaite, on l’a compris) placera aux portes de l’Europe une alternative à la normativité européenne que chapeaute le couple franco-allemand, un couple qui se supporte de plus en plus difficilement, la mutualisation de la dette ne facilitant pas cette relation conjugale. La normativité européenne c’est : impôts élevés et variés (une prolifération cancéreuse), réglementations à tout-va (une prolifération cancéreuse), sans oublier une immigration incontrôlée (une prolifération cancéreuse), avec le coup de Jarnac de Madame Merkel (pour laquelle j’ai par ailleurs un très grand respect) qui a précipité le Brexit.
J’espère que la souveraineté britannique sera pleinement rétablie avec un No-Deal-Brexit et qu’elle offrira une alternative à ce « modèle européen ».
God save our gracious Queen
Olivier Ypsilantis