« Tout homme naît et se forme pour une grande heure de sa vie. C’est la plus belle heure de Churchill que je dirai. Et sa plus belle heure a été la plus belle heure d’Angleterre. Ce sera sa gloire. Dans le granit des âges et l’amour des générations, il apparaîtra prophète d’Angleterre, prophète de la plus belle heure d’Angleterre, Churchill d’Angleterre », écrit Albert Cohen dans « Churchill d’Angleterre »
« Churchill d’Angleterre » est un petit livre d’Albert Cohen plus connu comme auteur de « Mangeclous » et de « Belle du Seigneur ». « Churchill d’Angleterre» a été publié pour la première fois en Angleterre, dans le Message: Belgian Review, en février 1943, sous un pseudonyme : Jean Mahan.
Dès 1925, Albert Cohen choisit d’être un intellectuel engagé, une dénomination qu’il aurait sans doute récusée. Mais qu’importe ! Dans le premier numéro de « La Revue juive », il expose ses choix militants pour le sionisme autant que pour l’universalisme juif. En 1939, il est le représentant personnel, à Paris, de Chaïm Weizman, président de l’Agence juive pour la Palestine qui deviendra en 1948 le premier président de l’État d’Israël. Pendant ce temps, Albert Cohen a été nommé conseiller au Département politique de l’Agence juive pour la Palestine. A ce titre, il est détaché à Paris en qualité de chargé de mission auprès du gouvernement français. En juin 1940, il rejoint Londres. Chargé par l’Agence juive d’une mission de liaison et de représentation auprès de divers gouvernements en exil, dont celui de la France Libre, il rencontre le général de Gaulle le 9 août 1940 et l’assure de la volonté des organismes juifs qu’il représente de collaborer avec la France Libre. A partir de ce moment, Albert Cohen va agir d’une part pour défendre les Juifs dans les pays de l’Europe occupée, d’autre part pour soutenir la contribution des Juifs de Palestine à l’effort de guerre. C’est au cours de cette période qu’il travaille à « Churchill d’Angleterre ». Il restera à Londres jusqu’en juillet 1947.
En septembre 1944, Albert Cohen est nommé conseiller juridique du Comité intergouvernemental pour les réfugiés dont le siège est à Londres. C’est en cette qualité qu’il élabore un texte qui permettra la délivrance aux réfugiés d’un titre de voyage : Accord du 15 octobre 1946, repris dans l’article 28 de la Convention internationale du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés et dans l’annexe à celle-ci. C’est l’œuvre dont il déclare être le plus fier. En juillet 1947, il est nommé directeur de la Division de protection de l’Organisation internationale pour les réfugiés (O.I.R.) dont le siège est à Genève.
Albert Cohen (1895-1981)
Au cours des dernières années de sa vie, Albert Cohen qui se consacre essentiellement à son œuvre littéraire participe au mouvement en faveur des Juifs d’U.R.S.S., il participe à la libération d’Édouard Kouznetsov qui avait été condamné à mort le 24 décembre 1970 pour avoir tenté de s’emparer d’un avion sur l’aérodrome de Leningrad afin d’attirer l’attention du monde sur la situation des Juifs en U.R.S.S., peine commuée en quinze années de camp à régime sévère. Il est finalement libéré en avril 1979, à la suite d’une campagne internationale conduite notamment par un Comité international d’écrivains et d’artistes auquel Albert Cohen participe activement.
Winston Churchill (1874-1965)
Tout au long de son œuvre, Albert Cohen revient sur le respect dut à la Loi, la Loi d’Anti-Nature, la loi de Moïse. Dans « Churchill d’Angleterre », il fait l’éloge du peuple anglais et de son chef, Churchill, pendant le Blitz, Churchill qu’il élève au rang de prophète, Churchill qui par sa hauteur de vue révèle l’Angleterre à elle-même et permet que tout un peuple se fasse « combattant de l’homme », cette créature qui procède de la Loi d’Anti-Nature, des Dix Commandements. « Churchill d’Angleterre » est un poème lyrique en dix-neuf chants qui glorifie l’homme qui porte cette loi et ses commandements. Rien d’outrancier dans cette suite de chants. « Churchill d’Angleterre » est un petit livre qui n’a rien perdu de sa force, qui gagne en force à mesure que passent les années.
Olivier Ypsilantis