VOYAGE AU PAYS DES JOUIFS ! ...... oui encore !

[Nina]

SUPERBES TES PHOTOS CHRISTIANE !

J'aime les récits comme les tiens, sans chichi, sans fioriture, sans pause stylistique. Bref ! J'adore te lire !

ENCORE MERDE !!!!

[Christiane]

Merci beaucoup Nina.

Je ne fais qu'écrire ce que j'ai vu, entendu et ressenti et tout cela se dit simplement. Autrement il y manquerait une grande part de spontanéité et de vérité.

Le plus lettré des Académiciens ou d'un Maître de Conférences criera "aillle, merde, pu.ain de porte", quand il se coince le doigt dans une porte.

Nannnnnnnn, je ne me compare pas à ces derniers.

Cela me fait très très plaisir que tu apprécies mes souvenirs et j'espère (beaucoup, beaucoup) que cela encouragera des touristes indécis à mettre juste un pied en Israël. Après, ils n'auront qu'une envie : y plonger totalement.

Hanouka Sameah à toutes et tous.

[Marock]

Ah la Cricri, et ses textes emplis de naïve fraîcheur...
On se sent comme si on y serait.
Alléchés, on haléte à la lecture de cette phrase :
"LeCricri tout content retrouve son chat préféré et les mignonnes petites serveuses."
On se précipice à regarder les fotos, du chat bien sur, et accessoirement ainsi qu' inavoué, celles de la mignonne faune locale.
Enfer et décéption quelques vieilles pierres et une moitié de matou hémiphotogénique.

Je suis bien sur pour la paix dans les ménages, mais ne serait il pas préférable de s' adresser directement à Sieur Cricri pour un reportage animalier qu' il a certainement étendu à l' ensemble de la population féline ?

Christiane je sais que tu vas pas t' ombrager, tu me connaîs...

[Marock]

Tiens, les cars, et leur conducteurs, ça me souvient un ancienne histoire, à des mille et des lieues de la Mer morte, sur les rives d' un Océan pas trés paisible.
Dans la baie, par bonheur.
Une étrange ville, on y circule en délirances brinqueballantes de siécles passés.
Des cars à câble ils appellent ça, bien grinçants dans les montées, effrayants en descente.
Mais obligation nécéssie, il faut bien s' adapter quand on a pas envie de se taper 5 bornes à pied. (Ça fait un peu moins en miles, mais aussi fatiguant)
Ce jour je suis riche : un bifton de 10 dollars.
L' antiquité se pointe, daigne stopper sa course à mon niveau, je m' y précipite, tout fier de ma fortune.
Le préposé à la conduite, au péage, au freinage, c' est un gros négre, genre bluesman raté qui aurait mal digéré son harmonica.
Il renaude vilain à la vue du talbin, me fait signifier par signes qu' il a pas de monnaie, et que je peux l' offrir à un héléne pour son usage intime et personnel.
Bon, on va utiliser nos pinceaux encore une fois.
Et l' autre qui nous retient par l' épaule : "Montez".
Solidarité de race ?

[Christiane]

J'imagine bien la scène Marock et les voyages en car doivent là-bas laisser des souvenirs impérissables



Laquelle préfères-tu ?

La dernière c'est moi. A Eilat. LeCricri avait décidé qu'il était inutile de louer un GPS puisque j'avais fait la navigation pendant des décennies, sauf qu'à Eilat on n'avait pas le plan de la ville et personne ne connaissait l'impasse de notre motel. J'étais descendue au moins une dizaine de fois de voiture pour demander, j'étais même allée au poste de police et cela faisait deux heures que l'on tournait dans le quartier et sur la photo c'est moi en train de hurler pour la 100ème fois : si on avait loué un GPS...... la réponse était aussi hurlante : on était au bord du divorce.

[Christiane]

Suite 4

Jerusalem !

La Ville mythique de ma jeunesse. On la quitte et la pensée d'y retourner ne vous quitte plus.

Pourquoi s'y sent-on si bien ? Pourquoi éprouve-t-on un tel sentiment de sécurité, de paix et même d'apaisement. Est-ce cette ville qui donne toute leur force morale aux Israéliens ? Pourtant la haine ou l'animosité de toutes les autres congrégations religieuses : musulmanes ou chrétiennes sont si proches. C'est le mystère de Jérusalem.


Nous voici au sous-sol de la gare routière attendant un taxi avec d'autres voyageurs. Nous avons l'impression de revivre exactement la même scène que l'an passé, lors de notre arrivée par le train, en assistant à l'empoignade verbale de la petite hierosolymitaine et du chauffeur de taxi (voir suite 2 de 2011 ).

Est-ce une spécialité de la ville ? Je fais l'innocente là car j'ai ma petite idée !

Je le redis :10 années de moins et j'apprendrais l'hébreu pour savourer là aussi les discussions entre les hiérosolymitains et leurs chauffeurs de taxi.

Devant nous un Israélien, la petite cinquantaine, s'approche du taxi venant d'arriver après une bonne vingtaine de minutes d'attente.
Chauffeur assis dans son taxi, vitre ouverte, la discussion commence avec le client, ça dure, ça dure, ça dure, vu les jeux de mains de part et d'autre, ça s'envenime, le ton monte ... mais surprise le client se dirige enfin à l'arrière, ouvre la portière, pose un pied dans la voiture.....on sent qu'il va se passer quelque chose vu que l'autre pied reste sur le macadam donc la tête est en réflexion intense, effectivement le pied revient sur le bitume, la portière est claquée et une nouvelle discussion recommence. (Re)-enfin, le client se dirige vers l'arrière du taxi, l'affaire est-elle conclue ? Non, il sort son téléphone à-tout-faire et prend une photo de la plaque d'immatriculation.
Je souris en pensant à l'administration chargée de régler les litiges entre clients et chauffeurs à Jérusalem. Pas de chômage !

Il se tourne et fait signe que le taxi est à nous !

Lecricri, toujours un peu pessimiste "je sens que l'on va se faire rouler" !
J'ai le plan Orsec niveau 4 déclenché : j'annonce la German Colony. Ok.

Sitôt assis, nous lui demandons de mettre en route le compteur. Dès la première phrase d'anglais, je reconnais son accent. Il nous demande si c'est la première fois que nous venons à Jerusalem. ... "non, nous venons souvent et nous connaissons très bien" (ceci pour ne pas qu'il passe par Ramallah).

"Vous êtes Juifs ?" je réponds "non".
"Il n'y a rien à voir à Jérusalem, à part Al Aksa, en une heure on a tout vu. Si vous voulez demain je vous emène à Bethléem et à Ramallah"
"Non merci, nous ne voulons pas aller à Bethléem ni à Ramallah".
"Pourtant vous êtes chrétiens"
"Non, nous ne sommes pas chrétiens".

Ma réponse lui coupe le sifflet et le laisse très songeur de longues minutes mais business is business, il nous raconte qu'il a vécu quelques mois chez une copine à Paris (tiens donc !) et très fièrement nous dit quelques mots en français et nous précise que si nous avons besoin d'un taxi durant notre séjour qu'il répondra présent et nous tend sa carte de taxi.

Nous avons remarqué à plusieurs reprises qu'en tant que Français non Juifs nous étions très bien vus par les Arabes. Curieux, comme cela ne nous mettait pas trop à l'aise. C'est bien la première fois que j'aurais aimé ne pas être si spontanément appréciée en tant que Française. ! Un peu maso quand même.

La German Colony dans laquelle se trouve notre hôtel nous rappelle le quartier Rehavia que nous avions beaucoup apprécié. Mais je dois dire que la German Colony a un plus bien agréable avec tous ses commerces, ses restos et son bus tout proche pour aller dans le centre même si le plus souvent nous préfèrions marcher. On se sent comme chez soi !



Notre petit hôtel casher, presque pension de famille, dans une petite rue calme, est modeste mais l''accueil est chaleureux et compense le manque d'ascenseur et les minuscules (là c'est plus que petit) salles de bain rafistolées des années 70 en France. Lit confortable. C'est propre.

Les clients sont anglophones, quelques Israéliens .... et de rares safarti qui sont d'ailleurs les seuls à faire connaissance, à se dire "bonjour" et à tailler bavette entre le café et les tartines.

Nous y avons rencontré un couple, des presque païses, rudement sympathique dont l'une de leurs filles, étudiante avait fait son Alya. Nous nous sommes revus en France et en discutant on a découvert que l'an passé on avait séjourné dans la même auberge du quartier yéménite à Tel Aviv et plus fort, que l'on avait risqué nos os dans la même chambre avec l'escalier casse-gueule. Sionistes et amoureux de Jérusalem, on était vraiment fait pour se rencontrer.

Bien évidemment nous sommes retournés dans la Vieille Ville. Nous y avons retrouvé dans les quartiers musulman et chrétiens cette atmosphère lourde, pesante, étouffante.

On ressent cette atmosphère jusque dans les restos. L'an passé nous avions dîné dans un grec et cette année nous avons déjeuné dans un resto arménien. De très beaux objets, tapisseries. On avait l'impression d'être dans une crypte d'église. Rien à dire sur la salade très israélienne de fraîcheur par contre côté service rien que des hommes. LeCricri remarque de suite qu'il manque le sourire et la fraîcheur des petites serveuses israéliennes !
Mais on ne va pas cracher dans la soupe, touristes sans famille en Israël, on apprécie rudement de trouver des restos grecs ou arméniens lors de Shabbat et fêtes religieuses.

L'an passé, un ami (juif en plus) nous avait dit "quoi vous n'avez pas visité le Saint Sépulcre".
C'est fait : visité et admiré l'architecture. Nous avons même patienté longuement pour aller au tombeau. Dans l'attente, nous discutions avec des français sympa très chrétiens. C'est là que j'ai posé la question stupide "On est sûr que c'est le tombeau de Jésus" ? Réponse "A priori oui".... et là où j'aurais mieux fait de tourner ma langue 7 fois dans la bouche : "c'est pourtant facile de savoir, on soulève la dalle recouvrant le tombeau" Dans ma pensée prélèvement ADN sur les restes, ensuite sur ceux de Marie et Joseph...... Et là gentiment on m'explique que Jésus est ressuscité et qu'il n'y a pas de corps dans le tombeau. J'étais dans mes petits souliers mais LeCricri, qui lui aurait dû savoir, avait également oublié ce détail sinon, me connaissant, il m'aurait pincé la fesse afin que je ne dise pas une telle bêtise !



Saint Sépulcre et autres églises chrétiennes, toutes très bien entretenues.

Ainsi que des milliers de personnes l'ont certainement fait au cours de la visite, je me demande si le Rabbi Jésus, fils de menuisier, pratiquant le judaïsme, aurait aimé ce lieu grandiose mais obscur où quatre congrégations se partagent le lieu à couteaux tirés, allant jusqu'à la castagne. C'est pas nette cette affaire !

J'aurais bien vu le tombeau de Jésus sur le Mont des Oliviers, face à Jérusalem, au milieu de tous les siens sous l'une des stèles blanchies par le soleil ........ à défaut, en plus chrétien, dans la nudité d'un cloitre comme Noirlac.



Là où Jésus aurait dû être enterré parmi les siens.

Dans la visite des Quatre Synagogues sépharades, on ressent bien évidemment que le lieu est destiné à la prière mais je n'ai pas ressenti cette impression de pesanteur, comme une chape de plomb, du Saint Sépulcre. La Mort y est trop présente, trop glorifiée.
Je reconnais que mes impressions viennent de mon manque de culture religieuse et de ma spiritualité- niveau zéro.

Pourtant, je sais très bien que la foi de la chrétienté a entraîné l'occident dans la démesure (dans le bien et le mal d'ailleurs) par la construction de joyaux : les cathédrales, par la magnificence de l'art en peintures, sculptures. Sans cette chrétienté, le monde occidental en serait où ?

Je dois dire que ma bouffée d'oxygène de la Vieille Ville , et il en est de même pour Lecricri, c'est lorsque nous entrons dans le quartier juif. Un peu comme passer de l'obscurité à la lumière, de la léthargie à la vie. Nous adorons la place de la Hourva, nous aimons y déjeuner assis au café de la place et nous nous sommes posés exactement à la même table que l'an passé. En cette semaine de Soukkot, les familles se promènent.



Ma Place préférée de la vieille ville et sa synagogue reconstruite. Démolie en 48 par les Jordaniens.
Je ne me rappelle plus si le chat est chrétien ou juif. Attention, ce n'est pas le reflet du chat dans une glace, c'est un tableau et le chatdort devant.

Nos yeux sont évidemment attirés par les familles orthodoxes que nous n'avons pas l'habitude de croiser en France. Comme tous les Israéliens, Papa pousse la poussette du dernier né suivi par Maman et les 4, 5 ou 6 enfants. Quand les garçons sont pré-ados ou ados, ils entourent le père à l'avant.. Ils sont tous très pâles et les jambes des petites filles habillées de collants épais malgré la chaleur, ne prennent jamais le soleil. .
Je remarque la presque maigreur des mamans malgré leurs grossesses à répétion. En occident, les grossesses nous font prendre du poids, pas elles.
Pas de glaces ou autres sucreries dans les mains des enfants , ils marchent sans parler entourant la mère, leur regard sur le dos du père et de la poussette à l'avant. Pas tristes, juste ce petit air trop raisonnable pour leur âge.
La pauvreté n'est pas criante car masquée par la religiosité vestimentaire.

Cependant, et c'est le mystère du quartier juif, la "Vie" est omniprésente dans un mélange de recueillement, de gaîté et d''animation alors que le Kotel, si vénéré, est si proche.

Nous nous sommes retrouvés à trois reprises sur l'esplanade du Kotel.
Les deux premières fois en milieu d'après midi. Ça bardait en haut de l'autre côté du Mur pour un goupe de chrétiens et de juifs, un peu de caillassage sur le Mont du Temple par les occupants actuels juste pour pimenter le pélerinage de ces mécréants, l'hélico tournait au dessus de nos têtes. Il n'y avait que nous, touristes étonnés, pour lever la tête !

Des groupes de militaires traversaient l'esplanade en marche rapide pour se diriger sur les lieux.
Des religieux traversaient également l'esplanade en marche rapide en direction du Mur.
Alors, bien évidemment, une pensée s'imposait :
Se rendent-ils compte ces religieux qui refusent l'armée que s'ils accèdent au Kotel c'est uniquement grâce à tous ces jeunes qui consacrent trois années de leur jeunesse à leur pays ? Plus d'armée et c'est à nouveau l'An prochain à Jérusalem pour 2000 ou 3000 ans ! En ont-ils un soupçon de conscience ?

La dernière fois c'était la soirée de la fin de Soukkot. Les religieux affuaient : en redingote noire ou manteau satin rayé gris et blanc, en sombrero, en shtreimel, en collants blancs ou noirs et pantalons mi-mollets, leurs yeux ne s'arrêtaient sur rien.

Arrivèrent trois jeunes gens orthodoxes et là je pense avoir râté "The" photo (pour laquelle j'aurais eu très certainement le grand prix !). Alors qu'ils marchaient d'un pas alerte, en même temps ils réalisèrent qu'ils devaient être en retard pour le rendez-vous du Kotel : d'un même mouvement, du même bras, ils prirent leur chapeau à la main et se mirent à courir, papillotes au vent, le regard toujours perdu vers rien. Visages ne reflétant aucune émotion de notre monde.
Etait-ce la synchronisation de leurs mouvements y compris dans la foulée, l'ambiance, je regardais un peu fascinée par ce qui m'est apparu comme une vision surréaliste.


Promenade dans le quartier juif.

A suivre .......... toujours Jérusalem, instantanés d'émotions, je m'y complais trop dans mes souvenirs !

[Christiane]

Suite 5 - Jerusalem 2

Avertissement : je ne pensais pas que j'avais encore tant de souvenirs en tête. Je devrais faire des coupes, je n'y arrive pas. J'aurais l'impression de trahir mes souvenirs....peut-être parce que j'ai connu Jérusalem "occupé" donc c'est long, sûrement trop long ! A vos risques et périls !

La place Rouge était vide
Devant moi marchait Nathalie
Il avait un joli nom, mon guide
Nathalie.......

Niet, niet, niet : pas de Nathalie pour Jérusalem.

Le guide, c'était ma petite idée de surprise pour Lecricri. Un guide est irremplaçable pour la Petite Histoire qui, en fait, fait la Grande..
Mais, pas de Christian, Christophe, les Chrétiens ayant déjà tiré suffisamment la couverture à eux concernant Jérusalem. Quant aux Autres, de l'usurpation totale, à dégager !

Au départ, ma demande pouvait paraître frôler l'exigence :
. Juif obligatoirement.
.. Juif et croyant : un athée risquait de transmettre sa vision "Jerusalem berceau des trois religions" définition qui me hérisse le poil sur la tête.
... Juif, croyant et Israélien, fier de son pays et pas du style pour complaire à certains touristes : "je sais relativiser les problèmes avec nos frères ...."
.... Juif, croyant, Israélien et francophone de naissance parce que, ayant les mêmes défauts et qualités d'origine, on se comprend mieux.
..... Juif, croyant, Israélien, francophone et comment pourrait-il se prénommer le guide de la Cité de David ????? David tout simplement. Amen, il s'appellera David

Il suffisait de le vouloir et d'y croire !

Avant notre départ, je lui avais téléphoné pour nous présenter : sionistes avec de petites notions religieuses : orientées catho pour Lecricri, orientées confuses pour Lacricri. Je savais ce que je voulais entendre : le rappel des sources juives de Jéusalem et d'Israël. Mission accomplie pour David, ce qui ne l'empêche pas d'être très respectueux envers la chrétienté et d'évoquer Jésus ou Marie avec le respect que les chrétiens peuvent attendre. Il est évident que ses connaissances religieuses de guide et de croyant lui permettent de répondre aux attentes plus " pointues" des chrétiens de grande spiritualité. Avec David, nous avons passé une journée à Jérusalem très enrichissante et deux jours très agréables en Galilée-Golan où Lecricri n'aurait peut-être pas osé se risquer. Que de très bons souvenirs.

Nous sommes restés 6 jours à Jérusalem. Ce serait très prétentieux d'affirmer "maintenant on connaît bien la ville" Curieusement, j'ai l'impression du contraire. C'est une ville exigeante, Jérusalem ! De plus, j'ai le sentiment d'avoir fait exprès de ne pas visiter l'un des sites qui me tenait à coeur : la Cité de David ! Aurais-je eu, à mon insu, une petite idée derrière un neurone vagabond.

Voici, dans le désordre de mes souvenirs, nos promenades en dehors de la Vieille Ville.

Mont des Oliviers : un matin, traversée de la Vieille Ville et sortie par la Porte de Damas (l'une des plus belles portes) afin de prendre le bus qui s'approchait le plus du sommet du Mont. Nous étions donc dans la partie dite "arabe" de la Ville que l'on dit à l'est de Jérusalem, enfin si l'on regarde bien la carte, au milieu nord des remparts, la porte regardant vers le nord-ouest !!!!


Des Portes : Damas, Lions, Sion

Nous avons pris le chemin des écoliers pour ressentir l'atmosphère du quartier jusqu'à l'arrêt de bus. Autre ambiance. J'ai demandé au Cricri s'il voulait continuer la ballade "écoute, me répondit-il, la musique arabe, les rues crades, les voilées et les chemises de nuit, on a tout ça à Aubervilliers, j'en ai vu assez".
Du mont des Oliviers, superbe vue de la ville et des collines environnantes, nous avons préféré redescendre à pied, en longeant le cimetière, jusqu'à la Porte des Lions puis nous sommes retournés à la Porte de Jaffa par les promenades extérieures sud.

Le Musée d'Israël bien évidemment avec tous ses trésors.

Le bus passe pas très loin de la Knesset. Je la connaissais en photo. J'aurais vu pour le "vieux" pays tout neuf une architecture plus audacieuse, plus futuriste, se projetant vers l'avenir plutôt qu'une ressemblance passéiste de construction à la gréco-européenne : continent qui avait tant fait souffrir le peuple juif.

Mahane Yehuda pour le plaisir des yeux, des couleurs, des senteurs.

Le Tombeau du King David. Même pensée qu'au Saint Sépulcre : le King repose-t-il bien là ? mais qu'importe en fait. L'émotion est présente.
Un petit point en faveur du Saint Sépulcre : on ne sépare pas les hommes et les femmes. Je ne sais pas si le Roi David aurait vu cette séparation d'un bon oeil : il aimait bien les femmes ! D'accord la chair est faible mais un tout tout petit coup d'oeil furtif sur le sexe opposé n'a jamais fait de mal à une mouche.

Abu Gosh.

Pour Shabbat, j'avais prévu à l'avance la journée à Abu Gosh, village à une quinzaine de kms : toute la semaine s'y déroulait le festival musical de Soukkot dans les deux édifices chrétiens de la ville : le Monastère des Croisés en centre ville et l'Abbaye Sainte Marie de la Résurrection située en haut d'une colline. Je connaissais le programme et je voulais aller dans la crypte du Monastère.

A Shabbat c'est taxi arabe ! Pas trop truandé question prix (juste 10 shekels en plus mais c'est de bonne guerre), par contre là où on s'est fait rouler dans la farine : le chauffeur nous a largués à l'entrée de la ville..... je l'ai maudit sur le moment mais finalement cela m'a permis d'ouvrir les yeux sur la presque "mythique" Sainte Abu Gosh, ville du meilleur houmous, ville restée tiède lors du conflit 48, ville proprette, riante....

J'avais également lu beaucoup d'écrits sur la ville, ses religieux chrétiens, dans une ville à majorité musulmane, et leurs approches sympathiques du judaïsme. Juste qu'un extrait du journal La Croix m'avait un peu (non beaucoup) agacée lors de l'interview de Frère Olivier du 21.12.11.

Le journaliste "À quelques kilomètres de là, à Jérusalem, l’accélération de la colonisation juive dans l’est de la ville et en Cisjordanie suscite de plus en plus de rancœurs. Mais, à Abu-Gosh, tout est paisible"

De suite avec le mot "colonisation" on sait que le journaliste de La Croix est pro-palestinien et l'utilisation du mot Cisjordanie est curieux dans un journal chrétien. Je pensais que Jésus avait vécu en Judée-Samarie. Est-ce que l'occupation de la Judée-Samarie par les Jordaniens avait autant formalisé le journaliste ? Voici comment les lecteurs sont formatés jour après jour.

Dans l'interview Frère Olivier évoque avec regret le "mur de séparation". S'il évoque le mur, pourquoi n'a-t-il pas évoqué la raison de l'édification du mur : les centaines de morts israéliens par les terroristes ?
Pourquoi les religieux chrétiens ont-ils toujours peur de froisser les musulmans sur des vérités ?

Ayant remonté à pied la longue rue principale, puis tourné à gauche pout aller vers ce qui semblait un centre ville (enfin là où se trouvait les restos à houmous) car pas une indication pour les touristes : rien, nada, samedi matin ville morte, pas un chat dehors à qui chatter c'est Lecricri qui l'a remarqué "on n'est plus chez les Jouifs".....on a erré comme deux clodos, on est passé devant les restos que l'on a supposé être "les délices du Houmous", on a pris une route qui montait raide arrivant dans une forêt ce qui nous a permis de voir une grande statue, au loin, très loin .... sur l'autre colline. On est redescendu vers les délices du humous et remonté pour atterrir chez Sainte Marie car Les Croisés du Centre Ville : jamais trouvés. La pancarte" Kiryat Yearim" (Sainte Marie) on la trouvera une fois arrivés au pied de l'Abbaye. Merci pour l'info.

Les deux routes principales arpentées sur toute leur longueur ne nous ont pas donné l'image d'une cité proprette et riante : pour la propreté et la verdure il doit falloir les chercher dans les quartiers composant la ville, car là c'était plutôt des sacs poubelles, des gravats laissés devant les maisons, canettes de coca, papiers.................C'est fou comme la marche à pied permet d'avoir une vision mesquine !

Une seconde visite dans les quartiers plus intimistes nous donnera, peut-être un jour et je l'espère, une meilleure approche de la ville.

En haut, chez Sainte Marie, concert sympa et très beau point de vue à 360 ° sur les collines de Jérusalem. Cela nous a fait digérer notre longue heure de marche sous le cagnard et en montée ! Digérer, moralement parce que niveau restauration = zéro. C'était de la resto sur le pouce, traiteur ambulant : normal dans le contexte et nous savons nous adapter mais servir au prix d'une bonne salade israélienne dans un petit troquet sympa, un hot-dog avec une saucisse froide dans du pain froid humide industriel et pour lesquels il a fallu quémander de la moutarde, ça plombe l'estomac ! Juste un micro-onde pour réchauffer n'aurait pas été du superflu !!

Nous nous sommes mis à évoquer notre ballade de l'an passé à Ein Kerem qui lui est un vrai bijou de village !! Quelle différence !

Le soir, embouteillage monstrueux en centre ville entre les voitures regagnant Jérusalem à la fin des concerts et celles des Israéliens venant déguster leur houmous de fin de Shabbat. Assis à l'abri-bus sur les barres métalliques qui avaient dû, auparavant, soutenir les sièges, nous attendions un bus ou un taxi ! Ne voyant rien venir, je me suis décidée à entrer dans une superette qui venait d'ouvrir pour quérir des renseignements sur un éventuel taxi. Et là, à nouveau la rencontre avec la gentillesse israélienne. Une jeune femme faisant ses courses a demandé au patron de téléphoner pour un taxi. Elle m'explique qu'elle est du mochav proche de la ville et me propose gentiment de rester avec nous jusqu'à l'arrivée du taxi. Elle nous a "mis" dans le taxi comme si nous étions ses propres parents ! Sa blondeur, sa gentillesse et son sourire étaient le rayon de soleil de la journée.

De retour à l'hôtel, les Français nous informent que le Centre National des Etudiants Francophones a organisé la veillée d'Hoshana Rabba dans la Soukkah de la mairie de Jérusalem.
Evoquer cette veillée n'est pas du "tourisme" mais j'ai envie d'en parler parce que cette veillée fait maintenant partie de "notre" Jérusalem. Nous n'y sommes restés que deux heures environ parce que nous étions fatigués et qu'il y avait un bon bout de route pour revenir à pied.

En non religieux, c'est un peu la curiosité et voir les frenchies de Jérusalem qui nous a incités à y faire un tour. Je dois dire que j'y serais restée toute la nuit. Bien sûr, beaucoup de mots religieux en hébreu, j'en connaissais certains et j'arrivais parfois à "recadrer" les autres dans le contexte mais pour Lecricri c'était plus du chinois ! A un moment, je me suis aperçue qu'il était le seul homme à ne pas avoir de kippa mais il n'y a eu aucune réflexion. Ce qui nous a très agréablement surpris c'est l'ambiance "bon enfant" décontractée. Les intervenants religieux souriants (certains en tee-shirts noirs) faisant des jeux de mots où la salle riait. Nous étions bien loin de l'image stricte et sévère que donnent les haredim, seule image des juifs religieux deJérusalem donnée par notre presse nationale.

J'ai été captivée par l'intervention d'un religieux sur le "temps" et c'est ce qui m'a aidée à comprendre l'importance du Shabbat "du coucher du soleil au coucher du soleil"..... et non pas de minuit à minuit !!! Quel minuit ? Je sais que c'est bête comme chou dit ainsi mais je comprends mieux maintenant cette "explosion de vie" de fin de Shabbat que nous avons tant appréciée.
Comme le dit Lecricri affectueusement, dans mon côté anarchique j'ai un côté grenouille de bénitier qui sommeille !



Abu Gosh du haut de la colline de l'Abbaye Saint Marie et la Soukkah de Jérusalem à la veillée d'Hoshana Rabba.

Lundi 8 c'était notre dernier jour à Jérusalem et c'était férié. J'ai pensé le matin : peut-être une journée de trop, on aurait pu partir dans le sud aujourd'hui. Qu'allions nous faire ????? Alors, on est parti le nez au vent sans but précis. Tous les jours on avait longé le Parc du Moulin Montefiore. C'était le moment d'y entrer et d'aller voir ses ailes de plus près. Parc très agréable avec belles perspectives.

Nous cheminions tranquillement dans l'un des nombreux sentiers quand Lecricri s'exclame "mais c'est pas possible, regarde". Quatre hommes dans les arbres du Parc en train de couper des branches pendant que les femmes voilées préparaient les deux barbecues. Les jours précédents, le couple français de notre hôtel nous avait signalé avoir vu le même fait dans un autre parc du centre ville deux soirs de suite. Les femmes étant voilées : aucun doute sur la communauté. J'avais eu du mal à le croire, je me disais "ils ont peut-être cru que..." et si je ne l'avais pas constaté moi-même, jamais je ne l'aurais évoqué. Cela s'avère donc être une habitude. Comment les Israéliens peuvent-ils supporter cette incivilité ? Israélienne, je téléphonais à la police !!!!!


Le quartier où j'habiterais.................

A l'une des sorties du Parc, sur notre droite je vois un petit escalier en pierres, les maisons le bordant également en vielles pierres. Je sais déjà que je vais avoir le coup de foudre. En descendant, à mi-pente, je devine une synagogue en entendant des hommes chanter et sur la terrasse les fidèles devisant joyeusement un verre à la main. En bas de l'escalier, une petite ruelle dans laquelle nous nous engageons. Nous sommes les seuls passants. Parfois, l'on a envie que le temps s'arrête. Je viens de découvrir mon eden dans Jérusalem : Hamevasser st. La maison choisie. Une jeune femme arrive, nos visages doivent manifester notre ravissement ; avec un grand sourire elle nous dit "bonjour". Elle nous expliquera comment, venant de France, elle est arrivée dans ce petit paradis. C'est fou comme les échanges sont faciles et spontanés avec les Israéliens.


Là ce serait ma maison, l'allée ombragée devant ma maison et entre les arbres la vue de tous les jours....... !


Les rues où je me promènerais en allant chercher ma baguette ...!

C'est ce dernier jour que nous avons déjeuné chez les Arméniens de la Vieille Ville. Je ne me rappelle plus avoir dit que nous avions eu l'impression que les relations entre les quartiers arménien et juif semblaient bonnes. Juste une impression qui n'est peut-être pas fondée : des signes de main amicaux, des sourires échangés ! Pas assez pour en faire une vérité.

La Vieille Ville, on l'avait déjà arpentée de long en large ... et soudain en regardant en l'air, justifiant le dit-on "aide-toi, le ciel t'aidera" ... en plus à Jérusalem, je vois le haut des Remparts !! Vite, Porte de Jaffa, achat des billets des Remparts, on regarde le plan, je dis "dommage, on ne peut pas faire le tour complet". LeCricri, étonné, constate et tout fort "ah oui, c'est à cause de la verrue dorée". Comment la dénomination des Jouifs sépharades est devenue célèbre au Tourist Information.

Eh oui, si on attaque la promenade par le nord (quartier chrétien et musulman) on va presque jusqu'à l'esplanade (Porte des Lions) il faut sortir, revenir à la Tour de David pour reprendre la direction du sud (quartier arménien et juif) et la ballade s'arrête encore une fois avant l'esplanade !!!!!!!!!!!!!!!!

Nous attaquons par la promenade la plus longue : le nord (quartier chrétien et musulman). La promenade est vraisemblablement trop longue pour les cars de touristes, nous serons seuls pendant deux ou trois heures à longer les murets, descendre et monter les marches irrégulières. Bien sûr l'on admire tous les points de vue décrits dans les guides touristiques, je n'en parlerai pas, mais on voit également d'autres choses quand on ouvre les yeux. Des choses dont on ne nous parle jamais, des clichés ne paraissant jamais de l'intérieur de la Vieille Ville.

Par exemple, aménagés sur les toits des maisons et bâtiments du quartier musulman des terrains de sport, gazon articiciel pour le foot, volley et basket et l'on se demande le prix que cela a dû nous coûter dans nos impôts en Europe pour arriver à rendre plane une assez grande surface vu le relief des toitures des bâtiments !!! Alors qu'à l'extérieur, à 10 mn à pied en dehors des murailles, des terrains sont nus et vacants. Egalement un terrain de jeux pour les tous petits, toujours sur les toits. Très bien cet adorable terrain de jeux avec toutes les structures d'équilibre et d'acrobatie, juste regretté ne pas voir dans les squares de la capitale française autant de jeux pour les petits. Alors ras le bol ces donations continuelles de fric ! Cerise sur le gâteau, nous apercevons le drapeau français flottant au vent d'un bâtiment du quartier musulman. C'est le seul drapeau étranger que nous voyons flotter ! Je comprends maintenant les sourires !



La photo en haut à gauche montre bien l'importance des travaux qu'il a fallu faire afin de rendre la surface plane pour de grands terrains de sports.

Deux autres photos du quartier musulman : voici ce que deviendrait la Vieille Ville sous un "certain gouvernerat" : une poubelle géante.
Au lieu de dorer la coupole, la Jordanie aurait mieux fait de rendre salubres les immeubles du quartier arabe.

Finalement, ce n'était pas une journée de trop à Jérusalem ! Une journée de plus n'aurait pas été de trop !

Et puis, juste pour terminer, quelques lignes pour les amoureux, pour ceux qui veulent faire leur déclaration à l'occasion d'un petit dîner dans un cadre enchanteur ! Nous, nous avons été au bord du divorce à deux reprises en cherchant notre direction à Eilat et Haïfa !!! Donc un petit resto, pour les déclarations ou les réconciliations, est toujours le bienvenu.
Il existe certainement d'autres restaurants avec la même vue sur les remparts illuminés mais peut-être beaucoup plus onéreux et moins intimiste.
Sur les conseils d'une amie, nous sommes allés au restaurant de la Cinémathèque, sur la colline de Sion.
Cuisine savoureuse. Je me suis mal fait comprendre par le serveur et au lieu de notre verre de vin du Golan à chacun, bon pour notre cholestérol, le serveur nous a apporté la bouteille. Lecricri a dit sagement "on la garde, on ne la finira pas mais on l'emportera pour un petit apéritif demain à Eilat"... Etait-ce la vue enchanteresse des remparts illuminés, on a fait un sort à la bouteille. Heureusement, pour rejoindre notre hôtel pas de voiture mais une bonne petite marche à pied , de plus il fait friquet le soir à Jérusalem.....................


Les Remparts Porte de Jaffa le soir, maintenant il faut imaginer avec le recul de la colline de Sion toute la face ouest et une partie sud ! Sublime.

A suivre.............et en voiture Simone pour le Grand Sud.

[Christiane]

Suite 6 - l'Appel du Sud. Mitzpe Ramon

Au revoir Jérusalem !

Nos valises sur le trottoir, assise sur un muret devant notre hôtel, j'attends Lecricri parti chercher La voiture de location. Notre guide David l'avait rassuré sur la conduite des Israéliens : "tu as déjà conduit en Italie, en Grèce, c'est pas pire" ! (dans ma tête, je traduis "à peine pire") Ce qui ne me rassurait pas du tout, me rappelant les routes grecques où tous les 100 mètres des bouquets de fleurs fanées embellissaient les bords plongeant dans les ravins. Mais j'ai toujours été une trouillarde en voiture.

En l'attendant et en refusant xxxx taxis qui s'arrêtent, je me fais la remarque que les taxis c'est comme les hommes : vous en avez un dans les bras et le coeur, dix veulent y être ; vous êtes en mode "où qu'ils sont les hommes, les vrais, les courageux, les sincères", c'est l'île déserte.

Enfin Lecricri arrive ! Mais je ne peux pas encore monter dans la voiture, je viens d'oublier un évènement important et émouvant qui a eu lieu cette semaine : le défilé des Chrétiens venus du monde entier pour soutenir Israël. Nous sommes arrivés un peu en retard et n'avons pas vu la délégation française. J'espère que des Français (nombreux) y participaient. Non Jeff t'es pas tout seul !

J'ai essayé "d'alléger mes souvenirs de Jérusalem" en omettant de raconter de petits faits sur l'amabilité et gentillesse des Israéliens envers les touristes même français (pourtant on ne le mériterait pas lol). Je pensais qu'insister trop sur ce point ferait un peu "lourding" mais une conversation avec une connaissance-amie en France m'incite à revenir sur ce point, quitte à paraître super-lourding.

Cette connaissance n'ayant jamais mis les pieds en Israël m'affirmait que ses habitants étaient désagréables vis à vis des touristes comparativement aux Palestiniens des Territoires où l'accueil était très chaleureux.
Je lui réponds d'aller constater par elle-même. Un peu genée, elle ajoute "oui mais les guides disent que pour une femme seule c'est prendre des risques... même à Saint Jean d'Acre c'est risqué" !!! Malicieusement, je lui demande "Pourquoi à Saint Jean d'Acre ?"
"Ben, les Arabes em.erdent les femmes seules"............. "tu vois copine, c'est ça parfois l'accueil chaleureux !
Voilà, comment on leur met le nez dans leur propre caca.

Alors, vu les articles de presse sur Israël constamment en négatif, j'insisterai mais rien que la vérité promis, juré !

Un jour, nous sommes montés dans le tram que nous avions connu gratuit l'an passé. Nous pensions que, à l'identique du bus, on achetait le ticket au conducteur ou à un préposé. Dans le tram, je sors mon porte monnaie et demande "où peut-on acheter le ticket". L'on m'explique qu'il fallait l'acheter avant de monter. Nous étions montés au Mont Herzl en tête, Il y avait beaucoup de stations avant notre descente vers Mamilla ... Je dis qu'au prochain arrêt, nous descendrions pour acheter les tickets. Autour de nous des "No" fusent et l'on nous dit de rester : si contrôleur, ils expliqueront. Et je vois des dizaines de tête acquiescer avec le sourire. C'était ma première "resquille", j'étais un peu inquiète. A la deuxième, je serai plus cool !

Le soir où nous sommes allés dîner à la Cinémathèque, nous étions à un carrefour, étudiant sur notre carte le chemin à suivre. Une jeune femme s'arrête et nous demande si elle peut nous aider. Connaissant notre but, elle nous dit "suivez-moi, j'y vais" ! On peut toujours s'arrêter en France au coin d'une rue avec un plan surtout le soir, ce qui nous est déjà arrivé, il pleuvra des euros le jour où un passant s'arrêtera. Pour une passante, il pleuvra des lingots d'or !

Me voici enfin assise dans la voiture de location avec le plan de David sur les genoux pour sortir de Jérusalem jusqu'à Maale Adoumin où nous devions rattraper la route de la Dead Sea. Lecricri avait jugé qu'il n'était pas nécessaire de louer un GPS car j'avais pendant plusieurs décennies parfaitement rempli ce rôle. De plus, mes conseils-raccourcis seraient plus performants que ceux du GPS !!!!

Tout se passait pas trop mal quand Lecricri a doublé un camion. Pourquoi les hommes ne peuvent-ils jamais rouler derrière les camions ? Quand je sais que je dois prendre une bretelle sur la droite, je ne double pas ... mais je suis une femme. Et dans le doublement, j'ai eu le temps de lire un bout d'une pancarte de direction "... min". J'ai compris mais je n'ai rien dit. Inutile, il n'y avait rien à faire pour se rattraper. . J'espérais juste m'être trompée.

Nous nous sommes retrouvés sur une autoroute et quand j'ai vu "Ramallah" signalé à main droite alors que l'an passé, en car, j'avais vu la direction à main gauche, j'ai compris qu'on filait direct sur Beyrouth ou Damas..... et c'est là que j'ai dit mon premier "On aurait dû louer un GPS". Je pense que l'on a dû faire 50 kms. Enfin un check-point (béni soit-il), j'ai dit au Cricri "tu t'arrêtes et je demande la direction". Il était surpris. "Pourquoi ?" ... "Parce que bientôt à la place de la mignonne soldate, tu auras un barbu du Herzbollah"

On retourne sur nos pas ..................................... .... et nous voici enfin la contemplant : la Dead Sea. Je ne sais pas pourquoi j'éprouve toujours une petite émotion à sa vue. Dans ma première vie, j'ai dû vivre dans l'une des grottes la surplombant. Petit pélerinage dans le kibboutz Ein Gedi où nous retournons voir "notre" bungalow de l'an passé et nous déjeunons à la cafétaria.



En route pour Mitzpe Ramon via Dimona - Yeroham - Sde Boker.

La route est tranquille juste quelques kms de montagne en lacets où les chauffeurs des camions allant également sur Dimona feront l'effort de serrer leur droite afin que nous puissions les doubler. Nous apprécions.

Regret : nous n'aurons pas le temps de nous arrêter à Sde Boker que j'avais visité en 62 !!!

Sur la longue route désertique sans intérêt qui mène à Mitzpe Ramon, tout à coup la désagréable surprise d'être en France dans le .. près d'une fameuse décharge où sur des kms des sacs plastique s'envolant jonchent les prés et champs alentours. Mais ici pas de décharge ! Ici le désert de cailloux est pratiquement recouvert de sacs plastique et ce sur quelques kms. Enfin nous comprenons : nous apercevons à droite, éloigné de la route, un village bédouin. Encore quelques kms pour retrouver la nature vierge......puis à nouveau le même désolant spectacle et à nouveau un village bédouin !!

Que dire ? Que les Bédouins sont dans le Néguev depuis la nuit des temps, que le désert leur appartient donc et que nous, occidentaux d'une autre civilisation, n'avons rien à dire ? Qu'ils n'ont pas la même perception de la pollution visuelle ?

Nous apercevons de temps à autre quelques petits makhtesh. Non le Makhtesh n'est pas un mamifère à six pattes et deux têtes ! Nous allons à la rencontre du plus grand cratère mondial né d'un accouchement particulier de l'écorce terrestre du monde : merveille géologique de 40 km sur 8 et 500 m de profondeur.

Silence ..................Musique du "Bon, la Brute et le Truand"...............................Vous l'avez bien l'air dans les oreilles ? ...............

Il est 17 heures. La nuit commence à tomber. Les cavaliers arrivent dans la ville au milieu de nulle part. Le vent froid du désert s'est levé et glace les os. Pas un humain dans les rues. Les chiens dans les enclos aboient !!! Voici Mitzpe Ramon !

Ayant un vague plan de la ville, et un pot de ................... on va dire de touristes chanceux, on tombe dans la rue de notre gîte. J'avais bien commencé le "Si on avait loué un ............" pas le temps de terminer : on était dans la bonne rue. Heureusement, même pas le bouquetin de service pour nous renseigner, déjà sous son rocher en train de ronfler. Pas besoin de grimper à 2000 mètres, de suer, d'avoir les pieds ampoulés, les mains gelés, ici ils cabriolent entre la station-service et le troquet falafel !

J'avais choisi comme hébergement un bed and breakfast, chambre d'hôtes. Plus cher que l'auberge de jeunesse mais nettement moins que le superbe nouveau complexe luxueux construit en bordure du cratère avec vue époustouflante garantie.

Belles chambre et salle d'eau aménagées avec un raffinement féminin exquis mais rationnel et pratique . Ce qui est bien une signature féminine. Délicieux petit déjeuner israélien servi sur la terrasse privée de la chambre (sans vue grandiose et même sans vue du tout !) et si abondant que nous le finirons en déjeuner.
Nous traînons notre francitude du "croissant-tartine-café" du petit déjeuner à la semelle de nos souliers.



Le problème pratique du bed and breakfast à Mitzpe Ramon c'est de trouver un endroit pour dîner. Pour le premier soir, nous consultons notre guide le" grand rusé" : il nous donne deux adresses dans l'ancienne zone industrielle reconvertie en commerces "bobos" avec même une enseigne french d'hébergement-restaurant très cotée mais pas donnée.

Les deux restos séph pour budget modeste n'existent plus. Qui viendrait ? Les touristes sont en pension complète dans les deux ou trois grandes structures hôtelières et la réalité de Mitzpe Ramon c'est le plus fort taux de chômage d'Israël ! Alors le Resto ?

Nous sommes à pied, il fait froid, et les deux seuls humains à errer dans la ville (en Amérique, on aurait été embarqués par les flics), ici pas de promenade familiale du soir comme à Tel Aviv et Jérusalem. On se calfeutre chez soi. Alors, nous finissons par entrer dans le french resto- très- chic- très- cher pour touristes fortunés. La déco est superbe dans la sobriété : murs avec toutes les nuances des roches et terres du cratère. Heureusement que nous avions pris notre copieuse salade à Ein Gedi tardivement : nous n'avions pas très faim. Notre CB a aimé. Succulentes petites, très très petites, portions d'une cuisine inventive dite, je crois, "nouvelle et moderne". Heureusement les assiettes sont également petites, les portions paraissent plus conséquentes.



Mercredi : départ matinal programmé pour le cratère.

LeCricri pour une fois se lève le premier. Notre plateau du petit déjeuner est déjà sur la terrasse. Dans mon lit, les esprits pas encore très nets, pas du tout même, j'entends :

"Alors la Belle, déjà en promenade"............... mince alors, lui si réservé, il a déjà sympathisé avec la belle blonde du premier !!!!
"Fais-moi voir ta queue fourchue" ............ mer.oum, j'en crois pas mes oreilles... quelle familiarité avec le couple gay à gauche de notre chambre ! Ça doit être "l'effet-retard Tel Aviv".
"Vas la réveiller"....................remer.oum, j'ai jamais fait de ménage à trois, moi !!!!
La (le) Belle (beau) à Queue Fourchue vient se blottir dans mes bras en ronronnant. LeCricri sait vraiment parler aux bêtes du Bon Dieu. Pourvu que demain matin, il ne fasse pas copain-copain avec un bouquetin.



Déjà trouver une carte détaillée des chemins carrossables et de rando. Ça, c'est comme les restos : le parcours du combattant. Le très beau bâtiment d'information touristique, dominant la ville, est toujours en travaux (depuis au moins 2 ans).

A la recherche de la "carte aux trésors" en redescendant sur le parking du petit centre commercial, nous assistons à une scène très éloignée des clichés de Tel Aviv.
Sur cette place de parking deux ou trois petits "Falafel" avec leurs tables plastique recouvertes de toile cirée à carreaux rouges, la toile cirée de nos grands-mères. Assis devant leurs cocas deux bédouins discutent. Pendant ce temps, quatre femmes tout en noir, intégralement recouvertes, sauf la fente des yeux, fouillent toutes les poubelles de la place. C'est ça aussi Israël : la pauvreté pour toutes les classes et origines de la population.


L'ancien caravancérail de la Route des Epices.

Ici la pauvreté n'est pas criante, excepté ces femmes bédouines, pas de mendiants comme à TLV faisant les poubelles ou allongés sur les bancs, la pauvreté transpire, on la ressent dans l'atmosphère de la ville. Deux mondes (en fait trois mondes avec les familles des militaires) , les habitants et les touristes, qui ne se voient jamais, excepté pour les salariés des complexes hôteliers. Les touristes arrivent par cars le soir et le lendemain matin repartent pour Eilat. Comme la route traverse le cratère, c'est suffisant pour leur curiosité. Nous serons seuls sur les petits chemins carrossables et de rando du cratère, comme nous serons seuls, en soirée, à nous promener sur la promenade de la ville plongeant sur le cratère. Pourtant au coucher du soleil, la vue est magnifique.

C'est en revenant de cette promenade, en soirée, que nous nous sommes arrêtés à la petite boutique de produits de beauté "du désert" près du Visitor's Center. La femme du magasin rentrait le présentoir des cartes postales. Nous n'allions pas la retarder pour la fermeture, mais nous disons "Shalom", elle nous répond "Bonsoir"....et grâce à ces deux mots, une conversation s'est engagée. L'on ne sait jamais ce qui se cache derrière un "shalom-bonsoir". Ici un moment extraordinaire à écouter cette femme. J'ai peut-être posé une toute petite question tout bête sur la ville ou peut-être elle nous demandant si nous avions fait une belle promenade, je ne sais plus mais quand nous nous sommes dit "shalom-bonsoir" pour la deuxième fois, il faisait totalement noir et ma vision de la ville n'était plus du tout la même.

Elle nous a longuement parlé des Marocains, ces immigrés qui avaient construit la route Beer Sheva- Eilat et qui avaient formé le premier groupe de population de Mitzpe Ramon. Ces travailleurs immigrés d'Israël qui se dénommaient toujours "Marocains". Tout était dit avec beaucoup de pudeur mais la blessure était toujours présente. Le mot ashkenaze n'a pas été prononcé une seule fois mais il était terriblement présent.

Nous avons aussi parlé des Bédouins et j'ai évoqué ces kms de sacs plastique autour de leurs villages. Elle a souri car elle aussi avait été consternée et n'arrivait pas à comprendre ce comportement jusqu'à ce qu'elle lise un petit livre extraordinaire d'un Israélien qui lui avait fait comprendre le rapport à la terre des Bédouins. Eux et nous, ne sommes pas sur la même longueur d'ondes.

Parlé également des familles de militaires des bases du Néguev habitant la ville, ce qui permettait à la ville de survivre.

Elle était ici depuis 13 ans. Dans ma tête, je me disais comment atterrit-on à Mitzpé Ramon si ce n'est par amour ?

Elle avait apprivoisé cette vie, dans cette ville de nulle part, et en regardant au loin vers le cratère : "Ici on ne peut pas tricher, on est seul avec soi-même".

Nous avons repris la voiture en silence. Sommes passés à la station-service. Là régnait une grande animation. Un autocar militaire attendait. Les permissions étaient terminées pour certains. Les parents et épouses embrassaient leurs enfants et leurs aimés. Oui, on était bien toujours en Israël.

Une petite faim se faisait sentir.... mais même le resto-bobo-très-cher-très-chic était fermé....!!! On a tourné en vain dans toute la ville...enfin, la bonne idée : le "falafel des Bédouins". Ouf il était encore ouvert. Assis à la table plastique à la toile cirée à carreaux rouges, sur la place du parking, trop contents de pouvoir mordre dans une pita-falafel et boire notre macabi. Seuls avec deux soldats de la jeep voisine mangeant également leur pita-falafel.

Le temps de cette pause, nous n'étions plus des touristes, nous étions juste un peu "seuls avec nous-mêmes" dans la nuit de Mitzpe Ramon.



A suivre.... le sud toujours plus loin !

P.S ah oui on allait à Mitzpe Ramon pour le cratère : un unique mot, grandiose !

[Christiane]

Suite 7 : Au Sud du sud : Arava - Eilat

J'avais pondu un long, long texte concernant notre expédition au sud du sud de Mitzpe Ramon, avec étape à Ketoura, visite du Parc de la Timna, du Parc animalier Haï Bar Yotvata, Eilat..les dauphins, . au moment de faire le copier-coller ..... fausse manoeuvre et tout envolé.

C'était sûrement trop long. Pas de hasard !

Eureka , je me rappelle la dernière phrase :

A suivre ....il y a un Nord qu'il ne faut jamais perdre !

[Christiane]

Après le Sud, direction la Galilée, le Golan, la côte Nord.

Beaucoup d'émotions à revoir les lieux 50 ans plus tard, beaucoup de souvenirs à raconter également.

A ceux qui ne connaissent pas Israël ou qui croit la connaître au travers de la désinformation systématique de nos médias, j'espère leur avoir donné envie de partir à la découverte de ce minuscule pays, miracle du XXème siècle.



Pour retrouver Nina, ses coups de .... tonnerre et sa joyeuse équipe c'est ici : http://reacsion.fr/
On vous y attend !