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Notes éparses sur l’art – 7/9

 

Un certain nombre de mots qui appartiennent à l’histoire de l’art ont commencé par être dépréciatifs. Voir le mot « Baroque », mot choisi à dessein par les historiens néo-classiques du XVIIe siècle pour désigner cet art extravagant (voire ridicule) du siècle précédant.

Dans mes rêves (cauchemars ou non) passent assez souvent la Escadaria do Bom Jesus (Santuário do Bom Jesus do Monte, œuvre de Carlos Amarante), non loin de Braga, ainsi que le château de Raray dont ma mère me parlait assez volontiers puisque son parc avec ses deux haies cynégétiques servirent de cadre à « La Belle et la Bête » de Jean Cocteau, avec Jean Marais dans le rôle de la Bête.

Détail d’une haie cynégétique, château de Raray.

 

L’Empire espagnol est entraîné dans la guerre de Trente Ans. La péninsule ibérique s’enfonce dans la misère. 1637, révolte à Évora, révolte qui se propage. 1640, insurrection séparatiste en Catalogne où le Conde-duque de Olivares (protégé de Felipe IV) ordonne la mobilisation des troupes lusitaniennes contre les Catalans. Non seulement elles refusent de marcher contre ces derniers, mais en décembre de la même année les Portugais déposent Margarida de Saboia et exécutent plusieurs membres de son conseil. Quelques semaines plus tard, le Duque de Bragança est couronné roi du Portugal sous le nom de João IV. Début de la Guerra de Restauração (1640-1668). Après avoir signé une paix avec la France au prix d’importantes concessions territoriales, les Espagnols écrasent les Catalans avant de lancer leurs forces contre le Portugal. Et suite à plusieurs défaites majeures (Linhas de Elvas en 1659, Ameixial en 1663, Castelo Rodrigo en 1664, Montes Claros en 1665), l’Espagne reconnaît l’indépendance lusitanienne le 18 février 1668.

Lisbonne. Au centre de la Praça dos Restaudores, un imposant monument (d’une trentaine de mètres de hauteur) inauguré en 1886 à la gloire de ceux qui luttèrent pour l’indépendance du Portugal : Aos Restauradores de 1640.

La façade ouest de la cathédrale de Santiago de Compostela, de Fernando Casas y Novoa, comme si l’édifice avait durablement séjourné au fond d’une mer ou d’un océan et en avait été sorti couvert de concrétions. Même remarque pour le frontispice de l’hôpital de San Fernando (Madrid), de Pedro de Ribera.

La rigueur des natures mortes de Francisco de Zurbarán et de celles de Juan Sánchez Cotán.

Qui n’a pas au moins une fois dessiné, même sommairement, le plan de sa ville idéale et/ou de sa maison idéale ? De sa ville idéale, à la manière de Filarete ou de Giorgio Martini.

Mes lettres à Pierre Courtin où j’évoque volontiers l’impression très particulière que me donne l’étude des peintures de Paolo Uccello, une impression qu’explique en partie cette application dans la mise en œuvre de la perspective dite « scientifique », application non dénuée de « naïveté(s) », d’où mon impression de savoureuse étrangeté, de vertige léger et soutenu.

Parmi les répertoires pour dessins préparatoires à une série de linogravures, les céramiques de Manises (environs de Valencia) et leur bestiaire, sans oublier leurs motifs floraux.

L’extraordinaire traitement des miniatures de l’Évangile d’Ebbon (début IXe siècle). Les mouvements du pinceau, principalement avec les vêtements des quatre Évangélistes. On pourrait croire à des peintures XXe siècle tant la gestuelle (du pinceau) est prononcée – expressionniste.

Parmi les délices architecturaux de l’Espagne, l’architecture hispano-wisigothe (VIe, VIIe et VIIIe siècles) et l’architecture des Asturias (VIIIe et IXe siècles) sous les règnes d’Alfonso I, Alfonso II, Ramiro I et Alfonso III. Des architectures de poche, pourrait-on dire, adorablement proportionnées. La si émouvante église de Santa Cristina de Lena.

Santa Cristina de Lena, Asturias.

 

Entre 1827 et 1850, Ludwig I, roi de Bavière, commande au peintre Joseph Karl Stieler des portraits de beautés afin de constituer la Schönheitengalerie, visible au château de Nymphenburg. Parmi ces beautés, l’actrice Lola Montez, amante du roi. L’ensemble est froid, voire glacé.  La dame que je préfère, et dont je garde le souvenir le plus précis (elle est habillée comme certaines de mes ancêtres), Katerina Botsaris, fille du libérateur Markos Botsaris.

Rêveries entre arcs polylobés et arcs outrepassés.

Les chiffres mayas : des agencements de points (par exemple 1 et 2), des agencements de lignes horizontales (par exemple 5 et 10), des combinaisons de points et de lignes (par exemple 6 et 7).

Les céramiques érotiques de la culture Mochica, une civilisation précolombienne implantée le long de la côte nord du Pérou entre 100 et 700 après J.-C., des céramiques par ailleurs utilitaires.

Les géoglyphes de Nazca, à contempler des airs. Les hypothèses fantaisistes à leur sujet. La folie des géoglyphes (souvenirs d’un voyage au Chili dans les années 1990).

Certes, John William Godward, un victorien néo-classique, est moins grand peintre que Rubens, il n’empêche que je préfère ses femmes (et celles de son aîné, Sir Lawrence Alma-Tadema), et de loin, à celles de ce géant de la peinture.

Observez les traces du pinceau dans l’arrière-plan de « La mort de Marat » et dans celui de « Madame Récamier » de David. Ces arrière-plans minimalistes mettent en valeur ces traces, avec une gestuelle qui nous dit l’Impressionnisme presqu’un siècle avant l’Impressionnisme.

Le rapport masses noires et masses blanches dans les gravures sur bois de Félix Vallotton et de Frans Masereel.

Une fois encore, la peinture extraordinairement dessinée de Sandro Botticelli.

La peinture du Nord, Jan van Eyck ou Rogier van der Weyden (pour ne citer qu’eux), une peinture ciselée.

Le néo-classicisme de Bertel Thorvaldsen, impeccable mais froid, froid et impeccable comme un écrit de Winckelmann. Même perfection chez son contemporain Canova, qui lui propose une sensualité qui donne envie de passer la main sur le grain de ses marbres.

La bienveillance d’Adriaen van Ostade. L’art et le monde ont besoin d’hommes comme lui. Lorsque la tristesse me gagne, je m’invite volontiers chez lui.

Le surréalisme de Lucien Coutaud, son érotomagie. Une élégance onirique, un onirisme élégant.

Parmi les plus beaux portraits de l’estampe (en noir et blanc), celui de Verlaine par Eugène Carrière, une lithographie ; et celui d’Apollinaire par Louis Marcoussis, une eau-forte.

L’une des versions du portrait d’Apollinaire par Marcoussis

(à suivre) 

Olivier Ypsilantis

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