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« Israël, le rêve inachevé – Quel État pour le peuple juif ? » de Pierre Lurçat – 1/3

 

13 novembre 2018, au courrier, une enveloppe kraft avec quatre timbres, quatre belles théières, et le tampon de l’éditeur, Les Éditions de Paris – Max Chaleil. A l’intérieur, le dernier livre de Pierre Lurçat avec, en couverture, la lecture de la Déclaration d’Indépendance, le 14 mai 1948, à Tel Aviv, par David Ben Gourion, sous le portrait de Theodor Herzl, une photographie de Zoltan Kluger. Le livre est tout frais (un parfum d’encre d’imprimerie entre ses pages), l’achevé d’imprimer est de novembre 2018.

Le livre dont je propose un compte-rendu s’organise en trois parties divisées en chapitres (de 1 à 11 ; de 12 à 19 ; de 20 à 25) et sous-chapitres, tous imprimés en caractères gras, une structuration et un parti-pris typographique qui facilitent la lecture de ces pages fort denses. Ce livre panoramique, riche en précisions (sur la littérature israélienne contemporaine par exemple), est agrémenté de Notes, d’une Bibliographie, et est flanqué d’un Préambule et d’une Conclusion. J’y vois richesse et clarté. Il a le mérite de pouvoir être lu par des connaisseurs (qui trouveront toujours ici et là un élément à approfondir) mais aussi par des lecteurs peu avertis. C’est donc un livre qui déploie de belles qualités didactiques et qui désigne un large éventail d’axes de recherche, sans insistance – plutôt par la suggestion.

Ce livre a paru aux Éditions de Paris, fondées et dirigées par Max Chaleil (né en 1937) qui se présente ainsi : « Max Chaleil, écrivain et éditeur, est né à deux pas du château de Castelnau où fut tué Rolland et non loin du mas Soubeyran, la maison natale de Rolland, aujourd’hui Musée du Désert, haut lieu du protestantisme. L’auteur a consacré de nombreux livres aux Cévennes et aux irréductibles camisards. » J’invite le lecteur qui ne connaît pas Max Chaleil, haute figure de l’édition, à consulter son catalogue, aussi riche qu’éclectique.

Ce livre de Pierre Lurçat (dont j’apprécie grandement le caractère didactique) a entre autres mérites d’inviter le lecteur à pousser des portes, de nombreuses portes aménagées le long d’axes, de perspectives. C’est un livre discret qui se tient à l’entrée d’un très vaste champ de connaissances – une arborescence ; oui, ce livre a une structure arborescente : il nous invite à marcher sur les voies de la connaissance, certaines très peu empruntées pour des raisons idéologiques. Par exemple, on a choisi de cacher aux mémoires des actions dignes des plus hauts éloges parce qu’initiées par les sionistes révisionnistes. Ce livre didactique répare aussi discrètement que fermement des injustices. Pour la part, je ne savais rien de l’action des « Bergson Boys » et presque rien sur les préoccupations sociales de Jabotinsky.

 

Première partie – Jalons sur la route de l’Etat d’Israël.

Israël, histoire sainte ou histoire profane ? Les paradoxes de l’historiographie juive moderne.

L’auteur commence par signaler un livre magnifique, « Zakhor, histoire juive et mémoire juive », dans lequel Yosef Hayim Yéroushalmi pointe le paradoxe suivant : le « peuple de la mémoire » n’a développé qu’au XIXe siècle cette science portant un regard critique sur son histoire, avec la Wissenschaft des Judentums, au XIXe siècle, une science qui a donné des productions véritablement encyclopédiques, des histoires universelles des Juifs, avant de passer à des productions plus fragmentées, plus spécialisées, un parcours identique à celui de toutes les sciences. Hâtons-nous de préciser que cette historiographie ne s’est pas radicalement coupée de la source religieuse. Histoire profane et histoire sainte peuvent s’accompagner sans se porter préjudice – voir le cas emblématique de Simon Doudnov. Pierre Lurçat remarque finement (une remarque que je me fais à moi-même, depuis des années) que les travaux de ces historiens restent confidentiels et parfois même non traduits dans une langue européenne. Ainsi Bentsion Nétanyahou a-t-il été tout bonnement mis au placard tandis que Shlomo Sand est très complaisamment traduit et distribué. La démarche négationniste de Shlomo Sand (pour ne citer que lui) est célébrée en Europe, plus particulièrement en France.

 

Bentsion Nétanyahou (1910-2012) et son fils.

 

Paradoxe historique : l’historiographie juive est inexplicable sans ce vaste mouvement de laïcisation du judaïsme européen, au XVIII et XIXe siècles. Ce sont ces historiens de la Haskala qui en ancrant le vécu juif dans l’histoire immanente (et non plus exclusivement transcendante) ont préparé le retour des Juifs sur leur terre.

 

Afrique ou Israël ? Le mouvement sioniste et le projet de colonisation en Angola.

En quelques lignes, Pierre Lurçat retrace l’itinéraire d’un homme volontiers méprisé par les dirigeants juifs, combattu par les Juifs tant assimilés qu’orthodoxes : Theodor Herzl. Mais ce puissant rêveur est aussi un réaliste ; il met à profit sa formation de juriste pour « doter le peuple juif des instruments qui lui permettront d’exister sur la scène internationale ». Il n’ignore pas que si le projet sioniste veut devenir réalité, il doit être entériné par les grandes puissances, d’où son incessante activité diplomatique et jusqu’à sa mort, notamment auprès des Ottomans dont l’empire comprend la Palestine. Peine perdue. Survient le pogrom de Kichinev, au printemps 1903. Le sentiment d’urgence qui n’a jamais quitté Theodor Herzl se fait encore plus aigu. C’est dans ce contexte que prend forme le projet de l’Ouganda, alors sous domination britannique. Pour Theodor Herzl, il s’agit d’une solution provisoire (avant le retour espéré en Eretz Israël), contrairement à ce que ses opposants ont laissé entendre. Il expose cette proposition au sixième Congrès sioniste, à Bâle, en août 1903. A l’enthousiasme du début succède le rejet, notamment de la part des plus menacés, les Juifs russes. Theodor Herzl mourra l’année suivante, en juillet 1904, malade, épuisé.

                                                                                                                                                                      « Dans la ville du massacre » : Le pogrom de Kichinev sous la plume des écrivains.

Le pogrom de Kichinev va avoir un impact considérable. Ce n’est certes pas le premier pogrom (qui remonte à 1881), mais cette fois l’indignation est internationale et la passivité des autorités tsaristes est dénoncée. Ce ne sont pas tant les journalistes et les diplomates qui réveillent les opinions, mais des écrivains, parmi lesquels Gorki et Tolstoï et, plus encore, Bialik qui après s’être rendu sur les lieux en revient avec l’un de ses plus célèbres poèmes : « Dans la ville du massacre », un long poème dans lequel il rapporte (à tort ou à raison ?) la passivité des Juifs. Cet écrit va au moins avoir pour effet de mettre sur pied une autodéfense juive, un peu partout en Russie. Jabotinsky est l’un des lecteurs les plus enthousiastes de ce poème qu’il traduit en russe, avec l’aide de Bialik, une traduction qui va connaître un très grand succès avec pas moins de sept éditions. Ce pogrom est à l’origine d’une deuxième vague d’émigration, en particulier vers Eretz Israël, la Deuxième alyah, environ quarante mille personnes dont le rôle sera déterminant dans la formation du Yishouv et donc d’Israël.

 

Gallipoli 1915 : l’aventure héroïque des « Muletiers de Sion ».

Avril 1915, Gallipoli. Des Juifs se battent sous leur propre drapeau pour la première fois depuis les Maccabées. Il s’agit d’un bataillon du Corps des muletiers de Sion (Zion Mule Corps, ZMC) à partir duquel se formera un régiment juif, sous le commandement du général Allenby pour la conquête de la Palestine – Eretz Israël. La création du ZMC est le fait de trois hommes dont j’invite le lecteur à étudier la vie : Jabotinsky, Trumpeldor et un Irlandais, le colonel John H. Patterson. Ils espèrent que se constitue une unité juive combattante sur le front de Palestine ; on leur propose un corps de muletiers sur le front turc, un affront, mais qu’à cela ne tienne ! Trumpeldor saisit ce qu’il considère être malgré tout une opportunité. L’avenir lui donnera raison. Le ZMC subira des pertes comparables à celles des unités placées en première ligne. Son courage sera reconnu par les plus hautes autorités politiques et militaires. Après dissolution du ZMC, l’acharnement de Jabotinsky conduira à la création du 38th Battalion of the Royal Fusiliers. La participation juive à l’effort de guerre britannique au cours de la Première Guerre mondiale rendra plus crédible le projet sioniste auprès des grandes puissances, à commencer par les Britanniques. Et Jabotinsky, disciple de Theodor Herzl, sait qu’il faut ajouter la dimension militaire au projet sioniste, une dimension absente de l’esprit du fondateur du sionisme politique. Ainsi que Jabotinsky l’a écrit dans son autobiographie (traduite en français par Pierre Lurçat et dont je recommande vivement la lecture) : depuis l’entrée en guerre de l’Empire ottoman, il fallait ajouter une baïonnette au projet sioniste.

 

 

Jabotinsky et la dimension militaire du sionisme.

On n’insistera jamais assez : Jabotinsky sait que le sioniste doit devenir une force militaire pour s’imposer et ne pas être considéré tout au plus comme une utopie. Cette idée s’impose à lui à Bordeaux, en 1914, lorsqu’il apprend l’entrée en guerre de l’Empire ottoman.    

 

L’école navale du Betar à Civitavecchia et le début de la Marine israélienne.

Les débuts de la Marine d’Israël sont liés au mouvement révisionniste de Jabotinsky. En 1934 est fondée l’école navale de Civitavecchia où vont se former les premiers cadres de cette marine. Ce projet est principalement conduit par Jérémie Halpern, capitaine de l’académie navale italienne en 1917, à l’âge de seize ans ! Un intellectuel lui avait à sa manière ouvert la voie, Adia Gourevitch, fondateur du mouvement cananéen qui, au début des années 1930, à Paris, avait formalisé l’idéologie cananéenne dans une suite d’articles publiés dans un journal sioniste russophone.  Nous reviendrons sur ce mouvement. Simplement, sa thèse centrale (inspirée de savants de l’époque) : des peuples des rivages méditerranéens appartenaient à la nation hébraïque, dont les Phéniciens ; par ailleurs, les Carthaginois parlaient hébreu. Sa conclusion : il fallait faire revivre la tradition maritime des Hébreux, une idée que reprendra Jérémie Halpern, avec l’école navale du Betar de Civitavecchia qui fonctionnera de 1934 à 1938. Son bateau-école, Sarah I, fera escale dans de nombreux ports de la Méditerranée, suscitant l’enthousiasme des communautés juives locales, en particulier celle de Tunis en janvier 1938.

Un point à préciser. Si des membres de la communauté juive d’Italie ont eu au début une sympathie pour le fascisme, Jabotinsky le démocrate n’en a jamais eue, ni pour Mussolini et le culte du chef. Sa sympathie allait franchement du côté de Garibaldi et de Mazzini.

 

« Aujourd’hui j’écris avec ma plume, demain j’écrirai avec mon sang » : le sionisme révolutionnaire d’Avraham Stern.

Avraham Stern, chef du Lehi, décide contrairement à l’Irgoun de poursuivre la lutte contre la puissance mandataire en Palestine malgré l’engagement de cette dernière contre les nazis. Le Lehi est animé par une idéologie maximaliste sans rapport avec ses effectifs et ses moyens. Il parvient néanmoins à porter de très rudes coups aux Britanniques.

 

Avraham Stern (1907-1942)

 

Comme la plupart des dirigeants et pères fondateurs de l’État juif, Avraham Stern n’est pas un guerrier, ni même un homme d’action. Cet intellectuel passionné de littérature et de poésie s’engage en 1929 dans la Haganah avant de rejoindre l’Irgoun, laissant dans un tiroir sa thèse de doctorat, « Eros dans la poésie grecque ». Alors qu’on lui propose un poste à l’Université hébraïque de Jérusalem, il refuse et déclare préférer mourir comme soldat anonyme que devenir un professeur reconnu durant cinquante ans. En février 1942, il est assassiné par des policiers anglais. Il faut lire son testament politique : « Dix-huit principes de la Renaissance », des principes qui pour la plupart se sont réalisés. Le dernier attend toutefois son achèvement : le Temple rebâti, à Jérusalem.

 

Peter Bergson, l’homme qui a sauvé l’honneur du judaïsme américain pendant la Shoah.

L’attitude des Juifs américains et leurs associations au cours de la Deuxième Guerre mondiale a été plutôt mesquine. Pourtant, quelques hommes ont à leur manière sauvé l’honneur du judaïsme américain ; parmi eux, Hillel Kook (alias Peter Bergson), neveu du grand Hillel Kook. Membre de la Haganah, il est l’un des fondateurs de l’Irgoun avant de devenir son porte-parole. En 1940, il arrive aux États-Unis et fonde le groupe des « Bergson Boys » dans lequel se trouve le fils de Jabotinsky, Eri. Ce groupe recrute des militants et collecte des fonds pour l’Irgoun. Lorsque l’extermination des Juifs commence à filtrer, il alerte l’opinion publique dans la presse puis, avec la collaboration de Ben Hecht, il organise une énorme représentation théâtrale, « We Will Never Die », une fresque de l’histoire du peuple juif dénonçant l’extermination en cours. Quarante mille spectateurs le premier soir ! S’en suit une tournée qui attire notamment des centaines de Sénateurs et de membres du Congrès. Dans la foulée, Peter Bergson crée le « Comité d’urgence pour le sauvetage des Juifs d’Europe » dont la mission est de faire pression sur l’administration américaine afin qu’elle ouvre les portes du pays à l’immigration juive. Autre manifestation organisée à l’initiative des « Bergson Boys », la « marche des rabbins, à Washington D.C.

L’action des « Bergson Boys » relayée par des membres du Congrès conduit à la création du War Refugee Board (début 1944). Cette action aurait permis de sauver quelque deux cent mille Juifs ; elle reste pourtant très peu connue, et en Israël même, tant par les institutions, comme Yad Yashem, que par les historiens de la Shoah, comme Yehouda Bauer. Pour Pierre Lurçat, ce silence s’explique par l’appartenance de Peter Bergson au sionisme révisionniste (qui restera dans l’opposition jusqu’en 1977) et par la figure iconoclaste d’Avraham Kook qui attaquera frontalement l’attitude de la plupart des responsables juifs américains au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Les « Bergson Boys » ont rendu visible aux États-Unis la question juive, notamment en s’opposant à la politique de Franklin D. Roosevelt et son administration qui déclaraient que le seul moyen de sauver les Juifs d’Europe était de gagner la guerre, ce qui n’était qu’une demi-vérité…

 

Hillel Kook, alias Peter Bergson (1915-2001)

 

Quand la France livrait des armes à l’Irgoun. L’histoire oubliée de la « Ligue française pour la Palestine libre ».

Tout le monde connaît la triste histoire de l’Altalena. Mais ils ne sont pas nombreux à savoir que la cargaison d’armes transportée par ce bateau a été livrée par le gouvernement français. En effet, au sortir de la guerre, après l’Occupation et la Résistance, la France juge plutôt le combat des Juifs pour l’Indépendance comme un combat de libération nationale – hormis le quotidien Le Monde, porte-parole officieux du Quai d’Orsay. Dans ce contexte favorable est créée la « Ligue française pour la Palestine libre », branche française d’une organisation juive américaine fondée en 1944, le « Hebrew Committee of National Liberation ». Le recrutement de sympathisants à la cause sioniste en France dépasse toutes les espérances, un recrutement qui s’opère dans tous les partis politiques et qui attire par ailleurs nombre d’intellectuels parmi lesquels des écrivains en vue.

L’idéologie défendue par le « Hebrew Committee of National Liberation » et certains membres des mouvements clandestins juifs tient d’abord à la claire distinction entre Juifs (de la diaspora) et Hébreux, ce qui revient à vouloir créer un État hébreu radicalement détaché du judaïsme de l’exil. Cette idéologie a été élaborée par Albert Stara, secrétaire particulier de Jabotinsky, et inspirée de l’idéologie dite cananéenne, alors très en vogue parmi les intellectuels juifs de la droite sioniste. La « Ligue française pour la Palestine libre » lutte pour l’indépendance d’Israël, une indépendance qui ne peut alors que passer par la livraison d’armes, une question cruciale pour le Yishouv en 1947-1948. L’Altalena et sa précieuse cargaison d’armes livrée par le gouvernement français à l’Irgoun ont été victimes de la rivalité entre David Ben Gourion et Menahem Begin.

La création de l’État d’Israël et l’établissement de relations diplomatiques entre Israël et la France vont en quelque sorte légaliser la branche locale du « Hebrew Commettee of National Liberation » qui va se convertir en parti politique, le Herout, ancêtre du Likoud. La « Ligue française pour la Palestine libre » va quant à elle devenir sans tarder l’association « France – Eretz Israël » puis « France – Israël ».

 

Bentsion Nétanyahou : historien, militant sioniste et… père de Premier ministre.

Le parcours intellectuel du père de Benjamin Nétanyahou, Bentsion, permet de mieux comprendre le fils. Ce prestigieux historien du judaïsme espagnol médiéval a laissé des « Mémoires » et quelques très rares interviews qui permettent d’appréhender le regard et l’influence du père sur le fils. On peut tout d’abord constater que le sionisme du fils n’est pas aussi tranchant que celui du père ; il suit en cela une trajectoire qui est celle d’autres « Princes du Likoud », soit la deuxième génération des dirigeants du parti, la première ayant vécu la fondation de l’État d’Israël.

Le sionisme de Bentsion Nétanyahou ne s’explique pas sans son œuvre principale : « Don Isaac Abravanel ». Ce qui a le plus frappé l’auteur de cette somme est la manière dont Abravanel, philosophe mais aussi responsable de sa communauté, a pris des décisions à la veille de l’expulsion des Juifs d’Espagne. Pour cet historien (qui sans être explicitement un homme politique a eu une grande influence sur le sionisme), des leçons doivent être tirées du passé ; ainsi, nous dit-il, la Shoah n’a pas pris fin en 1945, elle se poursuit notamment avec cette volonté génocidaire de certains ennemis d’Israël, en particulier celle du régime iranien issu de la Révolution de 1979. Sur cette question, la marque du père sur le fils est patente.

 

Itshak Shamir (1915-2012) : le dernier des géants.

Il faut lire l’autobiographie d’Itshak Shamir. On y découvrira l’influence de l’école Tarbout, ce réseau d’enseignement hébraïque, avec priorité absolue donnée à l’enseignement de l’hébreu et de l’histoire juive. Parmi ses influences de jeunesse, la plus marquée : Michaël Collins, le dirigeant de l’IRA : « Les similitudes entre les deux hommes sont frappantes : tous deux ont dirigé la branche Renseignements d’un mouvement révolutionnaire clandestin, en lutte contre l’occupant britannique, et tous deux sont ensuite devenus des dirigeants politiques de premier plan. » Et, dans une parenthèse, Pierre Lurçat nous rappelle que la relation entre le sionisme révisionniste et le nationalisme irlandais remonte à une rencontre en 1938 au cours de laquelle Jabotinsky tenta de convaincre Eamon de Valera de soutenir la cause sioniste.

 

Itshak Shamir (1915-2012)

 

Itshak Shamir, de l’Irgoun au Léhi (en 1940) dont il prend la direction après l’assassinat d’Avraham Stern afin de poursuivre la lutte contre la puissance mandataire, et sans merci. Les faits suivants sont à retenir en priorité dans sa longue carrière politique : son attachement indéfectible à l’intégrité d’Eretz Israël ; son refus de reconnaître un « peuple palestinien » et un nouvel État arabe à l’ouest du Jourdain ; son rôle décisif dans le départ des Juifs d’U.R.S.S. dans les années 1990 ; sa fermeté face aux Américains désireux de supprimer les garanties financières permettant à Israël d’emprunter sur les marchés de capitaux s’il n’acceptait pas leur diktat politique ; enfin, Itshak Shamir a gardé la tête froide lors de la signature de Camp David (1978), contrairement à nombre de membres du Likoud – ainsi s’est-il abstenu lors du vote à la Knesset. Itshak Shamir mérite d’être considéré comme le dernier des géants car exclusivement motivé par l’intérêt supérieur de la nation.

(à suivre)

Olivier Ypsilantis

 

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