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Quelques considérations économiques – 9/12

 

On the free market, it is a happy fact that the maximization of the wealth of one person or group redounds to the benefit of all; but in the political realm, the realm of the State, a maximization of income and wealth can only accrue parasitically to the State and its rulers at the expense of the rest of society. Murray N. Rothbard

It is easy to be conspicuously ‘compassionate’ if others are being forced to pay the cost. Murray N. Rothbard

 

Avant de vous proposer ce nouvel article, je vous conseille de consulter en ligne l’Institut Coppet qui se présente ainsi : « L’Institut Coppet est une association loi 1901 dont la mission est de participer, par un travail pédagogique, éducatif, culturel et intellectuel, à la renaissance et à la réhabilitation de l’école française d’économie politique, et à la promotion des différentes écoles de pensée favorables aux valeurs de liberté, de propriété, de responsabilité et de libre marché » :

https://www.institutcoppet.org/

Je vous conseille également de consulter l’Institut fiscal Vauban, Institut de recherche fiscale et économique Vauban :

https://institutfiscalvauban.org/linstitut/

Et puis rendez vous sur le Cercle Frédéric Bastiat :

https://www.bastiat.net/

 

 

La France ne va pas bien et l’une des raisons de sa relative mauvaise santé est l’étatisme, un étatisme qui ne peut qu’irriter, voire mettre en colère. Mais puisqu’il ne s’agit en aucun cas d’employer la violence, on exprimera son irritation ou sa colère par divers moyens, dont l’écriture. J’écris donc aussi ces articles pour calmer mes fièvres antiétatiques en les formulant aussi précisément et sincèrement que possible.

En France, le libéralisme est accusé de tous les maux ; c’est le bouc-émissaire de l’appareil d’État et des étatistes qui ne peuvent envisager que nombre de maux sont dus à l’étatisme, à un étatisme toujours plus imbu de lui-même et qui en profite pour voler le citoyen en utilisant des procédés toujours plus élaborés, fruit de longues cogitations d’équipes pléthoriques de l’appareil d’État payées par nos impôts. Et ça vole en toute légalité puisque la loi est faite par ces voleurs ; et ça réglemente ; et ça donne des leçons de morale car il faut que les victimes du vol (d’État) se sentent coupables d’être riches, autrement dit plus riches que d’autres car on n’est jamais riche dans l’absolu, on est plus (ou moins riche) que d’autres. Cette absolue relativité de la richesse est utilisée comme un absolu par l’État afin de faire pleuvoir l’impôt après avoir interdit les parapluies.

Frédéric Bastiat a magnifiquement décrit dans « La Loi », en 1850, cette entreprise de spoliation généralisée et légalisée : « C’est ce qui est arrivé. La chimère du jour est d’enrichir toutes les classes aux dépens les unes des autres ; c’est de généraliser la Spoliation sous prétexte de l’organiser. Or, la spoliation légale peut s’exercer d’une multitude infinie de manières ; de là une multitude infinie de plans d’organisation : tarifs, protection, primes, subventions, encouragements, impôt progressif, instruction gratuite, Droit au travail, Droit au profit, Droit au salaire, Droit à l’assistance, Droit aux instruments de travail, gratuité du crédit, etc. Et c’est l’ensemble de tous ces plans, en ce qu’ils ont de commun, la spoliation légale, qui prend le nom de Socialisme. » Et que dirait Frédéric Bastiat s’il revenait parmi nous. La fiscalité donne le vertige, ses sigles suffiraient à eux seuls à remplir des pages d’une écriture serrée.

Mais en France, les médias de masse et les politiciens estiment que la spoliation est légale puisqu’elle est légalisée. Les socialistes (au sens que Frédéric Bastiat donne au mot) et la gauche en général s’y emploient d’autant mieux qu’ils estiment être les détenteurs de ce qui est bien et juste. Ils sont les représentants auto-proclamés de la morale. On ne sait pourquoi mais en France un homme dit de gauche est automatiquement plus porteur de morale qu’un homme dit de droite. Pour ma part, j’en reviens à ce texte fondamental de Gabriel Marcel, publié en 1962 sous le titre « Qu’est-ce qu’un homme de droite ? » Mon appréciation est très précisément définie dans ce texte magistral :

http://www.gabriel-marcel.com/articles&textes/homme_droite.php

La politique de spoliation légalisée pourrait être à l’origine de bien des maux. Au moins faudrait-il avoir le courage d’affronter la question sans se défausser sur la fraude fiscale jugée responsable de tous les maux du pays, ou presque. Cette question n’est guère envisagée en France où la pression fiscale est la plus élevée au monde, où le fisc ne cesse d’inventer de nouveaux subterfuges pour faire les poches des contribuables. Entrave à l’économie, chômage plus élevé que chez la plupart de nos voisins, dettes qui ne cessent de se creuser, déficit public qui ne cesse d’augmenter, Éducation nationale et système de santé qui ne cessent de baisser dans le ranking mondial, etc., etc. Face à un tel constat la colère du citoyen-contribuable devrait être d’autant plus grande que les impôts sont plus élevés.

Il y a plus. En France, l’État et les syndicats sont antagonistes mais complices. Ces derniers qui ne représentent guère qu’eux-mêmes (le pourcentage de syndiqués est en France particulièrement bas), soit l’appareil syndical, entendent conserver leurs privilèges, les « acquis sociaux » disent-ils. Rien n’est plus triste. Il faut que je me reporte au passé pour réactiver mon respect envers le syndicalisme. Aujourd’hui, nous n’avons plus que des prébendés qui défendent leurs prébendes. L’appareil syndical et l’appareil étatique sont en parfaite symétrie. L’un vocifère et roule des mécaniques pour faire illusion mais il y a entente tacite entre ces deux appareils. Par ailleurs les syndicats n’hésitent pas à prendre en otage l’usager-contribuable (voir le dossier de la réforme de la S.N.C.F puis le dossier de la réforme des retraites avec notamment la R.A.T.P.) comme l’État prend en otage le citoyen-contribuable.

 

 

Comment un État tel que l’État français peut-il se réformer structurellement et fondamentalement (dans ses fondations) sans se limiter à des opérations de ravalement ? Comment un tel appareil peut-il résoudre les problèmes dont il est à l’origine ? Les locataires de l’Élysée et de Matignon veulent d’abord être réélus, une tendance toujours plus marquée à mesure qu’approchent les élections présidentielles et législatives. Il arrive qu’en début de mandat un élu s’affaire à une réforme qui touche à la structure, une réforme qu’il juge sincèrement nécessaire pour le bien du pays ; je l’admets. Mais à mesure que le temps passe et que les élections approchent, cette volonté s’érode. Il s’agit de faire le moins de vagues possible, de ne plus toucher à la structure et d’en revenir au mieux à de simples travaux de façade. Et, bien sûr, on accusera un tel ou un tel afin de détourner de soi l’attention des électeurs. On s’en prendra aux riches, aux multinationales, aux GAFA, à la fraude fiscale, au libéralisme, aux changements climatiques, etc., etc. On brandira à tout-va des mots censés rassembler des électeurs inquiets. Hier, c’était le fascisme, aujourd’hui c’est le populisme. Emmanuel Macron désireux de mutualiser la dette aussi massivement que possible, une obsession chez lui, ne cesse de brandir « le danger des populismes » pour que l’État français et d’autres à sa suite s’invitent chez leurs voisins afin d’y prendre leurs aises. Mais allons-y, mutualisons nos lits et nos couffins, nos balancelles de jardin et nos transats ! La dichotomie maniée à l’envi par Emmanuel Macron avec « progressistes » contre « populistes » est d’une infinie pauvreté, un plaquage sur une réalité extraordinairement complexe et, de ce fait, extraordinairement intéressante. Ces divisions binaires gauche/droite, progressistes/populistes et j’en passe me rendent neurasthéniques ; mais il faut croire qu’elles séduisent, sinon pourquoi les élus qui ont un sens poussé de leur survie politique en feraient-ils un tel usage ?

Pourquoi ne pas commencer à réformer structurellement le système par le libéralisme, le libéralisme qui n’est pas la caricature que les étatistes en font, avec loi de la jungle ? Le libéralisme n’est pas la loi de la jungle, il commence par respecter les droits naturels de chacun, sans exception. Mais les préjugés à son sujet sont si monumentaux qu’ils découragent l’étude et tiennent lieu de connaissance.

 

Stendhal écrit dans « Le Rouge et le Noir », en 1830 : «Il n’y a point de droit naturel : ce mot n’est qu’une antique niaiserie. Avant la loi, il n’y a de naturel que la force du lion, ou le besoin de l’être qui a faim, qui a froid, le besoin en un mot ». Mais le droit naturel dont se réclame le libertarianisme, héritier de la pensée libérale classique, n’a rien à voir avec cette loi de la jungle, il en est même le contraire. Nathan de Vos le définit ainsi : « Le libertarianisme partage un fond de pensée commun intimement proche avec le libéralisme, les valeurs premières exprimées y sont identiques. Les libertariens partagent avec les libéraux ce goût pour les libertés fondamentales. Inaliénables, ces valeurs (telles que la sécurité, la liberté d’expression, la justice…) sont perçues comme un droit naturel immanent à chaque homme quel qu’il soit, en sa qualité d’individu égal de l’autre. Ces règles régissent le fonctionnement de la société, elles sont au « sommet de la hiérarchie des normes » comme le dirait une approche juridique.

La propriété privée strictement inviolable est également un point commun entre les deux modes de pensée. Chaque individu a le droit de posséder et de jouir librement de bien, sans qu’un État ait le droit d’interférer dans ses affaires privées. Nous verrons que la position libertarienne à ce sujet est catégorique car même l’intervention la plus minimale d’un État est considérée comme une infraction grave aux libertés individuelles. Les deux doctrines ont également des réponses semblables quant aux critiques socialistes sur la question de la coopération. Libertariens et libéraux classiques s’accordent sur le fait qu’une coopération entre individus n’est possible que si ceux-ci ont rationnellement décidé de coopérer. L’entraide forcée par le haut via un État interventionniste est vouée à l’échec.

 

 

Une autre critique classique provoque une réponse unanime des deux côtés : celle dite de « l’éthique de l’enrichissement » provoquée par une doctrine énonçant le primat de la propriété privée. Libéraux et libertariens ne se préoccupent pas de définir une manière « bonne » d’utiliser ses biens, ils se limitent volontairement à établir une série de principes valant pour chaque individu et qui leur permettent d’atteindre la liberté sans gêner la liberté d’autrui. Ces idéologies ne visent pas intrinsèquement à encourager l’enrichissement individuel, les libertariens anarcho-capitalistes seront d’ailleurs très critiques envers le raccourci intellectuel énonçant que la propriété privée pour tous mène forcément à une économie capitaliste au sens péjoratif du terme, avec la domination d’une classe bourgeoise sur une classe ouvrière.

Je renvois donc dans leurs buts ceux qui évoquent « la loi de la jungle », mélangeant tout et comme à plaisir, mais d’abord par méconnaissance. Et j’espère que cette modeste suite d’articles fera tomber quelques préjugés en commençant par inciter à l’étude. Car le libertarianisme et l’anarcho-capitalisme ne sont pas des idéologies (une idéologie est tout compte fait simpliste pour ne pas dire simplette), ils décrivent des figures amples et toujours enrichies d’apports internationaux. Les écrits des libertariens les plus célèbres (je n’en ai lu qu’une petite partie) sont de beaux stimulants. Ils stimulent comme la marche en montagne, comme la nage en eaux claires.

A propos de « la loi de la jungle » que m’asséneront les socialistes et les étatistes divers : je commencerai par leur signaler la différence fondamentale formalisée par Friedrich Hayek entre loi (nomos) et législation (thesis), la loi étant « naturelle » et destinée à résoudre des différents entre individus (la justice), la législation relevant dans presque tous les cas de la raison d’État.

Les libertarianistes se situent mais discrètement à l’opposé de la loi de la jungle ; et il faut que les ignorants et les paresseux sachent que l’État n’est pas le seul à s’opposer à cette loi. Il ne s’y oppose d’ailleurs que dans une certaine mesure car il sait être la loi de la jungle, loi qu’il légalise pour mieux la faire appliquer et respecter. Pour bien montrer combien le libertarianisme est contraire à cette loi qui voit le prédateur chasser et dévorer ses proies, il faut avoir en tête que les droits naturels sont liés les uns aux autres, autrement dit : porter atteinte à l’un, c’est porter atteinte à l’autre ; et protéger l’un, c’est protéger l’autre. Le libertarianisme consiste à se défendre mais aussi à défendre l’autre (y compris par la force) si ses droits naturels sont attaqués. Et, j’insiste, la loi n’est juste que si elle défend les droits naturels. On voit donc que nombre de lois générées par l’État, même démocratiques, sont parfaitement injustes ou, au mieux, imparfaitement justes. Car nombre de lois ne protègent en rien les incitations productives et à l’innovation des individus. Bien au contraire, elles les restreignent ou les annulent au nom du fameux bien commun. Non, les socialistes et les étatistes (ce sont trop souvent les mêmes) n’ont aucune exclusivité sur la morale et la justice !

Olivier Ypsilantis

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