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OBLIGATION MORALE

MessagePublié: Octobre 18th, 2021, 1:24 pm
par Nina
En faisant mes recherches sur LES AMIS DE BHL, je suis tombée sur une autre pépite.

Puisque MON OLIVE me donne de la bande passante, je trouve IMPORTANT de reproduire tout le texte d'un torchon que j'abhorre en règle générale mais puisque cela fut corroboré par des Kabyles qui se battent pour leur culture en Algérie, j'ai tendance à le croire.

De plus, les passages sur "CHOSES VUES" de BHL sont facilement trouvables. Ils n'ont pas menti.


ARTICLE DATANT DE DECEMBRE 2003 (NICOLAS BEAU)

https://www.monde-diplomatique.fr/2003/12/BEAU/10584

L’imposture Bernard-Henri Lévy

Les généraux d’Alger préfèrent un reportage de BHL à une enquête internationale

Les quotidiens algérois viennent de saluer sa performance : quatre pages dans « Le Monde ». Mais sans mentionner qu’elles sont bourrées d’erreurs, d’approximations et de non-dits.

Invité par la cinémathèque algérienne, Bernard-Henry Lévy a reçu le meilleur des accueils de la part des plus hautes autorités de l’Etat. Qui lui ont permis, ainsi qu’il l’a lui-même modestement reconnu, de se rendre « dans des lieux interdits aux journalistes ». Et quand on sait que mieux vaut ne pas ruser avec les interdits en Algérie lorsqu’on est porteur d’une carte de presse, on ne peut donc que se réjouir de constater que le régime les ait levés pour BHL.

Se sont ensuivis deux gros articles dans « Le Monde », que nombre de médias français, de « L’Humanité » à TF1 en passant par Canal Plus, ont largement commentés, en invitant souvent leur auteur à en rajouter. Pareillement, et malgré les critiques justifiées qu’il formule contre une armée qui protège si mal la population, ces impressions de voyage ont été fort appréciées par la presse officielle algérienne. Et pour cause, BHL ne dit rien sur l’autre aspect de la violence dans ce malheureux pays. À savoir celle qu’exerce l’Etat : bombardements au napalm, arrestations et tortures systématiques, disparitions de centaines d’opposants, etc.

En revanche, que d’erreurs sous la plume de cet envoyé spécial qui aura emmagasiné tant de « choses vues » en si peu de temps ! Exemples.


Les 11 et 12 janvier, L’Authentique, le quotidien contrôlé par le général Betchine, conseiller spécial de Zeroual pour les questions de sécurité et ancien patron de la Sécurité militaire, a publié de larges extraits des papiers de BHL dans Le Monde.

« Un pavé dans la mare », a estimé ce grand journal indépendant : « Bernard-Henry Lévy est venu en Algérie. Il a vu et il a probablement vaincu cette obscène question qui obsède de nombreux intellectuels, journalistes et hommes politiques occidentaux qui ajoutent à l’horreur des massacres génocidaires une confusion insupportable sur les auteurs des crimes. »

BHL : « Chérif Rahmani, ministre gouverneur d’Alger (…), est ouvert. Brillant. Il est typique (…) de la nouvelle génération de “quadras” qui arrivent aux affaires et poussent vers la porte les caciques discrédités du FLN. »

Faux. Enfant chéri du régime actuel, Rahmani est d’abord le neveu du colonel Bencherif, le patron de la gendarmerie sous Boumediene. Dès les années 80, sous la présidence de Chadli, ce « quadra », qui est en fait largement quinquagénaire, fut secrétaire général du ministère de l’Intérieur, trois fois ministre des Travaux publics, de la Jeunesse, de l’Equipement, et plusieurs fois wali (préfet) à Tébessa (le fief de son oncle), puis à Alger.

A la fin de ces années-là, Cherif Rahmani se rendra célèbre en affirmant dans la presse que les Algérois pouvaient s’apprêter « à jeter leurs jerrycans d’eau », que beaucoup conservent chez eux par peur des pénuries. Espérons que les négociations que ce ministre-gouverneur mène aujourd’hui avec la Lyonnaise des eaux lui permettront de tenir, dix ans plus tard, sa promesse.

BHL : « “Mouloudia ! Mouloudia !” Ca veut dire “chiffonnier”, explique Rahmani. “Club des chiffonniers”, c’est le nom de notre “Paris-Saint-Germain” local. »

Le grand club de foot algérois qui existait dans l’« Algérie française » porte le nom de Mouloudia, un terme à connotation nationaliste et religieuse qui évoque la naissance du Prophète (« mouloud »).

BHL : « Je parviendrai même à leur faire entendre (à mon escorte de militaires) que leur façon de conduire dans les villes, leur habitude de brûler les feux, rouler sur les trottoirs, terroriser les passants, les éclabousser quand il a plu (…), bref leur goût du rodéo urbain, sont à la fois très odieux, très dangereux et, surtout, très inutiles ».

Belle audace… A la lecture des rapports d’Amnesty International et de la Fédération internationale des droits de l’homme, l’armée algérienne ne semble pourtant pas avoir seulement un problème de feux rouges brûlés.

BHL : « Miloud Brahimi, avocat étiqueté “éradicateur”, mais qui met son point d’honneur, dans son métier, à défendre des islamistes. »

Quatre ou cinq avocats ont aujourd’hui à Alger le courage de défendre les militants islamistes ou présumés tels. Mais leurs bureaux sont parfois cambriolés, et certains d’entre eux sont arrêtés. Président d’une ligue officielle des droits de l’homme sous Chadli, Miloud Brahimi a simplement défendu quelques cas isolés d’intégristes (surtout des enfants égarés de la nomenklatura.)

Ce qui est vrai, en revanche, c’est que Miloud Brahimi est un des trois avocats du RCD dans le procès en diffamation que ce parti kabyle intente au journal Le Monde. Cependant, dans ses articles, BHL explique comment les dirigeants du RCD, Saïd Saadi et Khalida Messaoudi, ont largement inspiré ses articles.

BHL : « Le commandant Azzedine (…) est un Alexandre Sanguinetti version “libération de l’Algérie”. C’est un de ces briscards mal récompensés qu’ont toujours produit les grands compagnonnages politiques. »

Héros certes de l’Indépendance, ce « briscard mal récompensé » est aujourd’hui l’organisateur des milices armées dans l’Algérois et un très riche homme d’affaires, actif dans l’importation de bières, de lait pour enfants et de yaourts. Azzedine vient d’ailleurs d’être nommé sénateur par son très proche ami le président Zeroual, qui dispose du pouvoir de désigner un tiers des membres de ce nouveau Conseil de la nation.

Durant les belles années du « chadlisme », sa femme, l’ancien mannequin Yasmina, tenait une boutique de mode à Riad El Fath, l’équivalent du Forum des Halles à Paris, où toute la nomenklatura venait faire ses emplettes. Symbole de l’enrichissement rapide des proches de Chadli, cette boutique a été brûlée pendant les émeutes d’octobre 1988 à Alger (500 morts). Comme quoi BHL a raison : voilà qui est « mal récompensé ».

BHL : « Cette autre tâche plus cocasse qui consiste à vous fourguer un discours de circonstance sur un terrorisme résiduel dont les médias font trop de cas. »

Sur ce point, BHL se démarque effectivement de la propagande officielle. En revanche, lors de son séjour en Algérie, il n’a pas hésité, à l’occasion d’une conférence de presse, à déclarer que la terreur intégriste était « en nette régression ». « Je partirai d’Alger avec le sentiment que vous, les journalistes et intellectuels, êtes en train de gagner la partie grâce à votre résistance quotidienne. Le terrorisme est sur le chemin de la défaite… » :lol: , déclara-t-il au journal L’Authentique.

BHL : « Récit de Nadia. Elle a vingt ans. Jamais, encore, elle n’a pu raconter cette histoire. »

Faux encore. Le récit des sévices que Nadia affirme avoir subis de la part de groupes intégristes a été publié, le 29 décembre, par plusieurs quotidiens algérois et filmé par la télévision. A une variante près : dans les médias algériens, Nadia s’appelait Djamila.

BHL : « Je suis sorti de l’hôtel sans prévenir les anges gardiens — première infraction à la règle ! »

En fait d’ « hôtel », BHL a été logé à la résidence officielle des invités de la présidence algérienne, :lol: le Djenane el Mitahaq (un périmètre protégé, interdit même aux taxis). Il a été convoyé, durant tout son séjour dans la capitale, et escorté, hors d’Alger, par « trois voitures de gendarmerie et une voiture banalisée de police », comme il l’explique lui-même. De bonnes conditions de repérage pour le film qu’il envisage de tourner en Algérie.

BHL : « Je suis redescendu, place des Martyrs, jusqu’à une échoppe, toute noire, où l’on vend, en plein Alger, des appels à la djihad, des récits héroïques de la guerre d’Afghanistan, une biographie autorisée d’Ali Belhadj, le chef emprisonné des islamistes. Et je me trouve devant la mosquée Djama el Kebir, rôdant, hésitant à entrer… ». BHL poursuit : « Je suis là, donc, quand un type, bizarre, très agité, s’approche : “Qu’est-ce que tu fais là ? C’est la place des musulmans ici” ».

Le récit donne l’impression que BHL est sur le point de pénétrer dans l’antre de l’intégrisme le plus féroce. Or Djama el Kebir n’est autre que la mosquée officielle du régime, où ont été prononcées les prières lors des obsèques des présidents Boumediene et Boudiaf, et d’où sont retransmis par la télévision la plupart des prêches. Inutile de dire que la prière du vendredi rassemble plus d’honorables correspondants de la Sécurité militaire que de musulmans extrémistes.
(à pisser de rire !)

BHL : « Et puis le “trabendiste” enfin qui “tient le mur” ».

Sont surnommés « trabendistes » les adeptes du marché noir. En revanche, les jeunes désœuvrés, dont on dit à Alger qu’ils « tiennent les murs », sont appelés des « hittistes ». On ne peut pas tout savoir, ni tout voir. Même quand on a tout compris.


Enfin, les critiques du Canard concernant les silences de l’enquête de BHL sur la brutalité de la répression menée par l’armée et les forces de sécurité algériennes ont porté leurs fruits. Dans sa chronique du Point (17/01), BHL rectifie et évoque cette fois les atteintes aux droits de l’homme : « Torture dans les prisons, exécutions sommaires d’islamistes et disparitions. »