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QUAND LE MONDE DEVIENT FOU

MessagePublié: Décembre 16th, 2014, 10:53 pm
par Nina
JE M'ENTERRE SOUS LA MUSIQUE...

Ca gueule trop. Ca saigne trop. Ca hait trop. Le pire c'est que je ne vois rien venir alors j'allume et je me casse loin dans le cosmos musical sinon je clamse.

Il y a des trucs qui permettent de survivre en temps de guerre. Mon fils c'est "the big Leibowsky". Dès que ça tourne pas rond, il regarde le film. En ce moment il le mate souvent et ça m'inquiète. Je ne dis rien parce que de mon côté, j'en fais autant.

Une fois que j'ai terminé "O Brother", des mêmes frères Coen, j'écoute ce blues qui transcendera le temps.

La première fois que je l'ai entendu, j'ai halluciné. Mon frangin qui regardait en même temps ce "Betty Boop" est devenu lui aussi fou de ce blues du fond des âges et de cet épisode sur "la reine des neige". On s'est regardé après et on savait qu'il nous le fallait fissa. Il fallait retrouver SAINT JAMES INFIRMARY.

Le dessinateur du Betty Boop en question a du prendre un trip sinon comment expliquer les images folles qui collaient si bien au spleen de ce morceau ? Ouaiche...tout le monde était fou dans cette séquence.



The gang'll know I died standing pat

Tout le monde (le gang) saura que je suis mort servi.

Terme que j'ai appris rapido quand je commençais à jouer au poker à LA. Tous les joueurs vous le diront, c'est un petit fantasme à la con la partie de rêve. Elle ne vous lâche plus même des heures après avoir rapatrié votre cul à la maison. Les "mains" défilent et défilent encore.

Et ce morceau au fait ? A qui appartenait cette version ? C'est là que c'est marrant.

Vous voyez, les juifs ont toujours le pif et je comprends tellement ces pauvres envieux qui se demandent comment ils peuvent sentir d'où vient le vent.

Des petits juifs, nés pauvres, venus en toute hâte de terres de misère où on les assassinait en masse. Pourtant ils étaient ouverts, aux aguets et demandeurs.

Pas coincés dans des habits de WASP à la con, les rues et leurs musiques leur donnaient du génie.

Isadore Minsky ALIAS Irving Mills fut l'un de ceux là. Et il y en eu une putain de palanquée croyez-moi.

Non seulement ce mec découvrit des talents incroyables comme Duke Elligton et Cab Calloway (pour ne citer qu'eux), mais il touchait à tout, même aux arrangements et à la composition.

Il avait du entendre cette balade qu'on attribue tantôt à des irlandais, tantôt à des british. Mais elle n'avait pas cette gueule là.

Sous le pseudonyme de JOE PRIMROSE, Irving Mills la remania de telle sorte qu'elle devint un putain de blues. Cette musique lente, cette douleur, ces paroles cyniques en font un véritable chef-d'oeuvre. On est loin du biniou irlandais et de Dame Moncul qui se lamente.

Dans ce joyau, c'est la rue, la violence, l'alcool et la douleur qui jactent.

Revoici le morceau. Plus convenu mais toujours aussi terrible par Louis Armstrong. Les dernières notes de trompettes du génie nous achèvent.



Une dernière chose sur Irving Mills. Il produisit un film un peu trop méconnu en France. Il date de 1943 ouaiche...en pleine guerre chez nous mais il fallait le faire sans doute.

STORMY WEATHER. Pur chef-d'oeuvre dans lequel n'apparaissent que des artistes noirs. Pas un blanc à l'horizon. Dans ce film, les Nicolas Brother font un numéro de danse INEGALEE A CE JOUR. Plus personne ne pourra faire mieux. Entre autres numéros bien sûr.

Mon grand chéri Fats Waller ne manque pas à l'appel et putain que c'est bon.