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Notes libres, en lisant Léon Ashkenazi – 2/2

 

Léon Ashkenazi en vient à l’être-frère, avant d’en venir aux faux-frères.

L’une des dimensions de l’identité hébraïque, le frère. Dans le récit biblique, suite au meurtre d’Abel par Caïn, le terme « frère » disparaît. Par ailleurs, n’oublions pas que Rome est fondé suite au meurtre d’un frère par son frère, de Rémus par Romulus. Mais si Rome se félicite de ce meurtre qui entérine sa fondation, la Torah, elle, condamne Caïn.

Le mot « frère » et « sœur » reviennent fréquemment dans l’identité hébraïque. Que signifient-ils ? On commence avec Adam et Ève. Ils ne se parlent pas (sauf pour des consignes de kasher, humour biblique en quelque sorte). Peut-être s’aiment-ils, mais la Torah n’en dit rien. L’humanité croît et se multiplie, jusqu’au Déluge. Dieu a décidé d’annuler cette humanité dont la fraternité est absente. Il détruit son ébauche, comme le ferait un artiste, pour tout reprendre. A cet effet, Dieu garde des graines… C’est l’Arche de Noé. « Il est frappant de voir que l’humanité semble être sanctionnée parce qu’elle est incapable de la fraternité des frères ».

 

 

Apparaît Abraham, celui qui va reprendre l’histoire, Abraham qui à ce propos est souvent présenté comme le Nouvel Adam. Les termes « frère » et « sœur » reviennent alors dans le récit biblique et l’inondent. Abraham et Sarah sont présentés comme mariés, comme Adam et Ève. Comment se sont-ils rencontrés ? On ne le dit pas. S’aiment-ils ? La Torah n’en dit rien mais on le suppose. Mais on sait qu’ils se parlent, et pour se dire des choses importantes. Le mari reconnaît que sa femme est sa sœur, la femme reconnaît que son mari est son frère.

Les fils d’Abraham, Ishmaël et Isaac, ne s’aiment pas et ne se parlent pas mais ils ne se tuent pas.

Isaac et Rebecca se parlent pour se dire « mon frère » et « ma sœur ». Ils ont deux fils : Esaü et Jacob, des rivaux qui s’entêtent à savoir qui des deux est le véritable hébreu, qui des deux est le véritable Israël. Esaü prétend être Israël mais il n’est pas le peuple juif… Esaü, c’est l’Église, c’est Rome et, plus généralement, la Chrétienté. Les frères se parlent mais se séparent. Les relations entre ces deux frères et le regard que les trois grandes religions monothéistes portent sur eux sont un sujet de fascination. Ils doivent être étudiés de près car on y décèle l’un des multiples nœuds de l’imbroglio juif-chrétien-musulman.

Jacob et Rachel s’aiment. Naît Joseph. Joseph est le frère qui aime ses frères et qui ainsi qui répare la catastrophe commencée avec le meurtre d’Abel par Caïn. S’achève alors le récit de la Genèse et commence l’histoire d’Israël, et « l’humanité embraye sur le message messianique et prophétique de la fraternité et de la recherche de la paix à la manière de la descendance d’Abraham ».

Venons-en aux faux-frères. Ils ne manquent pas. Les faux-frères sont ceux qui veulent remplacer Israël mais aussi ceux qui veulent annuler l’identité hébraïque dans l’histoire humaine. Commençons par ces derniers :

Première génération. Abraham. Deux personnages tournent autour d’Abraham : Nimrod, le Hitler d’alors, celui qui d’après le Midrash jette les Hébreux dans le feu, à Our-Kasdim. L’autre, c’est Loth, neveu d’Abraham. La Bible dit que Loth et Abraham se ressemblent comme des frères mais « la capacité d’être frère est fondée sur la moralité chez Abraham et sur l’immoralité chez Loth », Loth qui va fonder deux lignées de rivalité messianique dressées contre Israël : Amon et Moav. « La parcelle de sainteté qui était enfouie dans l’identité de Loth revient avec Ruth, plus tard, et rejoint l’identité messianique qui engendrera le roi David ».

Deuxième génération. Isaac. Avimelekh, nom d’une dynastie de rois de la Philistée (un royaume qui aujourd’hui correspondrait plus ou moins au territoire de Gaza). Rome qui veut couper Israël de sa terre change le nom « Israël ». Ça ne vous rappelle rien… La Palestine… Les récits bibliques ne sont décidément pas de vieilles histoires bonnes pour les pépés et les mémés. Ils sont ce que nous lisons dans la presse du jour et ce que nous lirons dans la presse de demain. La Bible c’est le génie du temps qui est le génie des Hébreux et des Juifs qui n’ont pas complètement oublié qu’ils restaient des Hébreux. (En aparté. C’est parce que je sais que les Hébreux sont le peuple du temps (et j’y inclus les Juifs qui sont hébreux), de la mémoire, c’est parce que je sais qu’ils sont ceux qui désignent d’une manière effective l’immensité d’énergie que recèle le souvenir que j’ai appelé mon blog Zakhor). Donc, les Romains ont fait un « bon travail » – un travail efficace – puisque dans bien des têtes de Goyim en tout genre (et dans certaines têtes juives), les Palestiniens (les Philistins, les Phalestiniens pourrait-on dire) sont les authentiques propriétaires de la terre d’Israël. Nous ne sommes pas sortis de l’auberge : ces « vieilles histoires » sont terriblement collantes.

Nimrod veut anéantir physiquement le peuple juif ; c’est l’ancêtre des Nazis & Cie. Avimelekh veut l’expulser de sa terre. Et n’oublions pas le troisième acteur de cette tragi-comédie : Ishmaël, « l’identité approximative qui s’instaure en rivalité et qui réclame l’héritage d’Abraham l’Hébreu ». L’identité approximative, on ne saurait mieux dire… Une fois encore, nous ne sommes pas sortis de l’auberge… Ishmaël, soit l’Islam et plus particulièrement les Arabes, cœur historique de l’Islam.

Troisième génération. Jacob. Jacob est aux prises avec la lignée du frère d’Abraham. Na’hor a refusé de redevenir hébreu. Il veut rester araméen, en galout dirait-on aujourd’hui. Il fait souche et donne Bethouel qui donne Lavan. Lavan veut éradiquer l’émergence de l’identité d’Israël. Mais que représente aujourd’hui cette lignée ? « Ce sont les Juifs anti-juifs et anti-Israël qui au nom de l’ancestralité galoutique s’opposent au projet d’Abraham ». A côté de cette lignée, on a le frère de Jacob, Esaü (la Chrétienté) qui prétend être Israël, et Ishmaël (l’Islam) qui veut faire main basse sur l’héritage d’Abraham.

Pas mal ! Lire la Bible c’est mieux que lire la presse du jour dans la mesure où cette presse et les histoires rapportées semblent procéder d’elle qui la synthétise dans des épures. Toutes les histoires humaines (et toutes les virtualités humaines) y sont recueillies, des histoires qui se répètent jour après jour : les mêmes scénarios avec quelques changements dans les décors…

Septième personnage de cette grande représentation, de cette comédie humaine pourrait-on dire : Amaleq. Amaleq apparaît systématiquement dans les périodes de fin d’exil, quand l’identité d’Abraham tend à redevenir hébraïque. Ainsi cherche-t-il à détruire et remplacer Israël à la sortie d’Égypte. Idem à la fin du deuxième exil. Relisez le livre d’Esther. Amaleq c’est Hitler et « Mein Kampf », c’est aussi la Charte palestinienne. Amaleq est un condensé de ceux qui veulent détruire Israël et de ceux qui veulent remplacer Israël, une synthèse d’assassins et d’usurpateurs – les usurpateurs étant à leur manière des assassins.

L’être hébreu et l’amour des frères. L’idéal d’Israël, c’est l’unité, une vertu qui manque et aux Hébreux et aux Juifs, et c’est précisément pourquoi il est question d’idéal : l’idéal est ce vers quoi on tend… Le judaïsme est fondé sur l’unité, il appelle sans trêve à l’unité. Les Hébreux tendent vers la fraternité et ne cessent de se déchirer. Les Juifs tendent vers la fraternité et ne cessent de se déchirer. La refondation de l’État d’Israël a certes rassemblé mais elle a également accentué des fractures au sein du monde juif. Alors ? On pourrait désespérer des Juifs ; mais, lueur d’espoir, ils sont tous intimement conscients de cet état de choses et en souffrent diversement ; autrement dit, ils n’ont pas oublié ce rêve. Ne désespérons donc jamais !

Israël voyage dans l’humanité mais reste profondément vulnérable. Pourquoi ? Parce qu’Israël a des messages à porter (à l’humanité), des messages voilés et de ce fait – point central – des messages qui à tout moment risquent de ne pas être compris, et par les Juifs qui les portent et par les non-Juifs qui les reçoivent… La force mais aussi la vulnérabilité d’Israël sont aussi là. Le messager est dans une situation particulière : il est le pivot d’une aventure, il est le point précis sur lequel s’appuie le fléau de la balance : un message mal compris peut avoir des conséquences incalculables, et d’abord pour celui qui en est le porteur. Redisons-le, Israël peut se définir (et être défini) d’abord comme porteur de message.

Une question est posée : les sacrifices ne sont permis par la Torah qu’à l’intérieur du Temple ; alors, pourquoi le sacrifice fondateur de l’histoire d’Israël a-t-il été fait non seulement en dehors du Temple mais dans la terre de la plus grande impureté, l’Égypte ? Réponse : il y a deux saintetés : la sainteté dévoilée et la sainteté voilée, enfouie dans le profane, plus importante peut-être que cette première puisqu’elle attend d’être dévoilée, libérée. De même, il y a deux sagesses : la sagesse dévoilée et la sagesse voilée ; et deux amours : l’amour permis dehors et interdit dedans (l’amour du frère et de la sœur), et l’amour permis dedans et interdit dehors (l’amour de l’époux et de l’épouse). Le premier homme et la première femme ont accédé à l’amour époux/épouse, soit la reconnaissance de l’autre à l’intérieur de l’identité humaine ; ils ont ainsi quitté la catégorie mâle/femelle, la catégorie animale.

Le patriarche (Abraham en l’occurrence) élargit et approfondit la question de la relation amoureuse. Le couple ne doit pas se limiter à la relation époux/épouse, il doit aussi englober la relation frère/sœur. Plus prosaïquement, on s’épargne ainsi les scènes de ménage et on ne casse pas la vaisselle…

La relation du Juif à la Torah offre elle aussi cette sagesse bicéphale, avec le côté dévoilé (l’aspect sœur, public, universel) et le côté voilé (l’aspect épouse, privé, personnel).

Léon Ashkenazi dit : « Et voilà que le peuple juif se balade dans l’Histoire en disant de la Torah : voyez comme ma femme est belle, c’est ma sœur ! » (Il me faudrait décidément placer des émoticônes dans cet article, avec clins d’œil et sourires – à ce propos, les émoticônes n’auraient-ils pas été élaborés par des Juifs ?) En entendant ce peuple (hébreu) déclarer ce qu’il déclare, certains se grattent la tête, d’autres appellent l’ambulance, d’autres lui crachent à la figure et/ou le frappent en déclarant qu’ils n’aiment pas qu’on se paye leur gueule ; bref, les Hébreux, patriarches en tête, prennent sans cesse le risque de ne pas être compris et d’en subir les conséquences, des conséquences à l’occasion terribles.

Point de départ de l’histoire d’Israël, avec Abraham qui fonde la première vertu : la conscience d’Israël, une vertu qui se constitue avec trois vertus distinctes : la vertu de charité, la vertu de justice, la vertu de l’unité des valeurs (vertu de la vérité morale). Abraham n’est que charité, il n’est donc pas encore pleinement Israël ; et se conduire comme il se conduit peut à l’occasion vous mettre dans le pétrin, pour ne pas dire dans un merdier. Un exemple, avec Ishmaël, fils d’Abraham. Vous connaissez la prière que celui-ci adresse à Dieu, Dieu qui l’entend. Les ennuis commencent, continuent aujourd’hui encore et ne sont pas prêts de finir. La rivalité entre Isaac (l’unique fils légitime de la promesse de l’Alliance selon la Bible) et Ishmaël n’en finit pas, Ishmaël qui remplit le monde de son aigreur et ne cesse d’injurier et de frapper Isaac. Sarah croyait bien faire ; elle tardera pas à s’en mordre les doigts et à chasser Ishmaël, l’aîné, et sa mère, la servante Agar, au désert. A présent, nous avons des Musulmans plus nombreux que les étoiles du ciel, ou presque, et qui ont les glandes, et qui nous font un caca nerveux. Parmi les très nombreux symptômes de ces perturbations, leur insistance via « les Palestiniens », ce peuple inventé, à réclamer Jérusalem, un morceau en attendant le reste…

L’Islam, c’est l’arriviste à la recherche éperdue de prestige et de reconnaissance ; et il les recherche par tous les moyens, en commençant par insister sur le droit d’aînesse. Pour ma part, qu’importe ! Mon cœur et mon intelligence me guident et je les écoute, en toute modestie…

Olivier Ypsilantis

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