105 généraux, anciens du Mossad et du Shin Beth ont écrit une lettre dans laquelle ils demandent au premier Ministre Netanyaou de négocier la paix et de s’en tenir à l’initiative Saoudienne par laquelle une paix globale avec le monde arabe sera possible si les frontières de 1967 tombaient dans l’escarcelle de l’état palestinien avec Jérusalem Est comme Capitale.
Les généraux sont fatigués. Depuis longtemps sortis des affaires du pays, ils pensent : « qu’Israël est suffisamment fort » pour s’engager dans cette voie sans que cela n’implique des « risques pour sa sécurité ».
La mémoire sans doute défaillante, ces hommes qui ont combattu jadis pensent que le tout-technologie pourra palier le rétrécissement du territoire israélien.
En 1948, moins de trois ans après la création de la Ligue arabe, le secrétaire de l’époque faisait une confidence au représentant Britannique en place en Jordanie.
« Ils (les juifs) gagneront peut-être des guerres. Ils gagneront des terres mais nous avons l’arme suprême, celle qui fera plier les sionistes et les renverra à la mer. Nous avons le temps… »
Un vieux symbole que celui du temps, spécialement au Moyen-Orient.
- Le temps de saper la sympathie du monde à l’égard de ce grand petit état qui aurait du tomber sous les coups des armées coalisées arabes.
- Le temps d’investir toutes les institutions onusiennes pour donner à ce conflit toute l’attention du monde.
- Le temps d’établir dans l’intelligentsia du monde occidental l’antipathie déculpabilisée post-Shoah en faisant croire que les arabes continuraient leur guerre d’Algérie, leur lutte pour l’indépendance.
L’USURE DU TEMPS a fait son œuvre.
Mais il y a autre chose. Un paramètre dont on parle peu, qu’on ose à peine évoquer parce qu’il est si humain que l’on préférera l’abandonner dans un coin de notre tête.
C’est le Professeur Simon Epstein qui, lors d’une conférence osera aborder cette problématique nouvelle en Israël : les « enfants de Tsahal ».
En 1982, lors de la première guerre du Liban, est né un mouvement initié par 4 mères israéliennes.
Elles voulaient récupérer leurs « enfants » soldats cantonnés aux alentours de Beyrouth.
La presse a largement relayé l'appel de ces femmes qui hurlaient leur désespoir de voir revenir vivants, leurs enfants de cette guerre.
On commença alors grâce au Haaretz vite suivi par tous les principaux journaux israéliens ainsi que la radio galei Tsahal, à évoquer les enfants, nos enfants, qui pouvaient mourir à tout moment sur le champ de bataille.
En quelques mois, le vocabulaire changea. On déplorait la perte de 3 soldats ici, 2 tombés en tel endroit mais s’ensuivaient dans la foulée nombre de photos des « enfants » ainsi que celles de leurs proches les pleurant et les amis des défunts.
Du jour au lendemain, les soldats étaient « nos enfants ».
Un nouveau piège venait de se refermer sur l’état d’Israel. Le plus vieux sans doute dans la mémoire juive, celui qui touche l’âme de tout un peuple.
Avant ce mouvement, dit le professeur Epstein, qui a observé honnêtement la presse et le peuple israélien puisqu’il en fut témoin,
« la personnalisation des soldats n’était pas aussi prégnant. Bien sûr que Tsahal étant une armée de conscription, ses soldats sont tous des enfants, maris, frères mais avant ce mouvement des quatre mères et sa récupération d’abord par la presse de gauche puis par partis de gauche israéliens, les soldats étaient avant tout des soldats. »
Une faiblesse en découla qui, jusqu’à la dernière opération en juillet dernier à Gaza, alla en s'accentuant.
Comment oublier que ces soldats parfois si jeunes qui sont tombés dans les différentes guerres, sont aussi des enfants ?
Les ennemis arabes en ont fait un glaive si puissant qu’ils ont compris que même un cadavre d’un « enfant de Tsahal » pouvait être monnayé en libérations de centaines voire de milliers des leurs.
Pour récupérer Guilad Shalit, 1067 terroristes dont beaucoup avaient du sang sur les mains furent libérés.
Le temps, l’amour des « enfants » qui ne sont plus, même portant l’uniforme, des soldats, ont fait leur oeuvre. Depuis 1982, ils ont un visage, une histoire et les larmes d’une nation.
Les arabes le savent et comptent utiliser encore et encore cette ficelle. Elle est rentable car pas un seul jour ne se passe sans que des attentats visant à kidnapper des soldats et des enfants comme cet été, ne soient mis en oeuvre.
Tant qu’un soldat était perçu par le peuple israélien comme il doit l’être (hélas), c'est-à-dire un défenseur, un combattant avec l’impersonnalité qui va avec sa fonction, l’armée d’Israël jouissait encore d’un atout non négligeable. Plus aujourd'hui.
Depuis 1982, le soldat qui tombe est devenu un enfant. Un enfant, on le pleure et, pour le sauver, on est prêt à prendre tous les risques pour le garder vivant. Même celui de mettre d'autres enfants en danger ?
Même celui d’accepter des revendications ineptes comme celles de ces généraux fatigués. Accepter qu’à moins de 5 km de l’aéroport de Ben Gourion, un état palestinien puisse à tout moment grâce à ses éléments extrémistes, envoyer une roquette sur des avions de ligne.
Le tout-technologie serait bien impuissant face à la force des nations qui, on ne sait pourquoi, pensent qu’un 23è état arabe naissant pourrait apaiser le Moyen-Orient.
Alors que l’islam est devenu politique depuis l’indépendance des pays arabes (et même avant), alors qu’il fait des ravages dans la région, il faudrait que le petit état juif prenne des risques insensés.
Ces généraux sont fatigués. S’ils pensent que « leurs enfants » méritent autre chose qu’un champ de bataille, on peut les comprendre.
Qu’ils prennent toutefois le temps d’étudier le temps, l’époque, les lieux, les intentions des arabes avec toute la froide rationalité qu’ils ont utilisée durant leurs batailles.
Loin du front, sirotant des cocktails entre bobos de bonne compagnie, on peut refaire le monde. Le monde en ce moment est en train de se défaire.
Permettez-moi de vous narrer une conversation que j’eus avec mon fils alors soldat.
« - Tu es mon enfant, je deviendrai folle s’il t’arrivait la même chose qu’à Guilad Shalit .
« - Maman, un soldat doit s’attendre à mourir. On est tous les enfants de quelqu’un mais nous avons appris dans mon unité que nous étions d’abord un rempart pour nos familles. C’est comme ça. Faut arrêter le délire, nous avons une mission et l’idée même qu’à cause d’une faille de l’un d’entre nous des gosses ou des familles puissent mourir, ça nous est insupportable !
« -Tu n’as pas de cœur ! Guilad a une famille et tu t’en fous ?
« - Non mais les arabes le savent trop et ça nous met en danger.»
Grosse engueulade. Les « nous ne faisons qu’un » et « nos enfants », il ne veut pas en entendre parler. Les autres armées ont ce problème en moins !
Quand nous sommes soldats, nous sommes soldats et rien d’autre ! »
Bonjour tourmente.
(des soldats, des enfants...)