ZWEIG TOUJOURS HONORE

ZWEIG TOUJOURS HONORE

Messagepar Nina » Août 10th, 2016, 10:33 pm

Un film sur les derniers instants de Stefan Zweig vient de sortir.

Réalisé par Maria Schrader, elle est interviewée pour donner une idée de ce qu'elle aura voulu retranscrire des derniers moments du grand écrivain.

À mon sens, la dernière partie de sa vie peut être lue comme un récit allégorique de l'exil. Zweig avait échappé à la guerre, mais a été malgré tout ravagé par elle. Il vivait en sécurité dans un paradis tropical, entouré de perroquets et de bananiers, mais il ne supportait pas l'idée qu'à l'autre bout du globe, l'Europe s'autodétruisait. Zweig était profondément pacifiste, célèbre dans le monde entier, mais seul. Son suicide a frappé la terre entière. Sa vie comporte des facettes extrêmes, qui en font presque le héros d'un roman qu'il aurait pu écrire.

(...) Le thème de l'exil est à la fois historique et contemporain, et c'est seulement à partir de cet approfondissement de la vie de Zweig que j'ai réalisé à quel point les gens confrontés à un tel destin sont écartelés entre angoisse et culpabilité, entre espoir et responsabilité.

(...) Dans sa lettre, Zweig écrit que la « liberté individuelle » est le « bien suprême ». Expulsés, persécutés, Zweig et sa femme avaient perdu cette liberté. Pour eux, ce deuxième article des droits de l'homme est devenu plus important que le premier, à savoir celui de « vivre ».

Stefan Zweig, adieu l'Europe


C'est à peu près tout ce qu'il faut retenir des propos de la réalisatrice Maria Schrader.

C'est précisément là que je ne puis être d'accord sur le propos du film et surtout la raison profonde pour laquelle Zweig s'est suicidé.

Certes l'exil de l'écrivain alors que l'Europe était à feu est une raison mais pas pour Stefan Zweig.

Il n'y avait pas non plus de sentiment de culpabilité de se savoir loin du chaos alors que des millions d'hommes, femmes et enfants mouraient de la main de ses compatriotes allemands.

Le nazisme ? Oui, un ogre né au milieu d'une civilisation exceptionnelle, de celle dont s'enorgueillissait l'écrivain. Que n'a-t-il encensé dans ses lettres à son ami Romain Rolland, justement combien sa qualité d'allemand (faillible pourtant lorsque eut lieu la 1ère guerre mondiale), lui était bien plus chère que celle de juif.

Il précisait dans une de ses lettres à son ami Rolland combien son judaïsme était secondaire, lui, l'homme des nations, de l'Europe, l'allemand fier d'appartenir à une société si...aboutie !

Il insistait ironiquement presque sur le fait que c'était une sorte de coup du sort de naître juif ou pas.

Bref ! Allemand oui, juif...il fallait faire avec...

Puis, comme le narre si bien Maurice Ruben Hayoun, un juif même de très loin, a du mal à échapper sinon à son destin du moins à celui de ses frères.

Comment rester indifférents au malheur des juifs d'Europe de l'Est avec son cortège de pogroms et de massacres quotidiens ?

Le juif a rattrapé Zweig ! Cela l'a sans doute exaspéré mais dans le fond, sa chère "germanité" restait entière.

Alors, le coup de blues, la culpabilité d'avoir pu échapper à un sort funeste certain de la main des nazis, je veux bien y croire mais j'insisterai quoiqu'on en dise que Stefan Zweig est mort de vexation, d'humiliation comme une femme cocufiée par son amant extraordinaire qui lui avait promis une histoire d'amour éternel.

Zweig est mort d'être juif et non allemand alors que c'était la seconde qualité dont il était le plus fier avant toute chose.

Le cas est courant pour les juifs teutons. Appartenir à ces pays germains comme l'Allemagne, l'Autriche, la Prusse ou tout l'empire austro-hongrois était une sorte de "noblesse juive" au point que ce furent les seuls à pratiquer pour ceux qui étaient de rang social très élevé, à la réparation des prépuces de leurs mâles.

Etre allemands étaient tout aussi magnifique pour les juifs qu'être hellénisés pour d'autres en d'autres temps. Étrange aussi que les juifs hellénisés pratiquaient aussi durant l'antiquité à la réparation de prépuces. Seuls les barbares pouvaient afficher des "glands" nus pour les Grecs !

Cet aspect de Stefan Zweig est toujours ignoré ou minoré. La réalisatrice préfère le thème de l'exil pour encore une fois parler des migrants intellectuels obligés de s'expatrier pour survivre à la guerre ou à la dictature.

Zweig c'est cela aussi mais pas seulement. D'autres juifs allemands sont morts pour les mêmes raison. D'autres ont survécu certes et ont gardé comme souffrance, la seule gifle d'avoir été relégués de la société allemande.



Nina
 
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