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A propos du Kurdistan

 

Autre espoir, le Kurdistan, le Grand Kurdistan. Les Kurdes sont bien présents au Parlement turc (trente sièges) et dans une centaine de municipalités turques ; en Irak, ils s’acheminent vers l’indépendance ; en Syrie aussi où ils disposent déjà de trois régions autonomes. Le Kurdistan autonome est en Irak une zone de calme et de prospérité. La femme y est très présente. Elle a les cheveux libres, elle est enseignante, femme d’affaires, médecin, informaticienne et… combattante. Les légendes kurdes sont nombreuses à mettre en scène des femmes guerrières. Et personne n’a oublié qu’avant la colonisation anglaise de l’Irak, Halabja était gouverné par une femme, Adela Khanum, surnommée la « Princesse des Braves ». Vous souvenez-vous ? Ci-joint, un article daté de mars 1998, écrit par le Dr. Kendal Nezan, physicien nucléaire et Président de l’Institut kurde de Paris (106, rue La Fayette, dans le Xe arrondissement) :

http://www.institutkurde.org/info/quand-notre-ami-saddam-gazait-ses-kurdes-1149172517.html

Le Kurdistan est un refuge pour les persécutés d’Irak, dont les Chrétiens de toutes obédiences et les Yézidis soumis à un traitement particulièrement dur par l’engeance islamiste. Les Kurdes sont d’abord des kurdes ; ils sont musulmans mais aussi assyro-chaldéens, chrétiens syriaques, sabéens, alévis, zoroastriens et j’en oublie. C’est un peuple multi-confessionnel et toujours sans État. Les Juifs kurdes quant à eux ont tous quitté le berceau historique de ce peuple pour des destinations diverses dont Israël. Ci-joint, un article à caractère didactique, excellente invitation à en savoir plus sur ce peuple qui partage une même culture tout en pratiquant des religions fort diverses :

http://www.jolpress.com/irak-ei-kurdistan-kurdes-un-peuple-de-multiples-religions-relire-article-828353.html

 Kurdistan, densité de population

 

Ankara devra penser sérieusement la question kurde et autrement qu’avec des armes. Verrai-je ou mes enfants verront-ils la création d’un Grand Kurdistan. Englobera-t-il aussi la région de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, une région à majorité kurde ? Je l’espère. La Turquie a peur. Il est vrai que l’islamiste en costume cravate Erdogan s’est pris des pelles. Il n’a cessé d’échouer en politique internationale ; toutes ses manigances se sont retournées contre lui ; et ce n’est probablement pas fini. Les Kurdes de Syrie entretiennent d’excellentes relations avec les Chrétiens et les Alaouites ne leur sont pas hostiles. Une situation de statu quo s’est instaurée entre les Kurdes de Syrie et Bachar el-Assad. Les djihadistes quant à eux ne rêvent que de leur trancher la gorge. Un Kurdistan syrien, le « Rojava », est né du chaos, en novembre 2013. Il regroupe trois régions échelonnées le long des frontières turque et irakienne. Cette proclamation d’autonomie unilatérale résulte d’une alliance entre le PKK et les partis kurdes modérés. Et le Kurdistan syrien est lui aussi riche en pétrole !

Permettez-moi de faire preuve d’optimisme, d’un optimisme non pas béat mais construit et actif. L’Iran s’achemine vers une démocratisation. Il est dommage que les mass médias ne rendent pas mieux compte de la complexité du pouvoir iranien et des tensions qui le parcourent. Cette démocratisation conduira à un rapprochement avec les Kurdes extérieurs au Kurdistan iranien. Les Kurdes et les Perses (qui constituent le noyau historique de l’actuel Iran) sont cousins germains par les Mèdes. Pourquoi ne pas imaginer un grand arc démocratique et non-arabe qui couvrirait l’ensemble de l’Iran et les provinces autonomes du Kurdistan irakien et syrien en attendant le Grand Kurdistan, un grand arc plutôt favorable à Israël et aux nombreuses minorités de la région dont les Yézidis (leurs racines spirituelles plongent dans l’antique perse) et les Chrétiens ?

De l’immense conflit entre sunnites et chiites devrait jaillir des parcelles de lumière. Le noyau sunnite de l’islam doit être attaqué par tous les moyens. Il faut tendre vers son éclatement par des moyens aussi discrets et divers que possible. Ne subsistera alors que l’(les) islam(s) des marges, le(s) seul(s) islam(s) digne(s) de considération. Le baha’isme et l’ismaélisme (voir le mutazilisme) se rattachent à cet (ces) islam(s), un (des) islam(s) qui se rattache(nt) plus ou moins clairement au chiisme. Je le répète : tant qu’on n’aura pas commencé à opérer une distinction entre ces deux principales branches de l’islam, on restera paralysé comme devant un monstre. Le monolithe est fracturé depuis longtemps et les fractures se multiplient et s’élargissent. Observons cet effondrement en cours, l’esprit armé ; et nous ramasserons des parcelles de lumière.

Il existe des plans de redécoupage du Proche-Orient et du Moyen-Orient, parmi lesquels le Plan Yinon (je l’évoque volontiers), surtout connu des partisans de la Théorie de la Conspiration (juive ou sioniste en l’occurrence), des individus (des foules) qui limitent leur réflexion par peur de la réflexion et qui tournent autour de leur piquet.

Le Plan Yinon ? J’en apprécie certaines parties, d’autres me trouvent réticent. Par exemple, j’apprécie la création d’un Free Kurdistan qui entamerait copieusement les actuels territoires de la Syrie, de l’Irak et de la Turquie. J’apprécie également la réduction du Pakistan à une sorte de couloir, grâce à la création d’un Free Baluchistan ; par contre, laissons du temps à l’Iran, un pays appelé à de grands changements. La réduction de la profondeur stratégique du Pakistan, profondeur déjà faible, permettrait à l’Inde de faire peser encore plus lourdement la menace nucléaire sur ce pays sunnite et de mieux pousser ses pions au Cachemire, tout au moins dans la partie de facto contrôlée par le Pakistan depuis la première Guerre indo-pakistanaise (1947).

Et puisqu’il est question des Kurdes et du Kurdistan, je mets en lien un article dense et didactique intitulé « Un aperçu de l’histoire des Kurdes », un article mis en ligne par l’Institut kurde de Paris et signé par le Dr. Kendal Nezan :

http://www.institutkurde.org/institut/qui_sont_les_kurdes.php

Un dernier mot à propos de mes rêveries géopolitiques. Et que le lecteur accorde au mot rêverie le sens qui en la circonstance lui semble le plus approprié. Je me permets simplement de dire qu’elles ne procèdent pas d’une humeur passagère. Je me sens comme visité par une impression qui se précise à mesure que je l’observe ; et j’en prends note. L’Europe et la Russie doivent s’arrimer l’une à l’autre. Il me semble que l’Europe avance avec des radars et des sonars détraqués. Nous n’avons rien à gagner à nous mêler des histoires des Russes, rien, vraiment rien ! Cette stupide histoire au sujet de l’Ukraine et des « Mistral » est révélatrice des vues européennes, françaises en particulier. Short-sighted dirait l’anglais et peut-être même narrow-minded. C’est par un puissant arrimage à la Russie (sans oublier l’Ukraine-Crimée et la Biélorussie) que l’Europe deviendra ce qu’elle doit devenir. La Russie a besoin de nous comme nous avons besoin d’elle. Je ne vais pas énumérer les avantages que nous retirerions d’une telle alliance. Pensons simplement à une indépendance énergétique qui nous aiderait à nous dépêtrer du monde arabe. Les États-Unis feront tout pour éviter un tel rapprochement qui suffirait à faire de l’Europe-Russie la première puissance mondiale, dotée d’un espace qui irait de l’Atlantique au Pacifique.

 Carte Europe-RussieL’Europe telle que je la conçois à quelques « détails » près : y inclure l’Ukraine-Crimée et la Biélorussie et en  supprimer la Turquie. L’Europe doit pousser vers l’est et non vers le sud. Mais quel nom donner à cette Europe que je souhaite ? Eurussie ? Il faut oublier l’axe méditerranéen et cette stupide Alliance des Civilisations telle que l’a envisagée José Luis Rodríguez Zapatero, plus connu sous le pseudonyme de « Bambi ». 

 

Olivier Ypsilantis

2 thoughts on “A propos du Kurdistan”

  1. Merci pour ta rêverie Olivier ! Je la partage également en lisant leur lutte contre Daesh et leur respect des minorités chrétiennes et yézidis. Je trouve d’ailleurs que nos médias (populaires) n’insistent pas beaucoup sur l’importance de cette lutte. Est-ce voulu par les politiques ? J’ai l’impression que la création d’un Kurdistan angoisse l’UE et les USA et que ces pays se vautreront dans leur lâcheté habituelle (ex. le Tibet, Chypre…) mais surtout quand il s’agit du M.O. De plus, qui a dessiné cette carte actuelle du M.O ? Les pays occidentaux et reconnaître un Kurdistan c’est avouer leur erreur et leur profonde méconnaissance des populations.

    Hélas ma rêverie a également les deux pieds sur terre. Qu’il soit sunnite ou chiite, l’islam présente le même degré d’incertitude. Qui aurait pu prévoir que la Tunisie, pays le plus “évolué” du Maghreb pour la femme et la “laïcité” serait celui qui fournirait le plus de djihadistes ? Qui aurait pu prévoir que l’Iran moderne du Shah donnerait naissance aux mollahs ? Il suffit d’un peu de misère (enfin beaucoup), d’une grande gueule et la rue musulmane s’échauffe. Donc pessimisme sur ce point.

    Concernant l’un de tes liens (très intéressants) sur les Alévis “qu’ils n’enracinent pas leur religion dans le coran mais sur le prophète Mahomet et son gendre Ali”…. Je les considère comme deux horreurs à fuir au plus loin ! Coran ou Mahomet-Ali : bonnet blanc et blanc bonnet. Plus tolérants ? peut-être. Mais quand on est une minorité, on est forcément plus tolérant.

    Ombre noire : le génocide arménien : j’ai lu plusieurs fois que les Kurdes avaient largement participé au côté des Turcs au massacre des Arméniens.

    Dans l’Eurussie (la Turquie est tombée à l’eau, bravo) mais pourquoi n’as-tu pas inclus
    l’Arménie ?

  2. Chère Christiane,
    Je te répondrai plus longuement (probablement sous la forme d’un article) au cours de l’été. Je suis pris dans la préparation d’une exposition et le temps devient fou : j’aimerais le retenir.

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