par Nina » Mai 2nd, 2014, 11:39 am
Efraïm Halévy, ancien Directeur du Mossad s’exprime dans le Yediot Aharonot au sujet des options qu’Israel devrait envisager concernant le Hamas.
Vous trouverez pour certains la lecture assez froide mais on appelle cela la real politik.
J’ai trouvé intéressant de vous l’exposer afin de prendre une petite leçon de stratégie. On prend, on laisse, en tout cas, on y réfléchit.
Après une série de décisions prise par Mahmoud Abbas ces dernières semaines, les palestiniens auront réussi à façonner l’ordre du jour dans le conflit qui les oppose à Israël.
Les réactions d’Israel ont pourtant été mesurées. Les décisions d’ordre économique visant à rendre inconfortable la position du leader palestinien ainsi que la réponse à peine audible de l’allié américain ont achevé la période des négociations.
Les Ministres du gouvernement ont tout de suite appelé l’opposition à taire leurs divergences et à s’unir autour de son premier Ministre car la règle habituelle qui doit prévaloir est « la non négociation avec les terroristes » alliés aujourd’hui de Mahmoud Abbas.
QUE VA DEVENIR LE HAMAS DANS CETTE NOUVELLE DONNE ?
Tout le monde s’accorde à dire que le Hamas n’a jamais été aussi faible qu’aujourd’hui.
Il se précipite dans les bras de son ennemi juré le Fatah, après une série de défaites.
Le Hamas a été expulsé de Damas. L’Iran lui a réduit grandement son soutien financier à cause de sa prise de position dans la guerre Syrienne. L’Égypte qui était l’allié de toujours vient de déclarer le Hamas « organisation terroriste ».
Sur la scène internationale, les USA ne peuvent, loi oblige, entrer en contact avec le Hamas et l’Europe s’est engagée à ne pas reconnaître l’organisation de Gaza à moins que ce dernier n’accepte les conditions obligatoires imposées par le Quartet.
La Turquie est en proie à des problèmes internes et Erdogan ne peut prendre le temps de s’impliquer dans les affaires de la bande de Gaza.
Ajoutons que la plupart des pays arabes en ont assez de la bande et du Hamas.
Nous pouvons dire sans ambigüité que le Hamas n’a jamais été aussi humilié, isolé et faible depuis sa création.
Le seul rayon de lumière est la Russie. Bien qu’appartenant au Quartet, Poutine soutient la réconciliation inter-palestinienne. Le sous-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov a même téléphoné au chef du Hamas Khaled Mashaal pour le félicite sur sa réconciliation avec le Fatah.
C’est précisément le moment pour le gouvernement israélien d’envisager sérieusement l’option de la destruction du Hamas sans la moindre hésitation.
Personne ne viendra à son secours. Aucune opinion publique dans cette région et ailleurs n’aura envie de manifester pour le Hamas.
Personne ne suggèrera de nommer une Commission Internationale pour enquêter sur cette guerre.
C’est ainsi que le Premier Ministre pourra enfin « supprimer le mal à la racine » et d’éliminer la menace du Hamas en Judée-Samarie sous couvert « d’union nationale ».
Cette guerre exigera un prix lourd voire sanglant pour Israël en termes de pertes. Il s’agit là d’un prix terriblement lourd à payer.
Mais si nous accomplissons cette mission, nous extirperons la plus grande menace à laquelle le pays doit faire face depuis maintenant trop longtemps. Cette menace qui ne fait l’objet que de sempiternelles déclarations par les politiques mais pas celle d’une stratégie claire.
Une telle démarche peut aussi nuire au Hezbollah dont le chef vient de déclarer qu’il n’était pas intéressé à une nouvelle confrontation avec l’entité sioniste.
Le contexte actuel est le plus propice pour préparer l’opinion à un affrontement avec le Hamas. L’opposition devra en outre suspendre sa lutte contre les options du gouvernement actuel.
La rapidité des événements qui se déroulent au Moyen-Orient nous oblige à prendre des décisions dès que possible. Tout le monde est préoccupé par la crise en Ukraine (et la Russie ne se précipitera pas pour intervenir en faveur du Hamas), et l'économie internationale a encore à faire face à une autre crise.
Si Israël ne profite pas de cette occasion, il risque fort de louper une opportunité qui n’est pas prête de se représenter bientôt.
Les circonstances risquent vite de changer et le Hamas se renforcer et s’étendre.
Le message envoyé aux pays arabes serait net : «Israël ne peut éliminer même un ennemi affaibli ».
Toute la région en serait aussitôt confortée dans l’idée que l’état juif ne peut venir à bout même d’un ennemi comme le Hamas. La crédibilité de sa force de dissuasion serait à jamais entachée et extrêmement grave.
Il reste bien sûr une autre alternative consistant à négocier avec le Hamas. J’avais proposé cela il y a près d’une dizaine d’années.
Mais si cette proposition est rejetée d’emblée, il ne reste plus que l’autre option que j’ai évoquée plus haut : prendre avantage de la fenêtre ouverte et anéantir le Hamas.
Le statuquo dans ce cas est inepte. On ne peut tout le temps accepter des compromis avec l’entité terroriste alors que précisément aujourd’hui il est en mauvaise posture.
C’est maintenant ou jamais avec tous les dangers qui se profileront bientôt.
Efraïm Halevy –ex-Directeur du Mossad.
http://www.ynetnews.com/articles/0,7340 ... 12,00.html