DIALOGUE ENTRE MAROCK ET YEHOUDI
Publié: Juillet 31st, 2017, 11:09 am
KESKON ETAIT BIEN AU MAROC
(Vu aux chroniques de Majda)
ANTISÉMITISME DÉCOMPLEXÉ
Aujourd’hui, en rentrant chez moi en taxi, je suis tombée sur un chauffeur extrêmement bavard qui – sans trop me demander mon avis – a décidé de me raconter ses mésaventures les plus improbables. Je l’écoute avec une empathie forcée (je l’avoue) quand, dans un élan de confiance démesurée, il me lâche dans la conversation un « ihoudi 7achak » (traduction pour les francophones n’ayant aucune envie de faire l’effort d’apprendre notre dialecte compliqué (humour) « Un juif, excuse le terme ».
Réflexion faite, le « 7achak » n’a pas trop d’équivalent chez Molière mais l’idée générale est là. Ce mot est utilisé quand on dit un gros mot ou quand on dit « merde ». En fait, on l’utilise souvent quand on parle de la merde ou des chiens). Bref. Le triste sire continue son monologue sans sourciller. Je l’arrête en lui demandant de me répéter ce qu’il a dit juste après « juif » dans une tentative, vaine, de le mettre mal à l’aise. Sans complexe, il me ressort très naturellement le mot tout en ricanant … bien entendu, ça va de pair. Je change de ton et lui demande de me donner les raisons de cette insulte gratuite et lui de m’expliquer que c’est « normal » quand on parle des juifs. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai eu l’idée de lui apprendre une leçon (en espérant qu’elle sera mémorable) en me faisant passer pour une juive. C’était peut-être con mais il m’a crue (ne dit-on pas que les sémites se ressemblent ?). Extrêmement mal à l’aise il s’est excusé en me disant que c’était un mot utilisé depuis la nuit des temps de manière automatique et qu’il ne pensait pas une seconde me froisser et que de toute façon juifs et musulmans cohabitons au Maroc dans le respect et l’amitié. Au fond, je sais que ce tic de langage extrêmement raciste est utilisé de manière automatique par les langues parfois même les plus ouvertes, mais je ne l’accepte pas. Et puis pour ledit « respect » on repassera.
Je décide de mettre un terme à ma course tout en ne cédant pas à ses supplications même s’il m’a fait de la peine (et même si j’allais galérer pour choper un autre taxi dans cette jungle folle casaouie). J’étais heureuse qu’il se sente aussi coupable et peut-être qu’au fond, la prochaine fois, il réfléchira par deux fois avant de placer le « 7achak » de manière aussi « naturelle ». Qui sait. J’ai de l’espoir.
Ma réaction d’aujourd’hui n’est pas anodine. Peut-être qu’un jour « normal » je lui aurais dit – comme j’ai l’habitude de le faire avec les adeptes du 7achak après « juif » – d’éviter ces propos racistes mais il se trouve qu’hier, en me baladant au quartier Maarif avec deux membres de ma famille et mes enfants, j’ai vécu une situation pour le moins surréaliste. En refusant d’acheter des ballons gonflables à un Monsieur dans la rue (je hais ces ballons qui pètent de manière imprévisible) il m’a lancée « Tu ne veux pas acheter à tes enfants mes ballons ? Pourtant quand tu les emmènes au Mc Do, ça ne te dérange pas qu’ils jouent avec leurs ballons ! Parce que toi tu préfères aider les sales juifs plutôt que les pauvres musulmans comme moi ! ».
L’homme étant d’un certain âge, j’ai préféré ne pas lui répondre même si la colère montait en moi. D’une, mes enfants ne sont jamais allés au Mc Do (même si je n’ai pas à m’en justifier mais je hais cette malbouffe) et de deux, les commerçants autour n’ont non seulement pas réagi mais ont enfoncé le clou en lui disant « Laisse couler, dis lah yester ». Je lui demande de me laisser passer mais il refuse tout en me disant (dans un français impeccable d’ailleurs mais utilisé à mauvais escient) « La vérité blesse ! Tu détestes les musulmans et tu préfères les autres chiens ! ». J’avoue que j’ai eu envie de lui péter tous ses ballons, mais je suis restée clouée sur place – complètement choquée – de tant de haine, de racisme et d’ignorance. Choquée aussi de voir que les personnes autour validaient ses propos par des hochements de têtes lui donnant raison et l’encourageant à continuer à me pourrir gratuitement.
En fait, j’essaye de comprendre depuis plusieurs années cette haine des juifs ancrée dans bien des esprits malades, mais je n’y parviens pas. Je sais que depuis l’émergence des théories du complot les plus farfelues (disant que les juifs contrôlent le monde et sont responsables de toutes les merdes – 7achakoum – possibles et inimaginables) cette haine s’est amplifiée. Elle s’est amplifiée parce qu’elle a toujours existé.
Il y a un manque certain d’éducation et un racisme qui font froid dans le dos. Pour un pays qui se dit ouvert et tolérant, il y a beaucoup d’incohérences qui font que nous sommes le contraire de ce que nous prétendons être et nous nous complaisons dans cette médiocrité. Ça me rappelle, et ça sera ma dernière triste anecdote, le jour où dans un média national, à l’occasion d’un reportage sur un conflit dans un terrain de football, un responsable avait dit au micro du journaliste « Ce n’est pas normal ! Nous ne méritons pas ça, même à des juifs on ne fait pas ça ! ». C’était passé comme une lettre à la poste et personne n’avait coupé cette saloperie au montage tant c’était « normal ».
Beaucoup de Marocains devraient se remettre en question concernant ce racisme décomplexé et normalisé réduit au simple « tic de langage » (Si Bensoussan l'historien le dit, il passe devant les tribunaux). Nous ne sommes pas supérieurs, nous ne sommes pas mieux, nous ne serons pas les uniques habitants du paradis tant convoité et ce n’est pas cette haine qui nous fera scintiller dans cet obscurantisme ambiant.
Contentons-nous de vivre en simples humains et … aimons notre prochain. Et par pitié, stop au « 7achak », même les chiens ne le méritent pas.
Shalom !
YéhoudiRépondre
29 juillet 2017 a 16:21
Marock
29 juillet 2017 a 14:27
Ça va plaire à Yehoudi
KESKON ETAIT BIEN AU MAOC
xxxx
ta « OC » ? toujours a la pointe du même nom , toi!!
je ne connais pas Majda et suis heureux de la découvrir grace a toi
Majda est, je suppose, un raccourci de Majida, donc une Marocaine Musulmane…admirable !
en effet ce billet est admirable de sincérité ,de vérité et de réalité !
que de fois j’ ai rencontré et subi le « Hachèke », exposé içi même tant de fois …ce Hachèke familier et familial qui vous est adressé en tant que Musulman parlant de Juif (s) a un autre Musulman
ce lamentable « que Dieu t’ en preserve » qu est le « hachèke » tellement revélateur qu il est tombé vraiment au niveau d’ expression populaire…au point qu un jour une petite bonne employée par ma mère en vint a lui dire en parlant de la voisine « Yahoudiya hachèke ya Khmaïssa « ……
Majda ,tu dis
« »En fait, j’essaye de comprendre depuis plusieurs années cette haine des juifs ancrée dans bien des esprits malades, mais je n’y parviens pas.
Yéhoudi :
hé bien, moi j’ y suis arrivé!
quand on est incapable d’ aimer ce quelqu’un qu on ne sera jamais, qu on ne cesse d’ envier ce Juif a qui tout semble réussir,qu on se refère a ce livre « saint » qui exige de ses sectateurs de répudier ces Juifs qui « trahirent » leur Prophète a la bataille du Fossé, qui exige d’ eux de proscrire ces Juifs Banou Qoreize et Banou Kaïnouka pour lui avoir pété de rire au nez, et qui leur recommande de les tuer « quoutoulou…..wa la iharmou ma haram Allah wa rassoulou »
hé bien! quand on subit le lavage de cerveau quotidien, familial,environemental,religieux, que voulez vous qu on dise d’ autre que « Hachèke Yahoudi » devant ce Juif inaccessible et si admirable…
qu il en est devenu méprisament haïssable
merci l’ Ami….(Hachèke Ribati )… )
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(Vu aux chroniques de Majda)
ANTISÉMITISME DÉCOMPLEXÉ
Aujourd’hui, en rentrant chez moi en taxi, je suis tombée sur un chauffeur extrêmement bavard qui – sans trop me demander mon avis – a décidé de me raconter ses mésaventures les plus improbables. Je l’écoute avec une empathie forcée (je l’avoue) quand, dans un élan de confiance démesurée, il me lâche dans la conversation un « ihoudi 7achak » (traduction pour les francophones n’ayant aucune envie de faire l’effort d’apprendre notre dialecte compliqué (humour) « Un juif, excuse le terme ».
Réflexion faite, le « 7achak » n’a pas trop d’équivalent chez Molière mais l’idée générale est là. Ce mot est utilisé quand on dit un gros mot ou quand on dit « merde ». En fait, on l’utilise souvent quand on parle de la merde ou des chiens). Bref. Le triste sire continue son monologue sans sourciller. Je l’arrête en lui demandant de me répéter ce qu’il a dit juste après « juif » dans une tentative, vaine, de le mettre mal à l’aise. Sans complexe, il me ressort très naturellement le mot tout en ricanant … bien entendu, ça va de pair. Je change de ton et lui demande de me donner les raisons de cette insulte gratuite et lui de m’expliquer que c’est « normal » quand on parle des juifs. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai eu l’idée de lui apprendre une leçon (en espérant qu’elle sera mémorable) en me faisant passer pour une juive. C’était peut-être con mais il m’a crue (ne dit-on pas que les sémites se ressemblent ?). Extrêmement mal à l’aise il s’est excusé en me disant que c’était un mot utilisé depuis la nuit des temps de manière automatique et qu’il ne pensait pas une seconde me froisser et que de toute façon juifs et musulmans cohabitons au Maroc dans le respect et l’amitié. Au fond, je sais que ce tic de langage extrêmement raciste est utilisé de manière automatique par les langues parfois même les plus ouvertes, mais je ne l’accepte pas. Et puis pour ledit « respect » on repassera.
Je décide de mettre un terme à ma course tout en ne cédant pas à ses supplications même s’il m’a fait de la peine (et même si j’allais galérer pour choper un autre taxi dans cette jungle folle casaouie). J’étais heureuse qu’il se sente aussi coupable et peut-être qu’au fond, la prochaine fois, il réfléchira par deux fois avant de placer le « 7achak » de manière aussi « naturelle ». Qui sait. J’ai de l’espoir.
Ma réaction d’aujourd’hui n’est pas anodine. Peut-être qu’un jour « normal » je lui aurais dit – comme j’ai l’habitude de le faire avec les adeptes du 7achak après « juif » – d’éviter ces propos racistes mais il se trouve qu’hier, en me baladant au quartier Maarif avec deux membres de ma famille et mes enfants, j’ai vécu une situation pour le moins surréaliste. En refusant d’acheter des ballons gonflables à un Monsieur dans la rue (je hais ces ballons qui pètent de manière imprévisible) il m’a lancée « Tu ne veux pas acheter à tes enfants mes ballons ? Pourtant quand tu les emmènes au Mc Do, ça ne te dérange pas qu’ils jouent avec leurs ballons ! Parce que toi tu préfères aider les sales juifs plutôt que les pauvres musulmans comme moi ! ».
L’homme étant d’un certain âge, j’ai préféré ne pas lui répondre même si la colère montait en moi. D’une, mes enfants ne sont jamais allés au Mc Do (même si je n’ai pas à m’en justifier mais je hais cette malbouffe) et de deux, les commerçants autour n’ont non seulement pas réagi mais ont enfoncé le clou en lui disant « Laisse couler, dis lah yester ». Je lui demande de me laisser passer mais il refuse tout en me disant (dans un français impeccable d’ailleurs mais utilisé à mauvais escient) « La vérité blesse ! Tu détestes les musulmans et tu préfères les autres chiens ! ». J’avoue que j’ai eu envie de lui péter tous ses ballons, mais je suis restée clouée sur place – complètement choquée – de tant de haine, de racisme et d’ignorance. Choquée aussi de voir que les personnes autour validaient ses propos par des hochements de têtes lui donnant raison et l’encourageant à continuer à me pourrir gratuitement.
En fait, j’essaye de comprendre depuis plusieurs années cette haine des juifs ancrée dans bien des esprits malades, mais je n’y parviens pas. Je sais que depuis l’émergence des théories du complot les plus farfelues (disant que les juifs contrôlent le monde et sont responsables de toutes les merdes – 7achakoum – possibles et inimaginables) cette haine s’est amplifiée. Elle s’est amplifiée parce qu’elle a toujours existé.
Il y a un manque certain d’éducation et un racisme qui font froid dans le dos. Pour un pays qui se dit ouvert et tolérant, il y a beaucoup d’incohérences qui font que nous sommes le contraire de ce que nous prétendons être et nous nous complaisons dans cette médiocrité. Ça me rappelle, et ça sera ma dernière triste anecdote, le jour où dans un média national, à l’occasion d’un reportage sur un conflit dans un terrain de football, un responsable avait dit au micro du journaliste « Ce n’est pas normal ! Nous ne méritons pas ça, même à des juifs on ne fait pas ça ! ». C’était passé comme une lettre à la poste et personne n’avait coupé cette saloperie au montage tant c’était « normal ».
Beaucoup de Marocains devraient se remettre en question concernant ce racisme décomplexé et normalisé réduit au simple « tic de langage » (Si Bensoussan l'historien le dit, il passe devant les tribunaux). Nous ne sommes pas supérieurs, nous ne sommes pas mieux, nous ne serons pas les uniques habitants du paradis tant convoité et ce n’est pas cette haine qui nous fera scintiller dans cet obscurantisme ambiant.
Contentons-nous de vivre en simples humains et … aimons notre prochain. Et par pitié, stop au « 7achak », même les chiens ne le méritent pas.
Shalom !
YéhoudiRépondre
29 juillet 2017 a 16:21
Marock
29 juillet 2017 a 14:27
Ça va plaire à Yehoudi
KESKON ETAIT BIEN AU MAOC
xxxx
ta « OC » ? toujours a la pointe du même nom , toi!!
je ne connais pas Majda et suis heureux de la découvrir grace a toi
Majda est, je suppose, un raccourci de Majida, donc une Marocaine Musulmane…admirable !
en effet ce billet est admirable de sincérité ,de vérité et de réalité !
que de fois j’ ai rencontré et subi le « Hachèke », exposé içi même tant de fois …ce Hachèke familier et familial qui vous est adressé en tant que Musulman parlant de Juif (s) a un autre Musulman
ce lamentable « que Dieu t’ en preserve » qu est le « hachèke » tellement revélateur qu il est tombé vraiment au niveau d’ expression populaire…au point qu un jour une petite bonne employée par ma mère en vint a lui dire en parlant de la voisine « Yahoudiya hachèke ya Khmaïssa « ……
Majda ,tu dis
« »En fait, j’essaye de comprendre depuis plusieurs années cette haine des juifs ancrée dans bien des esprits malades, mais je n’y parviens pas.
Yéhoudi :
hé bien, moi j’ y suis arrivé!
quand on est incapable d’ aimer ce quelqu’un qu on ne sera jamais, qu on ne cesse d’ envier ce Juif a qui tout semble réussir,qu on se refère a ce livre « saint » qui exige de ses sectateurs de répudier ces Juifs qui « trahirent » leur Prophète a la bataille du Fossé, qui exige d’ eux de proscrire ces Juifs Banou Qoreize et Banou Kaïnouka pour lui avoir pété de rire au nez, et qui leur recommande de les tuer « quoutoulou…..wa la iharmou ma haram Allah wa rassoulou »
hé bien! quand on subit le lavage de cerveau quotidien, familial,environemental,religieux, que voulez vous qu on dise d’ autre que « Hachèke Yahoudi » devant ce Juif inaccessible et si admirable…
qu il en est devenu méprisament haïssable
merci l’ Ami….(Hachèke Ribati )… )
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