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Un mot d’humeur

L’antisionisme est chose courante en France, pays des Droits de l’Homme (avec un H) et du Citoyen, mais, surtout, pays des Donneurs de Leçons. Aujourd’hui, je retourne les bras ballants dans ce pays : la beauté de ses paysages m’émeut mais j’y subis presque partout un conformisme de la pensée, diffus et pourtant épais. Ce pays me rend triste mais le monde est vaste…

Il y a peu, j’étais en Savoie, à Chambéry. Je suis allé faire un tour à la librairie Garin, probablement la librairie généraliste la plus importante de la ville et l’une des plus anciennes (fondée en 1948). Aux rayonnages marqués Israël / Moyen-Orient, j’ai passé tous les livres en revue. Une fois encore, j’ai pu prendre discrètement la mesure du conformisme qui règne dans l’Hexagone, comme la marque d’un manque de courage radical et d’une volonté de préserver à tout prix son confort. Tandis que j’inspectais ces rayonnages, plusieurs questions se sont imposées à moi. Par exemple : le libraire et le distributeur se sont-ils contentés de présenter les livres qui se vendent le mieux ? Je n’ai pas tardé à m’apercevoir que presque tous les livres sur le sionisme et la question palestinienne avaient été écrits par des Juifs diversement antisionistes, dont les fameux ‟Nouveaux Historiens (israéliens)”, Ilan Pappé étant de loin le mieux représenté. Parmi les autres — il fallait s’y attendre —, Schlomo Sand avec son très célébré ‟Comment le peuple juif fut inventé”. En France, ce livre a fait les meilleures ventes avec l’essai de Stéphane Hessel, ‟Indignez-vous !”, une suite de banalités qui plaisent à ceux qui ont décidé de ménager leurs méninges. Bref, présenter des Juifs qui critiquent massivement Israël — des Juifs antisionistes — permet au vulgum pecus de s’épargner toute accusation d’antisémitisme… C’est simple et efficace… Puisque des Juifs l’ont dit… Dans cette galerie, Shlomo Sand est assurément le chouchou. Pensez donc ! Le peuple juif n’existe pas ! Il a été inventé ! Et c’est un Juif qui le dit ! Miam-miam !

Parmi les livres qui m’ont sauté aux yeux, un certain nombre affichaient en couverture le mot NAKBA. Ah, le grand mot ! Je n’ai pu relever tous les titres de ce cru, à l’exception de ‟Nakba 1947-1948” de Walid Khalidi, publié par l’Institut des Études Palestiniennes. Sur une autre couverture, NAKBA reluquait SHOAH. Ici et là, des préfaces de l’incontournable Edward W. Saïd, intellectuel américano-palestinien devant lequel les intellos sont confits en dévotion. Il est notamment l’auteur de l’avant-propos au livre d’Israël Shahak, ‟Histoire juive – Religion juive”, sous-titré ‟Le poids de trois millénaires”, un livre gracieusement mis en ligne par La Vieille Taupe qui en a acquis les droits de traduction et de publication en langue française. Je rappelle que dans le catalogue de La Vieille Taupe figurent des hommes aussi ‟distingués” que Paul Rassinier et Robert Faurisson.

Je continuais donc à inspecter les rayonnages pour m’arrêter sur un livre au titre neutre, plus prometteur, ‟Aux origines d’Israël”, sous-titré ‟Entre nationalisme et socialisme” de Zeev Sternhell, un livre traduit de l’hébreu. Je l’achetai sans connaître l’auteur. Pour avoir lu quelques articles dans des journaux et revues, je savais toutefois qu’il avait publié d’importants travaux sur l’idéologie fasciste en France mais j’ignorais ses études concernant l’histoire d’Israël. En feuilletant le livre, je compris pourquoi il avait trouvé sa place dans la librairie. Le mot de la fin en est : ‟Le temps sera alors venu de répondre aux grandes questions négligées depuis l’arrivée des premiers pionniers, celles du passage à la normalité, c’est-à-dire celles qui devront permettre à la société israélienne de devenir laïque, ouverte, plus juste que la société bourgeoise actuelle, une société fondée sur la recherche du bonheur individuel plutôt que sur la défense des valeurs tribales.” La société israélienne est certes imparfaite, comme toute société humaine ; il me semble pourtant qu’elle n’a pas à rougir d’elle-même ; et, surtout, je ne la vois pas défendre des valeurs tribales ! J’apprécie la sévérité envers les siens, je la pratique volontiers, mais je refuse ces jugements à l’emporte-pièce.

Zeev Sternhell Zeev Sternhell (né en 1935)

1 thought on “Un mot d’humeur”

  1. Si l’on revenait à la source et l’on publiait ce que la Torah dit, ce que l’Evangile dit et, nécessairement aussi, ce que le Coran dit… à propos des enfants d’Israël !

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