Il se passe des choses intéressantes du côté des deux Corée. La Corée du Nord serait prête à s’asseoir
à la table des négociations et à réviser à la baisse son programme nucléaire, suite à ce projet de gazoduc
russe (longueur 1 700 kilomètres, capacité dix milliards de mètres cubes par an) destiné à l’approvisionnement
de la Corée du Sud, un gazoduc qui traverserait le territoire nord-coréen — contre rémunération, on s’en doute.
Souvenons-nous, il y a peu, la possibilité d’une guerre entre les deux pays faisait trembler la région et le monde,
avec cette attaque contre une île sud-coréenne, le 23 novembre 2010.
L’atroce régime nord-coréen est certes toujours en place.
Cette stupide demande d’excuses de la Turquie, suite à l’affaire du «Mavi Marmara», a probablement une motivation
(parmi d’autres) très discrète — enfouie — mais très active : les Turcs ne veulent pas reconnaître le génocide des
Arméniens, une exigence clairement formulée par l’Europe, la France en tête. Leur indignation pourrait en partie
relever d’une manœuvre politique destinée à pousser de côté cette exigence sous les bavardages de l’actualité.
Et comme Israël et les Juifs sont à leur insu impliqués dans cette affaire, les Turcs peuvent avoir l’assurance que
les anti-sionistes et que les antisémites de tout poil (les extravertis autant que les intravertis) viendront bourdonner
autour de la tartine de miel qui leur est proposée avant de s’y poser. Bref, on rameute, on s’indigne (les Turcs sont
de très fins diplomates, ne l’oublions pas !), et je lis entre les lignes : «Vous exigez de nous des excuses. A notre tour
d’en exiger de vous !» Et peu importe la disproportion : plus c’est gros mieux ça passe ; et les sentiments peu
amicaux envers les Juifs et Israël, partagés par de multiples obédiences, feront le reste. Pouah ! Rappelons que
des Turcs aimeraient que ce génocide soit reconnu par leur pays. Parmi eux, le prix Nobel de littérature 2006,
Orhan Pamuk, qui, à ce propos, fut menacé de mort. Concernant le génocide des Arméniens, je signale un
document remarquable entre tous : «Ailleurs, hier, autrement : connaissance et reconnaissance du génocide
des Arméniens», publié en 2003, dans la «Revue d’histoire de la Shoah» (rédacteur en chef, Georges Bensoussan),
du Centre de Documentation Juive Contemporaine (CDJC), n°177/178.
Magnifique ! C’est à la une de la presse espagnole ! Stéphane Hessel a déclaré être un admirateur de
José Luis Rodríguez Zapatero. Il est vrai que si le chômage en Espagne approche des 22 %, la faute en
revient bien évidemment aux marchés... et en aucun cas à un courageux dirigeant qui a refusé de prendre
de courageuses décisions... A ce stade, je ne sais s’il me faut rire ou pleurer. Optons pour le rire, le rire
thérapeutique, car si je le veux bien : José, Luis, Rodríguez et Zapatero c’est encore mieux que
Chico, Groucho, Harpo et Zeppo réunis.
J’ai relu il y a peu «L’opium des intellectuels» de Raymond Aron, l’anti-démagogue radical, l’homme
qui observa dans les années 1950 l’intelligentsia française avec un regard d’entomologiste. Il notait
par exemple que le Prolétariat avait pris la place du Christ dans l’imaginaire enfiévré de ces intellectuels.
C’est encore d’actualité : le Palestinien qui souffre par le Juif se fait parfois le Christ ; les musulmans
savent à l’occasion adopter et propager un certain schéma mental chrétien. Un journal de gauche a publié
un dessin qui montre Ariel Sharon clouant Yasser Arafat sur une croix...
On parle beaucoup d’Israël, on parle trop d’Israël. Ne pourrait-on pas oublier un peu ce pays qu’ils sont
si nombreux à évoquer en ignorant tout, ou presque, de son histoire ? J’ai constaté que le sionisme
n’est jamais placé dans une perspective historique, tant et si bien que le mot «sionisme» est devenu
une injure sur les lèvres de presque tous. Janine Chasseguet-Smirgel ne force pas la note lorsqu’elle écrit :
«Une énorme majorité de Français est sûre qu’il existait un État palestinien et qu’Israël a pris sa
place en chassant ses habitants. Jamais les media ne situent le sionisme comme mouvement
d’autodétermination du peuple juif, ni la disparition, dans l’Antiquité, de l’État hébreu comme liée
à la colonisation et à l’impérialisme romain. La superficie exiguë d’Israël (environ deux départements
français) n’est jamais rappelée. Israël, dans l’imaginaire, en vient à coïncider quasiment
avec le Moyen Orient tout entier».
La probabilité d’un conflit majeur est activée par la crise financière, économique et sociale,
un maelström dans lequel s’enfoncent nos sociétés occidentales. Cette crise attaque leurs
structures mêmes. Elle agit à la fois comme un mouvement tectonique qui fracturerait le béton
et comme une oxydation qui attaquerait le fer qui arme le béton. Ce conflit majeur pourrait
trouver son épicentre en Iran. Et loin de moi l’idée de me poser en prophète ; je ne fais qu’exprimer
une inquiétude. L’Iran est un grand pays avec lequel Israël aurait pu nouer de fructueuses relations.
Mais un chancre en la personne de l’ayatollah Khomeiny s’est fixé dans le pays. Et la longue guerre
Irak-Iran (septembre 1980 - août 1988) a confirmé la persistance d’un régime qui défigure le pays.
Enfin, je le répète : je préfère l’Iranien à l’Arabe ; je le juge a priori plus intelligent,
plus apte aux jeux de l’esprit, plus fin, plus aigu, plus stimulant, plus... Le Juif a tout pour
s’entendre avec lui. Ce régime de mollahs aurait-il définitivement abruti cet antique peuple ?
José Luis Rodríguez Zapatero, l’actuel chef du Gouvernement espagnol, est allé promener son sourire
béat à Ankara, chez Erdogan. Le Béat de la Moncloa se rengorge et roucoule en évoquant l’Alliance
des Civilisations, remède au choc des civilisations (?!), un concept aussi grotesque que gafas de sol
con persianas ou lector de dolor en los tomates. L’Alliance des Civilisations est l’un des nin-nin
qu’il serre contre lui tout en suçant son pouce et qu’il triture dans l’espoir de trouver le sommeil.
Il y a aussi l’État palestinien, ce truc auquel se suspendent les régimes et les dirigeants en difficulté
et, plus généralement, les adeptes du clientélisme. Le Béat ne sait plus que faire pour masquer son désastre.
Suite à la gifle électorale du 22 mai 2011, le Béat (élu à l’arraché, dans le chaos des très étranges attentats
de Madrid) a annoncé des élections parlementaires anticipées pour le 20 novembre 2011.
Au cours des émeutes de cet été, à Londres, Aaron Biber (né en 1922) a vu son échoppe (Gentlemens
Hairdressing) de Tottenham dévastée. Aaron Biber, exerce son métier depuis l’âge de dix ans. Grâce à
des bénévoles, et à son insu, 35 000 £ ont été collectées sur le Web, avec ce slogan : Keep Aaron Cutting.
J’aimerais me faire couper les cheveux chez Aaron, et engager la conversation avec cet homme si sympathique.
La déliquescence du monde arabo-musulman me semble irréversible. Elle est de fait séculaire.
Le «Printemps arabe» n’est qu’une expression qui traduit une affligeante naïveté. J’en suis toutefois venu
à me demander si elle ne véhiculait pas une pointe d’ironie. Qui connaît la mentalité arabe ne peut que
hausser les épaules à l’entendre, ne peut que suivre les événements avec un cynisme radical. Il nous faut
éviter autant que possible la fréquentation de cette pétaudière en commençant par nous occuper de nos
affaires. Nos affaires... Il est vrai qu’elles se sont tellement entortillées avec les leurs... Misère ! Et j’allais
oublier : nous ne sommes pas sortis du pétrole, nous pataugeons même toujours plus dans ce produit visqueux.
Le «Printemps arabe», une expression qui fait un clin d’œil au «Printemps de Prague» (1968) et peut-être même
à la «Révolution des Œillets» (1974). Misère ! Nous pataugeons dans le pétrole et, pire, dans la confusion.
Nous sentons bien que dans l’immense partie qui se joue, c’est l’Iran qui est visée. Et mes pressentiments sur
une possible attaque massive contre ce pays sont activés par grand silence qui bizarrement l’entoure depuis
plus d’un an. Certes, pour l’heure, il y a cette guerre secrète, efficace jusqu’à un certain point : attaque
cybernétique (le Stuxnet) et assassinats sélectifs des meilleurs scientifiques impliqués dans le programme iranien.
L’affaire syrienne m’intéresse bien plus que l’affaire libyenne car la Syrie qui entretient des relations complexes
avec l’Iran est néanmoins son alliée. Je pense à la stratégie de Churchill contre les nazis : attaquer le crocodile
en choisissant de le frapper au ventre (la Méditerranée alors) et non pas directement, à la gueule. L’affaire syrienne
me semble cruciale pour la suite des événements, la destruction du régime iranien.
Le 20 septembre prochain, les Palestiniens vont présenter leur demande de pleine adhésion aux Nations Unies,
avec reconnaissance de la Palestine sur les lignes de juin 1967. Il faut savoir lâcher un peu de lest pour mieux
se repositionner. Mon rêve : l’Iran post-mollah allié d’Israël, avec les régimes arabes périphériques à la niche.
Quant aux Palestiniens qui se montrent incapables de s’entendre avec Israël, qu’ils soient donnés à la Jordanie
et à l’Égypte ! Les Arabes s’arrangent fort bien entre eux. Souvenons-nous de Septembre noir...
Obama ne m’apparaît pas comme cet être maléfique que nous dépeint avec brio Guy Millière. Il me semble
qu’il n’a pas été élu pour précipiter le pays dans une décadence irréversible.Guy Millière dont je partage
assez volontiers les jugements, que je respecte pour l’amplitude de ses connaissances et pour son esprit
pénétrant, me semble donner en la circonstance dans la théorie de la conspiration. Obama a été porté
aux nues, et malgré lui. Il a suscité l’enthousiasme d’une multitude de groupies, il a provoqué des transes
chez des femmes et des hommes las d’un monde où le repos est tout bonnement impossible. On a vu en lui
l’homme providentiel, un démiurge capable de démêler des fils affreusement embrouillés.
Il n’est qu’un brave garçon, sans grande compétence, dans tous les cas aucunement à la hauteur des
responsabilités qui lui ont été confiées et d’une situation qui exige des réactionsrapides et assurées.
J’espère de tout cœur, et je rejoins sur ce point Guy Millière, que le monsieur ne sera pas réélu en 2012.
Obama a de la prestance, des costumes de bonne coupe et ses chaussures ne manquent pas de style.
Pour le reste...