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Le carnet bleu – Israël, été 2014 – 3/6

 

19 juillet. Jour de shabbat. Tel Aviv presque désert, agréable bien qu’il flotte toujours un peu d’ennui sur les villes qui suspendent leur activité. 14 h, circulation parcimonieuse, commerces fermés (leurs rideaux de fer) mais terrasses animées. Des constructions de style éclectique au timide répertoire néo-classique ; et toujours les magnifiques arbres de Tel Aviv. Sur un banc de Rothschild Blvd qui m’évoque les ramblas d’Espagne. Je tends l’oreille et surprends des langues. L’hébreu et le russe dominent. Un peu de français. Le mouvement augmente à mesure que passe le jour. Le soir, sur la plage de Tel Aviv : le sable y est d’une extraordinaire finesse ; on ne peut s’empêcher d’en saisir des poignées et de le laisser couler doucement entre ses doigts, de répéter l’opération en se disant que l’on pourrait passer la journée à ne rien faire d’autre. Discussion avec une serveuse enjouée, la vingtaine. Elle aimerait avoir mon âge, la cinquantaine, afin de réaliser son rêve : s’occuper de la sauvegarde des félins en Afrique mais seulement après avoir fondé une famille et élevé ses enfants. ‟Tant d’efforts pour être dévorée par un lion” conclut-elle dans un grand rire ; je l’écoute, ému, tout en laissant couler entre mes doigts le merveilleux sable de Tel Aviv.

20 juillet. Deux soldats ont été tués le long de la frontière avec Gaza, ce qui porte à trois les victimes au sein de Tsahal. Hier, plus de quatre-vingt-dix roquettes ont été tirées sur Israël. Un âne piégé (bourré d’explosifs) par le Hamas a été abattu par Tsahal ; c’est un sujet de plaisanterie dans le café où j’écris. L’immonde Qatar propose ses bons offices auprès de la communauté internationale et, surtout, se propose de lui transmettre les exigences du Hamas. Le Hamas n’a aucune exigence à poser et les représentants du Qatar devraient être giflés publiquement.

 Protective Edge, restingIDF reservists resting on the Gaza border. (Photo: EPA)

 

Retour au Ben Gurion International Airport pour y retrouver les Volontaires du Sar-El. Ce volontariat prend une signification renouvelée avec l’engagement terrestre d’Israël à Gaza. La logistique sera davantage sollicitée. Des jeunes femmes en uniformes ; elles ont l’âge de mes filles. La masse d’ignorance au sujet d’Israël — une ignorance fière d’elle-même, bavarde et agitée — est énorme et compacte. Je m’y fraye un chemin à la machette et parfois même à l’explosif. L’une des inepties les plus imposantes au sujet de ce pays est ‟Israël, État raciste”, une accusation — une injure — qui trahit l’ignorance en action et qui pousse devant elle son ventre considérable. Savent-ils ces ignorants bruyants que presque toutes les races sont représentées dans ce si petit pays et que même si l’on fait du mot ‟raciste” un fourre-tout, on se trompe encore en accusant l’‟État juif” de la sorte : toute les religions y sont représentées. 20 % des Israéliens sont des Arabes, chrétiens ou musulmans. Ce pays grand comme deux fois le département de la Gironde offre la plus riche palette humaine au monde. La désinformation au sujet d’Israël est aussi sournoise que profonde. Elle taraude, elle paralyse.

Je suis affecté à la base de Shimshon, à quelques kilomètres de Nazareth et de Tibériade. En autocar vers le nord, vers la Galilée. Beaucoup de surfaces cultivées et d’alignements d’arbres. Je ne serai pas loin du Golan. Des souvenirs me reviennent. J’avais un peu plus de vingt ans et le kibboutz représentait encore un idéal. Je me souviens des petits-matins froids et du soleil qui se levait du côté de la Syrie, un soleil rose puis orange. Les marques de la guerre du Kippour (1973) étaient encore bien visibles au début des années 1980. Il ne fallait pas quitter l’asphalte, les terres étaient minées.

Les nouvelles de France sont inquiétantes, en particulier avec ces violences dirigées contre la population juive de Sarcelles. La démagogie étreint nos sociétés. La vue à très court terme, le manque de courage politique, le refus de nommer le problème et, de ce fait, l’impossibilité de l’affronter annoncent le pire. Par ailleurs, notre société de spectacle favorise le sommeil des consciences, elle agit comme un narcotique. Mais lorsque sonnera la fin du spectacle, nous tremblerons tous, et à raison cette fois…

21 juillet. Camp de Shimshon, 6 h 30. Le petit-jour se lève sur la Galilée. En face, une carrière mange une colline. Les concasseurs sont déjà au travail ; dans la vallée, la circulation est continue. De nombreux arbres ombragent la base où dominent le pin et l’eucalyptus. Entre 7 h et 7 h 30, en compagnie d’Eric Newby qui en provenance de Tobrouk (où il a intégré le SBS) traverse la Palestine. Il évoque Ashkelon : ‟By the time we arrived, ancient Askalon was nothing but some heaps of stones and broken pillars scattered among the mimosa and groves of pine and citrus on a cliff, below which the Mediterranean crashed on a then deserted shore”. Puis il évoque Asdod : ‟Asdod, another of the five cities of the Philistines (the others were Gaza, Gath and Ekron)”, la cinquième étant Ashkelon. ‟Now there was even less of ancient Asdod than there was of ancient Askalon”.

Première journée de travail : vérification de l’habillage intérieur et peinture de casques de tankistes. Les Volontaires sont pour la plupart des Juifs séfarades de la région parisienne, de dix-sept à soixante-dix-neuf ans. L’atelier de peinture est tenu par un Ukrainien massif au visage d’enfant. Doux, quelque peu nonchalant, il s’étonne de la quantité de travail que nous accomplissons.

 Type de casqueUn type de casque de tankiste sur lequel j’ai travaillé.

 

Le peuple palestinien, non pas le ‟peuple en danger” mais le ‟peuple inventé”. Écrire un article à ce sujet.

22 juillet. Même travail qu’hier. A la télévision, des équipages de blindés (un écran est installé à la sortie de l’atelier) ; ils portent des casques de mêmes types que ceux que nous restaurons. Je ne saisis que des bribes de commentaires en anglais, vite recouverts par leur traduction en hébreu. Les tunnels sont très nombreux, à croire qu’au moins la moitié de la population de Gaza a été réquisitionnée pour y travailler. Certains de ces tunnels traversent la frontière et s’avancent sous Israël pour y déboucher. Ils ont été conçus pour perpétrer des attentats et des enlèvements destinés à imposer des conditions à Israël. Six cent mille tonnes de béton auraient été détournées pour étayer ces tunnels. Il est curieux qu’Israël ait laissé faire ; où bien Israël savait-il et attendait-il son heure pour mieux détruire le maximum de travail, ces tunnels représentant des années d’efforts. Le Hamas est plus dangereux que jamais, ses bailleurs de fonds ne sont plus si généreux et l’Égypte des militaires a déclaré la guerre à cette organisation qui émane des Frères musulmans ; bref, le Hamas n’a plus rien à perdre et espère se refaire une place dans le monde arabe en se lançant dans une guerre contre Israël, une guerre au cours de laquelle les mass-médias s’emploieront selon des méthodes éprouvées à présenter Israël comme l’agresseur et le tueur d’enfants. Le Hamas sait qu’il peut sans peine gagner la guerre des images et que la plupart des médias se montrent tolérants voire complaisants à son égard.

23 juillet. Au petit-jour, après la douche, poursuivi la lecture de ‟A Traveller’s Life”, un délice où chaque phrase se laisse savourer. La très riche mallette lexicale. L’énergie du style.

Démontage et nettoyage d’éléments d’équipement radio de Merkava 2 que nous  conditionnons pour l’atelier de peinture (au pistolet) où travaille l’Ukrainien au sourire d’enfant. L’atelier où je suis affecté a une superficie de plusieurs centaines de mètres carrés ; il est divisé en compartiments (de superficie variable) par des cloisons à mi-hauteur. La moyenne d’âge est de vingt, vingt-cinq ans. Sous l’apparent désordre, on note une solide organisation. Les jeunes soldats sont un élément essentiel du paysage israélien, surtout aux abords des gares routières et ferroviaires. Ce long service militaire influe sur toute la société israélienne, principalement sur les rapports hommes / femmes. Dans les bases de l’armée, femmes et hommes ne cessent de se côtoyer, en dehors des chambrées et des salles d’eau. La discipline au sein de Tsahal répond exclusivement à des critères d’efficacité, rien à voir avec ce que j’ai connu dans les casernes de France, il y a une trentaine d’années, une version modernisée de ce qu’ont décrit Léon Werth (‟Caserne 1900”) et Georges Courteline (‟Les gaités de l’escadron”). Tsahal ne peut s’offrir le luxe de tracasser ses soldats.

Étrangement, ce pays est devenu pour moi l’une de mes patries et j’ai toujours éprouvé une émotion particulière en entendant ce nom, Israël.

24 juillet. Même travail qu’hier. Les informations qui me parviennent sont parcellaires. Tsahal aurait déjà eu plus de trente tués. Je prie pour que le Hamas ait non seulement les reins cassés mais la tête écrasée. L’officier dont nous dépendons, un ancien parachutiste (il porte toujours le béret rouge), est venu saluer les Volontaires. Yeux très bleus, sourire chaleureux, il ne sait comment nous remercier et s’efforce de contenir son émotion.

Arrivée à Tel Aviv en fin d’après-midi. Je les observe. iPads et iPhones partout, et moi avec mon carnet et mon stylographe, occupé à noircir du papier, anachronique, toujours plus anachronique. A mon retour, je retravaillerai ces notes, je referai ce voyage, entre l’écran et le clavier. A la nuit tombée, en compagnie d’Eric Newby, dans un café de Jaffa. Après ces jours ascétiques, la musique agit sur moi comme un alcool capiteux avec afflux de souvenirs.

25 juillet. The Jerusalem Post du jour, titre de couverture : ‟Le jour de gloire est arrivé. As anti-Semitism in Europe peaks, a new wave of French immigration breaks through rocket fire”, un titre plaquée sur fond bleu-blanc-rouge. ‟The level of their personal security has been massively eroding”, remarque Robert S. Wistrich. L’avenir de l’Europe et de la France en particulier (où vivent la plus importante communauté musulmane et la plus importante communauté juive d’Europe) m’inquiète : le nombre des Musulmans y  augmente, celui des Juifs y diminue…

11 h 45. Alerte. Le garçon m’invite à quitter  la terrasse et à me réfugier au fond de la salle. Deux détonations sourdes. Je lève les yeux à la recherche des corolles blanches. Extrait d’un article de Renaud Girard : ‟Par ses tirs de roquettes indiscriminés, le Hamas, noyé au milieu du territoire le plus densément peuplé de la planète, oblige Israël à une guerre de représailles extrêmement délicate. Chaque bavure de l’État hébreu sera exploitée par ses adversaires, en Palestine d’abord, mais ensuite et surtout dans le monde occidental”.

26 juillet. Jour de shabbat. Marche sur le front de mer. Un parking et le gardien endormi dans sa guérite, les jambes écartées et tendues. Son transistor émet en russe. 7 h 45, je suis déjà en sueur après une demi-heure de marche. Israël poursuit la destruction des tunnels qui débouchent sur son territoire, y compris pendant les trêves. L’excellente collaboration égyptienne. Discussion avec un Volontaires du Sar-El, vingt-huit ans, protestant, originaire du Burkina-Faso, un ancien gendarme-parachutiste. Il aimerait intégrer Tsahal. Israël a des sympathies discrètes et profondes, dispersées dans le monde. Ce sont des îlots dans un océan d’animosité et de haine, d’ignorance et de stupidité.

10 h. D’un café sur Bialik St. j’observe des constructions en ruine sur Allenby St.; elles attendent d’être restaurées. L’une d’elles aux fenêtres avec arcs outrepassés (ce qui suffit à lui donner un air néo-mauresque) est maintenue par un corset de poutrelles. A ce propos, les restaurations vont bon train à Tel Aviv ; il me semble qu’elles connaissent une phase d’accélération. Tel Aviv redeviendra-t-elle The White City ? Des souffles frais au détour d’une rue. A l’ombre du Etzel House (The Museum of Jaffa’s Liberation), devant la mer. J’écoute le ressac et, une fois encore, je me vois sur les bords de l’Atlantique, à l’île d’Yeu. Une bouffée de nostalgie. La nostalgie, l’énergie première, nourricière, inépuisable. Nostalgie du Nord lorsque je suis au Sud et inversement ; de l’Ouest lorsque je suis à l’Est et inversement ; nostalgie de la Lune lorsque je suis devant le Soleil et du Soleil lorsque je suis devant la Lune ; nostalgie du voyage lorsque je suis chez moi et nostalgie du chez-moi lorsque je suis en voyage ; nostalgie toujours et partout.

Je le redis, le Hamas est acculé, en phase de mort politique pour cause de graves difficultés financières et de ce fait il est particulièrement dangereux. Il a tout intérêt à faire durer le conflit (notamment en harcelant Israël par des tirs de roquettes) afin de faire passer Israël pour l’agresseur, ce qui est gagné d’avance, le seul nom Israël suffisant à susciter des réflexes pavloviens — poil hérissé, babines retroussées, grognements et aboiements — auprès de masses en constante augmentation.

On vient de publier un excellent document intitulé ‟White City Map 2014/15” où sont répertoriées les constructions emblématiques de Tel Aviv / Jaffa. Parmi ces constructions, le Yarden Hotel (1935) de Yaakov Yerust et Arieh Elhanani. Avec le International Style, c’est la cage d’escalier (stairwell) qui confirme le rythme par sa verticalité — elle s’oppose aux horizontales marquées des balcons. Reisfeld House (1935) de Pinhas Bizonsky, sa forme en H, ses balcons en étrave (l’ensemble évoque un navire) aux puissants arrondis. Cet ensemble a été cédé par la famille Reisfeld à la Hebrew University et restauré par Amnon Bar Or, le spécialiste de la restauration à Tel Aviv. Mirenbourg House (1935) de Genia Averbouch, un élément du remarquable ensemble Dizengoff Square. En 2007, cet ensemble a été reconstruit et un étage a été ajouté par l’architecte Israel Godovitch. Esther Cinema (1938) de Yehuda Megidovich d’une capacité de mille places ; ‟Snowhite” de Walt Disney fut le premier film a y être projeté. Sur chacun de ses balcons, on retrouve (comme sur ceux de Mirenbourg House) une fine rainure ajourée (air-slit) qui souligne les plans, qu’ils soient rectilignes ou curvilignes. Eden Cinema, le premier cinéma-théâtre de Tel Aviv, de Moshe Abarbanel et Mordechai Weiser sur un projet de Richard Maichel. Inauguré en 1914, c’est la première construction en béton armé du pays. En 1927, une terrasse d’été lui fut ajoutée suivant les plans de Dov Hershkowitz. Je me suis longuement arrêté devant cet édifice en fort mauvais état qui devrait être prochainement restauré. J’y ai décelé une légère influence Art Nouveau et me suis efforcé d’entrevoir son immense mémoire sachant qu’on y célébrait notamment Pourim. La dernière projection y eut lieu en 1974.

Construction Bauhaus de Tel AvivL’une des nombreuses constructions d’inspiration Bauhaus de Tel Aviv et une magnifique série de photographies pour voyager dans ce qui fut The White City  http://www.skyscrapercity.com/showthread.php?t=1280529

Chaleur lourde. Je poursuis la lecture de ‟A Traveller’s Life” par lequel j’apprends l’existence de camps de prisonniers de guerre, dont celui de Chieti (Campo Di Concentramento P.G. 21), ‟the most cultivated camp I was ever in. It was more like a university than a prisoner-camp”, de Moosburg (Stalag VIIA), de Moravská Trebová (Oflag VIIIF) : ‟Here, the arts flourished and the theatre played on packed houses as it had done at Chieti”. J’y apprends également l’existence de l’Oflag 79, près de Brunswick. Chapitre 16, ‟Gotterdämmerung (1944-45)”, où le talent de conteur d’Eric Newby donne sa pleine mesure. Force descriptive de la langue anglaise, richesse de son lexique et souplesse de sa syntaxe. L’efficacité des mots composés.

27 juillet. Dans The Jerusalem Post du 25 juillet 2014, ce gros titre : ‟Europe’s rude awakening”. Départ de Tel Aviv pour la Galilée. Nombre de villages et de villes sont pourvus de minarets qui dépassent, et de beaucoup, toutes les autres constructions. Repris le travail à l’atelier. Beaucoup de rires. Tsahal ne ressemble décidément à aucune autre armée. Autre article dans The Jerusalem Post du 25 juillet 2014 : ‟Desperately seeking relevance” avec, en sous-titre : ‟In initiating a head-on collision with Israel in Gaza, Hamas is seeking to reinsert itself into popular legitimacy and diplomatic influence in the Arab world”. Tout est dit. Le Hamas est aux abois, n’ayons pas peur de le redire. La fuite en avant est la seule perspective qui s’ouvre à lui, d’où ses provocations incessantes en direction d’Israël. Derrière le Hamas et autres organisations terroristes plane la silhouette du Qatar, un sale petit État qui bénéficie chez nous de fortes complaisances tandis que l’Iran est invariablement pointé du doigt. Nombreux sont ceux qui voient la main de Téhéran partout mais qui ne voient pas celle du Qatar. C’est que nous sommes salement emberlificotés. Les capitaux qataris infestent nos économies. Ils infestent aussi Gaza. Il est vrai que la prise du pouvoir par l’armée en Égypte et la répression qui s’est abattue sur les Frères musulmans est un coup dur pour le Qatar. Les Iraniens ont pris leurs distances envers le Hamas qui ne parvient plus à payer ses apparatchiks et ses mercenaires d’où son attitude intransigeante sous-tendue par une volonté de se refaire une santé politique, de réactiver une légitimité populaire, une influence diplomatique au sein du monde arabe. A sa suite, le Qatar, État terroriste, espère apparaître comme un élément incontournable de la diplomatie au Moyen-Orient. L’émir Sheikh Hamad al-Thani se rengorge et joue la conciliation à Doha. Mais il est avant tout le porte-parole du Hamas au niveau international ; autrement dit un terroriste qui devrait être traité comme tel. Dans cette affaire, même l’Arabie saoudite soutient l’Égypte dans sa lutte contre le Hamas. Il est pénible de constater que la rue arabe est plus calme dans les pays arabes que chez nous, en Europe. Ce triste constat devrait nous amener à réfléchir sur notre manque de courage politique, sur nos compromissions, sur notre avenir enfin qui en sera le produit.

Cette guerre apparaît plus, et au sein même du monde arabe, comme une guerre entre le Hamas et Israël qu’entre les Palestiniens (désignation aléatoire) et Israël. Pour l’heure, il n’y a guère qu’en Europe que des populations issues de l’immigration (auxquelles se mêlent des de-gauche en mal de cause) braillent et s’échauffent de la sorte.

Le Hamas et plus généralement les islamistes sous-estiment Israël, non pas sa force militaire et son niveau technologique mais sa force mentale et spirituelle. Ils ne connaissent pas Israël de l’intérieur, c’est pourquoi ils se casseront les dents.

J’ai grand plaisir à lire les philosophes, à étudier la structure des systèmes (philosophiques). Dans ce plaisir, j’ai des préférences : je préfère lire Emerson que Kant, Ortega y Gasset que Descartes. Mais qu’importe ! J’ai surtout davantage de plaisir à lire des récits de voyages que des traités de philosophie. Parmi les voyageurs, j’apprécie plus particulièrement la fréquentation des Anglais : ils ont été par leur histoire nationale beaucoup moins contaminés par les idéologies, les religions et les systèmes que d’autres peuples européens : l’Espagnol et la religion, l’Allemand et la philosophie (le système philosophique), le Français et l’idéologie. L’Anglais est plus à nu lorsqu’il voyage : il observe sans écran, il ne juge pas, il ne compare pas, il observe et prend note. L’Anglais est un agréable compagnon de voyage, discret, silencieux. Lorsqu’il se laisse aller à la plainte, c’est pour prendre ses distance vis-à-vis de lui-même, sans tarder. A ce propos, il n’hésite pas à se mettre en scène, dans des situations généralement destinées à provoquer l’amusement du lecteur. Ce dévoreur de miles, cet arpenteur de continents et d’océans, cet aventurier capable d’endurer l’inconfort extrême et d’affronter les pires dangers sait goûter mieux que quiconque le confort le plus bourgeois ; le mot cosy est si spécifiquement anglais qu’il est préférable de ne pas le traduire.

Olivier Ypsilantis

 

1 thought on “Le carnet bleu – Israël, été 2014 – 3/6”

  1. Merci pour ces magnifiques articles.
    Comme vous je partage un immense amour pour Israël.
    Grande émotion en vous lisant.

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