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L’Iran, pays d’avenir.

 

« D’après la tradition juive, Israël a traversé quatre grandes civilisations : la babylonienne, la perse, la grecque et voici que s’achève celle de Rome. Un ultime affrontement se prépare entre Rome – la civilisation occidentale – et l’islam dont l’Occident devrait triompher. Ensuite, il y aurait place pour une conception messianique de l’universel », Léon Askénazi à Jean-Christophe Ploquin, le 29 décembre 1993.  

« L’Iran nous provoque pour que nous ripostions, mais nous ne nous laisserons pas entraîner dans ce piège », Ehud Olmert (Guysen Israël News, 23 janvier 2006).

 

Toutes les caricatures présentées dans cet article ainsi que le header sont du dessinateur de presse algérien Ali Dilem, né en 1967, de parents kabyles. Ci-joint, un lien extraordinairement riche où sont consultables des centaines de ses caricatures :

http://information.tv5monde.com/dilem?page=1

 

Je vais me répéter, mais qu’importe. Et je me répèterai radicalement. Le monde arabe est à l’agonie, infiniment clochardisé. La culture arabe qui a donné quelques beaux fruits (il y maintenant près d’un millénaire) n’est plus rien qu’un rameau desséché qui attend le fer pour élagage. Du Maroc à l’Irak, le désert gagne, métaphoriquement, avec des populations qui n’ont guère que l’islam à se mettre sous la dent. Les pays arabes ne valent que par les minorités qui les peuplent, des minorités de plus en plus menacées, de moins en moins importantes. Lorsqu’elles auront quitté l’aire arabe, cette aire retournera au désert.

Le monde arabe est vaste par sa superficie et ses populations, mais son espace mental est extraordinairement confiné. Ce vaste monde qui a expérimenté un « printemps » (une vaste gabegie) est infiniment pourri par un monstre qu’il va falloir asphyxier sans tarder. Ce monstre a plusieurs têtes, et la plus monstrueuse de ses têtes est l’Arabie saoudite. Il faut observer, nommer l’ennemi et cesser de tergiverser. Il faut cesser d’aller de reculade en reculade et sous divers prétextes, tous diversement fallacieux. Mais savons-nous encore nommer, nommer l’ennemi ?

Rappel historique. Après les attentats de septembre 2001, Donald Trump a le mérite de désigner l’Arabie saoudite comme ennemi numéro un, tandis que Hillary Clinton se perd en éloges sur ce pays qu’elle voit comme un élément de paix et de stabilité dans le monde (?!). Au cours de sa campagne électorale, Donald Trump menace d’interdite toute importation de pétrole en provenance d’Arabie saoudite si ce pays n’intensifie pas sa lutte contre l’organisation État islamique. Quelques mois après son élection, revirement. Pour sa première visite officielle à l’étranger, Donald Trump se rend à Ryad où il dénonce l’Iran et rend public un contrat d’armement de 110 000 millions de dollars auquel pourraient faire suite d’autres contrats d’une valeur totale de plus du double, des contrats destinés, selon certaines sources, à constituer la base d’un Arab NATO.

 

 

Ce revirement a trois raisons bien connues et une quatrième un peu moins connue. Première raison. Les États-Unis ont diversifié leurs sources d’approvisionnement en pétrole et ont considérablement augmenté leur production domestique grâce au gaz de schiste. Il n’empêche qu’ils exportent encore quotidiennement un million de barils en provenance d’Arabie saoudite. Deuxième raison. En retour, l’Arabie saoudite achète pour des sommes colossales de l’armement dernier cri aux États-Unis. Troisième raison. Les États-Unis et l’Arabie saoudite ont un ennemi commun : l’Iran, et chacun pour des raisons particulières. Quatrième raison. Les États-Unis sont infiltrés par des groupes de pression à la solde de divers rentiers arabes du pétrole, à commencer par les Saoudiens qui depuis des années ont pris soin d’assurer leurs arrières grâce à un puissant réseau constitué de think thanks, de centres d’études, de cabinets d’avocats, de consultants en relations publiques, de conseillers, de lobbystes divers et variés. Ce faisant, les Saoudiens espèrent ne pas tomber en disgrâce auprès des États-Unis, ce qui signifierait tout simplement leur mort.

On sait que quinze des dix-neuf terroristes impliqués dans les attentats du 11-S étaient saoudiens, que l’équipe était dirigée par un Saoudien, Osama Ben Laden. Mais George W. Bush se hâta de ranger dans un tiroir les informations compromettantes quant au rôle tenu par l’Arabie saoudite pour mieux pointer d’un doigt accusateur l’Irak de Saddam Hussein et assener un gros mensonge pour justifier sa guerre, les weapons of mass destruction (WMD). Bien que n’étant membre d’aucun service secret, bien que ne bénéficiant d’aucune information confidentielle, j’ai très vite flairé la supercherie, et je n’ai pas été le seul.

Je n’ai pas grande sympathie pour Barack H. Obama, je n’en ai même probablement aucune, mais je m’adresse aux thuriféraires de George W. Bush qui accusent Barack H. Obama d’avoir favorisé l’Iran en oubliant les mensonges et les arrangements de George W. Bush. On peut préférer Charybde à Scylla ou Scylla à Charybde, mais il va falloir m’expliquer pourquoi et sans tortiller. Pour ma part, je n’oublie pas que Barack H. Obama (que je n’ai jamais considéré comme un grand président) a explicitement dénoncé le petit jeu saoudien au cours de son mandat, et à plusieurs reprises. Je lui reconnais au moins ce mérite, le seul probablement. Relisez ou réécoutez l’intervention de Joe Biden, alors Vice President of the United States, le 2 octobre 2014, à la Havard University, Joe Biden qui, probablement sous la pression de lobbies à la solde des Saoudiens, revint sur ses déclarations et présenta ses excuses deux jours après pour… avoir dit la vérité… Voir l’article de Carol Giacomo, « Joe Biden apologizes for telling the truth », un article paru dans The New York Times du 6 octobre 2014.

 

 

Je veux bien que l’on se mette à brailler suite à l’accord de juillet 2015 sur le nucléaire iranien et que l’on accuse Barak H. Obama de faire le jeu des mollahs et du terrorisme, mais si c’est pour mieux copuler avec ceux qui soutiennent partout dans le monde les tendances les plus radicales du sunnisme et qui répandent la vérole…

Je m’efforce de reconnaître leurs mérites à tous, y compris à ceux qui a priori n’ont pas ma sympathie ; parmi eux, Barak H. Obama qui a eu le mérite de déclarer ouvertement que l’Arabie saoudite soutenait le terrorisme. Voir par exemple l’article publié dans le mensuel The Atlantic d’avril 2016. Trois mois plus tard, l’Administration déclassifiait un chapitre du rapport d’enquête parlementaire de 2002 sur les attentats du 11-S, rapport dans lequel l’Arabie saoudite était explicitement accusée d’avoir participé au financement de ces attentats, etc., etc. Il y a donc bien des dénonciateurs de l’Arabie saoudite (pour ne citer que cette monarchie pétrolière, car il y a d’autres États suppôts du terrorisme et de l’islamisation du monde), et aux plus hauts niveaux du pouvoir, qui désignent ce pays comme appui financier et logistique du terrorisme international. Mais il y a aussi des lobbies diversement favorisés par les Saoudiens, un ramassis où l’on trouve un peu de tout et qui transcende les partis politiques puisque s’y côtoient des démocrates mais aussi des néo-conservateurs, des « colombes » mais aussi des « faucons », et ainsi de suite. Ce ramassis veille au grain, notamment en empêchant tout rapprochement avec la Russie et ses principaux alliés dans la région, soit l’Iran et le régime de Baschar al-Assad. S’en prendre à la Russie, et sous divers prétextes, s’inscrit dans une manœuvre plus vaste, planétaire : éviter tout rapprochement entre l’Europe et la Russie (l’un de mes vœux les plus chers), un rapprochement qui donnerait pourtant au monde une stabilité nouvelle. Il est vrai que cette perspective a de quoi inquiéter les États-Unis qui assisteraient à l’émergence d’une puissance économique, politique et militaire capable de les devancer. Et je tiens à préciser que je ne suis animé par aucun anti-américanisme, mes lecteurs le savent.

 

 

Ce sont à coup sûr ces lobbies qui ont concocté ce qui n’est probablement qu’une rumeur (à vérifier), à savoir que Donald Trump n’est qu’une marionnette dont les fils sont tirés par Moscou. Voir la saga du Trump-Russia scandal dont on attend impatiemment le prochain épisode. Quoi qu’il en soit, Donald Trump fut amené pour contrer la menace à se rabattre sur son aile droite et les faucons, aussi anti-russes qu’anti-iraniens. Cette situation est favorable aux Saoudiens et autres rentiers du pétrole, comme le Qatar ou les Émirats arabes unis. A ce propos, il suffit d’étudier certains canaux de financement pour mieux comprendre une certaine agitation médiatique. Entre The Brookings Institution et le Center for American Progress (CAP), entre la majorette – ou le micheton – de l’Arabie saoudite, David Ignatius, en pamoisons devant le prince saoudien Mohamed Bin Salman, MBS, ce produit de marketing, mon cœur balance. Et il me faudrait évoquer l’inénarrable Anthony Cordesman du Center for Strategic and International Studies (CSIS) et tant d’autres grouillots.

Je vais donc me répéter. Je ne suis en rien un ami des mollahs et du régime de Téhéran, mais je suis un ami du peuple iranien. Je sais que l’opposition iranienne, riche et diverse, finira par l’emporter, avec cette opposition intérieure mais aussi en exil et dans laquelle figure le prince Reza Pahlavi. Je sais de toutes mes fibres que le Printemps iranien sera un vrai printemps, rien à voir avec les « Printemps arabes », stupide expression mise en vogue par des bobos et des gogos.

L’entente avec l’Iran – une entente qui ne doit certes pas se faire à n’importe quel prix – découvrira des espaces autrement plus vastes que celui que découvrent nos compromissions avec l’Arabie saoudite, ce cancer qui bloque progressivement nos voies respiratoires, ce cancer qui déprime nos sociétés. L’actuel régime iranien passera, restera le peuple iranien, la femme iranienne qui malgré ce régime détestable a une présence, un regard et un port qui en imposent. L’Iran, c’est une histoire immense qui m’indique une direction, un espoir. Ce grand changement pourrait aussi se produire par un effondrement interne du régime des mollahs, comme le signale Edward Luttwak (historien et ancien membre du Conseil de sécurité de la présidence Reagan) dans une entrevue publiée par Le Point (du 7 janvier 2018) et intitulée « La faillite de l’Iran est inévitable » :

http://www.lepoint.fr/monde/edward-luttwak-la-faillite-de-l-iran-est-inevitable-07-01-2018-2184578_24.php

 

 

PS : Mes remarques ne visent en rien à discréditer Donald Trump pour lequel j’ai de l’estime, je l’avoue. Son discours à Davos du 26 janvier 2017 m’a confirmé dans son jugement. Je l’ai apprécié dans tous ses points, j’ai apprécié qu’il évoque une immigration sélective et s’en prenne au regroupement familial. Donald Trump est un engin de combat qui fait un large usage de ses pots fumigènes et de leurres en tous genres. Ils ne sont pas nombreux à l’avoir compris et presque tous s’épuisent contre un homme inatteignable qui tranquillement ajuste ses coups et fait mouche. Du grand art.

Olivier Ypsilantis

 

2 thoughts on “L’Iran, pays d’avenir.”

  1. Les nouvelles se télescopent curieusement. Ce soir, à la télévision tout ou presque était centré:
    -sur la proposition de loi au Parlement polonais qui veut punir de 3 ans de prison toute personne disant que le peuple polonais a pris part à la Shoah et non pas seulement (comme je l’ai entendu en français) utilisant l’expression “camps d’extermination polonais”.
    -sur la déclaration plus que surprenante du Dr Mohammad Al Muhammad bin Abdul Karim Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation internationale des chercheurs musulmans.
    Il déclare que “tout déni de l’Holocauste ou la minimisation de son effet comme un crime pour déformer l’histoire et une insulte à la dignité de ces âmes innocentes qui ont péri. C’est aussi un affront pour nous tous puisque nous partageons la même âme humaine et les mêmes liens spirituels.”
    De la part des Polonais, que dire sinon qu’ils sont fidèles à eux-mêmes! Mais de la part d’un Saoudien, islamiste…

    1. Dans tous les cas, on ne peut que se recentrer sur les individus. L’antisémitisme polonais est massif, ce qui n’a pas empêché des Polonais (trop peu nombreux certes) de sauver des Juifs. Idem, il doit bien y avoir des Saoudiens et autres Arabes qui sortent de la masse. Il n’empêche que je préfère dans un premier temps me méfier : on fait les yeux doux aux Juifs et à Israël pour calmer certaines inquiétudes quitte à leur retomber dessus lorsque ces inquiétudes se seront éloignées. Bref, je n’ai rien à apprendre aux Juifs d’Israël : lorsqu’on vit à côté des Arabes, il faut garder ses colts et sa winchester à portée de la main. J’aimerais voir les choses autrement mais…

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