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L’Affaire Georges Bensoussan – 2/2

 

J’insiste donc et affirme que Georges Bensoussan était attendu au tournant suite à la publication de ces livres qui dénoncent un certain antisémitisme, celui de « la diversité ». Curieusement, cet antisémitisme ne peut être à présent dénoncé que par l’euphémisme et la circonlocution, et encore… Malgré les attentats, dont celui perpétré par Mohamed Merah, ces figures de style restent de rigueur. D’une manière générale, les pouvoirs nous invitent à reconnaître les bienfaits de l’islam (sic), son immense apport à la culture mondiale (sic) et tout ce que nous lui devons (sic). Le Vivre-Ensemble et la Tolérance sont placés sur un autel devant lequel nous sommes invités à faire nos dévotions tandis que l’esprit critique est invité à gagner le placard et à y rester.

 

http://www.memorialdelashoah.org/archives-et-documentation/publications/la-revue-dhistoire-de-la-shoah.html

 

Georges Bensoussan, rédacteur en chef de la « Revue d’histoire de la Shoah » (voir lien ci-dessus), a donc eu « le tort » de rendre compte d’un autre antisémitisme et, ainsi, de salir la douce image du Vivre-Ensemble. Je rappelle que la « Revue d’histoire de la Shoah » a également publié un numéro sur le génocide des Arméniens (voir image ci-dessus), un autre sur celui des Tutsis, un autre enfin sur le massacre des Tziganes, autant de dossiers qui feront date.

J’insiste. On accuse l’historien de la Shoah Georges Bensoussan de ne pas être resté strictement un historien de la Shoah et d’avoir montré que l’antisémitisme en France avait muté. C’est bien la face cachée et le fond de cette affaire, je l’affirme haut et fort. Georges Bensoussan enfonçait le clou en précisant que cette haine était inscrite dans la culture arabo-musulmane, une affirmation dont je pourrais témoigner de mon point de vue espagnol après enquêtes dans des communautés marocaines qui prolifèrent à présent dans le pays.

Mais de quoi nous plaignons-nous ? Ne devrions-nous pas célébrer le Vivre-Ensemble, encadrés par les bataillons du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (M.R.A.P.), de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (L.I.C.R.A.), de S.O.S. Racisme et de la Ligue des droits de l’homme (L.D.H.) ? Ces bataillons dirigés par le Collectif contre l’islamophobie en France (C.C.I.F.) se sont donc dirigés en rangs compacts et au pas cadencé vers la XVIIe Chambre correctionnelle pour y dénoncer Georges Bensoussan, pour y dénoncer la Réaction.

Bref retour en arrière, avec le débat sur France Culture où Georges Bensoussan rapporte le propos d’un sociologue, Smaïn Laarcher (dont il célèbre le très grand courage) : « C’est une honte de maintenir ce tabou, à savoir que dans les familles arabes en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l’antisémitisme on le tète avec le lait de la mère ». Je sais qu’en Espagne, il en va ainsi dans les familles marocaines, plus précisément arabes ; car dans les familles berbères, j’ai plus rarement rencontré cette véhémence envers les Juifs. J’y ai même assez souvent trouvé une volonté de réflexion et un esprit critique dont les Arabes font l’économie, pris qu’ils sont dans leurs mantras anti-judaïques, antisémites et antisionistes.

Georges Bensoussan n’est pas le premier à dénoncer cette mentalité bien ancrée dans les populations arabes, maghrébines en particulier. D’autres intellectuels l’ont fait, mais ils ont été poussés de côté au nom du politiquement correct, afin de protéger la paix sociale (sic) et, à l’occasion, de petites affaires qui ne peuvent prospérer qu’à l’ombre du Vivre-Ensemble. C’est ainsi. Et puis sur le dos du Juif et d’Israël, les larrons finissent toujours par s’entendre, la racaille d’en-haut et la racaille d’en bas se courtisent discrètement.

Mon langage verse dans le populisme me fera-t-on remarquer. Fort bien. Mais je vous donnerai une définition précise du mot « populiste » que vous ânonnez comme vous avez ânonné le mot « fasciste » ou « réactionnaire » sans même avoir interrogé leur généalogie. Il est vrai que votre position morale (je suis le représentant du Bien, mes ennemis sont donc les représentants du Mal) vous épargne l’étude, historique en particulier. J’envie votre paresse ! Mais je vous signale que le fil de votre épée est émoussé et que la poignée de votre bouclier risque de lâcher.

L’antisémitisme et l’antisionisme sont de formidables liants ; je n’en connais pas de meilleurs. Et lorsque paraît le Palestinien, fine fleur de l’Opprimé, on se lance dans une java du diable où le bourgeois côtoie le prolo. Haro sur le baudet ! Haro sur Israël !

Mais je me suis égaré et j’en reviens à Georges Bensoussan. Dans un article intitulé « Affaire Bensoussan : au bal des faux-culs antiracistes » sous titré « SOS Racisme et la Licra au secours du CCIF », Jacques Tarnero signale à juste titre que la seule erreur de l’historien fut de ne pas reprendre exactement les mots que le sociologue algérien Smaïn Laacher prononça dans un documentaire diffusé par FR3.

Le constat de Georges Bensoussan est un constat culturel (je fais le même depuis des années) et en aucun cas un constat raciste (biologique). Raciste, la condamnation suprême que l’on assène à tout propos à ceux et à celles qui dérangent. C’est l’un des mots qui tend à remplacer fasciste, un mot qui souffre d’une certaine usure et même d’une usure certaine suite à un usage inconsidéré depuis quelques décennies. Il faut remonter au régime stalinien pour en observer la naissance.

Sous ce procès se dessinent deux choses, deux continents de haine et de ressentiment. On reproche à Georges Bensoussan de ne pas s’en être tenu à l’étude de la Shoah et d’être allé fourrer son nez dans le monde arabo-musulman (rappelons à tout hasard que cet historien est originaire du Maroc), et plus généralement musulman, dans leurs rapports avec les Juifs, une immense enquête qui apporte quelques nuances au Vivre-Ensemble et à la religion « de paix, d’amour, de tolérance ».

On lui reproche indirectement (ce sont des reproches masqués portés par des lobbies masqués) d’avoir enquêté et d’avoir élaboré ce dossier intitulé « Les territoires perdus de la République », sous-titré « Antisémitisme, racisme et sexisme en milieu scolaire ». Comme je l’ai écrit, ce constat froid dérangea de leur sieste les On-est-tous-frères-Touche-pas-à-mon-pote et montrait les terribles faiblesses (les terribles paresses) d’une République persuadée de son excellence. Et je passe sur les autres publications de cet historien qui portent sur cette question.

Georges Bensoussan l’enquêteur inlassable a donc eu le tort de fourrer son nez là où personne ne doit le fourrer, hormis ceux qui récitent ce qu’on leur a demandé de réciter sous peine d’être ostracisés. On attaquait aussi Georges Bensoussan (bien que dans une moindre mesure) pour son travail sur le sionisme, publié en 2002 : « Une histoire intellectuelle et politique du sionisme – 1860-1940 », une publication non moins imposante que « Juifs en pays arabes : le grand déracinement – 1850-1975 ». Par ce travail monumental, l’historien montrait l’immense diversité (et complexité) du sionisme, il montrait (l’air de rien) que le sionisme dépassait infiniment la figure répréhensible à laquelle des masses (et pas seulement arabes et musulmanes, loin s’en faut) le réduisent.

Jacques Tarnero interroge : « Comment un État, la France, qui combat militairement le djihadisme après avoir été attaquée sur son propre sol par le terrorisme islamiste, peut-elle, dans le même temps, faire un procès à ceux qui dévoilent les stratégies de diffusion de son idéologie ? Comment la justice peut-elle accorder un crédit aux accusations de racisme énoncées par ceux-là même qui sont les promoteurs de la haine antijuive et antifrançaise ?  Comment peut-elle être à ce point aveugle devant la manipulation des mots, le dévoiement des institutions, celui des règles démocratiques visant justement à les retourner contre la première des libertés qui est celle de penser librement ? »

Des interventions à charge (contre Georges Bensoussan) ont bien sûr évoqué « la question palestinienne », à commencer par celle de Mohamed Sifaoui, un adversaire de l’islamisme (et menacé de mort par ce dernier) qui se retrouva assis à côté du C.C.I.F. qu’il avait durement dénoncé en juillet 2015 ! L’avocat du C.C.I.F. interpella Georges Bensoussan de la manière suivante : « Les Juifs ne tuent pas d’Arabes ? Et en Palestine ? » Il est vrai que l’avocat aurait eu tort de s’en priver : les Juifs (les Israéliens) étant accusés (soit ouvertement, soit indirectement, voire subliminalement) d’être des tortionnaires et des génocidaires du « peuple palestinien » (une désignation que je place entre parenthèses, et ceux qui me lisent savent pourquoi), un « argument » massif que les masses ont assimilé, un « argument » particulièrement efficace donc à l’ère des masses…

Derrière le procès de Georges Bensoussan, c’est Israël et le sionisme qui sont visés, le sionisme dont Georges Bensoussan est l’un des meilleurs historiens. Georges Bensoussan et Cie sont accusés d’être des grains de sable qui dérangent un certain mécanisme dans lequel ils sont si nombreux à verser de l’huile… Georges Bensoussan est un fauteur de troubles comme le sont tous ceux qui étudient et qui donc refusent tous les catéchismes. Pourquoi ne s’est-il pas contenté de rester ce qu’il était, un historien de la Shoah, cette « vieille histoire » qui bientôt n’intéressera plus personne ?

Je mets en lien une intervention de Georges Bensoussan publiée sur le site « Causeur », le 13 février 2017, et intitulée « Antisémitisme : appelons les choses par leur nom – Réponse à Alain Jacubowicz ». Georges Bensoussan y dénonce notamment l’emploi distordu qu’il est fait de l’interprétation du mot « raciste », brandi à tout propos (du culturel on le fait passer allègrement au biologique). Il dénonce aussi les méthodes strictement staliniennes mises en œuvre ainsi que la décontextualisation des propos (écrits ou oraux) qui permet de mettre qui l’on veut au pilori. Georges Bensoussan termine sa réponse sur une citation du cardinal de Richelieu : « Donnez-moi six lignes écrites de la main du plus honnête homme, j’y trouverai de quoi le faire pendre ». Mais lisez :

http://www.causeur.fr/antisemitisme-licra-jacubowicz-antiracisme-42610.html

 

Autre œuvre monumentale élaborée par Georges Bensoussan, plus de mille pages d’une grande densité. Le livre est paru en 2002.

 

Ci-joint, une présentation du géopoliticien Alexandre del Valle. Elle m’a été envoyée par un ami alors que je venais d’apporter une dernière touche au présent article. Je l’ai jugée bienvenue : elle prolongeait ce que je venais d’écrire. Cette présentation est passionnante tant par son amplitude que sa précision et elle me trouble : je ne parviens pas à trouver le moindre point de désaccord ; et tout en l’écoutant, j’ai le sentiment qu’il lit dans mes propres pensées :

https://www.youtube.com/watch?v=3JNGrqVcxvQ&authuser=0

 

Olivier Ypsilantis

 

4 thoughts on “L’Affaire Georges Bensoussan – 2/2”

  1. Bel article Olivier, encore une fois tu analyses de manière fouillée les mécanismes de l’islamo-gauchisme.
    Sur ce sujet, je voudrais signaler à tes lecteurs un excellent article de Gilles William Goldnadel :
    Billet ACTUALITE JUIVE – N° 1425 – Jeudi 23 février 2017
    L’hémiplégie morale du notable, cette maladie incurable
    http://blognadel.over-blog.com/2017/02/l-hemiplegie-morale-du-notable-cette-maladie-incurable.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail
    On le sait, les mots ont une importance capitale dans ce débat (Cf. Victor Klemperer, LTI, la langue du Troisième Reich). Georges Bensoussan en résumant parfaitement ce qu’avait dit Smaïn Laacher a employé l’expression : « …dans les familles arabes …l’antisémitisme on le tète avec le lait de la mère”. Il est traîné devant la justice pour “incitation à la haine raciale”… C’est cousu de fil blanc.
    Dans un de ses livres à paraître en français, Lettre à la mère, Edith Bruck utilise deux fois l’expression : « téter le lait d’Auschwitz » :
    “Si j’avais une fille, elle serait peut-être comme Sara, la très jolie Sara qui a tété le lait d’Auschwitz.”
    Plus loin :
    “La Canadienne ne sort jamais de chez elle, de crainte d’être épiée, raflée, emmenée. Sa fille l’approuve. Elle aussi a tété le lait d’Auschwitz, comme Sara, mais Golda n’est pas paranoïaque.”
    Aucun lecteur d’Edith Bruck ne peut se méprendre sur le sens de ces métaphores. Auschwitz n’a pas contaminé le sang et donc le lait des survivants de la Shoah et de leurs descendants mais leur culture familiale.
    À propos de Smaïn Laacher qui avait décrit sans concession la transmission de l’antisémitisme dans les familles arabes, il faut que la pression soit forte dans son milieu d’origine et plus encore à l’université pour qu’il ait pu dire que Georges Bensoussan lui avait fait tenir sur France-Culture des propos qui sont une « ignominie ».
    Il y là quelque chose de tragique. La peur constitue une puissante alliée pour les inquisiteurs de tout poil. Elle exploite chez l’individu une fragilité profonde, consciente ou non, d’où la schizophrénie qui en découle pour l’individu concerné qui sait que, pour être accepté, il doit se renier…
    Si le 7 mars prochain, comme le dit Alain Finkielkraut, l’académicien courageux, le tribunal cède, ce sera une catastrophe intellectuelle et morale.
    Je reviens au lycée français de Madrid où depuis notre dernière publication sur ton site : « Epilogue à Misère de l’antisionisme ordinaire », une enseignante de français a été qualifiée à son tour de « La Juive » dans une lettre anonyme qui, d’après les informations qu’elle contient, ne peut que provenir d’un autre professeur du lycée. La direction dans un courrier aux enseignants parle de « racisme », le mot antisémitisme est tabou. Il y a au moins un/une antisémite au lycée français de Madrid, mais aussi une grande quantité de lâches. Les professeurs de cet établissement, si enclins à la pétition d’ordinaire, n’ont pas osé manifester leur soutien à cette enseignante en condamnant fermement l’antisémitisme dans un courrier collectif. Ils ne l’avaient pas fait non plus lorsqu’un autre enseignant de français avait reçu un courrier anonyme de même nature. Peur du regard de l’autre dans une salle des profs où règne l’antisionisme le plus primaire, où l’appel au BDS est affiché sur le tableau du SNES sans complexe. Peur de se déclarer ouvertement contre toute forme d’antisémitisme parce qu’au fond, pour les antisionistes d’extrême gauche et ils sont légion au lycée français de Madrid, l’antisémitisme est bien « mérité », les Juifs étant pour beaucoup, peu ou prou, attachés à l’état d’Israël.

  2. “Faire de Bensoussan un raciste (alors que par ailleurs il est en France l’un des grands historiens de la shoah) poursuit le même objectif symbolique que le négationnisme: disqualifier son travail en le destituant de son statut. Son travail d’historien ne saurait être valide puisque justement produit par un raciste et cette shoah dont on nous abreuve tant saurait-elle faire oublier d’autres souffrances nées de la colonisation ?”
    Extrait de l’article de Jacques Tarnero, publié sur le blog de Kravi:
    http://dovkravi.blogspot.co.il/2017/03/le-mauvais-proces-fait-georges.html#more

  3. Vos articles sont formidables mais il est urgent de corriger dans celui-ci “sociologue algérien”, car, vous l’avez écrit dans un autre article, il est Français, d’origine algérienne, et certains commencent à gloser sur cette erreur commise aussi par les témoins de Georges Bensoussan, lors de son procès, en criant au racisme, prétextant qu’on lui dénierait sciemment sa nationalité… Pill

    1. Un grand merci. Je vais faire le nécessaire. A dire vrai, je m’y perd un peu dans ces histoires de racisme 🙂

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