Cet article fait suite à une série de cinq articles publiés sur ce blog, entre le 28 octobre et le 4 novembre 2014, des articles consultables dans Catégories à « Misère de l’antisionisme ordinaire. L’exemple d’un grand Lycée français à l’étranger ».
Olivier : Yvette et Patricia, une question : que s’est-il passé suite à la publication fin octobre – début novembre 2014, sur zakhor-online.com, des articles regroupés sous le titre suivant : « Misère de l’antisionisme ordinaire. L’exemple d’un grand Lycée français à l’étranger » ? Quelles ont été les réactions, tant dans ce lycée que dans la communauté française de Madrid ? Comme je vous l’avais signalé, j’ai été approché par le Conseiller culturel après votre réunion du 20 janvier 2015 aux Services culturels de l’ambassade de France à Madrid.
Patricia : Hors du lycée, certains parmi ceux qui ont suivi le déroulement de l’affaire se réjouissent de cette publication. Au lycée, certains lisent avec intérêt, mais discrètement, ce que nous avons publié. Ils semblent apprécier que l’on dise tout haut ce qu’ils n’osent pas dire. En revanche, les personnes mentionnées ainsi que les responsables du Snes feignent d’ignorer cette publication. Le Snes a toutefois entrepris des démarches sur le plan institutionnel. En effet, le 14 janvier 2015, j’ai reçu le courriel suivant des Services culturels de l’ambassade de France à Madrid : « Comme suite à la parution d’articles sur un blog mettant en cause le Lycée français de Madrid, vous êtes convoquée par M. l’Ambassadeur à une réunion qui se tiendra le mardi 20 janvier à 15 heures au Service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France. »
Cette réunion n’apporte rien, l’ambassadeur est absent, le représentant du Snes ne réfute pas les faits rapportés mais ne reconnaît rien. Le conseiller culturel qui dirige la réunion admet que je suis harcelée mais il n’en donne pas la raison. Il affirme qu’il n’y a pas de judéophobie au Lycée français de Madrid et fait mine de ne pas savoir grand-chose de cette affaire, tandis que la proviseure alors en poste ne souhaite fâcher personne… Nous apprenons que c’est le mot « judéophobie » (il figure dans le titre d’origine, « Judéophobie dans un grand Lycée français de l’étranger ») qui contrarie l’ambassadeur. En revanche, nous ignorons ce qu’il pense des faits mentionnés.
Le compte-rendu de la réunion approuvé par tous les participants est « lisse ». Il ne faut parler de rien, c’est la méthode « diplomatique », un immobilisme dévastateur qui se vérifie presque toujours et partout, en dépit des beaux discours officiels. On peut donc tout faire, il suffit que cela ne se sache pas. C’est sans doute pour cette raison que peu de temps après la réunion, je reçois un courrier de l’ambassadeur : s’il souhaite que ma situation personnelle s’améliore au lycée, il me demande fermement de ne jamais plus rien publier et il fait allusion à une plainte qui pourrait être déposée par les personnes dont il est question dans la publication. Je décide de lui écrire :
https://drive.google.com/file/d/0ByBNRHr_kmW3OXM0M05VdzVhcG8/view?usp=sharing.
Il ne m’a jamais répondu. Jean-François Forges lui adresse également un courrier, resté pareillement sans réponse :
https://drive.google.com/file/d/0ByBNRHr_kmW3NmZMRWY2Z0theVE/view?usp=sharing).
Edith Bruck (née Edith Steinschreiber, le 3 mai 1932, à Tiszabercel en Hongrie, écrivaine italienne d’origine hongroise) dont Patricia est la traductrice de l’italien au français.
Nous décidons de modifier le titre de la publication. La nouvelle formulation donne plus de force (et de sens) à ce que nous avons écrit. Le nouveau titre est : « Misère de l’antisionisme ordinaire. L’exemple d’un grand Lycée français à l’étranger ».
En mai 2015, nous découvrons de manière accidentelle que certains documents mis en lien — en particulier l’émouvant courrier d’Henriette, l’ancienne bibliothécaire — n’apparaissent plus dans nos articles. Jusqu’ici tu n’avais jamais noté ce genre de problème sur ton blog, n’est-ce pas Olivier ? Il t’a fallu utiliser une autre méthode pour « verrouiller » les liens. Sabotage ? Se donnerait-on tant de mal si ces documents n’avaient aucune importance ?
Olivier : J’ai ouvert zakhor-online.com fin janvier 2011 et je dois dire que je n’avais jamais eu à affronter ce genre de problème. J’ai la chance d’avoir un bon support basé aux États-Unis ainsi que des proches qui me conseillent, car mes compétences en la matière sont assez limitées. Sans chercher à me donner de l’importance, je pense qu’ils sont plus d’un à vouloir saboter un blog ouvertement sioniste, qui rend compte avec enthousiasme de ce qu’est Israël (en particulier son armée), qui s’intéresse à la culture juive, religieuse en particulier, qui dénonce la politique arabe de la France, etc. Je touche du bois, mais il m’arrive de penser que des « bonnes fées » veillent sur moi…
Yvette : Tout est étrange dans cette réunion, à commencer par la présence d’un représentant du Snes visiblement mal à l’aise. Il reconnaît avoir lu les articles mais ne dit à aucun moment ce qu’il en pense. D’ailleurs, il n’était pas au Lycée français de Madrid en 2008. Le Conseiller culturel s’adresse respectueusement à lui comme s’il représentait l’ensemble du corps professoral !
Pour sa part, Patricia s’est vue refuser la présence de Jean-François Forges pour l’accompagner lors de cette « rencontre ». C’est vraiment à contrecœur qu’ils accepteront que je sois présente !
Tout laisse à penser qu’il s’agit d’un rappel à l’ordre. Cependant, alors que c’est officiellement l’Ambassadeur qui a convoqué Patricia, il n’a (apparemment) jamais eu l’intention d’être présent !
La Directrice du Lycée français de Madrid et le Conseiller culturel donnent l’impression d’avoir lu tous ces articles en diagonale, ce qui exclut toute question précise de leur part.
Bref, quel était l’objectif de cette convocation/réunion ? On n’en saura rien. Alors que le ton de la convocation mettait Patricia en position d’accusée, le Conseiller culturel s’efforça tout au long de la réunion d’être particulièrement aimable avec nous — inattendu. On fit une brève allusion à propos de la protection fonctionnelle que certaines personnes auraient demandée à l’administration. Quelles personnes ? Se considéraient-elles diffamées ? Mais personne ne souhaita aborder le contenu de nos publications. Bref, tout ce remue-ménage pour nous dire que Monsieur l’Ambassadeur avait été choqué par le titre ! Lorsque nous déciderons Patricia et moi de le modifier, c’était avant tout parce qu’il apportait un éclairage sur la profondeur de l’hostilité à l’enseignement de la Shoah.
Olivier : Y a-t-il eu des efforts à l’intérieur du Lycée français de Madrid pour apaiser les tensions et manifester sans ambiguïté un intérêt envers l’enseignement de la Shoah ? Suite à notre publication, la position du Snes a-t-elle été affaiblie ? Ce syndicat a-t-il fait preuve de plus de prudence dans ses pratiques ultérieures ?
Patricia : Je ne note aucun signe d’hostilité de la part de la direction envers mes activités mais pas davantage de signe d’encouragement. La proviseure, arrivée au lycée à la rentrée 2013, ne souhaite sans doute pas raviver les tensions. Il faut également souligner la grande part d’ignorance sur l’importance de l’enseignement de la Shoah dans l’histoire européenne.
Je tenais à travailler sur la Shoah jusqu’à mon départ. A cet effet, j’organisai en mars 2015, avec les collègues du département d’italien (tous des Italiens, sans aucun lien avec le Snes), une conférence sur la Shoah, avec un intervenant italien pour les élèves de Première et de Terminale.
J’ai été totalement isolée en salle des professeurs à partir de 2008, et j’avoue que cela a fini par ne plus me déranger sur le plan personnel ; mais il est certain que sur le plan pédagogique cet isolement n’était pas sans effet. J’essayai par exemple de proposer un travail interdisciplinaire sur l’Exposition universelle de Milan en 2015 ; aucun professeur de l’équipe pédagogique concernée ne m’a répondu.
Un épisode important est à mentionner après le départ d’Yvette : celui des courriers anonymes adressés à des enseignants de Lettres, de février 2014 à avril 2015. L’auteur/e de ces courriers restera mystérieux/se faute d’une véritable enquête de la Direction dont les soupçons se porteront tout de même sur un professeur du département de Lettres. Le ton de ces courriers révèlera le caractère misérable des rapports entre les enseignants, beaucoup d’envie et de rancœurs. Dans l’un de ces courriers, un professeur de Lettres sera désigné comme « Le Juif ».
Une fois encore tout sera fait pour « noyer le poisson ». Le Lycée français de Madrid brandira un partenariat (vide de tout contenu) avec la maison d’Izieu, tout en ignorant la victime de ces insultes à qui on conseillera la discrétion !
L’affirmation du collègue de philosophie d’Yvette qui avait écrit : « Depuis vingt ans que je suis au Lycée, je n’ai jamais entendu formuler, à haute voix ou à mi-voix, le moindre commencement d’opinion antisémite » prit une dimension particulière lorsque le professeur de Lettres reçut cette lettre anonyme dans laquelle il était identifié comme Le Juif.
Yvette : J’ai pris ma retraite en juin 2013. Patricia n’aura tenu que deux ans après mon départ, ce que je comprends…
La section Sgen, qui bien que très minoritaire représentait un contre-pouvoir au Snes, a été « prise en main » par un professeur nouvellement arrivé, aux comportements et prises de position on ne peut plus troubles. Plus misérable que machiavélique, ce professeur va jouer le petit chef et, tout en tentant maladroitement de devenir un interlocuteur privilégié de la Direction, il s’alignera de façon servile sur les positions du Snes. Sous prétexte d’ouverture de la section, il fait adhérer des personnes qui m’avaient manifesté leur hostilité et, surtout, il marginalise ostensiblement les « anciens », Patricia en particulier. Il diffusera un « récit officiel » sur ce qui s’est passé : pour lui, il ne s’agit que d’un conflit de personnes ! Résultat : Patricia abandonne le syndicat dès le 26 novembre 2013. Aujourd’hui, un ancien membre du Sgen rentré en France m’informe qu’au Lycée français de Madrid le Sgen a disparu du paysage syndical et que le Snes a retrouvé son statut de représentant pratiquement exclusif des enseignants. Le nouveau proviseur adjoint invite même les enseignants à passer par le Snes pour le contacter !
Olivier : Quel panier de crabes ! Quel sac de nœuds ! Mais passons ! Quel bilan dressez-vous de cette affaire ?
Patricia : Si je ne regrette en rien d’avoir pris la décision de donner ma démission en juin 2015, je réfléchis souvent à ce qui est arrivé et aux ravages de l’antisionisme militant qui s’épanouit dans la remise en question permanente de l’État d’Israël qui explique la grande sympathie de nombreux enseignants de ce lycée pour le Front de Gauche. Un élu de ce parti (Action citoyenne), membre du Snes bien évidemment, n’hésite pas à publier sur son compte Facebook au « profil public » ses prises de position politiques et des photographies où on le voit poser aux côtés de Jean-Luc Mélenchon et de Pablo Iglesias, le leader de Podemos. Les élèves y ont évidemment accès. Aucun membre de la Direction ne lui a reproché de manquer au devoir de réserve. Et il m’est souvent arrivé d’entendre des parents d’élèves se plaindre de l’endoctrinement dont leurs enfants sont victimes au lycée.
Initialement, nous avions prévu, Yvette et moi, de faire un bilan assez détaillé de cette affaire mais, depuis que j’ai quitté le lycée, j’ai repris mes activités sur la mémoire de la Shoah : traduction de livres d’Edith Bruck et d’articles, sous-titrage de DVD pour la Villa Emma, organisation de manifestations culturelles sur le thème de la Shoah. Mon temps étant devenu précieux, je vais donc à l’essentiel.
Qu’en est-il aujourd’hui des principaux acteurs de cette affaire ? Nous ne nous attarderons pas sur les idiot(e)s util(e)s comme Cécile Z. ou Sandrine B. La documentaliste Michèle P., dont Yvette avait brossé le portrait dans le dernier des articles de « Misère de l’antisionisme ordinaire. L’exemple d’un grand Lycée français à l’étranger », a pris tranquillement sa retraite. Elle a conservé jusqu’au bout son pouvoir d’intimidation sur ses collègues du lycée. Aucune remarque officielle n’a sanctionné sa tentative de saboter la conférence sur Edith Bruck puisque l’enquête administrative n’a pas été menée à son terme. Et pourtant, que de preuves accablantes tant contre elle et son compagnon que contre ceux qui l’ont assistée dans son projet ! Je pense à la jeune chargée de communication Marion B., au responsable de la gestion matérielle Yohann C., à l’agent Rafael G. J’ai résumé tout cela dans le courrier que j’avais adressé au proviseur en mai 2013. A t-il reçu des instructions pour mettre fin à l’enquête ?
https://drive.google.com/file/d/0ByBNRHr_kmW3N0J1S19uVmRJaG8/view?usp=sharing
Mais il serait bien naïf d’ignorer le rôle essentiel joué par le Snes dès le début de l’affaire. Des pathologies individuelles anti-Shoah auraient été impuissantes sans le soutien logistique permanent apporté par les dirigeants du Snes. Je pense tout particulièrement au grand apparatchik Patrick S., alors professeur d’anglais, aujourd’hui Secrétaire national au bureau de Paris, ou au responsable local Alexis R. qui tire les ficelles dans l’ombre. Dès le début, le double jeu est flagrant. D’un côté, le Snes feint d’adopter une position impartiale et apaisante. De l’autre, il fait circuler un récit accusateur et sans nuances à mon égard en salle des professeurs et auprès des différents représentants de la Communauté française. Parallèlement, il multiplie les actions concrètes auprès du proviseur ou des services culturels pour exiger des sanctions contre moi et relancer sans cesse l’affaire. Les documents qui suivent en sont la preuve : alors que je renonce à porter plainte contre les collègues qui m’ont diffamée publiquement, le Snes réplique en affichant en salle des professeurs un communiqué vague parlant de « situation intolérable »…
La crainte de représailles est telle que personne ne se hasarde à poser de question au sujet de cette « situation intolérable » ; et puis les campagnes de dénigrement dont je suis l’objet finissent par convaincre la majorité de ma culpabilité. Pour moi, l’atmosphère de la salle des professeurs a quelque chose de kafkaïen :
https://drive.google.com/file/d/0ByBNRHr_kmW3ZGJTQTBzMEQ0cW8/view?usp=sharing
https://drive.google.com/file/d/0ByBNRHr_kmW3N0hlbVNXUTRuUU0/view?usp=sharing
Quand je pense que certains veulent encore croire que leur syndicat a pour mission de défendre les enseignants victimes d’injustices !
J’ai conscience que, dans l’Éducation Nationale, ma triste expérience n’est pas une exception. Je sais par de nombreuses sources que d’autres professeurs engagés dans le travail de transmission de l’histoire de la Shoah connaissent de grandes difficultés dans leurs établissements, avec leurs collègues. Étant rarement soutenus par l’institution ou par leur syndicat, et n’ayant pas la possibilité de changer d’établissement ou de donner leur démission, ils se voient contraints de renoncer à leurs activités.
Yvette : Dans un premier temps, le départ de Patricia du lycée m’est apparu comme un échec. Cependant, avec le recul, je pense que nous ne nous sommes pas mal sorties de ce combat de David contre Goliath, c’est-à-dire contre l’appareil syndical du Snes. Ceux qui nous ont attaquées ne s’attendaient sûrement pas à une telle résistance de notre part !
Comme le pointait l’article de Causeur du 18 janvier 2010, « Snes, syndicat voyou » de Luc Rosenzweig, cette affaire a mis en évidence la vraie nature du pouvoir détenu par le Snes, syndicat majoritaire à l’Éducation Nationale, en même temps que la soumission inconditionnelle et a-critique de nombreux collègues à cette autorité. Pour être digne d’être soutenu en cas de conflit, il ne suffisait pas d’être adhérent, il fallait suivre tous les mots d’ordre lancés par les responsables et, dans le cas qui nous occupe, s’indigner ostensiblement contre Patricia. Plus de quatre ans après, je revois comme dans un mauvais rêve l’agressivité quotidienne manifestée à l’égard de Patricia par des personnes insignifiantes ainsi que le défilé de nombreux enseignants obséquieux venant demander conseil aux dirigeants du Snes, en particulier à Patrick S., haut responsable à Paris. Le document qu’il publie sur ce qu’il qualifie d’événement, sans jamais préciser de quoi il s’agit, mérite d’être lu avec attention pour prendre conscience de la malhonnêteté du discours. Derrière le jargon syndical habituel et la prétendue neutralité responsable, il insinue que la victime est, bien évidemment, la collègue de mathématiques qui n’a pu exercer sa « liberté pédagogique » ! S’y ajoute une attaque contre la Direction du lycée qui n’a pas officiellement « réagi » pour sanctionner comme il se doit ma collègue Patricia. Et que dire de la liste de ses responsabilités qu’il exhibe après sa signature, comme s’il s’agissait de diplômes ou de publications universitaires ?
https://drive.google.com/file/d/0ByBNRHr_kmW3OWdHVXNtWHgxd0U/view?usp=sharing
Parallèlement, un collègue honnête, écœuré par les magouilles du Snes n’avait plus repris sa carte. Il est rappelé à l’ordre de la manière suivante par Patrick S. lorsqu’il lui demande un conseil au sujet d’un conflit avec l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) : « Pour commencer, soyons très clair : je sais que tu as interrogé les collègues du Snes de Madrid qui ne veulent pas te soutenir car tu n’es pas syndiqué et que tu n’as pas suivi les divers mouvements syndicaux et grèves au Lycée français de Madrid. Je suis totalement d’accord avec eux. Tu n’es pas sans savoir qu’ils ont perdu de nombreuses journées de salaires et on peut aisément comprendre leur rancœur. Je te conseille donc de te mettre à jour en termes de ton adhésion au Snes pour 2011/2012. Tu vois F. R. qui est notre trésorier. »
Aujourd’hui, ce F. R. est aussi l’élu du Front de Gauche et mes anciens collègues recherchent sa compagnie… Les rares enseignants qui n’entrent pas dans ce jeu et revendiquent leur attitude critique tant à l’égard de la Direction que du syndicat, cherchent à passer inaperçus…
Cette unanimité du discours politiquement correct dans ce microcosme qu’est le Lycée français de Madrid reflète finalement assez bien ce que l’on vit en France, dans le monde des médias. Installée définitivement en France depuis août 2016, je suis sidérée par la difficulté à recevoir à travers les médias publics (donc financés par mes impôts) une information qui ne soit pas pré-mastiquée par une idéologie. Après un bref passage à l’écoute de France Inter, où le ton frivole associé à des convictions idéologiques sans nuances me rappelle l’ambiance du Lycée français de Madrid, je constate au quotidien la diabolisation de l’État d’Israël.
Bien sûr, je me réjouis de l’indépendance dont je dispose maintenant puisque je ne suis plus dans le monde du travail et n’ai plus à affronter mes « collègues » et leurs préjugés. Mais c’est une maigre consolation !
Olivier : J’ai beaucoup appris à vous écouter ; j’ai beaucoup appris mais, par ailleurs, ce que vous évoquez m’est étrangement familier alors que je n’ai jamais fréquenté directement le microcosme que vous décrivez. La remarque finale d’Yvette explique probablement ce fait : lorsque j’écoute ou lis l’information officielle française, l’information d’État (ce que je fais rarement il est vrai), je suis gagné par une sensation d’étouffement. Doucereuse, insidieuse, elle s’immisce en vous dès le petit-déjeuner. C’est ainsi que l’État d’Israël est diabolisé dans les têtes de multitudes de braves gens qui par ailleurs ne sont guère préoccupés que par leurs points retraite, leur pouvoir d’achat et leurs prochains congés. Ce phénomène que j’observe douloureusement, ce phénomène massif l’air de rien, reste inexplicable aussi longtemps que l’on n’a pas éprouvé ad nauseam l’emprise douceâtre d’une certaine information — mais c’est désinformation qu’il me faudrait écrire — sur des citoyens de diverses obédiences. Au fond, vous aussi (et quelques autres), par votre engagement en faveur d’Israël, répondez à ce cri de résistance : Etiamsi omnes, ego non. Je vous remercie.
Primo Levi
Yvette, Patricia, Olivier
Cette chronique de la haine ordinaire me terrifie toujours, je devrais pourtant y être habituée, mais non!
La photo de la villa Emma de Nonantola est par contre l’illustration de ce que fut l’héroïsme d’un médecin, Giuseppe Moreali, et d’un prêtre, Don Arrigo Becarri. Ils réussirent à sauver la vie des enfants juifs qui y étaient pensionnaires, en les faisant passer en Suisse. Un enfant seulement fut déporté et assassiné à Auschwitz, Salomon Papo qui, malade, avait été envoyé à l’hôpital.
La majorité des enfants partit pour la Palestine après la guerre.
La chronique de la haine ordinaire est terrifiante entre toutes, précisément parce qu’elle est … ordinaire.
J’ai découvert l’existence de la Villa Emma par Patricia. Cette institution collabore avec la Maison d’Izieu (dans l’Ain) que vous connaissez probablement :
http://www.memorializieu.eu/souscrivez-pour-la-maison-dizieu/
Un important musée juif va ouvrir ses portes à Lisboa. Bonne fête de fin de Hanoukka !
Les enfants de la villa Emma ont tous (sauf un) été sauvés, les enfants de la maison d’Izieu ont tous été assassinés.