Skip to content

Notes éparses sur l’art – 9/9

 

L’ordre français imaginé par Philibert de l’Orme (au XVIe siècle). Il ne s’agit pas d’un mouvement politique mais d’un parti-pris artistique. En effet, Philibert de l’Orme pense qu’un pays comme la France se doit de créer un ordre d’architecture qui lui soit propre. Cet ordre (dont les chapiteaux peuvent être doriques ou ioniques) est essentiellement composé de tambours cannelés séparés par des anneaux diversement ouvragés. Il en fera usage à la chapelle de Villers-Cotterêts et au château des Tuileries. La franche hostilité de François Blondel (directeur et professeur de l’Académie royale d’architecture) à ce projet, l’Antiquité devant être selon lui le seul modèle.

Style éolique, soit certains chapiteaux proto-ioniques (VIIe siècle av. J.-C.).

Cette rêverie récurrente avec pour thème principal des galets du Mas d’Azil (période intermédiaire entre le paléolithique et le néolithique, soit le mésolithique). Les variations que mon imagination opère à partir de leurs motifs, toujours très simples, rudimentaires même.

Les projets architecturaux inspirés par la Révolution française. Ces architectures colossales, avec formes géométriques élémentaires aux immenses surfaces nues, m’évoquent les projets IIIe Reich d’Albert Speer pour le Welthauptstadt Germania– et je ne fais pas du mauvais esprit. Qu’en conclure ? On sait que l’architecture est l’expression la plus visible du politique… Un air de famille fort troublant entre certains projets d’Albert Speer et d’Étienne-Louis Boullée.

La collaboration Josiah Wedgwood / John Flaxman. Un monde sans ride et que rien ne semble pouvoir déranger. Souvenir d’une vitrine dans le salon d’une femme si sage.

Josiah Wedgwood & John Flaxman, « Neo Classicism England ».

 

Rêverie : Mas d’Azil mais aussi Val Camonica, avec ces figures gravées dans les rochers de cette vallée italienne. Les variations que je me suis promis d’apporter à certaines d’entre elles, en linogravure.

Vanessa Bell (1879-1961) du Bloomsbury Group, sœur aînée de Virginia Woolf, une artiste pas assez reconnue. Elle fut pourtant une pionnière. L’ambiance de certaines de ses compositions m’évoque Gabriele Münter ; voir « The Other Room ».

Je ne puis rencontrer le mot Sonder sans éprouver de l’effroi que ne tarde pas à recouvrir une grande fatigue. SonderSonderkommando… Et Sonder entre dans la composition de nombreux mots appartenant à des lexiques divers, comme Sondergotik, un mot élaboré par l’historien Kurt Gerstenberg (voir Deutsche Sondergotik).

Rundbogen : arc en plein cintre. Rundbogenstil : art roman. Spitzbogenstil : art gothique. La désignation Rundbogenstil a également été appliquée à l’imitation de la Renaissance qui, à l’époque romantique (historicisme néo-Renaissance), remet au goût du jour l’arc en plein cintre. Voir Leo von Klenze, Friedrich von Gärtner, sans oublier Gottfied Semper et la pinacothèque de Dresden qui deviendra un modèle de l’architecture muséologique.

Le style rococo, comme si architectures et objets avaient durablement séjourné au fond des mers et des océans. Et je pense à des séquences de cette suite de cinq chefs-d’œuvre,« Pirates of the Caribbean », au Hollandais Volant (ce vaisseau organique qui a la capacité de plonger sous les eaux), à son équipage couvert de concrétions marines et à Davy Jones, le pirate maudit par Calypso dont la barbe est constituée de tentacules de poulpe. Un rococo extrême, véritablement fabuleux.

Salon des glaces rococo, pavillon de l’Amalienburg, dans le parc du château de Nymphenburg, Munich.

 

Fin du rococo au Portugal avec le tremblement de terre de 1755 et la réaction néo-classique. Il faut reconstruire vite et à moindre coût, pas question de se perdre en fioritures. A ce propos, et plus généralement, il me semble que les catastrophes font perdre le goût des fioritures. Au Brésil le rococo se poursuivra jusqu’au début du XIXe siècle, avec notamment Aleijadinho (Antônio Francisco Lisboa).

L’art d’Amlach, encore. Rêves et rêveries. Quelque part dans une région montagneuse du sud-ouest de la Caspienne.

Je recommande toujours ces deux livres sur l’art : « Renaissance und Barock » et « Kunstgeschichtliche Grundbegriffe » de Heinrich Wölfflin. Cet historien de l’art suisse a synthétisé l’antinomie Classique/Baroque dans une suite connue comme les Cinq Couples de Wölfflin. Le débat au sujet du Baroque avec ces historiens de l’art (voir Waldemar Deonna, Élie Faure ou Henri Focillon) qui ont voulu y voir la phase terminale de l’évolution de tout style. Ainsi est baroque l’art hellénistique par rapport à l’art classique grec, et ainsi de suite.

Les invectives de saint Bernard de Clairvaux contre le luxe des Clunisiens. La réaction cistercienne (ordre de Cîteaux, un rameau de l’ordre bénédictin). Souvenir d’une visite à l’abbaye du Thoronet (XIIe siècle).  

L’érotisme froid de l’école de Fontainebleau, avec l’influence maniériste du Parmesan. Nus féminins très étirés. Voir la mythologie de Diane et des Nymphes.

L’historicisme (Historismus), une tendance affirmée dans l’Allemagne du XIXe siècle, notamment en Bavière avec Ludwig I qui fait copier le Parthénon par son architecte favori, Leo von Klenze, ce qui donne le Walhalla, Ludwig I qui veut faire de Munich un musée du style (voir détails). Ludwig II sera lui aussi pris par la fièvre de l’Historismus (voir ses châteaux). Historicisme encore avec Théodore Reinach et sa villa de Beaulieu-sur-Mer. On pourrait également évoquer les réalisations de certains magnats américains, comme la villa californienne de William Randolph Hearst ou le J. Paul Getty Museum à Malibu, Californie. Et n’y a-t-il pas un historicisme marqué dans le kitsch ? Cette question pourrait faire l’objet d’un essai copieux en références.

Parmi les plus belles créations humaines, les feuilles de laurier solutréennes (vers 15 000 av. J.-C.) mais aussi les plus frustres bifaces moustériens et, plus frustres encore, les bifaces acheuléens.

Une lame solutréenne en feuille de laurier

 

Les rapports intimes architecture/musique, De fait, je ne puis détailler une architecture sans entendre de la musique et, plus encore, je ne puis écouter de la musique sans voir une architecture.

L’école de Norwich avec John Crome (1768-1821), « Old Crome ». Son admiration pour les peintres hollandais, Hobbema en particulier. L’école de Norwich devance d’une trentaine d’années l’école de Barbizon.

La sphère armillaire ou la croix d’Aviz, des éléments du riche lexique du manuélin. Les rapports du manuélin et du plateresque (Renaissance espagnole). Parmi les symboles du Portugal (voir les images dans les agences de voyages ou les offices du tourisme), la fenêtre de la salle capitulaire du Convento de Cristo, à Tomar (début XVIe siècle).

 

Olivier Ypsilantis

 

2 thoughts on “Notes éparses sur l’art – 9/9”

  1. Je viens de terminer le dernier article de votre série Notes éparses sur l’art. Chacun m’a emmené dans de charmants chemins de traverse.
    Merci beaucoup

  2. André,
    Georges Bensoussan a été attaqué parce qu’il a écrit ce livre, un livre novateur qui met fin au mythe du vivre-ensemble, et qui refuse les habituelles « sucreries ». Ces articles sur Georges Bensoussan, qui ne font que rendre compte de ce livre, ont été refusés par des blogs et des sites (l’un d’eux est juif) étant entendu qu’il ne faut pas froisser les Arabes, n’est-ce pas ? Selon ces messieurs il est préférable de propager le mensonge (servir des « sucreries ») plutôt que de dire la vérité, l’amère vérité.

    Hanna,
    Merci pour ce mot. J’ai regardé hier un reportage Arte sur la création de l’État d’Israël. Pas étonnant que l’image d’Israël soit si négative en France, tout au moins. On a évoqué la « nakba » et le Schmock Sand était l’une des vedettes de l’émission. Bref, le citoyen est gentiment mouliné dans une énorme machine de propagande. L’état des lieux est déplorable.
    Aujourd’hui 25 avril, jour férié, une grande date pour le Portugal.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

*