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Cette pourriture antisioniste issue de la gauche

Cet article a été largement inspiré par des considérations de Simon Epstein, homme d’intelligence mais aussi de courage – l’anti-langue-de-bois.

 

En France, l’antisémitisme et l’antisionisme intellectuels ne sont pas des spécificités de l’extrême-droite. Ils prospèrent assez joliment à l’extrême-gauche (notamment avec les communistes et les trotskystes) et donnent des floraisons diverses qui s’entremêlent.

Petit rappel historique. En 1947, l’U.R.S.S. vote aux Nations Unies la création de l’État d’Israël, de l’État juif, de l’État des Juifs. Les intellectuels communistes français, alors soumis à Moscou, ne trouvent rien à redire. Lorsque l’U.R.S.S. se met à diversement donner dans l’antisionisme voire l’antisémitisme, ces mêmes intellectuels suivent docilement. Lors du « Complot des Blouses blanches », en 1953, peu avant la mort de Staline, le P.C.F. se met à cirer avec vigueur les bottes soviétiques, dénonçant le « cosmopolitisme juif » et le « sionisme », des accusations graves parmi d’autres accusations graves dans l’U.R.S.S. de Staline. Les communistes juifs sont de la partie. Très aimablement convoqués par le P.C.F., ils sont propulsés sur le devant de l’estrade. En effet, ce faisant, le régime soviétique accuse Israël et le sionisme en se prémunissant dans un même temps de toute accusation d’antisémitisme, puisque des Juifs eux-mêmes, etc., etc. Ces Juifs poussent la servilité à un degré extrême : ils déclarent tout bonnement que des médecins juifs pourraient être des empoisonneurs puisque le Dr. SS Josef Mengele, médecin-chef du camp d’Auschwitz, l’avait été… Bref, selon eux, on ne peut exclure que des Juifs, et surtout des Juifs « sionistes », aient voulu empoisonner les dirigeants soviétiques. Les organisations juives communistes font monter la sauce – parmi elles, l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (U.J.R.E.). La mort de Staline réveille une bonne partie de ce petit monde qui se frotte les yeux et se demande comment il a pu se laisser entraîner dans pareille affaire.

Avec la guerre des Six Jours (1967), les slogans antisémites et staliniens du début des années 1950 sont recyclés. Les communistes français, toujours alignés sur Moscou, ne contestent pas vraiment le droit d’Israël à exister mais multiplient les sous-entendus doucereux et néanmoins fielleux, en 1967 donc, puis en 1973 (avec la guerre du Kippour), en 1982 (avec la première guerre du Liban), en 2006 (avec la deuxième guerre du Liban), sans oublier les Intifada, la Première (1987-1993) et la Seconde (2000-2005), et les opérations liées à Gaza.

 

 

Simon Epstein fait remarquer que c’est au cours des années 1980-1990 que l’influence politique du P.C.F. déclina et sous un double effet, interne et externe. Interne, avec l’élection de François Mitterrand, au printemps 1981, qui activa le Programme Commun (Programme Commun de gouvernement du Parti communiste et du Parti socialiste), ce qui réduisit gentiment l’influence politique des Communistes (de ce point de vue, François Mitterrand se révéla très fin politique). Externe, avec la dislocation de l’Empire soviétique, en 1990-1991. A ces deux facteurs, j’en ajouterai un autre, qui s’étend sur une longue période, la transformation de la société française (pour ne citer qu’elle) et l’effacement progressif du monde ouvrier, principal votant du P.C.F. – je n’ose faire usage du mot prolétariat. Le P.C.F. en mal de « prolétaires » chercha d’autres protégés et son choix s’arrêta sur « les fils et petits-fils de la grande immigration islamo-maghrébine des années 1960 et 1970 ». Et pour rameuter, rien de mieux qu’activer l’antisionisme en sachant par ailleurs que la cloison qui le sépare de l’antisémitisme est fort poreuse. Héritier des techniques de diffamation stalinienne, le P.C.F. s’y entendit, principalement avec son quotidien « L’Humanité », pour vitupérer Israël et les sionistes, Juifs et non-Juifs. Et pour ne pas risquer d’être accusé d’antisémitisme et faire diversion, on se mit à jouer de la grosse caisse, à crier au loup, à dénoncer le racisme anti-arabe et à élaborer un mot de propagande qui a envahi les médias de masse, soit radio, télévision, presse écrite : « islamophobie », une injure et une accusation assenées tout de go, selon une technique parfaitement stalinienne. On se souvient de : « ennemi du peuple », « saboteur », « espion de l’impérialisme », entre autres accusations auxquelles viendra s’ajouter… « sioniste ».

Les communistes qui se trouvent en manque de protégés nous font des grossesses nerveuses à répétition et s’empressent auprès de leurs chouchous. On n’est jamais assez tolérant avec leur coqueluche. Il faut acquiescer à leurs moindres faits et gestes et la justice du pays doit les traiter avec une douceur particulière. Pour séduire plus encore cet électorat, on rajoute une couche d’antisionisme plus ou moins radical, et cet antisionisme est devenu un élément central de ce qui est bien du clientélisme.

Passons aux trotskystes. Eux aussi pratiquent l’antisémitisme militant mais d’une autre manière ; et leur nombre augmente à mesure que décline celui des communistes, et selon le principe des vases communicants. Ils seraient aujourd’hui, malgré leurs divisions, la principale composante de l’extrême-gauche en France. Comme le précise Simon Epstein, les trotskystes propagent un antisionisme qui remonte aux années 1920 et qui n’a jamais été tempéré par les phases pro-israéliennes des communistes, au tout début de l’existence d’Israël, à la fin des années 1940 donc. Les trotskystes n’ont jamais accepté l’existence de l’État d’Israël. Eux aussi pratiquent un clientélisme forcené auprès des communautés arabo-musulmanes de France : il s’agit de remplacer leur base électorale, une classe ouvrière qui s’est embourgeoisée et dont ce qu’il en reste est plutôt séduit par le Front National.

 

 

Les communistes restent attachés à un certain narratif historique, nous rappelle à raison Simon Epstein, un narratif antinazi. Certes, il y eut le Pacte germano-soviétique, mais aussi les sacrifices terrifiants de l’Armée rouge de juin 1941 à mai 1945, sans oublier le courage de nombre de membres de la Résistance communiste en France et autres pays occupés. Profitons-en néanmoins pour rappeler qu’en France le nombre de leurs victimes a été terriblement exagéré, avec cette légende, « le Parti des 75 000 fusillés », légende volontiers gobée et qui tendait à vouloir accaparer toutes les actions de la Résistance dans laquelle figuraient nombre d’anti-communistes. Le narratif trotskyste se garde généralement d’évoquer la Shoah et sa spécificité pour tout englober dans la désignation fourre-tout : « victimes du fascisme » – « victimes du nazisme » serait mieux approprié, me semble-t-il. Simon Epstein : « Il n’en reste pas moins que l’antinazisme, dans toutes ses implications, fait partie de l’héritage idéologique et culturel de plusieurs générations de communistes français. Nul n’oublie, ainsi, que c’est sur l’initiative d’un député communiste, Jean-Claude Gayssot, que fut votée, en 1990, une loi permettant la répression judiciaire de la négation de la Shoah. »

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les trotskystes s’en sont tenus pour la plupart au principe de neutralité, étant entendu que le prolétariat n’avait rien à gagner en s’engageant dans une lutte qui opposait deux adversaires pareillement détestables : l’Allemagne nazie et les Anglo-américains, des traîneurs de sabres à mettre dans le même sac… Quant à la situation particulière des Juifs dans l’Europe occupée, elle n’entra à aucun moment dans leurs préoccupations. Ce narratif se poursuivit après la guerre : deux impérialismes pareillement détestables, un narratif qui pour ne pas perdre de sa « crédibilité » devait continuer à taire la Shoah (et autres atrocités nazies) et à faire comme s’il ne s’était rien, vraiment rien passé… Notons au passage que, jusque dans les années 1980, nombre de responsables trotskystes sont juifs. « S’abstenir de toute évocation du malheur juif les aide – pensent-ils – à camoufler leur origine et à se poser en authentiques militants internationalistes ». Mais, surtout, mettre la Shoah au placard leur permet de préserver leur analyse « équilibrée » – viciée – de la Seconde Guerre mondiale et de ces deux impérialismes antagonistes pareillement détestables. Considérant ce cadre mental, on ne sera pas étonné de constater que certains négationnistes sont originaires de l’extrême-gauche. Le négationnisme n’est pas une spécificité de l’extrême-droite.

 

 

Mais attention ! L’extrême-gauche en France sait instrumentaliser la Shoah, notamment en période électorale. Et Simon Epstein nous signale deux cas « lourds de signification l’un comme l’autre, et qui procèdent d’une même logique » :

Premier cas. En 1984, alors que le Front National de Jean-Marie Le Pen connaissait des succès, l’extrême-gauche s’empressa d’évoquer la Shoah, d’autant plus que si l’extrême-droite balançait des boules puantes en direction des Juifs, elle pointait du doigt le danger de l’immigration arabo-musulmane. L’extrême-gauche s’empressa donc, Shoah à l’appui, de coller une croix gammée sur le parti de Jean-Marie Le Pen et, plus important, de s’émouvoir des atrocités nazies dans le but de combattre le racisme anti-arabe… Simon Epstein : « Dans l’esprit des trotskystes, et plus généralement dans l’esprit de l’extrême-gauche française, la Shoah avait enfin trouvé son utilité historique. Elle permettait de flétrir l’ignominie du racisme et donc de protéger les communautés afro-maghrébines contre l’extrême-droite française. »

Deuxième cas. La première et, plus encore, la deuxième Intifada furent l’occasion pour les trotskystes d’agiter la Shoah en déclarant à tue-tête et à tout-va que, grosso-modo, les Israéliens faisaient aux Palestiniens ce que les nazis avaient fait aux Juifs… Une fois encore, la Shoah avait enfin trouvé son utilité historique. L’évocation de la Shoah qui avait servi à « protéger » les Arabes de France servait à présent à « protéger » les Arabes de Palestine. Simon Epstein : « Dans les deux cas, les souffrances juives sont instrumentalisées au service d’une stratégie de complaisance à l’égard de la population arabo-musulmane de France ». On espère ainsi gagner des voix, se requinquer par le clientélisme.

 

Olivier Ypsilantis

1 thought on “Cette pourriture antisioniste issue de la gauche”

  1. Le courrier suivant m’a été adressé par Patricia Amardeil. Je le publie ainsi car un problème technique l’a empêché de le publier directement :
    “Merci Olivier pour cette synthèse sur l’antisionisme/antisémitisme de gauche à partir des considérations de Simon Epstein. On méconnaît souvent la prégnance de ces idées dans la société, elles ont la force de l’évidence, agissent comme un ciment entre les gens, c’est LA vérité qu’il n’est pas nécessaire de rappeler puisque “tout le monde le sait”… Derrière ces discours complices on dénonce à l’infini “l’impérialisme intolérant d’Israël” et, en pointillé, “l’illégitimité de cet État perturbateur de la paix au Moyen-Orient”… En milieu scolaire, on commence à accepter de nommer (avec prudence pour éviter d’être traité d’islamophobe) cet antisionisme/antisémitisme de certains élèves dans certains quartiers…. Reste le tabou absolu, l’antisionisme militant de certains enseignants. Le pouvoir du professeur est immense car il renforce et apporte une caution intellectuelle aux préjugés des élèves. Il faut préciser que ces enseignants, souvent militants syndicalistes du SNES, n’appartiennent pas aux classes défavorisées comme le montre le cas du Lycée français de Madrid où le SNES n’hésitait pas, entre autres, à lancer des appels au BDS sur son tableau d’affichage syndical (Cf. Le récit que nous avons fait, il y a quelque temps, sous le titre Misère de l’antisionisme ordinaire. L’exemple d’un grand lycée à l’étranger.) … Ils sont simplement le reflet de la France ordinaire !”

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