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Carnet 8

 

Dans les lignes qui suivent, faisant appel au souvenir et à quelques documents dégotés chez une parente, je vais mêler la grande histoire et la petite histoire. Le camp de Vittel fait partie de la mémoire de ma famille, des ancêtres y furent internés en tant que British Citizen. Je n’ai jamais vraiment su comment ils avaient obtenu cette citoyenneté, mais qu’importe !

 

Camp de Vittel

Une vue du Camp de Vittel, hôtels de luxe et barbelés… 

 

Le camp de Vittel ne fut longtemps pour moi qu’un camp pour British Citizen. Puis, j’appris que des Juifs y avaient été internés. Permettez-moi un bref rappel historique. Fin 1939, considérant l’importante capacité hôtelière de cette ville d’eaux et la proximité de la ligne de front de « la drôle de guerre », le commandement français y installe « l’Hôpital d’évacuation n° 5 ». Ce complexe hôtelier va ainsi connaître une affectation militaire jusqu’à la Libération de Vittel par la Division Leclerc. Le 22 juin 1940, lorsque l’armistice est signée, les Allemands prennent la relève. Mais alors qu’ils commencent à arrêter les British Citizen pour les interner dans les camps de Besançon et de Compiègne, Winston Churchill leur fait savoir que si les British Citizen ne sont pas correctement traités, les prisonniers allemands seront aussitôt transférés à l’extrême nord du Canada. Les Allemands s’empressent alors de transférer les British Citizen à Vittel où les conditions sont bien meilleures. Un stalag est installé en avril 1941. L’Hôtel Continental (qui avait été aménagé en hôpital par les Français) et les hôtels avoisinants sont inclus dans une enceinte barbelée. Son appellation officielle : « Centre d’internement pour prisonniers civils britanniques ». Le Frontstalag de Vittel va recevoir une grande variété d’internés où se mêlent toutes les couches sociales. Des religieuses canadiennes se retrouvent à partager leur quotidien avec des demi-mondaines anglaises. Mes aïeux, très prudes, se sont retrouvés en compagnie de « Miss Flo », danseuse aux Folies Bergère.

 

 

Peinture famille faite à Vittel

Une peinture à l’huile sur contreplaqué (format 37 x 29) faite à Vittel en 1942 à partir d’une photographie. Ma mère figure à droite ; son frère cadet au centre ; sa sœur aînée à gauche. Je lis « Renecke» pour la signature sans être certain de la graphie. J’ai entendu dire que l’auteur était russe. 

 

Les carnets tenus par mon arrière-grand-mère rendent compte des conditions de vie. Ce sont des documents extraordinaires qui fourmillent de précisions. Ma mère et sa famille qui vivaient alors dans la France occupée m’ont confié que leur quotidien avait été agrémenté par des colis venus… du Frontstalag de Vittel, envoyés par Queen Mary. Prendre le thé restait un rituel quotidien : un jour, l’aïeul s’endormit sur le lit d’une dame et se réveilla affreusement confus d’avoir pu importuner la tea party par ses ronflements. J’éprouve toujours une certaine honte à évoquer ces détails alors que des millions d’êtres humains étaient exterminés par la faim et le travail. C’est néanmoins faire œuvre de mémoire que de les rapporter.

 

Dans une lettre écrite à Vittel et datée du 15 juin 1941, sur laquelle figure un tampon Beprüft 1 Frontstalag 142 (adresse : Frontstalag 142 – Grand Hôtel, ch. 124 – Vittel – Vosges), je lis notamment : ‟Très amusant ce que tu nous dis au sujet du mariage de F., d’autant plus qu’il y a parmi nous l’ancien chasseur de chez Maxim’s, brave nègre, vieux et aimable qui a l’habitude de baiser la main des dames mais aussi des messieurs.”

 

Le camp de Vittel qui accueillit entre 2 500 et 3 500 internés, avec une assez forte rotation, fut conçu comme un réservoir de prisonniers à échanger ; mais cette politique trouva les Alliées peu empressés. En Palestine mandataire, environ deux mille Allemands  avaient été internés par les Britanniques. C’est pourquoi tout au long de la guerre, les détenus juifs en possession de passeports palestiniens seront ménagés en vue d’un éventuel échange. Les Allemands multiplièrent les arrestations afin d’augmenter une ‟réserve” répartie entre Vittel et Bergen-Belsen. Mais les Britanniques traînaient des pieds pour délivrer les papiers nécessaires à l’immigration en Palestine. En décembre 1942, Himmler écrit : ‟Ces Juifs devront travailler mais rester bien portants et en vie ; ces Juifs seront pour nous des otages d’une grande valeur et je pense que leur nombre atteindra environ dix mille…” Il est vrai que si les autorités allemandes avaient l’idée d’échanger des citoyens allemands détenus en Palestine contre des Juifs palestiniens, ils leurraient par la même occasion les organisations internationales car Vittel était un camp-vitrine, comme Theresienstadt. Après la guerre, on apprit que les Allemands avaient classé les détenus juifs de Vittel selon trois catégories, à savoir : 1 – Les Juifs américains et britanniques, dont les Juifs palestiniens. 2 – Les Juifs d’autres nationalités ou de nationalités douteuses. 3 – Les Juifs apatrides. Seuls les Juifs appartenant à la première catégorie pouvaient espérer faire l’objet d’un échange ; quant aux autres…

 

Les nazis allèrent jusqu’à tourner un film dans le camp de Vittel, un film de propagande destiné à montrer leur ‟humanité”, à rassurer le CICR et les Alliés. Vittel intéresse particulièrement les négationnistes qui veulent prouver qu’on s’la coulait douce dans les camps nazis…

 

Début 1943 arrivent au camp de Vittel de nombreux Juifs polonais mais aussi des Juifs russes, ainsi que des Juifs libyens, femmes et enfants, ex-otages de l’Afrika Korps. Vittel compte alors quatre cents à quatre cent cinquante Juifs. Le capitaine SS Otto Lanhauser qui commande le camp informe Aloïs Brunner que le camp est surpeuplé, suite aux infructueuses négociations d’échange. Ce dernier transmet à Adolf Eichmann.

 

Retour en arrière. Varsovie. Des Juifs sont rassemblés en vue d’un échange avec des citoyens allemands détenus par les Américains. Ils sont en possession de passeports délivrés par des gouvernements d’Amérique latine. La rumeur se répand dans le ghetto et plus de deux mille Juifs sortent de leurs cachettes. Ils espèrent être échangés ; ils ne font que tomber dans un piège. Près de trois cents d’entre eux sont envoyés à Vittel, mille quatre cents à Bergen Belsen (d’où ils seront envoyés sans tarder à Auschwitz), tandis que quatre cents sont fusillés dans les ruines du ghetto.

 

Fin 1943, la situation se dégrade. La pression des autorités nazies s’accentue. Les gouvernements sollicités pour accueillir des Juifs se montrent peu empressés. Les Juifs de Vittel sont abandonnés à leur sort. Mais qu’importe l’attitude desdits gouvernements ! Un courrier d’Aloïs Brunner à Adolf Eichmann (daté d’août 1943) ne laisse aucune place au doute : il n’avait jamais été envisagé d’échanger des Juifs autres que ceux ayant un passeport palestinien. Toutefois, au début de l’année 1944, un petit pays proposa d’accueillir les Juifs polonais de Vittel : l’Irlande. Mais les Allemands ne donnèrent pas suite à cette proposition.

 

 

Yitzhak Katenelseon with the artist Shmuel Grodzenski and his wife Miriam

Yitzhak Katzenelson (en haut à droite) en compagnie de Shmuel Grodzenski et de sa femme, Miriam. Une photographie prise à Lodz, en 1923.

 

Avril 1944. Les Juifs polonais rescapés de la liquidation des ghettos savent ce qui les attend lorsque l’hôtel Beausite (l’un des hôtels du camp de Vittel) est cerné. Certains d’entre eux tentent de se suicider en se jetant par les fenêtres ou en absorbant du poison. Quelques-uns y parviennent. D’autres se cachent. La plupart sont déportés à Auschwitz via Drancy par le Convoi n° 72. Les derniers suivront par le Convoi n° 75, un mois plus tard.

 

Les détenus juifs provisoirement épargnés sont détenteurs de papiers qui a priori en font des candidats à l’émigration. Ces papiers ont été obtenus soit en bonne et due forme soit par corruption : certains sont des documents falsifiés, fabriqués par des organisations juives américaines et envoyés clandestinement en Pologne. Les Allemands qui ne perdent jamais une occasion de se faire de l’argent sur le dos des Juifs revendent à Varsovie, à prix d’or et aux plus offrants, les documents qu’ils ont pu intercepter. La réticence des autorités mandataires en Palestine pousse ces Juifs vers l’Amérique latine ; trois destinations prévalent : le Paraguay, le Honduras et le Costa-Rica. Parvenu à ce point d’une histoire embrouillée, je me pose la question suivante : qu’est-ce qui a bien pu inciter les consuls de ces pays à délivrer les documents en question ? L’opération « passeports pour des Juifs » avait été montée de toutes pièces sur ordre de Himmler ; mais pour le reste ? On peut supposer que des consuls aient agi à la manière de l’Espagnol Ángel Sanz Briz ou du Portugais Aristides de Sousa Mendes. On sait aussi qu’un consul de Cuba, un certain José Alberni, avait organisé un véritable racket sur les candidats juifs à l’émigration qui non seulement n’obtinrent jamais les documents payés au prix fort mais qui se firent rudoyer lorsqu’ils demandèrent que les sommes versées leur soient restituées.

 

Peu de Juifs de Vittel ont échappé à la Shoah. Les titulaires d’un passeport palestinien purent quitter le camp de Vittel fin juin 1944. Ils débarquèrent dans le port de Haïfa après un long périple. Le 12 septembre 1944, la 2e D.B. libéra un camp déserté par les Allemands.

 

Dans le journal d’une autre parente, ambulancière au Groupe Rochambeau, j’ai trouvé ce passage : ‟Nous ne stationnerons pas plus de deux jours à Contrexeville. De nombreux hommes de la Division se sont éparpillés. Vittel situé à moins de cinq kilomètres vient d’être libéré, avec son camp et ses nombreuses internées anglo-saxonnes. Certaines, les Anglaises, y sont internées depuis l’été 1940. Elle y mènent une vie de farniente, rien à voir avec l’horreur de Ravensbrück, une vie de farniente à laquelle manquait toutefois, pour certaines, une présence masculine. On comprendra donc l’accueil particulièrement chaleureux réservé aux libérateurs qui depuis l’Angleterre avaient oublié le charme de leurs « fiancées anglaises » et allaient découvrir celui des « fiancées américaines »… Le général Leclerc probablement soucieux de reprendre ses troupes en main ne tarda pas à donner l’ordre du départ.

 

Dans les pages du journal de mon aïeule, j’ai pris note de tout ce qui constituait le quotidien des internés. Certes, il y avait l’inquiétude — celle de finir dans un camp plus sévère, en Allemagne —, la séparation d’avec les enfants, les barbelés… mais rétrospectivement, il m’arrive d’éprouver un vertige. Je l’éprouve tout particulièrement à la lecture du passage où, devant un soldat allemand en faction, cette parente sortit de sa poche une tablette de chocolat provenant d’un colis envoyé par Queen Mary, la femme de George V. Elle nota le regard d’envie de l’Allemand. ‟Dans un élan je lui en donnai la moitié qu’il se hâta, confus, de cacher sous sa capote.” Puis, elle se justifie comme si elle avait commis une faute.

 

L’histoire du camp de Vittel fut longtemps méconnue. Une historienne prestigieuse, Christine Levisse-Touzé (auteur d’une thèse de doctorat d’État intitulée ‟L’Afrique du Nord, recours ou secours, septembre 1939 – juin 1943”, publiée en version allégée sous le titre ‟L’Afrique du Nord dans la guerre 1939-1945”), m’a avoué n’avoir eu connaissance de ce camp que tardivement. Si le nom de ce camp m’était familier, c’est simplement qu’il était parfois évoqué en famille. Beaucoup plus tard, je compris que le camp de Vittel était bicéphale, si je puis dire, qu’une partie était réservée aux Juifs, et que cette partie avait quelque chose à voir avec le sinistre camp-vitrine de Theresienstadt, même si les conditions de vie y étaient meilleures. C’est au Centre de Documentation Juive Contemporaine (C.D.J.C.), 17 rue Geoffroy l’Asnier, à l’occasion d’une exposition, que je pus étudier plus sérieusement ce qui n’était qu’une antichambre de la mort : Vittel. L’exposition faisait une large place au poète Yitzhak Katzenelson (1).

 

Au Mémorial de Yad Vashem, les vastes salles du Musée d’Art de la Shoah montrent des dessins et des peintures réalisés dans des lieux de l’extrême, en particulier les ghettos et les camps — dont celui de Theresienstadt, très représenté. Le thème en est essentiellement le portrait. Dans ces lieux aux portes de la mort, il ne restait à observer que le visage de l’autre. On ne pouvait se limiter à représenter indéfiniment un mur ou un réseau de fils de fer barbelés. C’est dans un tel musée que les propos d’Emmanuel Levinas sur le visage de l’autre se chargent d’un sens particulier.

 

Mon arrière-grand-mère décrit dans ses carnets le transfert des internés anglo-saxons de la forteresse Vauban (Besançon) à Vittel : les internés traversent Besançon pour se rendre à la gare. Les habitants sont nombreux à les saluer en leur lançant des fleurs. Soudain, une ‟Marseillaise” puis un ‟God Save the Queen” s’élèvent des rangs, bientôt repris par la foule. Mon aïeule décrit l’escorte allemande ‟complètement désemparée”. En lisant ces lignes, j’ai aussitôt pensé que pour des Juifs : 1 – Il n’y aurait pas eu tant de monde dans les rues — probablement personne. 2 – Que l’escorte allemande n’aurait pas été désemparée…

 

Ci-joint, un extrait du documentaire, ‟Passeports pour Vittel”, de Joëlle Novic (durée 4 mn 42 pour une durée totale de 53 mn). Cliquer sur l’image :

http://www.filmsdocumentaires.com/films/664-camp-allemand-vittel

 

Autre lien de Joëlle Novic, ‟Passeports pour Vittel”, diverses notes ayant trait au film :

http://www.injam.com/actualites-vittel-fr.html

 

Ci-joint, une excellente chronologie de ce camp très particulier :

http://www.cercleshoah.org/spip.php?article143

 

_________________

(1) Yitzhak Katzenelson, né en 1886 et gazé à Auschwitz le 1er mai 1944. Cet écrivain est surtout connu pour « Le chant du peuple juif assassiné » écrit au camp de Vittel. Ci-joint, un lien succinct de la Jewish Virtual Library :

http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/biography/Katzenelson.html

 

 

9 thoughts on “Carnet 8”

  1. Cet article arrive au moment où je termine de relire “La lie de la terre” d’Arthur Koestler, retrouvé pendant le ménage de Pessah. Il est important de collecter le plus de documents possibles sur cette époque et de les publier. C’est un sujet tellement dense que même avec beaucoup de bonne volonté, chacun a tendance à simplifier et massifier ce qui fut une tragédie pour toute l’Europe et dont elle ne s’est pas remise, bien qu’elle l’ait volontairement oubliée* . C’est peut être ce qui explique en partie chez ses élites un désintérêt pour le christianisme et son engouement pour l’islam, mais ceci est une autre histoire. Il faut transmettre l’histoire dans toutes ses nuances. C’est important pour nos enfants
    *Malgré toutes les commémorations qui ne sont que des ronrons
    Bon week end

  2. Olivier, vos carnets sont des anthologies…
    Et les Juifs polonais sont mes disparus.
    Aucun vertige concernant le que le camp de Vittel que je découvre, je ne m’étonne plus des énormités, contrastes, absurdités diaboliques du nazisme ! Beaucoup de Juifs ont servi de “paravent” à la solution finale et tant mieux si certains ont été un petit peu privilégiés mais sont-ce des privilèges lorsque la mort est là, en arrière plan, derrière le grillage imaginaire ? Cela me fait penser aux aristocrates qui attendaient la guillotine à la conciergerie. Certains jouissaient de privilèges mais chaque jour était un miracle.
    Il faut témoigner de tout ce qui concerne cette époque monstrueuse, vous avez raison de le faire et vous y excellez.
    C’est cela, le visage de l’autre…
    A ce propos, votre intéressant tableau de famille apparaît sur votre blog comme dans un miroir déformant, visages allongés. Je me suis permis de le copier et dans mes fichiers il est normal – très émouvant. Il est possible que le fichier soit trop grand pour ce support.
    A bientôt et encore bravo !

  3. @Elie Mel,
    Un très grand merci. Je vais lire ces poèmes petit à petit.
    PS. Curieux ce que vous me dites de l’image familiale insérée dans ce texte, avec cet allongement. Y aurait-il déformation de l’Apple au PC ? Vous êtes la première personne à me signaler ce problème, et je vous en remercie. Je vais me renseigner.

  4. Bonjour,
    Je suis en train de rassembler quelques informations sur l’évasion d’une amie juive (décédée en 1995) du second train de Vittel à Paris en mai 1944.
    Je suis prêt à vous les communiquer

  5. Cher Monsieur,
    Je vous écrirai sur votre adresse e-mail. Je puis par ailleurs vous transmettre un précieux document, par voie électronique, un carnet tenu par une aïeule au cours de sa détention en tant que “British Citizen” au Fort Vauban (Besançon) puis à Vittel. Très bonne journée.
    PS. Je vais faire l’acquisition de votre dernier livre “Philosophie de la Shoah”, un titre qui m’intrigue terriblement.

  6. Bonjour,

    Le camp de Vittel fait également partie de mon histoire familiale : mon père, sa sœur et leur mère y ont été internés en tant que citoyens britanniques puis ont bénéficié de l’échange de prisonniers à Istanbul et sont allés à Haïfa en Palestine. Si j’ai bien compris, votre famille aussi ? Ils ont dû se trouver dans le même train car il n’y en a eu qu’un seul à destination de la Palestine.
    C’est fantastique que vos aïeux aient noté autant de choses, et précieux.
    Si cela vous intéresse, j’ai également commencé à raconter ce qu’ils ont vécu à Vittel sur mon blog : http://www.pain-pavot-varsovie.fr/19-du-cote-de-vittel/

    Au plaisir de vous lire,

    1. Passionnant. Il est fort possible que nos ancêtres se soient rencontrés ; mais les miens ne se sont pas rendus en Palestine. Ils étaient grecs mais non-juifs. Je suis moi-même non-juif mais infiniment pro-israélien, passionné de culture juive et père d’enfants un peu juifs… Merci encore pour votre mot et je vais me plonger dans votre blog.

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