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Encore un mot sur l’antisionisme

 

Je reste convaincu que l’amour de la France pour les Palestiniens tient en partie à un vieux sentiment de culpabilité qui traîne dans la maison France comme une mauvaise odeur venue d’un siphon bouché. Notre position de vainqueur au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, position bien ambiguë, et la volonté du général de Gaulle de remettre le pays sur les rails en commençant par ne pas bouleverser l’appareil d’État (position parfaitement défendable du point de vue de la raison d’État) auront permis de cacher la poussière sous le tapis.

La France a donc prospéré sur l’oubli, un oubli officialisé, contrairement à l’Allemagne qui, vaincue, s’est livrée à un examen de conscience systématique, avec sérieux et rigueur, pendant que la France se pavanait et se gaussait de son excellence morale (?!) forte de la « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen » et autres déclarations diversement tonitruantes.

 

 

Sans qu’ils le veuillent les Juifs nous rappellent de par leur simple existence certains mauvais souvenirs, car le peuple de la mémoire – le peuple juif – nage et surnage à contre-courant (relisez Alain Finkielkraut et son essai « Au nom de l’Autre – Réflexions sur l’antisémitisme qui vient ») ; autrement dit, il replace dans les mémoires ce que les mémoires auraient aimé oublier et définitivement effacer. Que faire alors ? Tout simplement se retourner contre ce qui embarrasse la mémoire, un processus que Liliane Messika a décrit dans un article intitulé « Le masque de l’antisionisme n’est pas hygiénique ».

Grâce à l’antisionisme bien des consciences se trouvent soulagées. Des citoyens d’obédiences fort diverses se papouillent et s’étreignent au nom de l’antisionisme. On est antisioniste pour diverses raisons mais aussi chez des de-souche (une fois encore je laisse pour l’heure de côté l’antisémitisme-antisionisme d’importation) pour faire du passé table rase… Les cris en faveur de la Palestine et l’invitation à l’indignation contre Israël permettent de laver plus blanc que blanc, le blanc de l’amnésie, l’amnésie qui autorise l’acceptation de everything and anything, les manipulations en tous genres.

La délégitimation d’Israël est constante et ne pas s’adonner à cet exercice d’une manière ou d’une autre, tantôt bruyante et tantôt sournoise, fait de vous un individu suspect, un facho. Dans bien des petites têtes un sioniste est un facho – j’ai rempli un carnet de remarques à ce sujet. Qu’est-ce que la France espère gagner ce faisant, avec cette presse mainstream toujours palestiniennement correcte et occupée à fouiller Israël comme l’administration pénitentiaire fouille ses prisonniers ? Oui, la France se comporte en maton envers Israël. Il serait préférable qu’elle s’occupe plus de ses problèmes et cesse de faire le joli cœur sur la scène internationale tout en demandant à son miroir si elle est la plus belle…

L’ignorance au sujet d’Israël est quasi générale ; mais les mamies et les papys les plus cool ont leur petite idée sur la question. Normal. Elles et ils sont sans cesse soumis aux appareils de propagande gouvernementaux. Ce ne sont pas des déclarations violentes mais des insinuations constantes, ce qui est beaucoup plus efficace.

L’Israel bullying permet par ailleurs d’évacuer tous les degrés de mauvaise conscience que l’Europe peut avoir vis-à-vis les Juifs. Ce phénomène a été analysé par les plus clairvoyants parmi lesquels Shmuel Trigano. Le mélange ignorance et posture morale creuse une fosse à merde dans laquelle c’est toute une société qui patauge. Le KGB a fait du bon boulot en 1967 : tous ces ignares ne savent pas qu’ils sont des sous-produits de la propagande soviétique.

Liliane Messika a raison de rappeler l’histoire de Ion Mihai Pacepa le trop oublié, et elle m’a rafraîchi la mémoire. Ion Mihai Pacepa, collaborateur de Nicolae Ceaușescu, fuit son pays en juillet 1978 pour se rendre aux Américains. Sa tête est mise à prix par le dictateur roumain, soit deux millions de dollars ; mais deux autres individus ajoutent chacun un million de dollars, ces deux individus : Yasser Arafat et Mouammar Khadafi. Mais pourquoi ? Ion Mihai Pacepa avait déclaré détails à l’appui que le « peuple palestinien » était une création du KGB.

« The Kremlin’s Legacy » (1993) de Ion Mihai Pacepa raconte la mise sur pied d’une stratégie anti-israélienne (dès 1964), Israël étant considéré par les Soviétiques comme une base avancée des États-Unis au Proche-Orient. Il fallait non pas aider les Arabes à rejeter les Juifs à la mer (ce qui aurait pu déclencher un mouvement de sympathie envers Israël) mais se montrer plus insidieux et activer toute une propagande en commençant par créer un « peuple palestinien » et soutenir sa cause via l’O.L.P. et son chef Ahmed Choukeiry l’incompétent (imposé par les Syriens), vite remplacé par Yasser Arafat le compétent (imposé par les Égyptiens). Cette propagande prendra au-delà de toute espérance.

 

 

Mais, question. Le KGB avait-il envisagé toutes les conséquences de ce plan ? Je ne sais pas et j’en doute. Avait-il songé que l’État français et ses appareils de propagande se saisiraient de la « question palestinienne » pour se disculper de leur attitude ambiguë au cours de l’Occupation, et plus particulièrement sur la « question juive » ? Cette propagande initiée par les Soviétiques est toujours active, elle a métastasé. Elle touche des populations par ailleurs indifférentes à tout ce qui ne menace pas leur petit confort, je le dis, le redis et le redirai. Il faut s’interroger en partant de ce constat et toute la pelote se dévidera…

La propagande pro-palestinienne trouve chez nous des légions d’idiots utiles, essentiellement et doucereusement manipulées par les appareils d’États. Car si les médias radicaux m’inquiètent, les médias au ton doucereux m’inquiètent autrement plus. Le ton doucereux et douceâtre des médias de masse devient le ton accepté, la norme sociale. Je le redis, on est antisioniste comme on était antisémite. Et attention camarade, je n’ai pas dit que : antisionisme = antisémitisme et inversement bien que… Je dis simplement que l’antisionisme est devenu une norme sociale comme l’était l’antisémitisme. Aujourd’hui l’antisionisme va de soi pour le gros de la troupe. On est antisioniste comme on est antifasciste. Et c’est reparti, on vogue sur les flots de la confusion et de l’ignorance, avec célébration de la confusion et de l’ignorance.

C’est tout un lexique manipulé par les médias mainstream qui pénètre les têtes. On sait depuis longtemps mais surtout depuis les totalitarismes du XXe siècle que pour préparer la soumission il faut trafiquer les mots. Quelques néologismes font certes leur apparition mais c’est surtout le glissement de sens de certains mots par ailleurs sans cesse répétés qui se montre le plus efficace. Armand Robin a fort bien analysé ce processus dans « La fausse parole », la propagande stalinienne en l’occurrence, propagande qui a laissé des traces profondes dans les mécanismes de la propagande antisioniste. Armand Robin, l’écouteur des radios internationales sur ondes courtes…

Le Juif d’Israël est un colon, un colonisateur, le « peuple palestinien » est victime d’un génocide ou, tout au moins, d’un apartheid ; et puis il y a les territoires occupés, etc., etc. Il faudra dresser une liste exhaustive de tout un lexique et étudier la trajectoire de chacun de ses mots et expressions avec exemples à l’appui, des exemples relevés dans les médias mainstream car je laisse de côté pour l’heure les groupes et groupuscules diversement enragés. Ce qui m’intéresse pour l’heure, c’est le gros de la troupe, la citoyenne lambda, le citoyen lambda, Madame et Monsieur Michu, autant de petites caisses de résonance. Je les observe, les lis, les écoute, les visionne et prends note du conformisme et de la soumission. Alors, poussons notre cri de résistance et de ralliement :

Si omnes ego non !

 Et méditez ces paroles de la chanson de Bob Dylan, « Neighborhood Bully » (1983) :

Well, the neighborhood bully, he’s just one man
His enemies say he’s on their land
They got him outnumbered about a million to one
He got no place to escape to, no place to run
He’s the neighborhood bully

The neighborhood bully just lives to survive
He’s criticized and condemned for being alive
He’s not supposed to fight back, he’s supposed to have thick skin
He’s supposed to lay down and die when his door is kicked in
He’s the neighborhood bully

The neighborhood bully been driven out of every land
He’s wandered the earth an exiled man
Seen his family scattered, his people hounded and torn
He’s always on trial for just being born
He’s the neighborhood bully

Well, he knocked out a lynch mob, he was criticized

 

Olivier Ypsilantis

1 thought on “Encore un mot sur l’antisionisme”

  1. Merci pour ce beau texte, qui résume absolument tout – et déconstruit la plus grande arnaque de l’après-guerre : “l’antisionisme”.
    Clairvoyance absolue du Dylan de 1983 (après les trois années d’errance “born again”, 1978-1981)
    Shalom
    Ivri

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