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Dans les collines de Judée, Etzion Bloc (Gush Etzion)

 

En souvenir d’une excursion à Gush Etzion avec Hannah et son  époux  

 

Le Etzion Bloc (ou Gush Etzion) est situé au cœur de l’Israël biblique, dans les collines de Judée, à mi-chemin entre Jérusalem, la ville de David, et Hébron, la ville des Patriarches. Etzion Bloc est implanté dans une région qui a toujours tenu une place centrale dans l’histoire du peuple juif, du temps des Patriarches (1900-1500 BCE) à la révolte de Bar Kochba (132-135 CE). Des communautés juives ont prospéré au sud de ces collines au cours de la période talmudique (300 BCE – 200 CE) jusqu’à la conquête de la Terre d’Israël par les Musulmans, au VIIe siècle. A Hébron, la présence juive a été continue des époques médiévales à nos jours, une présence confirmée par les pèlerinages à Jérusalem et ses environs.

Mais venons-en au XXe siècle. L’implantation juive dans le secteur s’est faite en trois temps :

I – Migdal Eder (1927-1929) est dû à l’initiative de religieux venus de Jérusalem. Des terres sont achetées à des Arabes dans le but de fonder un établissement agricole. Mais au cours de la révolte arabe de 1929, l’établissement est abandonné puis détruit.

II – Kfar Etzion (1934-1936). De vastes étendues de terres sont achetées et un village est fondé : Kfar Etzion. Mais au cours de la révolte arabe de 1936-1939, l’établissement est lui aussi abandonné puis détruit.

III – Etzion Bloc (1943-1948) marque une troisième tentative d’implantation. Elle débute en avril 1943 (date du début du soulèvement du ghetto de Varsovie) et sa croissance va s’opérer en quatre temps :

1 – Les conditions naturelles sont rudes et la proximité des Arabes inquiétante. Mais les membres du Bnei Akiva (un mouvement de jeunesse, sioniste et religieux, fondé en 1929) se sont préparés à cette vie. Un monastère allemand à l’abandon va servir d’abri aux fondateurs du kibboutz Kfar Etzion. Après quatre années d’efforts, la première récolte de fruits est célébrée. On construit des logements, un réfectoire, des espaces pour les enfants et un centre culturel, une hôtellerie, une citerne pour recueillir les eaux de pluie. Bref, le kibboutz ne cesse de croître et de multiplier ses activités.

2 – En octobre 1943, le kibboutz Massuot Yitzchak est fondé par de jeunes pionniers originaires pour la plupart de Hongrie et de Tchécoslovaquie. Une fois encore, la terre se couvre de milliers d’arbres, plantés sur des terrasses aménagées par ces pionniers.

3 – En octobre 1946, le kibboutz Ein Tsurim est fondé par le Bnei Akiva.

4 – En février 1947, le kibboutz Revadim est fondé par le Hashomer Hatzaïr (un mouvement de jeunesse, sioniste de gauche, né en 1913)

A l’automne 1947, Etzion Bloc se compose donc de quatre kibboutz de diverse importance. L’ensemble de ses membres dépasse les quatre cents. Il possède environ 2 500 acres de terre — un acre équivalant à environ à 4 000 m2.

 

Bnei AkivaSymbole du Bnei Akiva qui lie Torah et Terre d’Israël.

 

Le 29 novembre 1947 marque un tournant dramatique dans le développement d’Etzion Bloc. C’est en effet à cette date qu’est voté le United Nations Partition Plan for Palestine, avec trois entités politiques destinées à succéder au British Mandate for Palestine : Jewish territory / Arab territory / International territory (Jérusalem et ses environs).

Les Arabes rejettent la décision des United Nations. Ils ne veulent à aucun prix d’un État juif et multiplient les violences. Mohammed Amin al-Husseini s’est placé à la tête de la rébellion. Les Juifs laissent la charrue pour le fusil. Ils creusent et édifient des défenses. Les combats se multiplient dans tout le pays. Etzion Bloc devient un enjeu crucial.

Entre la résolution des United Nations (Partition Plan de novembre 1947) et la Déclaration d’Indépendance de l’État d’Israël (mai 1948), les attaques arabes contre Etzion Bloc ne vont pas cesser. La résistance de ces kibboutz soulage la pression exercée par les Arabes sur Jérusalem. Bien entraînée et bien équipée, la Arab Legion va porter le coup de grâce. Etzion Bloc est investi.

Brève chronologie des événements

11 décembre 1947. Quatre véhicules en provenance de Gush Etzion tombent dans une embuscade sur la route de Jérusalem. Dix Juifs sont tués. Ce sont les premières victimes d’une lutte qui va durer plusieurs mois.

5 janvier 1948. Femmes et enfants de Kfar Etzion et Massuot Yitzschak sont évacués vers Jérusalem avec l’aide des Britanniques.

13 janvier 1948. Un autre convoi en provenance de Gush Etzion est attaqué sur la route de Jérusalem. Deux Juifs sont tués.

14 janvier 1948. Des centaines d’Arabes pénètrent dans Etzion Bloc. C’est la première attaque d’envergure contre cet établissement. Ils sont repoussés et se débandent. Trois défenseurs sont tués.

16 janvier 1948. Un détachement à pied de trente-cinq hommes veut porter secours à Gush Etzion. Ils tombent dans une embuscade. A l’issue d’une lutte acharnée, tous succombent. Ils deviendront des héros de la Guerre d’Indépendance. Ci-joint, en lien, ‟A Bravery Fiercer than Death: The 35 Heroes of Gush Etzion” :

http://www.youtube.com/watch?v=CR3-sczuyZU

8 février 1948. Un petit avion parvient à se poser sur une piste de fortune près de Kfar Etzion. Il apporte un peu d’aide.

24-26 février 1948. La Jewish Agency propose aux hommes mariés leur transfert afin de réunir les familles. A l’issue de longues discussions, la proposition est rejetée.

26 mars 1948. Un convoi de cinquante-et-un véhicules tombe dans une embuscade à son retour vers Jérusalem. C’est le dernier convoi à avoir pu apporter de l’aide à Gush Etzion. Après une trentaine d’heures de combat, quatorze combattants juifs sont tués.

4 mai 1948. La Arab Legion appuyée par des Arabes du secteur lance une attaque massive contre Etzion Bloc. Douze défenseurs sont tués. Un poste avancé tombe avant d’être repris.

12 mai 1948. La Arab Legion appuyée par des milliers d’Arabes du secteur lance une attaque mieux organisée que les précédentes. Les positions avancées tombent. Les Arabes parviennent à s’infiltrer dans Etzion Bloc qui se trouve scindé en deux.

13 mai 1948. Les Arabes poussent principalement en direction de Kfar Etzion. Au cours de la matinée, les défenseurs repoussent plusieurs attaques. Dans l’après-midi, les assaillants parviennent à investir le kibboutz par la porte nord avec l’appui de véhicules blindés. Comprenant que tout est perdu, le commandant décide de faire cesser le combat dans l’espoir de sauver les survivants. Les prisonniers sont rassemblés près de l’ancien monastère allemand pour être photographiés avant d’être emmenés comme prisonniers de guerre. Soudain, des coups de feu éclatent en direction des prisonniers. Seuls quatre d’entre eux survivront à cette fusillade. Kfar Etzion est pillé et détruit.

14 mai 1948. Les trois autres kibboutz de Gush Etzion se rendent eux aussi à la Arab Legion. Leurs membres sont considérés comme des prisonniers de guerre. A leur tour, Massuot Yitzchak, Ein Tsurim et Revadim sont pillés et détruits.

1948-1967

Les membres des trois kibboutz sont libérés après neuf mois d’internement passés dans un camp de prisonniers de guerre gardé par les Jordaniens. La communauté de Kfar Etzion quant à elle a perdu plus de quatre-vingts de ses membres. Elle compte à présent de nombreux orphelins et de nombreuses veuves. Les survivants restent solidaires et décident de maintenir leur mode de vie. Ils s’établissent temporairement à Givat Haaliyah, dans les environs de Jaffa. Mais après quatre années d’efforts, ils décident de mettre fin à cette expérience. Quelques-uns fonderont le village de Nir Etzion, dans la région du Mont Carmel.

Le souvenir de Gush Etzion est maintenu, notamment à l’occasion de la cérémonie annuelle dans le Military Cemetery du Mont Herzl, à Jérusalem, au cours de laquelle sont prononcés les noms des deux cent quarante défenseurs de Gush Etzion morts au combat. Des excursions sont organisées le long de la frontière d’où on aperçoit le grand chêne qui marque l’emplacement de ce qui avait été un centre de vie juive. La mémoire de Gush Etzion est non seulement préservée, elle s’enrichit de diverses manières, notamment grâce à l’action de The Organization of the Survivors of the Etzion Bloc — voir The Gush Etzion Archives. Ci-joint, une riche suite iconographique montre la vie à Gush Etzion entre 1933 et 1948 :

http://www.gush-etzion.org.il/gushpics48.htm

De plus, des survivants parlent et consignent par écrit leurs témoignages. Le plus connu d’entre eux est un classique : ‟Siege in the Hills of Hebron”, sous-titré ‟The Battle of the Etzion Bloc” de Dov Knohl.

 

OLYMPUS DIGITAL CAMERAGush Etzion, le chêne emblématique qui servait de repère. Il est encore bien portant.

 

La guerre des Six Jours et le retour à Gush Etzion 

Alors qu’elles viennent de libérer et de réunifier Jérusalem, les forces israéliennes foncent vers ce qui avait été Gush Etzion. L’armée jordanienne ne tarde pas à se débander. Le camp jordanien installé sur les ruines de Kfar Etzion est investi. Gush Etzion est libéré le 7 juin 1967.

Un mois après la fin de la guerre, les enfants de Kfar Etzion se retrouvent au Military Cemetery de Jérusalem à l’occasion d’une cérémonie en l’honneur de Meir Shnur, un enfant de Kfar Etzion évacué en 1948 et tué au cours de la bataille d’Ammunition Hill, l’une des batailles les plus acharnées de la guerre des Six Jours. Ils jurent de revenir dans les collines de Judée et de faire revivre la communauté fondée par leurs parents. Ils  demandent l’autorisation à Levi Eshkol. Très ému, celui-ci hésite toutefois. Il soupèse les implications politiques d’une telle décision avant de leur donner son accord.

Le 27 septembre 1967, un groupe de pionniers se réunit au Military Cemetery de Jérusalem, sur la sépulture des défenseurs de Gush Etzion, avant de se rendre sur ce qui avait été la terre de leurs parents. Ils commencent par s’installer dans les baraquements jordaniens abandonnés. Les Arabes ont tout dévasté ; ils ont notamment déraciné les milliers d’arbres plantés par les Juifs. Ce premier hiver est marqué par d’abondantes chutes de neiges qui isolent Gush Etzion.

Des milliers d’arbres sont plantés. Kfar Etzion diversifie ses activités, tant agricoles qu’industrielles. Des Juifs de la diaspora viennent prêter main forte et s’installent dans ce kibboutz à l’histoire tragique, concentré de l’histoire du Peuple d’Israël en Terre d’Israël. A l’automne 1969, le kibboutz Rosh Tsurim est fondé sur l’emplacement du kibboutz Ein Tsurim. Moins d’un an plus tard, un troisième kibboutz, Alon Shvut, est fondé tout près du chêne emblématique. Fin 1974, un quatrième kibboutz est fondé. Il est nommé Elazar, en souvenir du frère de Judas Macchabée.

 Partition plan of palestine in 1947

 

Ci-joint, un lien intitulé ‟A History of Gush Etzion and the Massacre of Kfar Etzion” avec de nombreux liens (‟External Zionism Links”) :

http://zionism-israel.com/Gush_Etzion_Massacre.htm

Ci-joint, un article du Jerusalem Post (du 27-7-2009) intitulé ‟Gush Etzion – Inspiration from the lone oak” :

http://www.jpost.com/Israel-Guide/Jerusalem-Area-Tours/Gush-Etzion-Inspiration-from-the-lone-oak

Olivier Ypsilantis

2 thoughts on “Dans les collines de Judée, Etzion Bloc (Gush Etzion)”

  1. Passionnant l’histoire dramatique du Gush Etzion.
    “ils ont notamment déraciné les milliers d’arbres plantés par les Juifs” : toujours la même c….rie des mêmes. Terrible à dire comme constat.
    Très beau chêne que j’aimerais admirer de près … lol

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