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LA FABLE DU MAROC SUR LA "PROTECTION" DES JUIFS

MessagePublié: Septembre 11th, 2016, 8:08 am
par Nina
Il était plus que temps de démythifier la fameuse protection du Roi Mohamed V du Maroc sur ses sujets juifs.

L'interview de l'historien Georges Bensoussan date de 2012 mais le révisionnisme des arabes du Maroc concernant les juifs commence sérieusement à me gaver.

Sur différents fora arabo-musulmans, le mythe du Roi protecteur des juifs court constamment sans être remis en question. Ce qui revient ni plus ni moins à réviser l'histoire et insulter les travaux rigoureux des historiens.

Faire avaler de telles inepties et laisser croire aux arabes qu'ils furent de bons, sensibles hommes et femmes pétris d'amour et d'humanité est un contresens historique. AVANT, DURANT ET APRES la guerre, les juifs ne furent jamais les égaux des arabes en terres d'islam. Dhimmis, sous-hommes, confinés dans des quartiers souvent sordides et accomplissant les tâches que les arabes même les plus pauvres ne voulaient pas faire.*
La France a certes amélioré le sort des juifs lorsqu'elle présidait au destin des pays du Maghreb ; sans elle point de salut.

Il faut ensuite reconnaître l'immense travail de l'ALLIANCE ISRAÉLITE UNIVERSELLE. Ses travaux de mémoire sur la conditions des juifs en terres arabes ainsi que celui de l'éducation des enfants juifs ainsi que leur orientation vers les sciences profanes. L'AIU mériterait des éloges éternelles pour l'incroyable persistance dans le sauvetage de ces juifs arabes qui n'avaient accès qu'à une éducation purement religieuse et partielle.

GEORGES BENSOUSSAN : 'LE SULTAN DU MAROC N'A JAMAIS PROTÉGÉ LES JUIFS'

Lundi 17 décembre 2012 par Propos recueillis par Nicolas Zomersztajn

Le Roi Mohammed V du Maroc est dépeint comme le sauveur des Juifs lorsque son pays était sous l’autorité du gouvernement de Vichy entre juin 1940 et novembre 1942. Auteur d’une somme remarquable* sur les Juifs en pays arabes, l’historien français Georges Bensoussan démonte ce mythe dans l'entretien qu'il nous accorde.

Quelle est l’attitude du Sultan Mohammed (futur Roi Mohammed V du Maroc) à l’égard des Juifs du Maroc entre l’adoption du premier statut des Juifs de Vichy en octobre 1940 et le débarquement américain en Afrique du Nord en novembre 1942 ?



La réalité du pouvoir appartient au Résident général, c’est-à-dire à la France. Quant aux statuts des Juifs de Vichy d’octobre 1940 et de juin 1941, le Sultan du Maroc les appliquera à la lettre. Il ne s’oppose à aucune mesure prévue par ces deux statuts. Il n’y a que dans le volet économique qu’il tente légèrement de protéger la communauté juive du Maroc. Cette intervention n’est pas désintéressée, car elle sert surtout les intérêts économiques du Makhzen (gouvernement du Sultan). Sur l’essentiel, le Sultan Mohammed n’a pas protégé les Juifs puisqu’il a même promulgué les statuts des Juifs en Dahir (décret) chérifien.

Pourquoi lui prête-t-on alors cette volonté de protéger les Juifs du Maroc ?

En réalité, le Sultan Mohammed entend faire savoir aux autorités de Vichy qu’il reste le maître du pays. S’il y a persécution ou protection, il estime que c’est à lui à en décider. Le message est les suivant : les Juifs sont ses sujets et non pas ceux de Vichy. A travers les Juifs, le Sultan Mohammed réclame sa part d’autonomie vis-à-vis du gouvernement de Vichy. Les Juifs sont des pions parmi d’autres dans le rapport de force entre le Makhzen et Vichy. Par ailleurs, il ne fait preuve d’aucune détermination à défendre les Juifs : il ne rencontre les dirigeants de la communauté juive qu’une seule fois et en privé, au printemps 1942, pour leur dire qu’à titre personnel, il désapprouve les mesures de Vichy. En revanche, à titre officiel et publiquement, il ne prend aucune mesure en faveur des Juifs. Pire, il traduit les statuts des Juifs en Dahir chérifien !

On dit pourtant que le Sultan se serait opposé avec fermeté au port de l’étoile jaune lorsque cette mesure a été promulguée…

Il s’agit d’une fable. Cet événement n’a aucune réalité historique. Le port de l’étoile jaune est une mesure allemande qui n’a jamais été d’application en Zone libre, c’est-à-dire sur l’ensemble du territoire français placé sous l’autorité du gouvernement de Vichy. Et le Maroc (comme l’Algérie) faisait partie de la Zone libre. Seule la Tunisie s’est vue appliquée le port de l’étoile jaune dans la région de Sfax pendant les six mois qu’a duré l’occupation allemande. Or, les Allemands n’entrent pas au Maroc. Le Sultan Mohammed n’a donc jamais eu le moindre contact avec les Allemands. Il n’y a donc jamais eu d’étoile jaune au Maroc.

Comment s’est donc imposée cette légende dorée du Sultan Mohammed s’opposant à l’étoile jaune, à tel point que cette légende a même circulé parmi les Juifs du Maroc ?

La réponse ne peut être donnée qu’après avoir étudié la colonisation française au Maroc et le profil de la population française dans ce pays. Les 150.000 Français vivant au Maroc sont violemment antisémites. L’administration française est littéralement gangrénée par l’antisémitisme. Quotidiennement, elle apporte la preuve de son antisémitisme dans la façon dont elle traite les Juifs. Ainsi, le gouvernement de Vichy n’accorde aux Juifs que 50% des ressources alimentaires qu’il attribue aux musulmans. Dans ce contexte particulier, l’attitude du Sultan du Maroc -qui reçoit notamment les dirigeants de la communauté juive en audience privée pour leur témoigner de sa solidarité- fait le tour de tous les mellahs (quartiers juifs) du Maroc. En comparant son attitude avec celle des autorités françaises, il n’a aucune difficulté à apparaître comme un sauveur magnanime.

D’autres raisons n’entretiennent-elles pas la légende dorée de Mohammed V ?

Certainement. L’absence d’expulsion et de pogrome au Maroc (à l’exception d’Oujda en 1948) contribue à entretenir cette légende. Ensuite, il faut garder à l’esprit que la communauté juive du Maroc est celle qui a survécu le plus longtemps dans le monde arabe. Enfin, on peut dire que la légende dorée de Mohammed V trouve aussi son origine dans l’échec du processus d’intégration des Juifs du Maroc à la société israélienne suite à leur immigration en Israël. Aujourd’hui encore, des Israéliens d’origine marocaine sont considérés comme Marocains alors qu’une ou deux générations sont passées depuis cette vague d’immigration. Ces Juifs marocains, arrivés dans un Etat d’Israël marqué par des structures européennes et dominé par le monde ashkénaze, sont terriblement méprisés par les Juifs ashkénazes. Dans ce contexte, le passé du Maroc leur apparaît comme un paradis perdu, d’autant plus qu’ils vivent un présent fondamentalement désenchanté.

A cette légende diffusée par les Juifs du Maroc répond une légende tout aussi dorée véhiculée par les Marocains eux-mêmes ?

Oui et pour ces derniers, le départ des Juifs du Maroc constitue une blessure, car il marque l’échec de l’intégration des Juifs à leur Etat nouvellement indépendant, tout comme il montre à quel point le nationalisme marocain est fermé et fondé sur l’islam. Les Marocains ont donc intérêt à présenter le passé comme une coexistence heureuse perturbée et sapée par le développement du sionisme, la création de l’Etat d’Israël et le départ des Juifs qu’ils considèrent comme une manipulation des sionistes.

* Juifs en pays arabes, le grand déracinement, éd. Tallandier


Re: LA FABLE DU MAROC SUR LA "PROTECTION" DES JUIFS

MessagePublié: Septembre 11th, 2016, 8:09 pm
par Marock
Ouais, ouais...
Ben Soussan a fait son heure de gloire avec cet article, qui a été repris partout depuis une cinquaine d' années.
Mais comment se fait il que dans chaque commerce juif trône bien en évidence un portrait de Mohamed V, alors que la mode actuelle est plutôt à Mohamed VI ?

Re: LA FABLE DU MAROC SUR LA "PROTECTION" DES JUIFS

MessagePublié: Septembre 12th, 2016, 7:45 am
par Christiane
Marock : on peut y voir plusieurs raisons.

Parce que l'humain a toujours la nostalgie de sa jeunesse. Il ne lui restera souvent dans sa tête que les meilleurs souvenirs : les fêtes passées au milieu des siens disparus aujourd'hui. J'ai connu ce sentiment chez mes amis ashkénazes de Pologne en Israël : c'est avec les larmes dans les yeux qu'ils décrivaient les jours heureux de leur jeunesse en Pologne avec les parents, oncles, tantes.............Ils avaient enfoui au plus profond d'eux-mêmes leur désespoir et leur haine.

J'ai constaté cette même réaction chez les Juifs marocains installés en Israël. Devant leur nostalgie de l"Eden perdu quand je leur demandais "pourquoi n'y êtes-vous pas retournés ? " : éclat de rires : "jamais, nous n'accepterions les conditions dans lesquelles ont accepté de vivre nos aieux" ! Le Maroc : c'est super pour les vacances, les souvenirs !

Le tableau Mahomed V a peut-être été posé à l'époque où il était impératif pour les juifs de montrer leur fidélité au Chef du Maroc : ils étaient des dhimmis : ne l'oublie pas. Le tableau étant là, on ne bouge pas les meubles. Et puis les morts deviennent souvent des saints : regarde notre saint Louis !

Façon également de montrer ainsi qu'ils sont d'anciens du pays.

Re: LA FABLE DU MAROC SUR LA "PROTECTION" DES JUIFS

MessagePublié: Septembre 12th, 2016, 8:30 am
par Nina
Je n'aurais pas mieux répondu Christiane ! C'est tout à fait ça.

Les juifs en terres arabes ont, sans doute aussi pour tenir, fantasmer sur de "probables protecteurs" de leurs communautés.

En Tunisie, a été fabriqué en l'honneur d'un Bey, une pâtisserie, à base de pâte d'amandes de trois couleurs. "LE SOURIRE DU BEY".

Ce Bey aurait d'une façon ou d'une autre (il faudrait demander à l'historien Alali spécialiste de la question) sauvé des juifs.

Ce petit gâteau possède trois couleurs : blanc, vert et rouge qui rappelle le drapeau italien. Il paraît que ce Bey avait une ascendance italienne.

Tu sais comment sont les juifs. Un seul est sauvé et tout le monde se met en quatre pour le remercier honorablement comme si (c'est un vrai problème en fait) il avait sauvé tous les juifs du pays.

A force d'avoir vécu sous la coupe des musulmans, des chrétiens, nous avons du développer une sorte de peur étrange nous poussant à louer, bénir à jamais celui qui nous aidait. Une forme "d'hyper-sens de l'honneur"...Je ne sais si c'est clair.

Tu ajoutes la nostalgie de quelques histoires que les vieux te racontaient sur le goût des fruits et du soleil et là...tu pars en vrille et TOUT LE RESTE est occulté. La dhimmitude, les interdictions de se rendre ici et là, d'exercer tel ou tel métier...Bref ! Tout un ramassis de merdes que l'on laisse de côté pour ne pas effrayer les gosses que nous étions.

Ben Soussan, dans sa conférence l'explique bien mieux que moi. En ce qui me concerne, c'est du ressenti. Ma grand-mère racontait que des trucs marrants et ma mère parfois me lâchait les anecdotes beaucoup moins drôles mais au compte-gouttes...

Après tout, ils étaient nés là-bas et surtout ils laissaient derrière eux des êtres chers enterrés là-bas. Ils savaient qu'en partant, ils abandonnaient aussi les restes de leurs chers disparus. Cela doit être terrible en un sens.