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Carnet 3

 

L’anarcho-capitalisme exerce sur moi un puissant attrait qui ne cesse de se préciser. Il agit sur moi comme un souffle venu du large dans un paysage politique où prédominent les discours sirupeux et screugneugneux, une morale qui masque envie et frustrations : la France n’a jamais connu un tel conformisme. Lysander Spooner, reviens !

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Naftali Bennett

Naftali Bennett (né en 1972)

 

Si j’étais israélien et que je devais voter, il me semble que je porterais ma voix sur Naftali Bennett. Ce vote ne supposerait pas la moindre antipathie pour Benjamin Netanyahu, un homme courageux. Ce vote me permettrait simplement de préciser mon opinion sur la politique à mener dans ‟les territoires occupés.”

 

Je sais à présent que la création d’un État palestinien n’apportera pas la paix, bien au contraire. J’ai cru à une possible paix, par cette voie ; mais considérant l’état du monde musulman en général et du monde arabe en particulier, je suis à présent sans illusion. Israël reste nécessaire comme exutoire des frustrations d’un monde qui ne devrait s’en prendre qu’à lui-même mais qui ne peut le faire, par immaturité — il est si commode de se présenter comme la victime de l’autre, du Juif en particulier — et parce que l’autocritique n’est pas un sport en vogue en terre d’islam. Notons que ce mécontentement trouve chez nous, en Europe, de puissants relais, à tous les niveaux.

 

Naftali Bennett prend le cas de la frange de Gaza dont on oublie qu’elle est vide de toute présence militaire israélienne et qu’elle sert de base au terrorisme. Ceux qui espèrent la paix en allant de reculade en reculade ne font que préparer la guerre. J’aime la paix, je n’aime que la paix. J’aime les femmes et les hommes de paix, je n’aime pas les pacifistes. Ils sont presque à coup sûr manipulés lorsqu’ils ne travestissent pas des intentions précises sous de ‟bonnes intentions”. Le pacifisme a été et est encore utilisé comme un cheval de Troie. Le Komintern (surtout lorsqu’il passa sous le contrôle de Staline) a fait des émules. Les pacifistes sont les pires ennemis de la paix, ce que nombre d’entre eux ne savent pas : ils ont une ingénuité d’oie blanche. C’est à pleurer.

 

Je voterais donc Naftali Bennett si j’étais israélien. Naftali Bennett n’est en rien un extrémiste mais un réaliste. Il milite pour la plus complète égalité entre Juifs et Arabes en Israël tout en refusant la création d’un État palestinien qui, loin de mettre fin aux tensions, ne fera que les activer. La création d’un État arabe n° 23 n’est pas la solution. La Judée-Samarie (une désignation que je juge préférable à celle de Cisjordanie) constitue le cœur même d’Israël, avec Jérusalem, tout Jérusalem ! Je n’ai pas à juger la politique des responsables israéliens, moi qui ne vis pas en Israël, mais je me permets tout de même d’écrire qu’il n’aurait jamais fallu rendre les territoires conquis suite à la guerre des Six Jours (juin 1967), la troisième guerre israélo-arabe. Je passe enfin sur le second accord de Camp David qui prépara la restitution du Sinaï à l’Égypte. Je ne cesse de me dire que le Sinaï serait bien plus beau s’il était resté israélien.

 

Une précision trop souvent poussée de côté. On fait un usage inconsidéré de ‟la frontière de 1967” (une désignation qui répugne au plus grand nombre qui lui préfère celle de Cisjordanie) pour déclarer qu’Israël occupe illégalement la Judée-Samarie. Pourtant, à ce que je sache, cette frontière qui n’en est pas une ne date pas de 1967. Il s’agit tout simplement d’une ligne de démarcation, celle de l’armistice de 1949, rien de plus. A l’instance expresse des Arabes, il fut stipulé que cette Ligne Verte (de fait, elle fut tracée au crayon vert) n’avait été définie alors que par la situation militaire sur le terrain, qu’elle n’est en aucun cas une frontière politique ou territoriale. Voir l’article V (2) de l’Accord israélo-égyptien d’armistice général du 24 février 1949 et l’article II (1 et 2) de l’Accord jordano-israélien d’armistice général du 3 avril 1949. Ci-joint, en anglais, le texte intégral de ce premier Accord mis en ligne par Yale Law School :

http://avalon.law.yale.edu/20th_century/arm01.asp

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Je tiens également à préciser que si le mot ‟sionisme” recouvre une large gamme de nuances, la désignation ‟Grand Israël” est également riche en nuances comme l’est celle de ‟Juifs orthodoxes”. A ce sujet, voici un lien très complet, ‟The blog Modern Orthodox”, qu’une amie m’a communiqué :

http://www.modernorthodox.fr/

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Dans les grandes manœuvres en cours, l’Occident (disons les États-Unis et l’Europe) pense que leur carte maîtresse pour une bonne entente avec le monde arabe est Israël et la résolution de ‟la question palestinienne”. L’Occident pense qu’il parviendra à entrer dans les bonnes grâces du monde arabe en jouant cette carte. Il est vrai qu’il ne se préoccuperait guère de ce monde si ce celui-ci n’était assis sur une matière stratégique, le pétrole. L’Occident s’imagine donc que la création d’un État palestinien garantira son confort et calmera le ressentiment arabe. Ce faisant, il ne se rend pas compte qu’il s’immisce dans les affaires intérieures israéliennes. Son outrecuidance est phénoménale.

 

Israël et plus généralement le sionisme sont des boucs-émissaires, comme ‟le Juif” l’a été et le reste dans bien des cas, à moins qu’il ne s’adonne à des démonstrations d’antisionisme aussi virulentes que possible. Un cas parmi tant d’autres, celui d’Eva Illouz, professeur de sociologie à l’Université hébraïque de Jérusalem dont les dénonciations ont été scrupuleusement rapportées par ce torche-cul qu’est ‟Le Monde”, un quotidien qui représente depuis trop longtemps ce que la France peut avoir de prétentieux, un journal qui bénéficie par ailleurs d’un soutien au plus haut niveau puisqu’il ne survit que grâce aux plus de six millions d’euros versés annuellement par le financement public, par l’État donc. Jean-Pierre Bensimon déclare à raison que ce quotidien ‟est un chantre de la morale auto-instituée, un modèle de vertu auto-proclamée.” On ne saurait mieux dire. Je n’insisterai pas sur le cas Eva Illouz, si complaisamment relayé. Comme Jean-Pierre Bensimon, je déplore que ‟Le Monde” — un titre déjà bien prétentieux — ait placé ainsi en exergue le pauvre écrit d’Eva Illouz, une voix parmi tant d’autres sortie d’un contexte israélien pourtant riche, contrasté et en constante effervescence. ‟Le Monde” ne représente pas le monde mais une coterie extraordinairement satisfaite d’elle-même.

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Ce copinage frénétique avec le sunnisme pour cause de danger iranien a de quoi inquiéter celui qui s’efforce de se porter au-delà du (très) court terme. Je ne nie pas le danger iranien. Faut-il pour autant s’acoquiner avec l’Arabe et des régimes qui favorisent le salafisme et autres tendances qui dépriment tout ce qui vit, des organismes les plus simples aux plus complexes ? La tête de la chose est saoudienne ; elle est bourrée de SAA (stéroïdes androgéniques anabolisants), les pétrodollars. Une fois encore, je ne nie pas le danger iranien ; et je partage l’inquiétude des Juifs d’Israël, moi qui ne suis ni juif ni israélien et qui vit à l’autre bout de la Méditerranée.

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L’Europe devrait ignorer le monde arabe. Ce marchandage avec l’Arabo-musulman et ses pétrodollars ne conduira à rien. L’Europe devrait ignorer ce monde à ses portes ou, tout au moins, marquer la distance. L’Europe devrait enjamber ce monde pour se porter plus résolument vers l’Extrême-Orient. Il y a la Chine et tant d’autres pays, plus modestes par la taille et la population mais doués d’une énorme énergie. Pourquoi cette attirance vers l’Extrême-Orient ? D’abord parce que les religions doctrinales y ont peu de poids, très peu de poids. Le commerce n’y est que du commerce et en rien un cheval de Troie destiné à préparer l’emprise sur des masses toujours augmentées d’une idéologie politico-religieuse, l’islam en l’occurrence. On me dira que la présence musulmane est des plus considérables en Indonésie, près de 90 % de la population. Certes, mais l’islam y subit une sorte de dilution, comme en Malaisie, loin du foyer initial, l’Arabie saoudite.

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L’opposition iranienne est depuis longtemps infiniment plus riche que l’opposition arabe en général. Incluons dans cette opposition l’‟Organisation des moudjahidines du peuple iranien” que le Canada et les États-Unis ont retiré il y a peu de leur liste des organisations terroristes. A ce propos, le Canada a d’intéressantes et discrètes initiatives diplomatiques. Par exemple, on ne peut que saluer les courageuses déclarations du Premier ministre Stephen Harper au sujet d’Israël. La richesse de l’opposition iranienne (tant intérieure qu’extérieure) devrait nous faire prendre conscience du potentiel que recèle ce pays. Certes, il faudra jouer plus finement avec l’Iranien qu’avec l’Arabe mais, de grâce, ne nous mettons pas en ménage avec ce dernier pour mieux houspiller le premier !

 

1 thought on “Carnet 3”

  1. En lisant votre premier paragraphe, j’avoue que je me suis senti un peu moins seul. L’anarcho-capitalisme n’est pas une pensée très répandue en Espagne.

    D’un côté il est refusé comme courant «ultralibéral », par les anarchistes (anarcho/communistes/syndicalistes, traditionnellement en Espagne), et naturellement aussi comme «ultralibéral» par les conservateurs interventionnistes. Ces coïncidences n’ont jamais trop inquiété ces deux tendances.

    Malgré ma collaboration avec la CNT pendant le franquisme, jamais je ne me suis affilié à l’organisation par simple cohérence avec mon idée de la liberté individuelle ; mais j’avoue que cela représentait quelque peu une espèce de contradiction pour moi.

    Ce n’est qu’en observant le mouvement libertaire américain et en lisant, par exemple, quelques interviews du metteur en scène Clint Eastwood, que j’ai commencé à croire que peut-être je n’étais pas le seul à éprouver cette inquiétude.

    En ce moment je suis en train de lire « El anarquismo individualista en España », du Xavier Diez, où on peut trouver l’histoire de cette pensée depuis « El Único y su Propiedad » de Max Stirner, et la curieuse histoire d’une valise enterrée dans les Pyrénées par un républicain, Miguel Gutierrez Igualada dans la fuite général de 1939, remplie de documents avec les idées, réflexions et pensées qu’il avait recueillis au long de ses années d’études sur ce sujet.

    Ce livre peut représenter un document passionnant pour ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’anarchisme espagnol, au delà du récit habituel sur le mouvement syndicaliste libertaire.

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