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Les délires au sujet d’Israël

 

La rhétorique et les méthodes de langage staliniennes inspirent encore nombre de contempteurs d’Israël et du sionisme. Elles se sont montrées et se montrent autrement plus efficaces que les injures explicitement conçues en tant qu’injures. Ces dernières sont généralement destinées à exprimer un mouvement d’humeur ou une grande colère. Lorsqu’un homme se fait par exemple traiter de « connard » ou de « crétin », il peut se mettre en colère et retourner l’injure, éventuellement accompagnée d’un coup. La scène n’est certes pas des plus plaisantes mais elle se limite généralement à elle-même. Rien de tel avec ces mots qui ne sont pas des injures mais qui ont été convertis en injures par des appareils de propagande – pour les besoins de la cause. Ces appareils ont beaucoup évolué mais ils ont une généalogie, une généalogie qui doit être étudiée avec minutie afin de les rendre moins efficaces voire inopérants. Dans le lexique accusateur stalinien, « sioniste » et dérivés m’intéressent en la circonstance tout particulièrement. Ces mots a priori neutres ont été diabolisés par l’appareil de propagande stalinien et se sont imposés comme de terribles accusations entraînant automatiquement la déportation (soit généralement une mort lente) ou la mort immédiate. Cette accusation venue du lexique stalinien a connu une fortune particulière ; elle se porte aujourd’hui à merveille alors même que cet appareil n’est plus ; elle n’a pas pris une ride et semble boire à la fontaine de Jouvence.

A chaque acte antisémite en France, il se trouve des paumés pas si paumés – soit des idéologues – qui s’efforcent de sauver le « noble » antisionisme qui ne doit en aucun cas être confondu avec le vulgaire antisémitisme… Qu’on se le dise, il s’agit de ne pas mélanger les torchons et les serviettes ! Des groupuscules et des intellectuels d’extrême-gauche se sont faits une spécialité de cette mise en garde : à chaque attentat antisémite, ils se drapent dans leur antisionisme en prenant une pose altière : ne nous confondez pas avec eux, nous les amis du Peuple palestinien, du Peuple en danger, des Damnés de la Terre… On n’en finit pas de tortiller du cul pour chier droit ; ce spectacle est devenu quotidien et je dois dire qu’il me répugne au plus haut point.

Des islamistes se sont glissés dans nos complications et se laissent porter par elles. Le Palestinien, cette icône, ce fétiche même, comble à présent toutes les inquiétudes que suscitent le Juif et Israël – soit l’État juif. On sait qu’ils sont nombreux à estimer qu’Israël porte préjudice à l’équilibre du monde (!?) et, de ce fait, à leur tranquillité personnelle. Un ex-Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, plutôt brave pépère, a estimé qu’Israël est aujourd’hui dans une position de force, et que « c’est une situation extrêmement dangereuse ». C’est une tendance générale et que je n’hésite pas à qualifier de populacière : on verse à l’occasion sa larme sur les victimes de la Shoah (voir la visite de Jean-Pierre Raffarin, en 2005, en Israël, au cours de laquelle ce Premier ministre a fait les déclarations d’usage) mais sitôt qu’Israël semble marquer des points, on rameute, on alerte, on s’indigne, on s’offusque, on sonne le tocsin, on tire la sonnette d’alarme, on… Comme le disait une amie juive, un sourire triste aux lèvres : « On nous aime bien en pyjama rayé bleu et blanc, mais pas en uniforme de l’armée d’Israël. »

C’est à peine croyable ; tout le monde se fout à peu près de tout ce qui ne touche pas à sa sécurité et son confort mais tout le monde a son avis sur Israël, avis presque toujours négatif : Israël menace ma sécurité, Israël menace mon confort, Israël perturbe mon transit intestinal et la qualité de mes déjections. Je ne force pas la note. J’ai beaucoup écouté sans jamais cesser de prendre des notes, souvent à l’insu de mes interlocuteurs. Je résume la position du plus grand nombre : Si Israël n’existait pas nous aurions des relations apaisées avec les Musulmans, avec le monde entier. Israël occupe précisément la place qu’occupait le Juif : ce pays « explique » (presque) tous les malheurs du monde comme le Juif les « expliquait » ; je n’exagère rien. Israël est probablement aujourd’hui le seul nom qui en Europe (je préfère me limiter pour l’heure à ce continent) émeuve encore jusqu’aux plus avachis. Je prends presque quotidiennement note de ce fait et ne cesse de m’en étonner, un étonnement auquel je m’efforce de donner forme par l’écriture. Une fois encore, je n’exagère rien. J’écoute et je prends des notes.

 

 

On me pardonnera mon langage un peu imagé, mais parvenu à ce point il ne sert à rien de se perdre en euphémismes et en circonlocutions : on ne cesse de coller au cul des Juifs et d’Israël. Il y a bien ces vieilles histoires religieuses, histoires qui se reformulent sans cesse et dans maints domaines, histoires qui ne cessent de boire à la fontaine de Jouvence et de s’y baigner, toujours jeunes donc. Je prends note de ce perpétuel « miracle ».

Le Palestinien est devenu le bébé chéri des dames patronnesses et des pères la morale. On ne cesse de lui faire des areu-areu, des gouzi-gouzi et des guili-guili, en s’émouvant à chacune de ses éructations et en se penchant sur ses selles – et bébé a souvent la diarrhée. Ce spectacle doit prendre fin ! Il faut jeter le bébé et l’eau du bain ! Le Conseil national palestinien, organe législatif de l’OLP, a osé comparer « l’idéologie déviante » qui a provoqué l’assassinat de centaines de Chrétiens au Sri Lanka, le dimanche de Pâques 2019, à « l’idéologie qui pousse les colons à pénétrer dans la bienheureuse mosquée Al Aqsa à Jérusalem ». Et croyez-moi, ils ne sont pas si nombreux à penser que le Conseil national palestinien force la note. Un tel délire décourage toute argumentation ; le raisonnement n’a plus prise.

Ils ne sont pas si nombreux à penser que le Conseil national palestinien force la note : on a tellement pris l’habitude de se vautrer sur le dos des Juifs et d’Israël. Rien n’est assez délirant à leur sujet ; on s’autorise des délires qu’on ne s’autorise pas ailleurs. Et pour reprendre ce que je disais plus haut, ils seront plus d’un à juger (comme si la chose allait de soi) qu’il y a un rapport de cause à effet entre le conflit israélo-palestinien et toutes les atrocités commises par l’islam dans le monde. Il s’agit dans tous les cas de dramatiser la situation des Palestiniens de manière à ce que tous les malheurs du monde puissent être jugés à l’aune de leur situation. Il est vrai que la propagande palestinienne aurait tort de s’en priver : elle sait que son public est considérable et conquis d’avance ; elle sait aussi que plus le mensonge est gros, plus il passe (une très profonde pensée de Joseph Goebbels, l’un des plus grands experts en propagande des temps modernes), et qu’il passe d’autant mieux lorsqu’il est question d’Israël.

 

 

Jérusalem est la capitale d’Israël depuis toujours. Jérusalem est citée plus de six cents fois dans la Bible, et surtout dans sa version juive. Elle n’est jamais citée dans le Coran, tant sous son nom hébraïque qu’arabe, soit Al Qods. Par ailleurs, Jérusalem n’a rien été durant les quatre siècles de domination arabe (1417-1917), pas même la capitale d’une province. En 1947, la Palestine mandataire qui avait été intégrée à l’Empire ottoman est confiée aux Britanniques par l’ONU. On passe toujours vite sur le fait que les Britanniques, redevables à un chef de tribu arabe qui avait aidé Lawrence of Arabia au cours de la Première Guerre mondiale, lui ont offert les trois-quarts du territoire dont ils étaient mandataires et que, de ce fait, il existait depuis 1923 un nouvel État dans la région, l’émirat de Transjordanie qui deviendra le royaume de Jordanie en 1946.

Il est bon d’insister sur ce point et d’étudier l’histoire. Mais trop de pro-Palestiniens ne se soucient en rien d’histoire et de connaissance – ils sont dans la posture morale (avec leur morale), une posture qu’ils cherchent à imposer à tous ; ce sont des idéologues. Des ignares déclarent que les Palestiniens ont perdu plus des trois-quarts de leurs terres (78% plus exactement) en 1948. Les Palestiniens ont certes perdu plus des trois-quarts de leur terres mais en 1923, quand les Britanniques les ont cédés à la Jordanie. Restait 22% pour constituer un État juif et un deuxième État palestinien. Bref, il faut étudier l’histoire de la région et avant 1948, année de la fondation de l’État d’Israël, et ne pas se figer dans une posture morale – je suis le représentant du Bien, donc de la Vérité et blablabla – afin de commencer à entrevoir certaines complications, une certaine complexité.

La déclaration d’Indépendance de l’État d’Israël provoqua la colère des Arabes et cinq pays arabes attaquèrent aussitôt ce petit pays tout juste né. Il prit les armes, survécu et se trouva même agrandi, avec une meilleure jonction entre les trois lambeaux concédés par l’ONU. L’armistice signé la Jordanie (Transjordanie) s’empressa d’annexer la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Personne ne s’en offusqua et le monde (y compris l’ONU) retourna à ses affaires. Jérusalem devint une poubelle, les pierres des cimetières juifs furent utilisées à des fins profanes, le Mur des Lamentations se fit décharge à ciel ouvert et fut strictement interdit aux Juifs, ainsi que toutes les synagogues sous contrôle arabe. Il s’agissait d’effacer la mémoire millénaire juive de Jérusalem, cette mémoire entretenue d’une manière continue par la diaspora et sur tous les continents. Lorsque les Israéliens reprirent Jérusalem-Est à la Jordanie, ils réunifièrent la ville sans jamais interdire aux Musulmans l’accès à leurs mosquées. Ils allèrent jusqu’à laisser le contrôle du Mont du temple au Waqf contrôlé par la Jordanie. Les chancelleries s’émurent, l’ONU d’indigna, la Jordanie et la Ligue arabe interprètent ce geste de générosité comme de la faiblesse. Pourquoi Israël qui connaissait fort bien la mentalité arabe s’est-il laissé aller à ce geste qui ne pouvait que se retourner contre lui ? Il fallait qu’il pousse ses pions et présenter certains faits comme irrémédiables. « Nous sommes là, de retour, et nous y resterons ! »

Jérusalem capitale d’Israël, une décision hautement symbolique qui doit briser les mécanismes mentaux de bien des Musulmans mais aussi de Chrétiens et post-Chrétiens. Les Juifs sont de retour, en souverains, et vos religions (y compris vos religions laïques) devront s’y faire. Vous n’êtes pas venus parfaire (et chapeauter) le judaïsme. Vous êtes ce que vous êtes mais cessez de coller au cul des Juifs et d’Israël ! L’expression paraîtra bien prosaïque mais elle exprime exactement ce que je veux exprimer. Regardez-les comme un peuple souverain avec lequel une coopération sans arrière-pensée pourrait vous apporter de grands bénéfices matériels, intellectuels et spirituels.

Depuis 1967, toutes les religions sont représentées en Israël, avec une densité particulière dans Jérusalem réunifiée. L’islam y est représenté par 20% des citoyens de l’État d’Israël qui ne sont en rien des dhimmis et qui ne subissent aucun pogrom. Il y a treize Églises officielles en Israël et Jérusalem est un microcosme du christianisme oriental, ce christianisme qui tend à disparaître au Proche-Orient et au Moyen-Orient. Le journal La Croix (qui souffre de temps en temps de petites fièvres antijuives) faisait remarquer que : « À la veille de Noël, le Bureau central de statistiques d’Israël a fourni des données relatives aux citoyens israéliens de foi chrétienne. Selon les sources officielles consultées par l’Agence Fides, les citoyens chrétiens sont au nombre de 170.000 soit 2 % de la population contre 5 % dans les années 1970 ». C’est vrai mais ces précisions prêtent à confusion – le lecteur en déduit qu’il y avait plus de Chrétiens en Israël dans les années 1970 qu’en 2017. Il n’aurait pas été malvenu d’apporter une autre précision, à savoir que dans les années 1970, la population d’Israël n’atteignait pas le million et que si l’importance relative des Chrétiens a baissé, la population chrétienne en Israël a été multipliée par 3,4 en moins d’un demi-siècle.

Olivier Ypsilantis

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