« Aussi mes instincts ont-ils beau me détourner de la mort, me la rendre haïssable, c’est vers elle pourtant que mon esprit incline. Elle me paraît sérieuse, et la vie non ; elle me paraît pure, et la vie non. De sorte que je me sens, me suis toujours senti inférieur, déplacé ; inférieur du fait de mon existence, déplacé du fait de mes préférences. Déplacé, ce mot me semble tellement juste que j’ai peur de le rendre moins juste, si j’y ajoute quoi que ce soit. » (« Sylvia »)
Emmanuel Berl défend l’homme individuel, l’homme réel. Il dit « Il pleut » et non « Marx dit qu’il pleut ». C’est simple, non ! L’homme doit plus se fier à son tempérament qu’aux opinions. On peut s’en réjouir ou le regretter selon l’humeur du jour ou les directives, mais c’est ainsi. Il écrit : « On n’est pas à gauche ou à droite comme on est spinoziste ou kantien, mais comme on préfère les blondes aux brunes, la mer à la montagne, la prairie à la forêt ». Voilà ce qui n’a pas été (assez) dit et qui pour beaucoup paraîtra d’une insoutenable légèreté, d’une coupable légèreté. Emmanuel Berl se tient à distance du communisme, de celui qui accepte les schémas et les directives de son parti ; il se sent proche de l’homme de gauche, style Jean Jaurès, avec une préférence donnée aux êtres plutôt qu’aux choses, un certain goût de la vie et une certaine forme de lyrisme, une foi dans la raison et une grande délicatesse envers les défavorisés.
« Le héros est un produit hybride du mort et du survivant : Hector tue Patrocle, Achille tue Hector, Pâris tue Achille ; mais il est lui-même tué, Troie est prise, Mélénas rentre à Sparte avec Hélène ; sans quoi l’héroïsme d’Achille n’aurait pas de préséance sur celui d’Hector. Je ne bomberai donc pas le torse en raison d’exploits de mes coreligionnaires non plus que de mes concitoyens. Aucune victoire israélienne n’empêche la grande faiblesse de mon efficacité à la guerre, non plus que le génie d’Einstein n’empêche ma nullité en mathématiques. » (« Nasser tel qu’on le loue »)
Il repousse les thèses exposées par Oswald Spengler dans « Le déclin de l’Occident », Oswald Spengler qu’il juge égaré par sa passion pangermanique et amateur de « petites constructions ». Pourtant, comme lui, il pense que les civilisations naissent, vivent et meurent comme les empires dont elles procèdent. Son désaccord avec lui se situe dans la distinction à l’intérieur de la culture occidentale entre « l’âme faustienne » et « l’âme apollinienne ». Emmanuel Berl ne s’attarde pas sur des considérations dans ce genre, sur les « petites constructions », il préfère Friedrich Hegel qui rénova l’histoire en mettant en relation une réalité avec les autres. Emmanuel Berl et ses idées à foison, volontiers profondément troublantes, l’énergie du paradoxe, un élan désireux de tout lier, tout en déliant ce qui est lié – trop bien ficelé. Une palpitation permanente, diastole/systole.
« J’aimerais retrouver l’image qu’à cette époque je gardais de sa personne. Je ne la retrouve pas. J’ai pourtant la conviction qu’elle existe dans ma mémoire, recouverte seulement par les couches de peinture qui la cachent et que je ne réussis pas à gratter. » (« Sylvia »)
Ce goût (immodéré) pour la contradiction et le paradoxe lui fait aussi commettre des erreurs d’appréciation – qu’il est bien facile de juger avec le confortable recul qui est le nôtre. Ainsi, le 15 juillet 1938, il prend la défense de Staline et met en doute les calomnies à son encontre. Emmanuel Berl le pacifiste n’a qu’une très faible connaissance du dossier et il loue Staline de n’avoir pas engagé l’U.R.S.S. dans une aventure militaire. « Aucun dictateur n’est plus silencieux. Aucun ne semble aimer aussi peu tout ce cliquetis d’armes et de clairons qui accompagne toujours le césarisme ». Hitler vocifère, Staline se tait ; mais un dictateur silencieux peut laisser présager le pire. Emmanuel Berl est donc dans la plus totale ignorance des problèmes internes de l’U.R.S.S. Il va jusqu’à envisager Staline comme un possible opposant au Komintern dont l’idéologie est « le communisme de guerre ». Il n’est pas pour autant un communiste, un idéologue. Il rend Staline responsable de la bureaucratisation toujours plus imposante de la société soviétique tout en s’efforçant d’avoir une vue rassurante du dictateur. Il ne se ment pas à lui-même tout en se répétant qu’il a raison. Il attend de plus amples informations sachant qu’il s’est toujours efforcé de tenir compte de l’information fiable pour l’intégrer à ses jugements, quitte à opérer un virage à 180°. Pour l’heure Hitler vocifère, Staline se tait et il en prend note. Se ment-il à lui-même ? Je n’ai pas à en juger. « Les dieux du stade » de Leni Riefenstahl le plonge dans l’accablement avec cette apologie de la force physique.
« Les maux actuels de notre civilisation ne peuvent sans doute être traités par des combinaisons diplomatique. Sa crise est d’abord une crise intellectuelle et morale : elle tient à ce que les hommes font trop de choses, qu’ils les font trop vite, et sans bien savoir pourquoi. Leur premier besoin est qu’on leur donne des raisons valables pour ne pas s’entre-haïr et ne pas s’entre-détruire. » (« La France irréelle »)
L’aspect trépidant de la pensée d’Emmanuel Berl. Il me semble que ses ombres sont multiples, comme s’il était éclairé simultanément par un grand nombre de projecteurs, des ombres de taille et d’intensité diverses. Cette pensée trépidante pourrait être fatigante si elle ne connaissait aucune variation, mais il n’en est rien. Les changements de rythme sont fréquents. Et je l’imagine écrivant avec toujours un sourire en coin, un sourire porté sur les diverses questions considérées mais aussi sur lui-même – et d’abord sur lui-même ; car il n’oublie jamais qu’entre lui et le monde, il y a sa subjectivité – son tempérament plus exactement – qu’il ne dédaigne jamais ; et comment le pourrait-il ? Il nous est aussi fidèle que notre ombre. Les contradictions et les paradoxes donnent à sa pensée un nouvel élan. Il semble en être friand.
Certains de ses écrits (il a beaucoup écrit) passent mal le temps et je suis certain que (presque) plus personne ne les lit. D’autres semblent repiquer une jeunesse. Il m’arrive de lire certains passages de certains de ses écrits à des proches sans leur donner la moindre référence. Ils ne me croient pas lorsque je leur dis qu’ils ont plus de quatre-vingts ans ou au moins soixante ans. Ils pensent qu’ils sont frais du jour…
« J’appartiens à une de ces familles françaises qui, à la fois, restent juives et ne le sont plus. Elles répugnent à la conversion, et elles ne vont plus à la synagogue. Mon oncle Alfred Berl, qui a travaillé pour l’Alliance israélite, dirigé un journal israélite, était incapable de réciter le Kaddish devant le cercueil de son père, comme je l’ai été moi-même de le réciter devant son cercueil à lui. Mon père, qui aurait trouvé déshonorant de me faire baptiser, eût trouvé stupide de me faire jeûner le jour du Kippour. Seule ma grand-mère jeûnait, chez nous ; elle s’en excusait presque, elle disait ; c’est pour le souvenir. » (Sylvia »)
Ses pages sur l’amour ont une finesse d’analyse qui ne peut qu’évoquer Marcel Proust, les meilleures pages de « A la recherche du temps perdu », soit « Un amour de Swann ». Et c’est bien le meilleur de son œuvre, la part qui survivra, des pages autobiographiques : « Sylvia » (son livre que je préfère), « Rachel et autres grâces », « Présence des morts », « Méditation sur un amour défunt ». Des livres où la femme tient une place centrale, la femme et la mémoire. Lorsque je dis aimer Emmanuel Berl et sentir sa présence, ce n’est pas à l’ensemble de son œuvre ou à tout ce que j’en ai lu que je me réfère, mais à quelques livres, peu épais, des livres qui figurent parmi mes livres de chevet.
« La parcelle de mon passé que je croyais revivre, je ne peux même pas l’atteindre, elle se situe au-delà de ma mémoire ; le cliché n’est pas seulement retouché, il est brouillé ; on a omis de retirer la plaque ; on a pris sur elle d’autres photos ; rien ne le restaurera dans son état premier. »
Mon émotion à lire ces lignes. Il y a quelque temps, et avant de les lire, j’avais comparé mes souvenirs à des photographies ayant souffert à la mise au point puis au tirage.
Il prend conscience que depuis la fin de la Grande Guerre la politique extérieure de la France a été dominée par les mots – on peut s’enivrer de mots, se droguer aux mots. La France a cru que la politique générale se déciderait à la S.D.N. Et il écrit cette suite d’aphorismes, en rafale : « Causer n’est pas céder. Il en résulte : qu’on peut causer sans céder ; céder sans causer ; qu’il ne suffit pas de céder pour pouvoir causer, ni de causer pour pouvoir ne pas céder ». Les troupes allemandes entrent dans Prague. Emmanuel Berl et de nombreux munichois veulent éviter l’effusion de sang sur la question des Sudètes sans jamais se laisser aller à penser que les accords de Munich célébraient le début de temps charmants « où Hitler et Goering, changés en bergers d’Arcadie, viendraient charmer de leurs flûtes mélodieuses Chamberlain et Daladier ». Et il ajoute, en fin connaisseur : « Hélas ! Dans les nations démocratiques, ce qui peut être dit importe souvent autant, et parfois davantage, que ce qui est réellement vrai ». Lorsque j’écoute nombre de responsables politiques, j’ai souvent – trop souvent – l’impression qu’ils se saoulent de leurs propres paroles, et ainsi pensent-ils agir alors qu’ils ne font que s’écouter parler. Certes, j’accorde une importance primordiale à la parole, mais pas à celui qui s’écoute parler ; car celui qui s’écoute parler s’économise toute action. Sa griserie verbale lui tient lui d’action.
Emmanuel Berl a toujours eu un rapport extrêmement difficile avec la psychanalyse. Il se laisse tenter à trois reprises ; mais dès la première séance, ce contradicteur invétéré se rétracte et déclare que le psychanalyste est plus atteint que lui lorsqu’il ne retourne pas la situation avec sa dialectique aussi brillante que pénétrante.
« Or, moi, fils unique, gâté d’autant plus par ma famille qu’elle n’était nullement pauvre mais très éprouvée par la maladie et par la mort, l’univers ne me semblait pas hostile, et mon caractère n’était pas nonchalant. C’était ma violente envie de nager qui me faisait me raidir et couler. De même, mes professeurs de mathématiques m’accusaient de ne pas mettre assez de bonne volonté à les suivre ; mais tout au contraire, de la bonne volonté, j’en mettais trop ; à cause d’elle, je m’épuisais à comprendre ce qu’ils disaient avant qui ne l’eussent dit ; anxieux de les suivre, je me hâtais et je ne parvenais plus à marcher de leur pas ; la peur d’être stupide me faisait le devenir. Voyant certains de mes camarades les comprendre sans aucun effort, j’en faisais d’autant plus pour les rattraper, et m’enlisais encore davantage dans mes propres sables. » (« Rachel et autres grâces »).
C’est exactement mon histoire, avec les mathématiques. A la lecture de ces lignes, je me suis revu à l’école, anxieux et accablé. Moi aussi je m’épuisais à comprendre ce qu’ils disaient avant qui ne l’eussent dit et je conçus un terrible sentiment d’infériorité en voyant des élèves résoudre des problèmes (de mathématiques mais aussi de physique) avec une facilité qui m’était interdite. Certains semblaient même les résoudre négligemment, sans y penser. Je voyais en eux des Himalaya d’intelligence, avec un Q.I. proche de celui d’Albert Einstein ou de Max Planck.
Dans la biographie pionnière que Bernard Morlino (né en 1952, il avait donc entre vingt-deux et vingt-quatre ans lorsqu’il rencontra Emmanuel Berl) a consacrée à Emmanuel Berl (« Emmanuel Berl – Les tribulations d’un pacifiste », La Manufacture, 1990), il y a ce court avant-propos que je rapporte dans son intégralité : « Si un traducteur doit respecter, un biographe doit s’effacer, dans la mesure du possible. J’ai donc essayé de retrouver la pensée d’Emmanuel Berl, par l’intermédiaire de ses écrits, mais aussi grâce aux conversations que j’ai eues avec lui entre 1974 et 1976. J’ai toujours noté, sur un carnet, ses propos qui me semblaient importants. J’ai replacé toutes ses observations et toutes ses critiques dans le contexte de l’époque, selon le principe de la chronologie pure. Qu’a-t-il dit à telle date ? En définitive, j’ai l’impression qu’Emmanuel Berl comprenait parfois son temps quand les autres se contentaient souvent de le vivre ». Emmanuel Berl comprenait parfois son temps quand les autres se contentaient souvent de le vivre…
« Il m’a semblé évident que, dans la querelle de Bossuet et de Fénelon, Bossuet avait tort. Ni l’un ni l’autre n’avait vécu la vie des mystiques, mais Fénelon les comprenait et Bossuet ne les comprenait pas. Fénelon était beaucoup plus intelligent et inquiet. Aucun romancier d’ailleurs n’a mieux connu ses héroïnes qu’il n’a connu ses pénitentes ; jamais, il ne leur aurait dit, avec Pascal : “Pratiquez et vous croirez”, ce qui n’est pas vrai et me paraît un peu répugnant. Il leur disait : “Taisez-vous et Dieu vous parlera” – sous-entendu : peut-être… » (« Rachel et autres grâces »)
On a comparé Emmanuel Berl à Marcel Proust (je l’ai fait très vite et spontanément) mais aussi à Benjamin Constant pour son inclinaison à l’autodestruction. Le souvenir tourbillonne et son écriture fluide et limpide suit son mouvement. « Sylvia », autopsie de son milieu familial où s’entremêlent son obsession de l’amour et celle de la mort, est selon moi son chef-d’œuvre. Marcel Arland a lu ce livre deux fois en quinze jours et il le compare à Alfred de Musset, subjugué par cette « confession d’un enfant du siècle », dénué de toute complaisance dans le réquisitoire contre lui-même.
Emmanuel Berl a beaucoup étudié la télévision. Il s’est d’emblée posé le problème de l’image qui tend à pousser toujours plus de côté l’écrit.
« La fin de la IIIe République » (publié en 1968) lui donne l’occasion de régler ses comptes avec 1940. Ces pages sont un compromis entre le livre d’histoire et le livre de chroniques et de souvenirs. Plus personne ne pourra déclarer ni même insinuer qu’il fut vichyste. Ceux qui vécurent le 10 juin 1940 savent qu’il était impossible en 1942 d’être à la fois pour Vichy et l’ami d’André Malraux. « J’ai écrit le deuxième et le troisième discours de Pétain, je n’en ai aucune honte, je le ferais encore si j’avais à le refaire », écrit-il. A peine un mois après les avoir écrits, il cesse tout rapport avec Vichy. Il reconnaît toutefois n’avoir pas été assez indigné par l’armistice, une trahison envers l’Angleterre ; car si elle n’avait pas gagné, l’armistice apparaîtrait dans l’Histoire comme une monstruosité.
« Il va de soi que n’ayant aucune idée de ma propre religion, je n’en avais pas non plus sur celles des autres. A force d’assister aux messes d’enterrement ou de mariage, j’avais compris qu’il fallait m’incliner devant le Saint-Sacrement, me lever à l’Élévation, mais je ne savais pas pourquoi. » (« Rachel et autres grâces »)
Parmi ses multiples interrogations, il pressent que l’idylle de la technologie et de l’humanisme aura une fin. Il n’aime pas Friedrich Hegel et sa totalité, il lui préfère Søren Kierkegaard et son individualisme. Il envisage un peuple comme un ensemble d’individus soucieux de leurs différences. La masse appelle le dictateur qui fait d’elle l’instrument de sa propre servitude. Il écrit : « La société changera quand les hommes ne voudront plus avoir de voiture et qu’ils préféreront jouer au bilboquet », une considération beaucoup plus sérieuse qu’il n’y paraît.
Olivier Ypsilantis
Je ne trouve pas que ses écrits passent mal le temps. Et il y a au moins une personne qui lit encore Emmanuel Berl: c’est moi.
Vous n’allez pas vous faire que des amis dans les milieux que vous fréquentez, avec cet éloge d’Emmanuel Berl. Il est de bon temps de le considérer comme un Juif qui a la haine de soi. Ce n’est pas mon avis, en revanche je pense que si les porte-paroles de la communauté juive française parlaient, et pensaient, comme Emmanuel Berl, au lieu de suivre bêtemnt des Glucksmann, Cohn-Bendit, BHL & Co, les seuls qu’on entend, eh bien, il n’y aurait pas d’antisémitisme en France aujourd’hui.
Je n’ai pas dit que ses écrits (dans leur ensemble) passaient mal le temps, mais que certains de ses écrits passaient mal le temps. J’aurais mieux fait d’écrire qu’ils étaient très circonstanciés et que de ce fait… Il me semble dans tous les cas que la part la plus vivante et vivace de ses écrits touche à l’autobiographie, un jugement très personnel et que je ne prétends pas imposer. Je suis heureux que vous lisiez Emmanuel Berl le trop oublié. Je ne l’ai jamais considéré comme un Juif portant la « haine de soi » mais simplement comme un Juif (parisien) quelque peu oublieux de son judaïsme et qui s’en explique. Et sachez que je ne suis attaché à aucun milieu, que je suis un observateur, un simple observateur (d’où mon intérêt passionné pour Ernst Jünger, entre autres).
Vous écrivez : « Je pense que si les porte-paroles de la communauté juive française parlaient et pensaient comme Emmanuel Berl, au lieu de suivre bêtement des Glucksmann, Cohn-Bendit, BHL & Co, les seuls qu’on entend, eh bien, il n’y aurait pas d’antisémitisme en France aujourd’hui. » Vous êtes optimiste surtout à l’heure ou l’antisionisme et l’antisémitisme organisent des partouzes et copulent en faisant mieux que le Kamasoutra et que des populations immigrées et leurs descendants viennent réactiver la chose.
De bon ton. Pardon
Au sujet des “partouzes”, je trouve que votre formule est une trouvaille. On assiste en effet à une sorte de fornication idéologique dans laquelle des gauchistes jouissent de se trouver des affinités avec des fachos, lesquels sont émoustillés de copuler avec des beurs et beurettes, et ainsi de suite. Tout se monde se frotte se mêle et copule dans la pénombre. On n’aurait pas cru que la passion antijuive puisse ressurgir de cette manière éruptive, et donner tant de plaisir à tant de gens, tellement divers. La fusion de ces affects divers a été réussie avec art (il faut lui laisser ça) par un génie de la propagande qui s’appelle Alain Soral et qui a été grandement aidé par Dieudonné, dont l’éditorialiste d’extrême droite Robert Spieler a pu dire que c’était un “golem”. Remarque géniale, car Dieudonné a été littéralement fabriqué par la gauche antiraciste juive des années 80.
Mon observation au sujet de Berl comme antidote à l’antisémitisme signifie qu’à mon avis si Soral-Dieudonné ont pu réussir leur OPA sur l’opinion française – et ils l’ont réussie car le harcélement judiciaire par lequel ils sont punis n’empêchent pas leurs idées de progresser comme un feu de forêt, et désormais c’est irréversible, la répression décuplant la pénétration de leurs thèmes – c’est parce que l’intelligentsia antiraciste immigrationiste à 90% juive des années 1970-80 jusqu’à aujourd’hui leur a servi tout sur un plateau.
Selon moi ça a commencé avec Jean Pierre-Bloch, qui a lancé l’opération de submersion ethnique avec des arguments moraux. Ca a continué avec Lionel Stoleru et Simone Veil, qui ont fait subir un chantage à Auschwitz à Giscard pour lui interdire de renvoyer au Maghreb 500’000 travailleurs alors que le chômage montait, puis lui ont imposé le regroupement familial. Aujourd’hui les enfants et petits enfants de ces gens que Giscard n’a pas pu renvoyer chez eux font la quenelle et chantent shoananas dans les spectacles de Dieudonné. Quant à Giscard il a fait plusieurs déclarations publiques pour dire qu’il se mord les doigts d’avoir accepté le regroupement familial.
Mitterrand, le vieux renard, a aussi une responsabilité dans le climat actuel, car il s’est sciemment servi de cette hypocrite manoeuvre antiraciste pour se maintenir au pouvoir, en rendant inéligible une alternance qui aurait été archi-majoritaire si le pouvoir juif avait permis à la droite RPR-UDF de conclure des alliances électorales avec Le Pen. Mitterand était entouré de Juifs. C’est un des rarissimes politiciens répertoriés dans les annales qui ont réussi à manipuler les Juifs. Ils ont joué le jeu à fond les manettes avec lui dans la politique “touche pas à mon pote” et ils en payent le prix aujourd’hui.
Bref, il ne serait pas possible aujourd’hui d’organiser les partouzes dont vous parlez si les organisations juives s’étaient exprimées et étaient intervenus dans l’esprit qui caractérisait Emmanuel Berl, et qui était, il faut bien le dire, un esprit qui consistait à n’avoir aucune exclusive contre la partie de l’opinion nationaliste et identitaire. Emmanuel Berl aimait sincèrement la France des cathédrales. Il était l’ami, sincère, de Drieu La Rochelle, auquel il n’en voulait même pas d’être antisémite, se contentant de noter: “l’antisémitisme lui est venu un beau jour de 1938, comme un diabète”, et quand Drieu a eu la fin que l’on sait, Berl a écrit un bel article pour faire son éloge.
L’intelligentsia juive en France a été haineuse et clairement antifrançaise depuis un demi siècle (les autres voix, si vous m’en citiez ne serait-ce qu’0une, ont été inaudibles). EIle a été immigrationiste de manière forcenée, pour dissoudre le peuple français, elle a fabriqué de ses mains les conditions qui ont permis à Dieudonné et Soral d’organiser leurs partouzes actuelles. La signature juive est écrite à l’encre indélébile sous les textes qui ont fait advenir la France métissée antisémite d’aujourd’hui. Et cela est dû au fait que ces gens sectaires croyaient ainsi venir à bout de la France ethiquement homogène du maréchal Pétain. Ne bottez pas en touche. Vous savez que c’est vrai.
C’est tout cela la véritable cause de l’antisémitisme actuel. C’est dû à l’esprit qui s’exprime dans le livre “Idéologie française” de BHL. Un esprit haineux et antifrançais. Emmanuel Berl faisait partie des écrivains visés par ce livre même si peut-être on n’y parlait pas de lui. Il était l’ami de tous ceux que BHL vomissait. Son idéologie était tout ce que BHL dénonçait et détestait. Il aimait la France. Eux la haïssent.
Ils récoltent aujourd’hui ce qu’ils ont semé. Ils ont rendu possible le retour massif de l’antisémitisme. Cela ne serait pas arrivé s’il avaient compris la leçon d’Emmanuel Berl.
C’est cela que j’ai voulu dire.
Perplexe,
Nous sommes d’accord sur certains points, ces partouzes organisées par l’antisionisme-antisémitisme, sur l’aspect pornographique (hors toute référence morale) de M’Bala M’Bala et du côté benne à ordures ménagères (BOM) d’Alain Bonnet plus connu sous le nom d’Alain Soral, plus chic tout de même. Je suis par ailleurs heureux que vous appréciez Emmanuel Berl. Par contre, nous ne partageons pas (et il sera inutile d’insister) cette obsession du « pouvoir juif », les Juifs étant supposés manipuler les pauvres goyim – hormis Mitterrand dites-vous. Cette appréciation séduit car elle simplifie (et terriblement). Or, vous me lisez, ce dont je vous remercie, et vous devriez savoir que je m’efforce d’appréhender (bien imparfaitement j’en conviens) la complexité du monde, de l’histoire et des sociétés humaines.
Vous en revenez à BHL que je n’apprécie en rien. Je ne mettrais pas un seul de ses livres dans ma bibliothèque par peur d’en faire baisser le niveau – je suis snob, je le sais. Mais, surtout, votre regard est biaisé.
Que des Juifs soient responsables de l’état des lieux, je ne puis le nier. Mais les goyims sont aussi très présents. Il est vrai qu’il est toujours commode à l’heure des dénonciations de s’en prendre au Juif « de service ». Les goyims pratiquent cet exercice depuis près plus de vingt siècles, et avant même l’avènement du christianisme (je publierai des textes sur l’antisémitisme grec), alors pourquoi s’en priver ?
Je vais me prêter un instant à votre jeu, et vous citer un nom (parmi tant d’autres), Michel Gurfinkiel, un important journaliste et écrivain qui depuis longtemps travaille pour “Valeurs Actuelles” et “Le Spectacle du Monde”. Ah mon cher, les Juifs sont partout, même de votre côté…
Je vais me renseigner sur Michel Gurfinkiel, dont je n’avais jamais entendu parler.
Il serait, me dites vous, un des rares juifs ayant toujours mis en garde contre l’immigration. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’a pas été audible, et encore moins écouté par ses coreligionaires pendant toute la période où les organisations juives “représentatives” ont monopolisé le discours et pesé de tout leur poids, très publiquement et officiellement, pour imposer au forceps la “diversité”. Elles ont continué jusqu’au moment où elles ont pu avoir la certitude qu’une situation démographiquement irréversible avait été atteinte, où le peuple français ne serait plus jamais maître chez lui. À partir de ce moment – il était déjà trop tard – quelques éléments, assez rares, ont été autorisés à virer leur cuti, comme Alain Finkielkraut, et d’autres sont apparus, comme Elisabeth Lévy, Gilles William Goldnadel et surtout Éric Zemmour, pour parler comme Le Pen, car il devenait évident que le sentiment majoritaire du pays validait les mises en garde de Le Pen contre l’immigration. (Mises en garde qui lui avaient valu une diabolisation insensée). Il importait dès lors de pouvoir dire qu’au moins quelques Juifs en vue partageaient le sentiment majoritaire du populo français. Et après la seconde Intifada, il fallait donner des gages aussi aux Juifs de base, car ces derniers, qui n’avaient jamais été écoutés quand il s’agissait de lancer ces campagnes de haine contre les “Dupont Lajoie”, commençaient à prendre vraiment peur en constatant que le lobby avait réussi à transformer la France de Fernandel et de Bourvil, à laquelle tous comptes faits ils étaient attachés, en un pays qui ressemblait à l’Algérie de Drumont (fameux député antisémite d’Alger): même malaise identitaire, même conflits ethniques, même antisémitisme omniprésent.
Vous tentez de nier que tout cela était intentionnel. Désolé, mais vos arguments ne sont pas crédibles. Et le succès d’Alain Bonnet de Soral (son nom complet: famille savoyarde ayant reçu la nationalité suisse au moment où le village de Soral, dont elle était originaire, a été rattachée au Canton de Geneve par le traité de Vienne), ce succès donc, effrayant pour les Juifs, est la conséquence directe et inévitable de cette sinistre “machenschaft”.
Si Alain Bonnet de Soral et Dieudonné M’balla M’balla n’étaient pas nés, les mêmes causes produisant toujours, au cours de l’histoire, les mêmes effets, la même flambée d’antisémitisme, qui est due à la politique immigrationiste voulue par le CRIF et la Licra, se serait produite de toute façon, avec la même intensité, simplement à l’appel d’autres agitateurs.
Vous connaissez la phrase: “en politique il faut vouloir les conséquences de ce que l’on veut”.
Le CRIF et la Licra ont elles voulu la reprise d’un antisémitisme populaire massif en France, conséquence des politiques publiques qu’elles ont activement promues et contre lesquelles elles n’ont jamais mis en garde ? Ou cet état de fait est-il un effet collatéral de ces politiques, ni prévu, ni calculé par leurs inspirateurs juifs ?
Vous répondez par la deuxième proposition, tout en niant CONTRE L’ÉVIDENCE l’implication des organisations juives dans la mise en place d’une France multi-culturelle avec des millions de musulmans, maghrébins et autres, ayant “tété l’antisémitisme avec le lait maternel”(Georges Bensoussan).
Personnellement j’ai longuement réfléchi à cette question taraudante. J’ai fini par conclure que la première proposition est vraie. Les CRIF et la Licra ont voulu les conséquences de leur politique. Ils ont voulu le retour de l’antisémitisme. Et si des gens aussi intelligents ont voulu celà – çe qui paraît “contre intuitif” comme on dit aujourd’hui, c’est donc que ces organisations y ont un intérêt.
L’affaire Bensoussan a été le révélateur – pour ceux qui avaient encore la moindre illusion là dessus – de cette horrible vérité.
Vous avez l’art de me faire dire ce que je n’ai pas dit. Ai-je dit que Michel Gurfinkiel était l’« un des rares Juifs ayant toujours mis en garde contre l’immigration » ? L’« un des rares Juifs… » ? Avant même de commencer à argumenter vous faussez discrètement la réponse de votre interlocuteur. Je me permets de vous reprendre car c’est un tic chez vous.
Vous découplez les Juifs « d’en bas » et les Juifs « d’en haut », soit ceux qui subiraient et ceux qui décideraient. Alain Soral manie à l’envi cette distinction. Alain Soral fait aussi la distinction entre Juifs pauvres (de braves gens somme toute) et Juifs riches (les Juifs pauvres figurent parmi leurs victimes). Ces distinctions me sont hautement suspectes, insupportables même. Considérant la dispersion juive dans l’espace et dans le temps, vous trouverez toujours un ou des Juifs pour « justifier » vos présupposés, ce que vous avez fait avec la Révolution de 1917. Je ne puis aller dans votre sens car je considère toujours la diversité, et dans le cas des Juifs elle est immense. Est-ce parce que des Juifs se sont retrouvés – parmi tant d’autres – à faire fonctionner la machine stalinienne (avant d’en être eux aussi et pour la plupart victimes que je vais désigner le stalinisme comme une création juive ? Il y a eu des Naftali A. Frenkel mais il y a eu des Ossip Mandelstam.
Et pirouette finale : « J’ai longuement réfléchi, etc. » On peut longuement réfléchir sans pour autant parvenir à des conclusions justes. Une fois encore vous partez d’un présupposé : les Juifs manigancent, ils sont partout et nous, pauvres goyim, sommes leurs joujoux (voir vos courriers précédents, je ne force en rien la note). Par ailleurs, vous donnez dans une vieille rengaine qui consiste à rendre les Juifs responsables de tout ce qui leur arrive. Je la connais cette rengaine, je ne la connais que trop. On dit même mon cher que les services israéliens activent en sourdine l’antisémitisme afin de faire venir tous les Juifs en Israël. Ces raisonnements circulaires séduisent comme séduit la théorie du complot, séduisante et reposante puisqu’elle « explique ».
Je ne distingue pas entre les Juifs pauvres et les Juifs riches, ni entre les Juifs d’en bas et ceux d’en haut. Je distingue essentiellement entre les organisations juives qui se prétendent représentatives et les Juifs en général. Je n’accuse pas les Juifs en général, qui sont très divers comme vous le dites avec raison, et qui ne sont pour rien dans ce qui se passe, pas plus que les Français en général. Tout le peuple français y compris sa composante juive, subit en France les décisions du pouvoir, au sein duquel les organisations juives jouent un rôle prépondérant (preuve: le dîner du CRIF).
S’agissant du problème de l’immigration et de la transformation par des politiques publiques volontaristes, qui ont été toujours exigées par le CRIF et la Licra, de la France que nous avons connue vous et moi quand nous avions 20 ans en ce chaos multiculturel criminogène et antisémite, je constate le rôle moteur du CRIF et de la Licra, que l’on peut qualifier d’organisations de pouvoir.
Citez moi svp une seule organisation juive en France, d’un certain poids, qui depuis cinquante ans n’a pas cessé de mettre en garde, inlassablement, publiquement et surtout institutionnellement, contre l’immigration.
J’attend la réponse… quelles organisationspouvez-vous citer ?
Vous voyez bien que ça n’existe pas. On peut citer des individualités juives, comme par exemple madame Bat Yeor, qui ont alerté contre les dangers de l’immigration en France, mais aucune organisation juive.
Vous niez des évidences. Vous bottez en touche. Vous esquivez. Toujours. Par exemple vous ne voulez pas comprendre ce que je vous dis de l’affaire Bensoussan, qui est le révélateur de la volonté des organisations juives en France de continuer à promouvoir l’implantation massives de populations musulmanes et antisémites en France.
Je trouve que vous prenez trop à la légère ce que je vous dis. Les questions que je soulève sont graves. Il s’agit de la responsabilité de la montée de l’antisémitisme en France aujourd’hui.
Oui, je tiens le CRIF et la Licra (notamment) pour responsables de ce climat antisémite qu’elles ont créé à dessein et qui leur sert à justifier leur existence. Je reproche à ces institutions leur lutte implacable depuis cinquante ans pour imposer l’immigration massive, la diversité, le multiculturalisme en France (mais aussi dans la plupart des autres pays du monde, des organisations juives homologues font de même). Je leur reproche de plus de faire régner un climat de persécution morale et judiciaire contre ceux, même juifs (Bensoussan), qui mettent en question ces politiques désastreuses.
https://www.youtube.com/watch?v=G45WthPTo24
Je n’entrerai pas dans le jeu que vous cherchez à m’imposer. Nous partageons probablement des inquiétudes communes, mais vous cherchez des causes à votre inquiétude qui me semblent bien restrictives : les Juifs et les Juifs encore. Un dialogue de sourd s’installe. J’insiste sur l’immense diversité du monde juif et du monde en général. Je vais simplement vous citer deux organisations juives, proches par leur sigle mais très opposées par leur sensibilité : l’UPJF (Union des patrons et des professionnels juifs de France) et l’UJPF (Union juive française pour la paix). Allez faire un tour du côté de ces deux organisations et des radios juives (voir Radio J et l’UPJF). Et cessez d’aller du Crif à la Licra et de la Licra au Crif qui ne représentent qu’une toute petite partie du monde juif ! Les goyim ont trop pris l’habitude de se décharger de leurs erreurs et de leurs insuffisances sur le dos des Juifs.
Moi aussi ce débat m’est pénible. Mais je suis vraiment taraudé par ce problème. Il m’est pénible de débattre avec vous ici publiquement de ces sujets. On ne sait jamais qui lit ça. Si nous avions un jour l’occasion de nous rencontrer j’aurais des choses à vous raconter do tcertaines vous intéresseraient.
Bien sûr l’action délétère de certaines organisations juives, qui monopolisent le débat, imposent leurs thèmes et rendent inaudibles les expressions des autres organisations juives, qui existent peut-être et sont peut-être d’un autre avis, tout cela joue un très grand rôle dans le climat toxique ambiant, avec ce que vous appelez ses “partouzes”. Mais je reconnais qu’il existe aussi d’autres facteurs. Evidemment.
L’action délétère d’organisations comme la Licra et le CRIF, qui donnent vraiment l’impression de mener une guerre contre le peuple français, ainsi que de tant d’intellectuels juifs qui donnent la même impression, et qui eux aussi occupent outrageusement une part excessive de l’espace public et médiatique, sans vergogne, de manière irresponsable, tout cela me paraît un facteur central dans le mauvais climat ambiant. J’y vois une des causes principales de ce climat. C’est vrai. Est-ce de l’antisémitisme? A vous de juger. Et c’est vrai que je ne parviens pas à oublier cette propagande lancinante, antiraciste, antifrançaise, pro immigration, etc., et de qui en etait la driving force évidente. Et les pressions politiques de ces organisations, tout à fait publiques, pas du tout occultes, pour que l’immigration continue de manière forcenée, et que le populo soit empêché de manifester ses doutes et même de faire entendre ses protestations, alors qu’il est inquiet de voir son cadre de vie dévasté et ses villes changer totalement de physionomie par un changement démographique et ethnique irréversible, tout cela est inoubliable, traumatisant je dirais. Ca l’est pour moi. Ca l’est sans doute pour des millions de Français.
Cela m’épouvante car je sens venir l’inévitable retour du bâton, qui sera forcément rude, et cet adjectif est un euphémisme. Il se produit en ce moment en Amérique et on n’a encore rien vu.
Je ne peux pas comprendre comment il est possible qu’il ne se soit trouvé personne dans cette communauté juive française pour mettre question les choix et les décisions de ces organisations “représentatives”, et même presque les mettre en accusation publiquement en dénonçant leur action, tant elles mettaient en danger gravement leurs coreligionaires. En fait il n’y a eu à peu près que George Bensoussan qui s’est levé, beaucoup trop tard, et il a dénoncé les effets d’une immigration qu’il n’avait rien fait pour empêcher quand il était encore temps. Il a été descendu en flammes par les autorités communautaires. C’est incompréhensible et tellement révélateur.
Vous avez raison, ce problème dramatique ne devrait pas nous empêcher de nous intéresser à d’autres sujets touchant à la culture juive, l’histoire juive, les belles pages, il y en a, de la cohabitation toujours difficile entre Juifs et Romains, Grecs, Chrétiens, Français, Allemands, Esoagnols, Portugais, Turcs, Persans, Chinois même (je pourrais vous parler de ce dernier sujet), etc. Les synthèse réussies, il y en a.
C’est ce que vous faites dans votre incroyable blog. J’aimerais bien m’intéresser à tout cela aussi. Je m’y intéresse, d’ailleurs, puisque je vous lis. Mais je ne parviens pas, en m’intéressant à tout cela, à faire abstraction de l’éléphant au milieu de la pièce et qui menace de tout casser. Cet éléphant c’est le problème angoissant dont je vous entretiens. La présence de cet éléphant m’empêche de contempler la beauté des porcelaines qui sont dans les vitrines.
Il faudrait vraiment que je m’impose la discipline de ne plus mettre de commentaires sur votre blog. Je vais encore vous faire part de quelques réflexions sur le sujet de la résistance intérieure allemande, c’est à dire le groupe de Kreisau, qui vous fascine et dont vous exagérez l’importance, le colonel Stauffenberg, Ernst von Weizsäcker, ses deux fils, Gördeler, Albrecht Hausofer, Ulrich von Hassel, etc., etc. Il y a quelques personnages de ce milieu comme Marion Döhnhoff que j’ai connus personnellement, ainsi que des témoins. Je pense que vous idéalisez un peu ce monde, et vous faites aussi quelques contresens. Vous ne voyez pas l’irréalisme de leur projet, les ambivalences de la noblesse allemande, ses hésitations entre le nazisme et l’opposition. (Beaucoup d’ailleurs n’ont pas du tout hésité et ont été completement nazis jusqu’à la fin). Je voudrais vous apporter quelques précisions et rectifications. C’est un sujet très délicat et c’est pourquoi je n’ai pas encore mis au point mes quelques réflexions sur le sujet. Et de toute façon j’hésite fortement à les confier à internet. Mais une fois que ce sera fait, si je le fais, il faudra que je m’abstienne définitivement de poster des commentaires sur votre blog.
Je vous répondrai plus longuement dans un courrier. Je laisserai de côté toute histoire concernant les Juifs ; je préfère vous laisser à vos certitudes. Concernant ce que vous dites sur la noblesse allemande en regard du nazisme, j’ai quelques précisions à apporter car, une fois encore, vous cherchez à me faire dire ce que je n’ai pas dit. Et vous omettez des points qui me semblent importants.