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LES FRÈRES GRIMM ET LES MÉCHANTS JUIFS

MessagePublié: Janvier 27th, 2017, 1:48 pm
par Nina
Qui ne connait pas le petit chaperon rouge, Blanche Neige , Cendrillon, Hansel et Gretel, la belle au bois dormant, et…toute une liste de contes et légendes populaires que les frères Jacob et Wilhem Grimm ont laborieusement répertoriés et remaniés pour la gloire de la bonne langue allemande.

Leur dictionnaire de la « pure langue germanique » fut l’objet de toute leur attention durant les vaches maigres et grasses mais jamais achevé de leur vivant.

Wagner s’inspira Mythologie allemande de Jacob Grimm pour sa Tétralogie.

WAGNER ? Hummm ça sent le soufre ! Je vais voir ça...

Bingo oserais-je dire ?

Cela commence bien :

En 1945, les forces d’occupation alliées en Allemagne interdirent de publication les contes de Grimm. Le motif invoqué était que la violence s’y trouvant aurait été en partie responsable des atrocités commises par les nazis. De plus, ils contenaient quelques textes antisémites comme "Le Juif dans les épines."


Résumé du conte « Le juif dans les épines » - Der Jude im Dorn) :

Un valet naïf reçoit, après trois ans de bons et loyaux services, la somme dérisoire de trois hellers de son avare de maître. Ne comprenant rien à l'argent, il s'en satisfait.

Il rencontre alors un petit homme, qui lui demande quelques sous. De bon cœur, le valet lui offre ce qu'il possède, et le nain pour le remercier décide de satisfaire trois de ses vœux.

Le valet demande une sarbacane qui touchera tout ce qu'il visera, un violon dont la musique forcera les gens à danser ; enfin, que personne ne puisse refuser ce qu'il demandera.

Le valet rencontre alors un Juif occupé à écouter un oiseau perché sur un arbre. Il l'abat pour lui avec sa sarbacane, et l'oiseau tombe dans un buisson d'épines. Alors que le Juif s'est faufilé dans le buisson pour le récupérer, le valet se met à le faire danser au son du violon.

« Bon Dieu, arrête ce violon. Quel crime ai-je commis ? » S’écrie le Juif.

Tu as suffisamment volé les gens, répond le valet gaiement, aussi, il n’y a aucune injustice, et il recommence à jouer. Pour faire cesser son supplice, le Juif promet de l’argent au valet, qui continue à le faire danser dans le buisson épineux jusqu’à ce que la somme offerte par le Juif atteigne les cent florins qu’il a dans son sac et qu’il avait escroqués à un Chrétien.

À la vue de cet argent, le serviteur accepte et prend le sac et son violon, et s’éloigne calmement par le chemin.

Le Juif court immédiatement chez le juge pour porter plainte et le serviteur est arrêté, jugé et condamné à être pendu.
En montant sur l’échafaud, il demande de pouvoir jouer encore une dernière fois du violon. Dès que les premières notes de musique sortent de son violon, tous les gens sur la place du marché se mettent à danser, si longtemps et si sauvagement, qu’à la fin pour faire cesser leur malheur on est obligé de l'acquitter. Sous la menace de se remettre à jouer, le Juif avoue avoir volé l’argent, et est pendu.

D’où vient donc ce conte ?

Si les plus connus sont appelés « populaires » parce que les auteurs sont divers et variés, on sait qu’une conteuse célèbre Française Dorothea Viehman, née Pierson, qui fait partie des nombreux protestants d'origine messine qui se sont réfugiés à Berlin après la révocation de l'Édit de Nantes, fut à l'origine de nombreux contes attribués aux frères Grimm.

Ça nous fait les frères Grimm un peu moins glorieux.

L’origine même de ce conte « le juif dans les épines » est extrêmement différent :

Les Contes de l'enfance et du foyer des frères Grimm, comprennent ce conte depuis leur première édition en 1815, sous le numéro 14.

Selon les frères Grimm eux-mêmes, ce conte est basé sur la comédie "Histoire d'un serviteur rustre" (Historia von einem Bawrenknecht) d'Albrecht Dietrich, où le serviteur se prénomme Dulla et où la victime n'est pas un Juif mais un moine, et sur une pièce de carnaval "Fastnachtspiel von Fritz Dölla" de Jakob Ayrer.

Ils ont ensuite combiné cette histoire avec celle de "Till l'espiègle" (Till Eulenspiegel) et ont utilisé aussi un récit provenant de la région de Paderborn et un autre de Hesse. Ce dernier commence comme le "Conte du bêta" (Dummlingsmärchen) où le plus jeune désire un chapeau, qui le conduise sur le droit chemin, un anneau qui réponde à tous ses désirs et un violon qui oblige les gens à danser, et qui les rendra tous riches.


Ah oui…Je vois, c’est limpide. On passe DU MOINE AU JUIF POURRI QUI VOLE ET SE PEND TOUT SEUL !

Les teutons sont saufs ! Les chrétiens dans l’ensemble sont vertueux et les frères Grimm ne font qu’installer un climat chaud et anti-juif, au gré des contes qu’on lit devant l’âtre de la cheminée. Il faut dire que Madame Grimm-Mère destinait ses fils au sacerdoce. On était très...pieux chez les Grimm. Ceci explique cela.

C’est si réconfortant tout ça !

J'en ai un peu marre d'entendre la même languissante question pseudo-philosophique :

"Comment une si grande civilisation comme l’Allemagne a pu se laisser aller au pire crime contre l’humanité ?"

Qui ose encore poser la question ? Elle est déjà dans l'excuse...Comme si on absolvait les crimes par le degré civilisationnel d'une nation. C'est inepte !

On pourrait me rétorquer que l’Allemagne n’était pas la seule à profiter des contes des frères Grimm, mais justement…toute l’Europe en profita.

Toute l’Europe a pu par la suite jouer l’Ogre mangeur des petits "poucets" juifs.

Il avait très faim le pauvre ogre…Quelques millions d’hommes, femmes et enfants après, il semblait à peine repu.

Les juifs ont tant d’ogres à nourrir sur la planète semble-t-il.